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mardi 30 décembre 2008

Parle-moi de Gaston Miron

Je suis complètement gaga des 12 hommes rapaillés de Gaston Miron, le tout récent album où 12 chaudes voix d’hommes encensent 12 poèmes. Complètement subjuguée par cette œuvre, la poésie m’en semble encore plus exaltée, si c’est possible, et je l’écoute au minimum deux fois par jour. Et toutes les autres fois que je ne l’écoute pas, c’est parce que je me retiens !

Faut dire qu’en plus qu'il ne fût pas n’importe quel poète, ce ne sont pas n’importe quelles voix : Michel Rivard, Daniel Lavoie, Plume, Jim Corcoran, Yann Perreau, Vincent Vallières, Richard Séguin, Martin Léon, Michel Faubert, Louis-Jean Cormier, Gilles Bélanger, Pierre Flynn.

Tout mon engouement pour ses mots me porte à vouloir m’intéresser à Gaston Miron, à qui il a été. Non pas que je ne le connaissais pas - qui ne le connaît par de réputation ! - mais ça n’implique pas nécessairement de reconnaître celui qui a été de tous les combats ; sociaux, littéraires, politiques. « Il affiche tout son être sur la place publique » comme disait de lui, Jacques Brault, poète.

On appelait Miron, le poète militant (ça se perd ce genre de poète, il me semble qu’on en retrouve peu maintenant) et sa plus grande ferveur allait pour une défense virulente du français. Aujourd’hui, j’ai eu le plaisir de regarder une entrevue où il nous donne, à sa manière colorée, presque théâtrale, jamais emportée mais si fougueuse, un plaidoyer pour la défense du français au Québec. C’est tout à fait réjouissant comme entrevue, le sourire est garanti, le rire parfois, l’attendrissement certain. Et l’aboutissant : son propos est encore, malheureusement, d’actualité.

« Qu’on dise joual, oual ou cheval, peu importe, pourvu qu’on ne dise pas horse » Entendez-le de sa bouche, je vous le dis, ça vaut la peine ! (gros merci à Sandy Gordon et Mistral de m’avoir indiqué le chemin jusqu'à cette entrevue fascinante).

Et si ça vous dit d’avaler de ses mots comme une goulée de tendreté, ne vous gênez, tant qu’il y en a pour 10, il y en a pour 100, tant qu’il y en a pour 1000, y en a pour 10,000 …

Parle-moi (sur le CD, chantée par Gilles Bélanger)

parle-moi parle-moi de toi parle-moi de nous
j’ai le dos large je t’emporterai dans mes bras
j’ai compris beaucoup de choses dans cette époque
les visages et les chagrins dans l’éloignement
la peur et l’angoisse et les périls de l’esprit
je te parlerai de nous de moi des camarades
et tu m’emporteras comblée dans le don de toi

jusque dans le bas-côté des choses
dans l’ombre la plus perdue à la frange
dans l’ordinaire rumeur de nos pas à pas
lorsque je rage butor de mauvaise foi
lorsque ton silence me cravache farouche
dans de grandes lévitations de bonheur
et dans quelques grandes déchirures

ainsi sommes-nous un couple
toi s’échappant de moi
moi s’échappant de toi
pour à nouveau nous confondre d’attirance
ainsi nous sommes ce couple ininterrompu
tour à tour désassemblé et réuni à jamais

Gaston Miron extrait de L’amour et le militant tiré de L’homme rapaillé

20 commentaires:

helenablue a dit...

C'est trés beau , Venise , merci pour ce cadeau ...
J'en profite pour te souhaiter une belle et riche année à venir pour toi et l'élu de ton coeur .

Amitiés
Helena

Anonyme a dit...

Il faudrait lire son recueil L'homme rapaillé, cela vous plairait sûrement. C'est un classique de la poésie québécoise. Je vous suggère aussi le documentaire Gaston Miron : les outils du poète. J'imagine que vous pourrez trouver ça à la Grande Bibliothèque de Montréal. J'en profite pour vous souhaiter une bonne année 2009 pleine de lectures et de débats flamboyants. C'est toujours un plaisir de fureter et de discuter sur votre blogue. Ne lâchez pas.

Anonyme a dit...

Quel homme, quel poète, quel amoureux des mots et de sa langue. Merci Venise pour ce beau clin d'oeil.
(Et l'entrevue wow!)

Et pour faire suite, euh en quelque sorte, ces mots:

"Ma plus grande crainte, c'est que les Québécois se contentent d'une révolution dans les mots, c'est-à-dire qu'ils se contentent de changer de vocabulaire au lieu de faire la révolution." (Hubert Aquin, 1960.)

Et au travers tout ces dires si beaux je te souhaite une très belle année 2009 de bonheur, santé et paix et bien entendu toute en mots lus, dits, entendus et surtout retenus.
À très vite

Venise a dit...

helenablue : ma "petite" découverte transatlantique de 2008, chère à mes yeux, bonne année heureuse et remplie de rêves réalisées ... les plus fous, les plus aimants, les plus rassembleurs !
"petite" : nous avons cette manie, les Québécois, de rajouter des petits un peu partout !

Venise a dit...

@ Réjean : En plein ça, je veux le lire. Il est à peu près temps ! Et puis, le documentaire, j'aimerais beaucoup aussi. Le croirez-vous, je n'ai pas encore mis les pieds à la Grande Bibliothèque. Quand nous allons à Montréal, notre liste de choses à faire est si longue que nous ne trouvons pas moyen. On fait de bien piètres touristes ! Cela pourrait être dans l'ordre de mes résolutions 2009, aller dans la grande cité POUR la GB.
Merci de vos voeux, moi aussi je le veux ! Et vous, santé, énergie, actions et ... voyage à Paris (ce qui inclut une part de prospérité ;-) !

Venise a dit...

@ Suzanne : Ta fougue, ton enthousiasme, la ferveur du Québécois (mon alliée :-))
, que ces joyaux continuent à briller dans l'écrin de chacun de tes mots.
Une 2009, à l'image de qui tu es, une femme fidèle et passionnée qui récolte ce qu'elle ne sait même pas avoir semer. Un jardin florissant pour toi, juste à te pencher pour cueillir.

Beo a dit...

J'ai toujours aimé Gaston Miron mais c'est la première fois que je le vois en entrevue. Étant adolescente à l'époque de cette entrevue: je devais fuir ce genre de discours. Non pas par négationnisme mais parce que j'avais l'impression de mettre en pratique ce qu'il défendait.

Très intéressant son discours et qu'elle personnalité!

Merci d'avoir mis le lien ici Venise.

Et encore une fois: Bonne Année à toi avec un foisonnement de nouvelles découvertes littéraires que tu sauras partager avec tes lecteurs, comme tu sais si bien le faire!

Venise a dit...

@ Béo : Nous sommes dans les vieilles heures de 2008 ... ça achève, ça achève. Merci de ton message à ce moment très spécial, j'apprécie que tu me dises que tu aies été le regarder, l'entendre. Un voyage dans le temps.

Si on pouvait voyager aussi facilement dans l'avenir ...

Toi et moi allons passer la 2009 ensemble :-D on ne peut pas en dire autant de la 2008, puisqu'on ne se connaissait pas !

gaétan a dit...

J'ai bien fait quelques recherches sur youtube et deezer pour entendre un extrait de ces 12 hommes rapaillés. Rien. Nada.
Comme tu es la 3 ième personne des blogs que je fréquente à vanter ce cd je me résigne: j'achèterai à ma prochaine chez le disquaire.
Meilleurs voeux si je ne l'ai pas fait.

Anonyme a dit...

Ouf! Tes mots viennent de me pogner là, tu sais là où le coeur est supposé être? Merci.... c'est tout ce que j'arrive à dire(à écrire) pour le moment.

Lucie a dit...

Une grande bouffée d'émotion quand je repense à L'homme rapaillé...
Il faudrait absolument que je le relise (il est toujours resté dans ma bibliothèque depuis l'adolescence) et que j'écoute ce disque.

Lucie a dit...

P.-S. Bonne année 2009 à toi chère Venise!

Venise a dit...

@ Gaétan : Très bonne décision en cette année toute neuve que l'acquisition de ces 12 hommes rapaillés qui enchanteront ta demeure à demeure !

Il y a de ces fois dans la vie où on a un doute vital qui flotte dans l'air d'aller : est-ce seulement mon genre de musique, est-ce que j'exagère un brin, est-ce mon humeur interne ... mais cette fois-ci, je me permets l'audace de te féliciter. C'est un chef d'oeuvre à la douzaine, ce disque, même si j'y trouve l'apparence extérieure assez pas attirante, l'intérieur a plein d'intériorité, pour compenser, on dirait.

Oui, le meilleur du meilleur à toi, Gaétan, l'homme de coeur qui ne jette pas ses atouts juste pour la frime !

Venise a dit...

@ Lucie : Ressortir pas seulement le recueil de cette poésie transcendante mais ressortir aussi et surtout toute l'émotion qui t'a animée en le lisant et l'installer là, devant toi, qui te regarde dans ta vie chiffrée à 2009 et tous ses autres chiffres.
Ça en vaut le coup et quant à moi, ça vaut même le coût du disque, malgré que pour les oreilles difficiles d'une musicienne, je ne saurais m'avancer le nez trop près de la chose.

Année 2009 ensoleillée d'un succès semé dans chacune de tes entreprises, nombreuses à souhait, à n'en point douter, si on en croit ta créativité articulée et même désarticulée s'il le faut, qui anime ton être tout entier.

Anonyme a dit...

Bonjour à vous! Je me suis permis de citer dans mon blogue un extrait de votre billet sur cet album consacré à la poésie de Miron et de référer à la discussion qui s'en est suivie.

Venise a dit...

@ Jean : Bonjour Jean. Merci de ce qui me semble une première visite malgré que bien des ombres clandestines laissent voyager leurs yeux sur les mots du Passe-Mot.

Je vous ai rendu visite et je trouve votre billet franchement intéressant. Complet. Et puis, il n'y a pas que les yeux qui entrent en jeu, les oreilles aussi.

À la revoyure ... j'espère !

Jean a dit...

@ Venise: C'était ma première visite. Mon blogue est plus "musique" que "littérature" mais c'est bien de voir un album comme celui de Gilles Bélanger réunir si bien les deux univers. À une prochaine!

Anonyme a dit...

Ce ne serait pas plutôt : « tour à tour désassemblé et réuni à jamais »

Venise a dit...

Ihiverakartoum : Eh, que vous avez l'oeil ! Merci beaucoup ! Vraiment une coquille (vide) passée complètement inaperçue.

Je ne peux m'empêcher de penser que vous aimez le Parle-moi de Gaston Miron.

Anonyme a dit...

Vous avez l'oeil aussi! ;) Je l'adore effectivement!