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dimanche 3 juin 2007

Une grosse machine


Je suis un peu déconnectée. Peut-être parce que je l'ai été d'internet pendant plus de deux jours. Tout ça pour l'amour du mot français ! Quand « mon » disque dur a crashé, on a installé ce qu'il y avait sous la main ; un système d'exploitation anglais. J'ai essayé de m'adapter, j'y suis arrivé oui, mais avec la sensation de la voyageuse en vacances dans un pays étranger. Comme chacun sait que le propre des vacances est sa temporalité, quand le docteur informatique m'a demandé si je désirais en changer pour un système d'exploitation français, j'ai décidé de rentrer au bercail.

Ce que je ne savais pas est que le trajet de retour serait si long. Les chemins informatiques sont des voies si étroites qu'aucune concession n'est acceptable. L'informatique est une dictature accueillie dans nos vies à bras ouverts. Pour son résultat sensationnel. Pour moi qui passe de la basse à la haute vitesse, c'est de l'ordre du sensationnel. Est-ce que mon cerveau suivra ? Est-ce que le prochain crash qui me guette est celui de mon esprit incapable de suivre? Je réponds par un espoir ; que la machine atteigne sa limite car l'humain en a une. Je dis ça et je me trouve bien frileuse, malgré mon lainage. C'est fermer la porte au nez de l'évolution. Peut-être, après tout, que nous allons développer une partie de notre cerveau, jusque là inexploitée, à force d'aller vite, de plus en plus vite. Mais avant de développer ce qu'il faut pour l'atteindre, cette vitesse, ça peut être inconfortable. Entre le gros et le petit, on se sent parfois bien à l'étroit.

Je pense aux librairies (il est temps de nous ramener au principal sujet non ?), les intermédiaires, c'est à dire celles qui se situent entre les grosses et les petites. Les moyennes quoi ! Elles n'ont pas la vie facile ces temps-ci. Elles ont été exclues de l'Association des librairies indépendantes parce que pas assez petites, comme GGC et Chez Raffin par exemple, même si elles ne sont pas assez grosses pour bénéficier des avantages reliées à une chaîne. C'est un sujet chaud que j'ai essayé de démêler mais on m'a fait comprendre que le sujet était très complexe. Je me méfie des sujets « trop » complexes et, pourtant, je suis attirée vers eux comme un papillon de nuit vers la lumière.

On se brûle les ailes parfois, avant même d'avoir eu le temps d'y voir plus clair. Je vais y revenir, c'est certain, et en attendant je me suis penchée sur du vraiment petit, comme la maison d'édition « Marchand de feuilles ». Elle se démarque pour ses beaux livres, graphiquement parlant. Ils encouragent que l'image se balade parmi les mots, à la manière loufoque, fantaisiste avec toujours une touche d'esthétisme. J'ai appris, par un libraire responsable des commandes, que « Marchand de feuilles » n'a pas de diffuseur. Cela expliquerait pourquoi il n'y avait aucun exemplaire de Mises à Mort sur les tablettes, même s'il est sorti depuis à peine quelques mois. J'étais encore plus surprise de constater qu'on en commandait une seule copie. On m'a révélé que c'est le huitième exemplaire commandé en trois fois. Est-ce parce que c'est un auteur peu lu ? Non, m'assure le libraire, malgré que ça dépend, me dit-il deux secondes plus tard. Son avant-dernier « Le peignoir », ils en auraient vendu deux exemplaires seulement. Tandis que celui qui a gagné un prix « Nouvelles d'autres-mères », ils en auraient vendu d'innombrables copies.

La question se pose : est-ce qu'ils en ont vendu plusieurs copies parce que l'oeuvre avait été primée et de ce fait, on en tenait une pile en magasin, comme La Fabrication de l'aube en ce moment ? De ne pas tenir de copies n'aide pas à vendre, ça tombe sous le sens. Ça nous amène à cette constatation qui nous jette hors du rôle idéal du libraire : celui qui nous stimule et nous amène à .... Force est de constater que c'est celui qui suit la tendance, la demande. Un rôle assez passif, quoi !

Le libraire a conclu en me disant que c'est une grosse « machine » le livre. Une grosse machine !? Ce n'était pas le mot à prononcer devant moi ces temps-ci ! On me nargue, je vous le dis, on me nargue. Je n'ai aucune aptitude pour démonter mon glinglin à clavier mais l'autre machine, elle, ne perd rien pour attendre !

Histoire à suivre.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour. Quelques précisions sur deux de vos sujets : Le cas de Biblairie GGC et Raffin est à ranger parmis les cas spéciaux puisqu'ils sont effectivement commercialement orientées vers des envies de chaînes et doivent être considérées comme tel. Allez voir dans le numéro du libraire la réponse des LIQ à ce sujet. C'est dommage mais il faut voir ce que ces librairies voulaient accomplir et se pencher sur les besoins des petites libairies.

Pour ce qui est de Marchand de Feuilles, outre le fait qu'ils pubient des livres qui sont, malgré leur qualité d'impression douteuse et leur graphisme kitsch, souvent intéressants, ils ont choisi de ne pas avoir de distributeur. Un distributeur accueillerait certainement leurs livres, même à une époque où on parle plus de retours que de ventes. Se distribuer soi-même est un choix et le libraire est pris pour négocier les stocks de Myre, Moutier et les autres en commande spéciale. À qui la faute si les livres ne sont pas disponibles? Cela dit, Suzanne Myre est unique, qu'on aime ou pas, et elle mérite plus qu'une copie en librairie.

Anonyme a dit...

Au sujet du premier sujet... je crois qu'il y a une limite à l'évolution technologique. Puisque c'est l'humain qui conçoie la machine, la limite est celle du cerveau de l'humain.

Ceci dit, si beaucoup de cerveaux, comme c'est le cas, se penchent à la conception d'une machine hyper-puissante et hyper-intelligente, qui sait ce que ça peut donner !