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mercredi 25 avril 2007

Le dictionnaire tire de la patte

La vie devance le dictionnaire. C’est en 2006 seulement que les deux dictionnaires francophones entraient le mot « blog » dans leurs lourdes entrailles. Petit Robert 2006 :
"Carnet de bord sur internet. Site animé par un individu ou une communauté qui s’exprime régulièrement dans des billets commentés par les lecteurs".
Le Larousse a tenu à ajouter ; synonyme du weblog.

« Web-log », un son pas particulièrement français. Le langage web a un penchant pour l'anglais , pensons e-mail ou chat (pas du minou là !). Et puis, un jour, une petite saveur de français sur la langue a donné du goût pour que le web résonne en français par son courriel et son clavardage. Alors, pas de surprise si je vous avoue préférer la francisation, transformant le blog en blogue. Oui, nous, on aime ça les « ue » en français !

Le Petit Robert n’a pas fini de courir pour nous suivre. Récemment, j’ai trouvé dans le blogue de Steve Proulx, journaliste du Voir et rédacteur en chef de la revue Urbania, un nouveau mot, bloguoïnomane. Il expliquait son état en ces mots :
"Bonjour, mon nom est Steve Proulx et je suis bloguoïnomane. Depuis presque un an maintenant, j'alimente un blogue de façon régulière. Oh, j’ai commencé de façon naïve, sans penser au lendemain, en me disant que je pourrais arrêter n'importe quand et puis …"
Puis, il est devenu accro. J'y vais de cette prédiction : en 2016 le dictionnaire adoptera bloguoïnomane et sa définition d’excès dans l’action de bloguer.

Mais en attendant, je suis encore surprise d’entendre des analystes aussi crédibles qu’un Jean-François Lisée avancer que, d’après consultation des blogues du matin, les gens pensent ceci ou cela. La masse silencieuse parle. Dans le temps de ma mère, c’était via les lignes ouvertes et parfois, les gens s’engueulaient ferme. Les blogues ont ceci de bon qu’on prend le temps de se tourner le crayon sept fois avant d’écrire. Pour ne pas dire des niaiseries ou si on en dit (comme moi présentement !), qu’elles soient bien senties !

Blaque à part, je suis très impressionnée par l’ampleur du phénomène. Il faut drôlement croire à son « je » pour s’avancer ainsi avec ses opinions, ses commentaires, ses informations. Si quelqu'un m’avait dit, voici un an, que j’oserais tenir un blogue, j’aurais répliqué « Bais, voyons donc ! » .

Tout a commencé par mon intérêt à lire les articles sur le site Voir. Je lisais quantité de chroniques ou de reportages, attentivement, très attentivement et pourtant, même après une année d'une telle lecture, je ne connaissais toujours pas la personne cachée derrière son texte. Il faut dire que le texte journalistique a quelque chose de froid pour la rigueur à rendre compte. Et puis, forcément, puisque c'est très en évidence, j’ai découvert que chaque chroniqueur (ou presque) tenait un blogue. Quelques semaines à avaler goulûment du blogue, à réagir aux commentaires et voilà, c’était presque des amis !

J'exagère un peu pour l'amitié mais chose certaine, il y a rencontre. Le blogueur (prédiction : en 2010 dans le Petit Robert) dévoile ses goûts, ses opinions et partage une mine de renseignements. Il s’ouvre. Et cette ouverture est une invitation implicite aux lecteurs à s’ouvrir. Entre gens ouverts, les idées circulent, les informations aussi. C’est un partage respectueux et de là un apprentissage possible. On apprend un de l’autre. Si je me suis mise à aimer ces antres où l'on parle au "je", c’est aussi parce que j’aime les coulisses, la face cachée du paraître me captive outre mesure. Vous allez me dire, on appelle ça de la curiosité. Oui et je l’assume.

N’empêche, qu’il y a quelque chose d’encore nouveau pour moi de se faire des amis, des alliés derrière un écran. Ça, si on me l’avait dit quand j’avais sept ans, j’aurais certainement répondu « Je vous crois pas ! » (on est plus direct quand on a 7 ans !).

Alors, si comme moi vous aimez les coulisses, les dessous, tout ce qui ne se dit pas sous le couvert de l’officiel, on est fait pour s’entendre. Si vous êtes en quête perpétuelle de trésors à lire, si vous aimez échanger sur la lettre dans son sens large, suivre le monde littéraire qui fourmille de créateurs fous d’imagination, si vous aimez vous mesurer via des concours littéraires (que je vous communiquerai avec plaisir) ; bienvenus ici, vous êtes à la bonne place !

Le frottement des opinions crée des étincelles qui donnent de la lumière afin d’y voir plus clair.

Curieusement vôtre,

Venise

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