Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

jeudi 31 décembre 2009

Ma rétrospective et mes voeux

Une décennie s’achève. Quand je pense à ce dix ans, je ne peux pas tout comprendre, tout englober, il y aurait trop à dire bien sûr, juste de penser aux événements mondiaux. Je ne veux pas trop m’y attarder, est-ce vraiment l’heure de le faire, le mousseux ferait moins de bulles ce soir.

À moindre échelle, cette décennie m'a démontré combien le besoin de ne pas être seul est criant. Plus les gens sont indépendants, ne parlant pas à leur voisin de pallier, plus les familles sont restreintes (fini les douzaines d’enfants), plus les centres urbains fourmillent de monde, plus le « magasin général » a été remplacé par le « Smart Center », moins il y a de conversations animées sur les parvis d’église et plus la blogosphère s’enfle, plus Facebook fait fureur, plus Twitter trépigne de liens. Le téléphone nous suit partout, on y parle devant la caissière à l’épicerie, on « texto » devant le chauffeur de taxi, on apporte sa « vie » qui tient dans un creux de main : portable, IPod (des personnes m’ont dit que tout le précieux de leur vie était compilé là). MP3 pour transporter sa discothèque, et j’en passe, parce que je suis loin d’être techno ! Mais à moins d’avoir les yeux fermés ben dur, on réalise que la communication s’est transformée par les moyens mis à notre disposition. Est-ce les moyens qui ont transformé la communication ou la communication qui avait besoin de ces moyens pour se transformer ?

Je suis aussi frappée par le mouvement. Quand les gens se déplacent ils veulent transporter leur chez soi. Comme les tortues ! Cellulaire, agenda électronique, portable, MP3 ... faut dire que les carapaces sont de plus en plus légères. Tout est léger maintenant. Les premiers cellulaires, deux fois plus volumineux que notre téléphone sans fil porte à rire, assez lourds pour assommer quelqu'un !

J'en conclus que l’être humain démontre d'une autre manière son côté grégaire, qu'il veut absolument faire partie d’un tout ; famille, village, ville, communauté Facebook ou humanité. Si une communauté disparaît, elle est vite remplacée par une autre. On entre plus souvent en contact mais pas avec la personne devant soi, à celle qui pourrait nous regarder dans le blanc des yeux et nous rejeter sans écran. On se protège avant de se lancer dans une relation de chair et de sentiment et ça, c'est si on se lance ! On a maintenant besoin d’être encadré pour se rencontrer, les occasions « naturelles » se faisant de plus en plus rares. On s’étudie beaucoup, on prend moins de risque sur le rejet, on aime les miroirs qui nous renvoient notre reflet, de toutes manières on est sécurité avec la quantité : si c'est pas avec cette personne qu'un lien sera développé, tant d'autres sont accessibles en pesant sur un bouton. Et on contrôle de plus en plus son image.

Ceci n'est pas une critique, c'est une constatation de changement, je ne me place pas au-dessus de ces changements, par exemple, j’aime fréquenter la communauté Facebook. Je fais de l’esprit sans être obligé de me déplacer. On m’applaudit ou me commente, ou m'ignore, je socialise avec des étrangers, toujours dans ma robe de chambre et je connais des détails sur eux que je ne sais même pas de mes amis. Ça m'amuse et me stimule, c'est un jeu de communication. Tout ça pour dire que mon idée ici n'est pas de tout remettre en questions, je tente de tirer, en cette dernière journée de la décennie, une photographie du tournant qu'a pris la communication. Faut dire que je suis essentiellement une femme de communication. C’est là où je place ma passion des mots et mon désir de justice et de justesse.

Bref, de 2000 à 2010, la communication a énormément changé mais pas ce besoin fondamental: le besoin d'être aimé. Je nous souhaite donc un vent doux d’amour qui traverse nos vies, nos têtes, nos cœurs. Je nous souhaite d’aimer et d’être aimé.

lundi 28 décembre 2009

Palmarès Plaisir de lecture

Éric Simard l'a fait le premier (à mon su et vu en tout cas), Catherine l'a suivi de près. Intéressant. Le palmarès situe, englobe, synthétise, cerne. Il me semble que tout à coup, je comprenais mieux leurs lectures.

Je me suis alors dit, pourquoi pas moi !

Je ne m'attendais pas à ce que l'exercice soit si difficile ! Si difficile que je me serais bien échappé du casse-tête par plusieurs ex aequo. Finalement, quand j'aimais également, j'ai devancé le titre qui avait reçu le moins d'attention. Entendons-nous bien, je n'ai pas tenu compte du niveau de difficulté du roman, je laisse ce critère aux juges des hautes instances littéraires, j'ai seulement jaugé mon plaisir de lecture.

1 33, Chemin de la Baleine - Myriam Beaudoin
Parce que rarement une lecture m'empêche de dormir. Je me suis levé la nuit pour le lire. Le coeur m'arrêtait de battre à certains passages. J'ai pris à coeur l'attente de cette femme qui aime trop d'une manière qui m'a moi-même surprise.

2 HKPQ - Michèle Plomer
Il m'a tenu sur une vague d'ambiance douce, sensuelle, spirituelle et j'aurais voulu à jamais qu'elle se poursuivre. Je lisais lentement et relisais de peur que le roman se termine trop vite.

3 Mademoiselle Personne – Marie Christine Bernard
Le souffle court, béate d'admiration, les yeux écarquillés devant tant d'intensité autour d'un personnage. Tant d'ingéniosité aussi pour la structure du roman. Et quel style rythmé !

4 Les filles - Lori Lansens
Je refuse qu'elles n'existent pas, elles m'accompagnent encore. Se sont des amies, ces filles jumelles par la tête mais pas du tout par le coeur. Le plus grand traquenard de faux vrai que j'ai lu jusqu'à date.

5 La louée – Françoise Bouffière
Une histoire qui m'a enfiévrée. Éprise par le coeur d'un trop-plein d'émotions devant cette femme forte traitée en victime. Pour ma compassion à toutes les femmes qui ont un jour vécu de ce pareil au même de voir leur corps loué, au nom de la maternité.

6 Almanach des exils – Stéphanie Filion et Isabelle Décarie
Pour mes haussements de sourcils devant le charme de ces écritures féminines. Tant de soin à écrire la poésie qui sort par les pores du quotidien. Un bel échange d'amitié, à travers les antipodes de deux pays, le Canada et le Brésil.

7 Le discours sur la tombe de l’idiot – Julie Mazzieri
Pour m'avoir fait entrer dans un village sans contours précis où la folie rode sans contour précis, avec une écriture précise à couper au couteau.

8 Paul à Québec – Michel Rabagliati
Pour une histoire qui sent le Québec. Pour une histoire qui repose sur la progression de l'attachement. Pour cet art rare de raconter par la complémentarité parfaite entre le mot et l'image. Parce que j'ai éclaté en sanglot, ce qui ne m'arrive jamais en lisant.

9 La traversée du continent – Michel Tremblay
Pour avoir voyager à travers les yeux d'une gamine de 12 ans et d'avoir éprouvé toutes ses frousses, tous ses espoirs. Pour me reconnaître par la voie du passé de ma mère.

10 Tarmac – Nicolas Dickner
Pour le contrôle du dit, pour la divulguation de l'histoire avec une maîtrise esthétique. Pour ses personnages qui survivent à la fin du monde et au point final. Pour l'admiration du concept des 99 chapitres titrés. Pour un style unique, identifiable.

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Avez-vous fait le vôtre ?

jeudi 24 décembre 2009

Merci aux Mères et Pères Noël !

Une autre tague, de Noël cette fois, et transmise par Karine :). Je réalise combien la tague est contagieuse. Alors, je me suis dit pourquoi ne pas profiter de cette pause littéraire pour y répondre, surtout que ça parle de courses de veille de Noël, de réveillon, d'imaginaire ...

Q : Nous sommes le 24, il fait froid, il pleut, il vente, il neige. Vous êtes dans les transports, sur le point d'arriver chez vous après une dure journée de courses de dernière minute. Enfer et damnation ! Vous vous apercevez du fait que vous avez complètement oublié le plat principal et le livre collector en édition ultra limitée dont vous rêviez depuis des mois et qui est sur le point d'être épuisé. L'ennui, c'est qu'il ne vous reste qu'une heure pour préparer le réveillon et que vous aurez tout juste le temps de faire l'une des deux courses. D'ailleurs, rien n'est moins sûr ! Et puis, il faut avouer que votre journée vous a achevé(e). Que faites-vous ?

R: J’appelle toute de suite mon Père Noël personnel sur le cellulaire, et je deviens deux. Ça s’appelle communément la vie de couple.

Q : Vous voilà enfin chez vous ou chez les personnes chez qui vous réveillonnez. Cette année vous avez décidé que l'oncle Fred ferait le Père Noël. Malheureusement, il vient d'appeler pour vous dire qu'il avait rencontré l'amour de sa vie à 80 ans et partait en Indonésie pour sa lune de miel, avec une dulcinée connue deux mois auparavant à son entrée en maison de retraite. Heureusement, vous connaissez des gens célèbres, acteurs, chanteurs, sportifs ou autres (morts ou vivants) qui se couperaient en quatre par amitié pour vous. Qui choisissez-vous pour jouer Santa Claus ?

R : Au risque d’insulter un ami, René, qui fait un des plus beaux « vrai » Père Noël que je connaisse, par ses yeux pétillants de joie et sa joue rebondie et rose, je ferai venir d’outre-ciel, le Capitaine bonhomme. Et tant pis pour ceux qui seront confondus dus dus dus dus .... HO HO, j’adore jouer des tours !

Q : C'est l'heure de distribuer les crackers (biscuits de fortune) je me demande ce qui est inscrit sur le vôtre...

R : « Vous aurez besoin de respirer par le nez – même bouché – pour rester calme pour arriver à Noël en même temps que tout le monde».

Q : Les enfants sont enfin couchés ! Après avoir bien bu et bien mangé, vous décidez de finir la soirée en beauté en faisant une petite séance de spiritisme. Vous commencez en riant bien, mais soudain le tonnerre gronde, la lumière s'éteint, une lueur bleue vaporeuse s'élève au dessus de la table et vous sentez quelque chose de froid et mou se poser sur votre épaule. Que faites-vous ?

R : Je suis d’une banalité sans nom puisque je défonce le tympan de quelqu’un en hurlant sur une note stridente. Tout le monde décampe, en se bouchant les oreilles, laissé à moi-même, je ris jaune foncé. Et pour finir, j’essaie d’atteindre l’interrupteur (de tourner en rond), et m’enfarge dans les pieds du snoreau qui m’a joué le coup du rouleau de pâte à tarte sur l’épaule.

Q : Et au fait, on pourrait connaître l'identité du fantôme, vrai ou farceur ?

R : Le bonhomme Pillsbury.

Q : Enfin vous voilà le 25 au matin et vous allez déballer les cadeaux qui vous attendent depuis quelques heures sous le sapin. Quel est le cadeau inespéré que vous ne pensiez jamais recevoir et qui est là, devant vos yeux ébahis ?


R : C’est dans une enveloppe enrubannée rouge, je l’ouvre, très intriguée, pensant peut-être à des billets en destination de Venise et je découvre ce que je n’attendais plus : une garantie d’un an sur mon enveloppe corporelle avec en bonus l’assurance d’un système immunitaire boosté, repoussant tous virus ou microbes, me donnant de l’énergie à revendre et à dépenser pour continuer à aimer tangiblement tout mon entourage immédiat : bloguesque, amical, familial ... et même planétaire !


JOYEUX NOËL ! À TOUS, EN COMPAGNIE DES PERSONNES QUE VOUS AIMEZ. Je vous souhaite pas seulement un échange de cadeaux, un échange d'amour.

N.B. : Comme la fête de Noël est une date qui expire en 24 heures, cette tague s'évanouiera d'elle-même le 26 à minuit et une.

mardi 22 décembre 2009

Marie-Tempête - Dominique Demers

Je me fais rare, happée par le temps des fêtes qui nous offre tout, sauf du temps ! Et comme si j’en avais le temps, j’ai un vilain rhume. Je ne suis pas comme nos grands-mères qui disaient : Pas le temps d’être malade !

Il me semble que ça va me faire du bien de me libérer de ce roman qui a traîné si longtemps sur la table de chevet. Cette réédition de 2008 contient trois romans destinés aux adolescents :
« Les grands sapins ne meurent pas » 1993
« Ils dansent dans la tempête » 1994
« Un hiver de tourmente » 1998
Au titre de la préface de Jacques Allard « Marie-Tempête, un vrai roman », je me permets d'ajouter : un vrai roman ... pour ado !

À prime abord, je n’étais pas attirée par Marie-Tempête, un peu plus par sa suite pour adultes : « Pour rallumer les étoiles » (je craque pour le titre !). Dominique Demers, docteure en littérature jeunesse, écrivaine, animatrice, scénariste, conteuse et directrice littéraire, tous ses titres bien affichés sur la quatrième de couverture donne de la crédibilité. C’est probablement ce que s’est dit l’ami qui m’a offert les deux bouquins en cadeau de fête.

Les thèmes choisis sont typiquement ados : la révolte contre les parents, surtout la mère, le « que je suis malheureuse, aucun adulte ne me comprends », le je-m’en-foutisme des histoires d’adulte », l'amour exalté pour un garçon et tout faire pour le repousser. J’ai été jusqu’à avoir l’impression que l’auteure faisait tout pour la rendre malheureuse, juste pour nous donner des émotions fortes. Très peu d’émotions fortes pour moi, puisque je ne l’ai pas prise au sérieux. J’avais plutôt le goût de lui secouer les puces ! Et en passant, son père, aussi présent pour sa fille qu’un coloc !

Marc lui a laissé une chance. En plus, il trouvait le style, surtout quand elle décrit la nature, très réussie. Je lui donne tout à fait raison sur ce point. Des descriptions que les ados n’ont pas dû sauter puisque D. Demers manie habilement l’art de mêler les humeurs de la nature avec les émotions exaltées d’une Marie-Lune de 15 ans. Aux deux premiers romans, il y a beaucoup d’actions, ce que Marc appréciait, il restait accroché (c’est important pour celle qui lit à voix haute !) mais au troisième, est-ce parce qu’il a été écrit quatre ans plus tard, l’histoire se présente comme une île qui se serait décrochée de ses continents. En gros, c’est la détresse absolue de Marie-Lune suite à une autre fatalité du destin (il s’acharne vraiment sur elle mais ça me semble tellement évitable), la fuite et la retraite dans le bois chez les sœurs cloîtrées. Une première prise de contact avec le silence et Dieu. Contrairement à Marc, j’ai préféré ces préoccupations moins typiquement adolescentes, moins clichés, sans pour autant digérer sa personnalité de jeune demoiselle qui s’acharne à tout faire pour se mettre dans le trouble. Pourtant le destin s’occupe déjà très bien de le faire.

J’suis méchante avec Marie-Lune, n’est-ce-pas ? C’est vrai. Comprenez par là qu’il y a une réussite de l’auteure qui a créé une adolescente « pure fibre ». Parce que l’on va se le dire tout à fait entre nous, parfois ils sont quand même un peu ... euh, comment dire, énervants non ? Donc, il est à gager que lu par ceux à qui s’adressent ce roman, ça doit chanter un autre air que le mien. Autre point un peu dérangeant, ça sentait le désuet (années 1993-94) surtout dans la relation parent/enfant ; pas assez en arrière de soi encore pour y trouver un réel charme.

À part de ça, ça va bien ! Pour rallumer les étoiles, comme Marie-Lune est adulte, nous le lirons (quant à l’avoir !) afin de vérifier si elle a grandi en sagesse, autant qu’en âge. Mais pas tout de suite, non, non, pas tout de suite !!!

mercredi 16 décembre 2009

"C'est trop littéraire"

Il commence à flotter un air de vacances, écoutez ... écoutez, même dans le silence de ma montagne, je l’entends.

Alors, jasons.

Avant tout, un rappel. Un rappel de textes. Vous aimez vous exprimer par l’écrit et vous aimez Léonard Cohen, je vous rappelle que la date pour remettre vos textes est fin janvier. Les détails donnés dans le billet « Vous aimez Léonard Cohen ». N’hésitez pas, l’équipe Septentrion est clair, ils attendent encore vos textes. L’inspiration vous attend au pied de votre arbre de Noël, ça peut être le cadeau que vous vous faites. Ça fait vacances, avoir du temps pour écrire !

Je m’dis aussi que c’est beau lire, c’est se remplir lire, mais un moment donné, personnellement, j’éprouve le besoin d’évacuer. Alors, j’écris. Cela n’a pas besoin d’être estampillé « excellent », sinon, c’est le blocage. Enfant, nos parents, nous donnaient une feuille blanche et disaient « dessine ! ». L’enfant ne se disait pas, mais voyons, je ne sais pas dessiner ». Écrire, c’est s’exprimer en pouvant effacer sans que l’autre nous voit ! De vive-voix, c’est plus difficile de dire, attention tout le monde, je recommence ma phrase, elle était maladroite !

Ça m’amène à une de mes réflexions cette semaine qui ressemble à une question ; qu’est ce que ça veut dire un texte littéraire et donc, TROP littéraire ! Ceux qui me suivent de près, se souviendront qu’une personne s’est fait refuser un manuscrit sous le prétexte qu’il était trop littéraire. Ça parait insensé à prime abord. Quand je suis perplexe devant des expressions et leur côté péjoratif qui arrive dans notre langue sans crier « attention, j’arrive ! », je vais frapper à la porte du Petit Robert, un monsieur spécialiste de la base et il dit à ce sujet : expression littéraire : opposé à courant, familier, populaire, didactique.

Ça démêle un peu mes cartes. Hier, j’ai commencé à lire un roman en me posant cette question : est-il littéraire ? Ben voyons, Venise, tombes pas dans ce piège ! C’est de la littérature, c’est donc littéraire, non ? On dirait que trop simple. Ce que je voulais me signifier, c’est que l’écriture était familière, avec de l’humour, à la va comme je te parle, ça coulait, c’était amusant, l’histoire avançait. Dernièrement, j’ai dit à une amie, de la littérature légère. D’ailleurs, toute une discussion a suivi, il y aurait un côté péjoratif accolé à « léger ». Mais je reviens au roman « trop littéraire », j’imagine, (remarquez bien, j’ai dit j’imagine), on doit vouloir dire par là ; texte verbeux, lourd, parsemé, comme disaient nos aïeux, de mots à 30¢ placés là pour épater la galerie et, j’ose rajouter, une inertie dans l’action. Voilà mon interprétation du « trop littéraire » ... est-ce la vôtre, ça c’est une toute autre histoire. Le côté péjoratif a le désavantage que chacun y ajoute son interprétation et ça finit par faire un consensus tacite, dont on ne retrouve nulle part des traces (qui aura l’idée un jour de colliger un dictionnaire des mots à sens péjoratif ?)

Mais où je m’en vais avec mes cliques et mes claques moi là ? Je vous assure que je n’ai pas d’endroit précis où me rendre, je réfléchis à verbe haut devant vous, en ne sachant même pas d’ailleurs si c’est littéraire.

La Femme fragment et Le discours sur la tombe de l’idiot, ces deux derniers romans lus, je les ai trouvés très littéraires (pas trop, très), dans le meilleur sens du mot. Mais je me dis qu’un mot qui a son meilleur a sûrement son pire. Donc, trop littéraire, ça existe pour moi. Dans ma tête. En dehors de ma tête, je me demande qu’est-ce que ça a l’air ?

Comme pour vous, par exemple ...

mardi 15 décembre 2009

La Femme Fragment - Danielle Dumais

La cloche du 15 du mois à sonné ! À La Recrue, c'est La Femme Fragment qui passe au crible. Je dirais que ce qui ressort des critiques est du questionnement. Genre de roman idéal pour un club de lecture dont certains romans servent de prétexte pour ouvrir vers des horizons psychologiques ; la connaissance de soi qui mène tout droit à la connaissance de l'autre. Vous verrez, je suis (anormalement !) succincte dans ma critique, exprès pour vous laisser du temps pour aller lire mes pairs ...

Caroline, enfant insouciante, élevée par un père âpre et âgé déjà retiré de son parcours de vie, s’élève et grandit dans l’ignorance de ses racines. Enveloppée par l’infini amour de son père, elle est heureuse. Sa quête de soi commence par la procession de ses expériences amoureuses qui, mystérieusement échouent.

J’ai été subjuguée par la relation étroite entre ce père âgé, un coquillage fermé qui s’ouvre tout grand pour accueillir un bébé qui grandira sous son aile et éclairera sa vie. Malgré son côté rébarbatif, je me suis attaché à ce père, plus qu’à la fille. J’ai également beaucoup apprécié l’apport bien nuancé d'un personnage « ordinaire », Pauline, sans emploi du temps autre que vivre son état d’être humain sincère, fidèle et aimant.

J’ai suivi la fille, astre principal de l’histoire, captivée par les planètes qui tournent autour d’elle, les yeux écarquillés devant les couleurs franches et diversifiés des hommes qui traversent son ciel. J’ai beaucoup apprécié la parole donnée à chacun des personnages, micro sous leurs bouches ouvertes recueillant leurs pensées intimes et mon intérêt s’est rapidement transformé en hâte de recevoir la version de l’autre qui n’est pas Caroline. J’ai admiré l’habileté et la solidité des enchaînements.


Sous le ciblage d’une quête identitaire, cette histoire touchant plusieurs thèmes par ses personnages et situations laisse supposer une auteure qui a énormément de vécu et qui a voulu tout mettre dans son roman. J’avoue que ce « tout mettre » est réussi puisqu’il a maintenu mon intérêt qui s’est seulement un peu affaibli à la fin. La dernière histoire d’amour passionnel présentée comme une fatalité à traverser n’était peut-être pas bien servi par le ton distancié. C’est à cette étape que j’ai ressenti un peu de lassitude devant cette quête acharnée de s’analyser, peut-être parce qu’à la longue, l’idée qui en ressort n’est pas celle poursuivie : à ne pas connaître ses racines, on serait bien plus heureux qu’à les connaître !


J'oubliais de mentionner, peut-être le plus important pour moi, j'ai beaucoup apprécié le style. C'en est un où le verbe est fourni, on aime le mot, décrire est une passion, ce qui donne des passages succulents, certains que j'ai relus.
Je n'hésiterais pas une seconde à relire cette auteure.

La Femme Fragment, Danielle Dumais, Collection Première Impression, Québec Amérique, 416 p.

dimanche 13 décembre 2009

7 confidences dont un mensonge

Je me suis fait taguée par Blue qui, elle, s’était fait taguée par Anne. Blue continue de répandre le virus, en taguant Maxime. La tague, c’est contagieux et celle qui court est amusante : Déclarer un mensonge parmi 7 confidences et bien sûr tout le monde s’amuse à détecter le mensonge.


7 Confidences et 1 mensonge :

  • Je rêve (en dormant) souvent que je cherche un endroit pour dormir.
  • Depuis quelques années, je collectionne les signets
  • J’aimerais expérimenter une séance d’hypnotisme pour me faire passer mon goût du sucre.
  • Ma mère me surnommait « Sauterelle »
  • Je déteste manipuler de la terre.
  • Je ne peux porter de parfum floral, j’y suis allergique.
  • J’ai les cendres d’un étranger chez moi.

Je tague mes Pigeons chéris : Marsi, (quitte à lui prêter La Babillarde ! P.G. Luneau. J’y rajoute Claudel, Pierre H. Charron, Suzanne, Andrée Poulin et Étolane. En espérant qu’ils attrapent ce virus sympathique ... à moins qu’ils soient vaccinés !

vendredi 11 décembre 2009

Le discours sur la tombe de l'idiot - Julie Mazzieri

Ça y est, je l’ai lu ce fameux Prix du Gouverneur Général 2009 !

J'ai l’impression que j’aurai de la difficulté à vous rendre ce roman avec justesse, tellement d'ailleurs que j’en éprouve quasiment le trac. Dans ces moments-là, je m’accroche à la quatrième de couverture qui est justement très pertinente. J’avoue même qu’elle m’a aidée à situer la fin : « Si le roman possède une « essence policière » incontestable, il s’agit d’abord et avant tout d’un roman de la culpabilité. Tout en s’attachant au sort de Paul Barabé, le récit présente l’histoire de Chester « saisie du dedans » : une histoire commune non pas appréhendée dans la perspective rassurante des intentions et des actes, mais une histoire se rapportant plutôt aux faits principaux qui accablent ce village sans idiot ». (Cet extrait représente environ un quart du quatrième).

J’ai habité ce village quelques heures, vraiment habitée, j’y étais. Tout au long de mon séjour, les questions ont criblé mon esprit et j’ai ressenti une tension, en tout cas, je n’étais pas détendue. Habituellement, je trouve les villages rassurants, tout le monde se connaît, on en fait le tour rapidement, l’esprit le contient. Mais pas Chester dont l’ambiance dégage du mystère, pas celui qui est opaque, celui qui titille l’esprit, qui l’agace continuellement. L’histoire me laissait peu de temps pour réfléchir dans mon état de fébrilité d’en vouloir plus, toujours plus.

Pourtant, dès le départ, on connait les malfaisants qui se débarrassent de l’idiot. On ne cherche pas l’assassin mais on cherche quand même ; la vérité des personnages, d’y voir plus clair. Le style et la manière de raconter est à ce point efficace que j’ai monté un film dans ma tête ; c’était sombre, je n’y ai jamais vu le moindre rayon de soleil ! Certaines perles langagières me sautaient aux yeux et c’est bien la seule chose qui brillait dans cette noirceur ! De la noirceur, non pas celle qui appelle la déprime, le dégoût oui peut-être, mais surtout la dureté des sentiments, l’ignorance crasse, l’inconscience mais pas la candide, les victimes malignes, l’exploitation de la bonne volonté, la méfiance impitoyable vis-à-vis les étrangers. Et toujours ce vent de folie qui guette, qui rôde, qui peut s’emparer d’un esprit sain, même celui du lecteur ! Pris par l’effet d’entraînement, les secrets, la force vive de la rumeur, nous déambulons avec des personnages typés d'un village classique, mais représentés avec une unicité de langage concis, allant droit au but par l’appel de l’image.

Le monde de cette auteure est original, et c’est ce genre de roman qui me fait demander ; comment fait-elle pour vivre avec des histoires comme ça dans sa tête !? Tout au long de ma lecture, j’ai ressenti de l’inquiétude, et la fin ne m’a pas replacée dans mon monde rassurant, je continue à me poser des questions. Et peut-être après tout que mon rationnel s’est fait avoir par les émotions, je ne m’en défends pas, ça signifierait qu’il a été pris en otage par une histoire à l’ambiance forte qui entraine tout sur son passage. Cette auteure n'est pas née d'hier, jamais je croirai ! Je l'imagine facilement avoir plusieurs embryons d’histoires dans ses tiroirs. Enfin, je l’espère !

Le discours sur la tombe de l’idiot – Julie Mazzieri, Éditions José Corti, 245 p.

mardi 8 décembre 2009

La deuxième Vie de Clara Onyx - Sinclair Dumontais

Un roman que quelques personnes avaient prédit que j’aimerais. C’est vrai que d’emblée je me suis ouverte à la proposition de l’auteur qui réinvente les règles du jeu sur Terre. Je n’ose pas vous divulguer lesquelles puisque justement on les apprend progressivement en suivant le fil d’un interrogatoire avec divers personnages, tournant autour de l’emblématique, charismatique, ensorcelante chanteuse de tous les temps ; Clara Onyx. Avec son impresario, parolier et amant, Sydney Payne, ils seraient à l’origine s’un style musical « Gospel Next » qui a fait fureur. Une puissante vague ayant marqué une époque.

Voilà pour le fond. La forme, je l’ai dis, est un interrogatoire qui se démarque de tous les interrogatoires par les questions non dites, à nous de les deviner par les réponses. Un style fluide, extrêmement facile à lire et même s’il y a quelque chose, trop, il s’avale goulûment, loin de savourer, on mastique à peine. C’est le pendant d’avoir choisi la forme interrogatoire, forçant à un usage constant du dialogue. En considérant cette contrainte, l’auteur s’en sort très bien, c’est habile. La progression de la divulgation des renseignements est intéressante, on a le plaisir d’être perdu et qu’ensuite le tout s’éclaircisse. Les personnages sont typés, une belle brochette. Pour la réinvention des règles de la Vie, l’idée est intelligente et je l’aurais probablement plus appréciée si je n’avais vu le film « Benjamin Button ». En plus, les personnages étaient prévisibles au point que la fin le devenait. Pour moi, en tout cas.

J’ai eu de la difficulté à croire à la force de frappe du Gospel Next et à l’extrême popularité du couple. En fait, je devais même m’aider en pensant à Céline et René ! Je ne suis pas arrivé à les prendre au sérieux, mais peut-être est-ce voulu, peut-être que cette histoire n’est qu’une farce bien tournée. Et pourquoi pas ?

Histoire fantaisiste, bien menée que je compare à un bonbon qui fond rapidement sur la langue sans laisser de goût particulier.

La deuxième Vie de Clara Onyx, Sinclair Dumontais, Septentrion, Collection Hamac, 179 p.

samedi 5 décembre 2009

Vric à Vrac

Je n’en reviens pas, une autre bonne nouvelle ! Pour la Pastèque, pour nous Québécois, et bien sûr pour Michel Rabagliati :

Paul à Angoulême
Paul quitte Québec. Direction Angoulême, capitale mondiale de la BD. La maison d’édition La Pastèque annonce, avec une fierté tout à fait légitime, la présence de Paul à Québec parmi la sélection officielle du Festival international de la bande dessinée. Jamais BD québécoise ne s’était retrouvée dans cette prestigieuse liste. L’événement existe pourtant depuis 1974 ...
(Suite de l’article, dans Le Libraire ...)

La Lucarne à Luneau
« Québec » « BD » «Casterman » « Collectif » ... s’cusez, je pense en tags maintenant (!) m’amène au Pigeonographe, directement dans La Lucarne à Luneau. Cette lucarne, où Luneau scrute les BDs à la loupe avec ce charmant mixte de sérieux et d’humour bon enfant (je comprends donc, c’est notre ami !). Sa Lucarne se présente maintenant plus clairement puisque notre webmestre, Maxime a apporté des améliorations notables. Les petites trappes de A à Z s’ouvrent et on peut piger dedans. Cette semaine : Québec, ville en quatre temps. Luneau a promené sa loupe au dessus de Québec, un détroit dans le fleuve où quatre duos scénariste/dessinateur présentent la ville de Québec chez Casterman. Juste à côté, chez sa voisine La Babillarde, il y a maintenant des tags, et des plus, plus, plus à découvrir. En passant, lundi, je vais y relater notre fin de semaine passée au Salon du Cadeau de Eastman (avec photos à l’appui) où Marsi offrira son album avec dédicace, entre autres.

Ça a pas de prix !
Bon, me semble que ça fait bien une semaine que je n’ai pas parlé de Prix littéraires. Ça n’a tout simplement pas de bon sens, je me néglige !! Ça fait pourtant quelques jours qu’ils sont sortis, et ils ont de différents qu’ils dépendent de nous. Des votes du public. Pas la catégorie La Relève cependant qui, elle, dépend d’un comité. Pour voterez si ça vous chante (il va y avoir des extraits, des fois que vous n’aurez pas tout lu ... hum, hum), j’apporte à votre attention les titres pour saisir l'occasion de se rafraîchir la mémoire à nos auteurs, en profiter pour en découvrir aussi, et pour la petite phrase folichonne qui les représente. Je me suis retenue de ne pas faire un quiz pour les accoler au bon auteur mais là, franchement, cela aurait trop dur. Quant à moi, je pense que j’aurais eu zéro, tellement c'est imprévisible.

PRIX DU PUBLIC - Archambault

Les chroniques d’une mère indigne
"Caroline Allard aime bien jouer des tours"

Le travail de l’huître
"Jean Barbe ne déteste pas se coucher tôt"

Êtes-vous marié à un psychopathe ?
"Nadine Bismuth ne partage en aucun cas son ordinateur."

Un enfant à ma porte
"Ying Chen aime bien paresser en lisant « À la recherche du temps perdu"

Tarmac
"Nicolas Dickner savoure la vision du gourou d’Apple"

Morlante
"Stéphane Dompierre dort mieux dans un cinq étoiles qu’à la belle étoile"

Du bon usage des étoiles
"Dominique Fortier a parfois tendance à perdre le nord"

Les 7 filles d’Avalon
"Isa-Belle Granger est une piétonne exemplaire"

LECTODÔME
"Bertrand Laverdure aime écrire en costume d’Adam"

Le ciel de Bay City
"Catherine Mavrikakis est désemparée devant la haute technologie"

L’arracheuse de temps
"Fred Pellerin peut faire des miracles avec du Boursin"

HKPQ
"Michèle Plomer rêve de découvrir une cure miraculeuse pour aider l’humanité"

PRIX DE LA RELÈVE - Archambault

Ilû - Lhomme venu de nulle part
"Pierre Barthe aimerait bien se ressourcer au Yukon."

Les traversées de Solange
"Peggy Bourque Ouellet use parfois de procrastination"

Peut-être que je connais l'exil
"Annick Charlebois rêve d’exploits équestres"

Le marais, allégorie d'une existence partielle
"Richard Dallaire a toujours des provisions de la sauce à Mama"

La vierge dans la cité
"Raja El Ouadili raffole de fine gastronomie"

Raphaëlle en miettes
"Diane Labrecque peut pondre des textes, mais pas encore des textos"

Extraits du carnet d'observation de la femme
"Rodolphe Lasnes encourage la compagnie du lézard comme animal domestique"

Un chien de ma chienne
Mandalian garde toujours les rouges pour la fin"

Sonate en fou Mineur
"Eloi Paré optera pour le boa constrictor lors de sa réincarnation"

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