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dimanche 2 novembre 2008

Valium de Christian Mistral

Ce Valium, je crois l’avoir lu deux fois et demie si je calcule mes relectures lors du tournage et les autres pour relever des perles d’envolées littéraires. Et il y en a ! Assez que je me désespère encore ; vais-je en étaler des extraits, ou non. Quand on en sélectionne, selon sa propre mixture émotive, on laisse quand même supposer que les autres sont moins bonnes …

Cette histoire est racontée d’une manière, je dirais assez particulière et c’est bien seulement pour éviter de dire unique. Il y a le narrateur, que je préfère personnellement appeler le conteur, Mistral. Il gère l’histoire qu’il commence sur le mode détendu, nous présentant Elvire, la coloc mystérieusement glauque. Un profil inquiétant. Arrive ensuite le complice et sage Léo, personnage que j’ai tout simplement adoré. Sur cette toile de fond nous est racontée la vie médiatique d’un écrivain ; séances de signature au Salon du livre (pour Vamp), entrevues et vie quotidienne bien arrosée. L’action avance très doucement et à un moment un personnage « Fantasio » surgit, le narrateur nous raconte son aventure ailleurs. Pourquoi ? Par sentimentalisme peut-être pour cette personne connue de l'auteur, quant à moi, il a participé à un certain égarement. Jusqu’à la fin, je me suis demandé, quel était son apport. Finalement, il reviendra sous forme de lettre.

Mais revenons à l’essentiel, et parlons-en des lettres car elles abondent tout au long du roman. Des lettres d’amours enflammées destinées au personnage de l’écrivain. De Jo, et surtout de Marie Rasberry Scott. À partir du moment où une femme, et puis l’autre, font leur entrée, le narrateur, malgré quelques apartés*, se tasse laissant la place à son personnage d’écrivain dans cette histoire de triangle. Si au volant de sa vie, l'écrivain avait tenu compte du code de la route : Les triangles de la signalisation routière annoncent un danger, il aurait probablement mis la pédale douce. Ou il aurait freiné à temps. Ou bifurquer pour éviter les obstacles.

Mais justement, l’art de vivre impose de ne pas savoir à l’avance, même quand un complice et ami, Léo, nous met en garde par images couvertes et silences à découvert. Quand on a besoin de ne pas savoir, on pèse sur l’accélérateur et on fonce.

Je n’ai pas vu venir la fin. Pas même une fraction de seconde. J’étais complètement abandonnée à l’histoire, paralysée même, tellement suspendue à ce triangle amoureux qui fait sauter en l’air tous les interdits. Il m’a fallu deux jours pour m’en remettre … et encore, en suis-je remise ? Comme le genre est ce qu’on tend à nommer de l’autofiction, le malaise est grand. Est-ce possible ? Dans quelle mesure cette histoire est arrivée à Christian Mistral ?

J’en reste là, car je n’ai même pas encore parlé de ce qui m’a frappé de plein fouet et en pleine figure, jusqu’à la larme … l’alarme aussi : Le style de Christian Mistral.

Mistral se fait souvent comparer à un vent fort, une bourrasque. Aujourd’hui, je vais l’associer à un torrent. Un torrent de mots qui soulève de la ligne, te projette haut et loin, et quand tu accostes par un ressac qui te secoue, tu te demandes : mais qu’est-ce qui m’est arrivé donc ? Et là, tu essaies de comprendre parce qu’un cerveau a cette vilaine manie et pour ça, tu replonges dans le torrent qui t’emporte encore plus loin. Et ainsi de suite.

Le style de Mistral, c’est vigoureux, fougueux, impétueux et ça te laisse jamais tranquille.

* exemple d’un aparté Brechtien : "Comme la plupart des bouts d’histoires qui composent ce livre, celui qui suit me trouve Gros-Jean comme devant, perplexe quant à la formule à choisir, ému devant la rougeur qui me monte au visage et m’enflamme le front et se reflète mauve dans l’écran de l’ordinateur". (p. 345)

* exemple d'un torrent : "Les femmes chantées, imaginées, remémorées, ces souples et soyeuses hantises immortelles comme des vampires qui volettent sous forme de chauves-souris dans le grenier du cœur des mâles, un lieu vaste, étouffant, damné, qui embaume l’embaumement. Les femmes dont les noms et les rires émaillent le souvenir jusqu’à couvrir toutes les aires vierges, comme une lèpre de l’âme euphorisante, comme une maladie honteuse qui déroule ses volutes autour des meubles de votre crâne et au-delà, s’insinuant sous les couvertures, fouillant les tiroirs verrouillés, léchant la plante de vos pieds, épaississant comme une fumée d’absinthe dans les membranes de votre gorge et les muqueuses de votre nez, assassinant sans un bruit les morceaux garrochés de ce qui fut une volonté comme dans une chasse à courre filmée par Louis Lumière, vous promettant en retour l’ineffable volupté de la folie douce". (p 347)

Valium, Christian Mistral, Boréal Compact, 371 pages, 15.95 $

33 commentaires:

helenablue a dit...

je suis bien tentée par la lecture de "Valium " , surtout aprés ce que vous venez d'en dire ... bourrasque, torrent , et encore du remous , du remous ....
hum , je vais tenter !
merci Venise

Venise a dit...

@ helenablue : Ta visite me fait plaisir. Oui, je ne saurais trop te conseiller cette histoire qui marque.
Il en faut dans la vie de ces oeuvres qui étreignent le coeur, n'est-ce pas ? Et quand elles sont imprégnées à ce point par le maître d'oeuvre, il ne faut surtout pas passer à côté.

Danaée a dit...

De mon côté, pour toutes sortes de raisons, Mistral ne me tente pas beaucoup... Mais dois-je comprendre, dans ton commentaire, que si tu n'avais qu'un seul roman à me faire lire de cet auteur, ce serait celui-là en particulier?

Venise a dit...

@ Danaée : Je n'oserais pas me prononcer catégoriquement là-dessus. Premièrement, j'en ais lu que deux (mais pas pour longtemps). La seule chose que je peux affirmer c'est que j'ai vécu des émotions intenses, que la forme est vraiment particulière, et le style exceptionnel. Je pense que je vais te renvoyer la balle en te disant de suivre ton instinct. Peut-être préfèrerais-tu "Léon, coco et Mulligan, Christian Mistral y est moins à l'avant-plan. Et c'est un très bon roman.

Mistral a dit...

J'étais fébrile, tu sais. Me demandais si tu entrerais dedans à l'aise et t'y sentirais joyeuse parmi les mots; après tout, je me suis risqué à te le recommander, à ta demande, et je savais que je n'aurais pas de troisième chance.

Ta recension me plaît d'autant plus qu'elle rejoint ma propre lecture, celle qu'un auteur ne peut faire sans qu'un long temps se soit écoulé depuis la création. Léo est à mon sens le personnage le plus réussi de tous mes livres, sans exception. Et il semble avoir touché les gens au même endroit en général: pas aussi profondément que Vautour, mais pas d'aussi douloureuse manière non plus. Quant à Fantasio, dans le contexte de ce seul livre, je suis de ton avis: il n'est pas harmonieusement intégré et ralentit le récit, sa pertinence elle-même ne saute pas aux yeux. Toutefois, il faut tenir compte de ce que Valium s'inscrit dans un cycle, Vortex Violet, et que le Fantasio est un protagoniste récurrent: lus dans leur ensemble, les romans s'équilibrent et se complètent; la figure de Fantasio remplit alors une fonction beaucoup plus nette.

Enfin, eu égard au propos de Julie, toi qui n'as pas un gramme de malice, tu en déduis qu'elle ne m'aime pas à titre humain pour des motifs qu'on peut raisonnablement supposer relatifs à ma nature de brute immonde, ce en quoi je partage ton impression, mais je ne crois pas qu'elle se soucie que je tienne le rôle principal ou un rôle de soutien dans l'un de mes livres: l'objection est de principe, épidermique aussi, mais elle qui écrit des romans sait trop bien que l'auteur est toujours au premier plan de son oeuvre, dans chaque lettre, chaque virgule et chaque alinéa.

C'est pas une conne, elle va me lire. Elle m'aimera pas davantage, mais bon, elle me détestera un peu moins, et elle apprendra un truc ou deux.

Love, Fée des Étoiles.

Danaée a dit...

:)
Non, je ne suis pas une "conne", comme le dit Mistral, et j'aime aussi me faire mon idée sur les auteurs et leur oeuvre. Mais si je peux trouver un raccourci et trouver le plus vite possible une oeuvre "phare" pour cerner un auteur, je suivrai ce chemin. Bref, j'aimerais avoir une idée du style, du souffle de Mistral en lisant, idéalement, un roman assez typique de son écriture.

Qui sait? J'aimerai peut-être. Mais au moins, je serai fixée.

Et en effet, l'aspect "brute immonde" qu'entretient Christian Mistral autour de sa personne n'est pas du tout étranger à mes impressions! Mais je crois qu'il assume cela, si je ne me trompe... Et j'ai du respect pour les gens qui s'assument.

Mistral a dit...

Ben, me cerner, c'est trop ambitieux, comme plan. Mais Vautour est court et c'est ce que j'ai fait de mieux.

On cerne pas avec un raccourci, Julie, stie!

Unknown a dit...

Wow! Ouf! Ayoye!

Bon... je dois avouer que j'ai un peu peur d'être lue APRÈS Mistral... mais enfin, je ne peux pas arracher mon livre de tes mains, chère Venise!!! héhé ;-)

En passant, est-ce qu'on la fait, cette petite rencontre de blogueurs/lecteurs? J'ai hâte! Je suis un peu zombie du décalage horaire et pas tout à fait descendue des nuages mais je suis prête à collaborer à l'organisation de la chose!

À très bientôt, peut-être!

Martin a dit...

Des fois, je me sens d'une autre époque: je suis de ceux qui apprécient qu'un auteur disparaisse derrière son oeuvre. Je suis donc aussi de ceux que le concept même d'autofiction laisse perplexes. Cependant, un des livres que je place parmi les plus grandes réussites littéraires québécoises, «Prochain épisode» d'Aquin, est une sorte d'autofiction avant l'invention du terme; je ne suis donc pas fermé ni dogmatique. Et en lisant le compte rendu «si-haut» et les commentaires complémetaires, je me dis qu'il faudra bien que je finisse par me colletailler à un bouquin de Mistral, malgré le «personnage» principal...

Venise a dit...

@ Laurence : Bon atterrissage parmi nous, chère Laurence. Prends une respiration à la fois, ça fait beaucoup de changements là ! Ne t'en demandes pas trop.

Et pour ta question sur la rencontre au Salon, il y a une activité "La nuit des malaxeurs" à 22 h 00 le 21 novembre, et en plus le 21, tu as ta séance de signatures :-D et celle de Julie Gravel-Richard, je pense bien que cela va être la date pour nous, et pour ceux qui voudront suivre.
Je vais en reparler bientôt, je vais aussi utiliser Facebook pour la promotion.

Venise a dit...

@ Martin : L'ouverture que vous vous employez à démontrer ne peut que vous amener sur des sentiers intéressants.

Point d'ouverture, point d'aventures !

Unknown a dit...

Super! On se tient au courant pour cette intriguante "nuit des malaxeurs"! Oui, je devrais être couchée à l'heure qu'il est, avec ce décalage horaire qui me colle aux fesses (mon chum ronfle allègrement) mais que voulez-vous, à défaut d'être insomniaque, je suis "obamaniaque" et la fébrilité me tient rivée au petit écran depuis quelques heures... Ouf! Quelle arrivée! Quelle époque!! Que d'émotions!!!

Unknown a dit...

Ça y est !!! À la minute où j'écrivais ces lignes, CNN annonce que "si la tendance ce maintien..." OBAMAAAAAAAAA!!!!!!! ;-) Yessss!!! There is still hope for humanity, señores y señoras!!! :-)

Mistral a dit...

Cool que ce soit annoncé ici!

Venise a dit...

@ Laurence et Mistral : Je viens juste de découvrir que c'est annoncé ici, en direct, tandis que moi, je le constate une journée plus tard dans mes Maritimes. Mon ordi me joue encore des tours, il ne m'avertit plus des commentaires qui entrent ... mais seulement sur Valium.

À ne pas prendre personnel, svp.

Martin a dit...

Une petite réflexion en passant sur la remarque de Mistral qui dit: «L'auteur est toujours au premier plan de son oeuvre, dans chaque lettre, chaque virgule et chaque alinéa.»
Voilà précisément où j'aime rencontrer l'auteur, dans son style et le regard qu'il pose sur le monde, et non dans l'anecdote biographique (bien que tout ça ne soit jamais tranché au couteau). Trop souvent, me semble-t-il, quand le lecteur se demande si l'auteur est vraiment comme ça, si ça lui est arrivé pour vrai etc., il en oublie d'apprécier l'oeuvre pour ce qu'elle est en elle-même, pour le sens qu'elle peut avoir indépendament de son auteur. Et tout cela me semble très symptômatique de notre époque qui axe tout sur une vision souvent simpliste de l'authenticité. Après la télé-réalité, la réalittérature?

P.S. Ceci est une interrogation générale ne concernant pas les livres de Mistral lui-même puisque je n'en ai lu aucun encore... mais je me promets de remédier à la situation rapidement.

Venise a dit...

@ Martin : C'est sûr qu'entendu comme ça ; "anecdote biographique", c'est pas très attirant, parce que oui, à ce moment-là, c'est tranché au couteau aiguisé :-)

D'après moi, un auteur puise toujours à son vécu, il y en a qui le font ouvertement, d'autres y vont déguisés en personnages, un ou 10.
Cela me fait penser au rêve finalement, le rêve quand on dort. Tous les personnages sont "soi", nous sommes l'auteur de tous nos rêves. Nous inventons tous les personnages et toute l'action. Je vois le roman un peu comme ça.

Tout en considérant que c'est un exemple et que tous les exemples marchent en clopinant, n'est-ce pas ?

Anonyme a dit...

Valium est selon moi le meilleur du Vortex violet jusqu'à maintenant! Une plume beaucoup plus à l'aise que dans Vamp et plus étoffée que dans Vautour! Il ne fait pas qu'effleurer plusieurs styles dans ce roman, il les maitrise. La fin m'a vraiment mis sous le choc…et j’espère relire un jour un aussi bon Mistral.

Venise a dit...

@lhiverakhartoum : Pour le choc de la fin, on s'entend bien là-dessus.

Hum... moi, qui n'aie pas lu les deux autres, je préfèrerais ne pas entendre que c'est son meilleur ;-). Heureusement que des regards des lecteurs ne sont pas interchangeables !

Chose certaine, la lecture de Valium donne le goût d'aller vérifier les autres et c'est ce que je vais faire.

Anonyme a dit...

Ils en valent tous le coup!;)

Mistral a dit...

Merci, vraiment. Vous me mettez de la mine dans le crayon.

Cette affaire d'autofiction... Le mot n'existait pas, me semble, quand j'ai publié Vamp. Mais Henry Miller, mon père en littérature, l'avait largement inventé, ce concept. Pour ma part, j'ai choisi de me nommer, de m'identifier comme narrateur et protagoniste, pour une raison bien bête et pas trop nouille, je trouve: je voulais éviter l'écueil classique du premier roman, qui est toujours une autobiographie maladroitement déguisée.

Fallait Ven pour s'en rendre compte!

Martin a dit...

C'est vrai que le premier livre d'un auteur est très souvent une autobiographie déguisée, et peut-être que rendu là... Et le terme autofiction, on peut très bien s'en passer s'il ne fait que brouiller les cartes. En fait, ce que j'essayais d'expliquer et de justifier d'une manière trop abstraite pour rien, c'est quelque chose de très simple au départ: moi, si au milieu d'une lecture je commence à me demander si l'auteur est comme ça dans la vie, si ça lui est arrivé pour vrai etc., ça gâche mon plaisir de lecture; ça me sort de l'atmosphère du roman, c'est comme si on me tirait de l'imaginaire pour me ramener d'un coup sec à la réalité, comme si je me réveillais au milieu d'un rêve. Je veux juste pas penser à ça pendant que je lis, après peut-être, mais pas pendant. Et quand c'est bien écrit, peu importe la part de «vécu», en général on a pas le temps d'y penser parce qu'on est emporté...

Du réel, j'en reçois à pleines pochetés à journée longue alors...

Mistral a dit...

Martin, t'expliques bien. Trois fois plutôt qu'une. Astheure va me lire un brin avant que je commence à me demander si t'es vraiment comme ça dans la vraie vie!

Lyes...

Martin a dit...

D'accord, je m'y mets dès demain! Je commence par quoi déjà?

Mistral a dit...

Par V.

Martin a dit...

Bien enVoyé. Je me laisserai facilement déVoyé puisque c'est ma lettre préférée...

Mistral a dit...

Stie que c'est une lettre bandante, indeed! Voui voui voui...

Martin a dit...

Promesse tenue: me voilà avec 222 pages de «Valium» derrière la cravate. Même si ma lecture n'est pas terminée, je ne peux m'empêcher de venir dès maintenant manifester mon plaisir. Pour l'instant je serai bref: je craignais un peu la virtuosité pour la virtuosité, mais pas du tout; Mistral est d'abord et avant tout un magnifique conteur! Entre autres,le chapitre 23 que je viens de terminer est un pur délice: je suis sûr que Beckett s'est retourné dans sa tombe... pour mieux rigoler!

Mistral a dit...

Ce vieil Irlandais? M'étonnerait. Il riait pas vivant, serait foutrement ubuesque qu'il se marre mort! Non, s'il se revire de bord, c'est pour picoler, ou pour checker si des fois Godot n'arriverait pas par la Chine...

Merci, Martin.

Martin a dit...

Cinq heures du mat', je travaille dans trois heures mais je m'en fous: ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un long roman du seule traite... que dire de plus?

Mistral a dit...

Que dire de plus, que dire de plus... Tu calles malade pis tu dis que c'est paske t'as passé la nuit sul'Valium.

Martin a dit...

Dans ma branche, on ne call pas malade pour un simple manque de sommeil, on a de l'honneur et de la fierté! De plus, je suis presque un service essentiel... je suis tavernier, vous comprenez?

Mistral a dit...

LYES! Je m'imagine me cogner le nez sur une porte de taverne close quand j'ai soif à cause que l'échanson s'est abîmé dans un hostie de livre à m... avant de ronfler comme une souche au lieu de faire son devoir dyonisiaque! Je porterais plainte aux AA (Aubergistes Associés) dret-là, pis le lendemain j'aurais un entretien prosaïque avec le comique. Y déclamerais ses priorités en alexandrins, quatorze, pis après je le sonnet.

LYES!

No shit, man, t'es vraiment un saint homme.