Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

lundi 29 mars 2010

Vu d'ici tout est petit de Nicolas Chalifour

Vous savez combien je suis curieuse des choix du Prix des libraires, c’est la principale raison qui m’a poussé à lire ce premier roman.

« Un petit être impossible tapi dans l’ombre observe la vie d’un Manoir ». Avec cette phrase, le roman est à découvert. Si je la décortique :

Impossible
est le mot juste, cet être ne se peut pas, rien de tel n’existe sur cette Terre, à ce que je sache.
Tapi dans l’ombre : pour le lecteur aussi. Vous ne le verrez pas.
Observe la vie d’un Manoir : Si la vie dans un Manoir vous intéresse, vous serez servi ; serviteurs, visiteurs, directeurs, femmes de chambre, cuisinier, horaire, décor de la cave au grenier.

Pour pénétrer l’antre de ce Manoir, suivez le petit être impossible, vous verrez tout par le prisme de son regard et surtout vous entendrez tout de sa bouche. « Mais en arrivant devant le gros frigo qui s’appelle aussi la chambre froide et qui est très verrouillé avec un cadenas, on voit avec nos doigts qu’on n’a pas les clefs dans mes poches et qu’on les a laissées dans mon trou et qu’on ne pourra pas manger des endives si on ne va pas les chercher ». Comme vous voyez, fait assez inusité, le récit est au « on » mixé avec du je. Je m’y suis habituée et ce choix a la qualité d'amplifier l'effet d'étrangeté.

Au départ, j’étais intriguée, bien sûr qu’un être d’une telle originalité, c’est mystérieux. Et puis, je me suis lassée, puis exaspérée, puis j'ai terminé à bout de nerfs. Ce petit être impossible s’avère une véritable peste, s’amusant à pisser dans la bouffe, se trémoussant de plaisir devant des scènes de chute. Aussi original soit-il, ce que je reproche à ce monologue que je sentais faussement maladroit est la répétition des mêmes mots (jusqu’à 3 fois le mot casse ou vigilance en 2 pages). Si on tombe sous le charme de cet être, lui prêtant des qualités enfantines, tout va, mais sinon, il devient difficile d'apprécier, puisque c'est un tête-à-tête. Son langage s’apparente à celui d’un enfant par la forme, le fond, lui, pose un regard social assez cru. Personnellement, j’ai beaucoup de difficulté avec la fausse candeur, tellement que je peux rater des occasions de rire. Je crois que ceux qui ont aimé ce roman l’ont trouvé drôle. Pas moi.

En plus, les fins sont faciles, et le moins que l’on puisse dire, sans subtilité. Difficile de révéler pourquoi sans trop en dire, et quand je mets "fin" au pluriel c’est parce que jusqu’à la fin, j’ai espéré que l’auteur en dévoilerait plus sur cet être qui est petit, se faufile partout, pense, parle, a un estomac, un nombril, des jambes, des désirs sexuels, des émotions, mais aucune conscience. Mais qui est-il, d’où vient-il ?

On revient au point de départ : un être impossible.

Je dois vous avouer que je me suis demandé à quelques reprises jusqu’où peut mener le désir d’être original d’un auteur et jusqu’où peut mener la curiosité d’une lectrice.

Vu d'ici tout est petit, Nicolas Chalifour - Héliotrope - Finaliste du Prix des libraires.

jeudi 25 mars 2010

500e billet ou le poids de 15 livres

Eh oui, mon 500ième billet ! Heureusement, lorsque l’on met le pied dans cette aventure, on ne sait pas dans quoi on s’embarque ! Un peu, juste un peu, comme donner naissance à un enfant, vivant avec lui tous les jours, même quand il n’est pas à tes côtés, tu penses à lui. C’est accaparent, il y a les hauts et les bas, mais au bout il y a l’amour. L’attachement. Le lien.

Je voyais arriver le 500, j’avais le goût de le souligner mais me demandait comment. Mais par un chiffre pardi ! Le 15. Circule dans la blogosphère littéraire cette activité libre, nommer 15 livres qui ont marqué sa vie. Des marques-page de vie ! L’idée n’étant pas du tout de repérer les meilleurs, plutôt des livres jalons, qui marquent une partie de vie.


HKPQ de Michèle Plomer --- Pour l’affinité de cette écriture d’une femme. Pour la corde sensible qui a vibré au diapason de cette écriture et histoire tendres et fantaisistes. Parce que je n’ai pas de distance avec ce roman, j’en suis trop amoureuse.

Nikolski de Nicolas Dickner --- Roman qui m’a tourné vers la littérature québécoise. Il m’a frappé par la structure du roman qui m’a sorti de la traditionnelle chronologie, je criais au génie ! Parce que je l’ai lu deux fois, ce qui est rare. Depuis, j’ai découvert un Hors champ qui remplit une partie de ma vie.

La clé des mondes secrets de Paul Twitchell --- "Découvrez la voie secrète menant à Dieu par le Voyage de l'Ame. 'Les mondes cosmiques sont invisibles à la vue physique de l'homme, mais ils sont aussi authentiques que le sol sur lequel nous marchons sur Terre.' Les fusées du vingtième siècle ont propulsé l'homme à travers les frontières passionnantes de l'espace. Mais qu'en est-il de son univers intérieur? Il est malheureux qu'il soit encore enfoui dans le trou noir du mystère et de la spéculation..." – Exceptionnellement, j’ai laissé parler l’auteur car je lui jalouse cette explication parce qu’elle dit tout sur mes convictions.

Un autre corps pour mon âme de Mickael Newton --- Ce n’est pas un roman, même si ça pourrait en être un pour certains ! L’excursion d’un hypnologue dans plusieurs « entre-vies »(environ une trentaine). Pour ma profonde attirance pour la vie en dehors du corps.

Bonjour tristesse de Françoise Sagan --- Pour le mystère laissé sur ma peau de très jeune fille. Cette lecture m’a frappée parce qu’elle me dépassait. J’avais l’impression d’être entrée dans une chambre sombre où la naïveté n’est pas le mot de passe pour bien comprendre.

Les accoucheuses d’Anne-Marie Sicotte --- Pour ma peur des sagas vaincue ! Pour les traces laissées sur moi par l’histoire des sages-femmes au Québec, si bien déguisée en des personnages qui ont trouvé le chemin de mon cœur.

La fabrication de l’aube – Jean-François Beauchemin --- La seule lecture commandée impérieusement par ma voix intérieure. Plus que rejointe, atteinte par ce récit de vie au chevet de la mort avec l’impression de maintenant connaître un être d’exception qui ne banalise pas la vie.

Ma vie comme rivière de Simone Monet-Chartrand --- Pour le titre de ces 4 tomes. Pour la femme qu’après lecture, j’appelle Simone. Pour sa grande déclaration traduite en mes mots « Tout se dit, même l’intime, parce que nous partageons le même état humain » Livre impudique, particulièrement pour l’époque.

La détresse et l’enchantement de Gabrielle Roy --- Une écrivaine qui nait sous nos yeux, sans retenue, juste de la générosité. Un dévoilement gratuit, presqu’un testament littéraire ... non achevé. Un style intériorisé foudroyant.

Mon cher Grand fou – Correspondance de Gabrielle Roy avec son mari --- J’adore les correspondances généreuses, le nez enfoui dans cette intimité parce que je voulais toucher de mon esprit cette femme dévoilée.

Une Vie de François Ricard --- Le choc de ma rencontre avec Gabrielle Roy. Un coup de vie pour une femme morte. J’ai eu mon époque BIO que je tenais à représenter ici, j’aurais aimé nommer un autre titre pour varier. Désolé ! Ce n’est pas possible !

Les mots pour le dire de Marie Cardinal --- Frappé en plein cœur et en plein ventre, presqu’effrayée tant j’étais impressionnée, par la douleur de cette descente en soi. Et parce que je lui ai écrit et qu’elle m’a répondue !

Tintin au Tibet de Hergé ---Tous les Tintin m’ont marquée (mon frère avait la collection), assez pour en mémoriser des phrases entières. Mon personnage préféré ? La Castafiore. « Lu » avant de savoir lire puisque mon frère me les lisait, relisait, relisait, relisait ... inépuisable qu’il était. Jo, Zette et Jocko de Hergé --- Pour l’autonomie d’une petite fille ; moi ! J’avais MA collection préférée de bande dessinée ce qui me rendait unique à mes yeux !

Vacuum de Christian Mistral --- Pour la débâcle de cette écriture qui fouette, parce que c’est le premier blogue mis sous presse. Parce que l’écrivain a une veine unique d’où il s’abreuve et que j’en ai tiré des leçons personnelles : vigilance et exigence vis à vis chaque mot que j'écris.

Madame Bovary de Flaubert --- Mon frère me suppliait de l’écouter « réciter » ses classiques (j’en ai choisi qu’un mais il y avait aussi Maupassant et Diderot). Curieux, en lisant la bio de Flaubert, j’ai trouvé ceci « Il (Flaubert) teste ses textes en les soumettant à la fameuse épreuve du « gueuloir», qui consiste à les lire à pleine voix. Quand, à 7-8 ans, on te lit des œuvres majeures, s’imprime en toi, et à jamais, l’amour des mots.

lundi 22 mars 2010

Cette année s'envole ma jeunesse de Jean-Francois Beauchemin

Ma paume lisse le livre afin que passe par mes doigts tout ce qu’il m’a donné. Pour bien faire, je devrais aussi fermer les yeux. C’est un récit qui donne en abondance, pour qui sait étendre le silence en soi, ouvrir l’oreille du cœur et écouter chaque mot qui mesure son poids.

Un homme perd sa tendre et très aimée mère, tout se passe en douceur, la douleur coule sur lui qui garde les yeux grands ouverts, ne pleure pas, que ne s’embrouille les contours de la réalité.

Il nous permet de l’accompagner durant les quatre saisons que durera sa transformation, nous faisant passer par l’intimité de ses pensées lumineuses. Réfléchit sur lui la lumière, les arbres, le chien, la montagne, les cieux, les oiseaux.

C’est un récit apaisant. Je me suis sentie privilégiée que l’on accepte de partager avec moi ces réflexions empreintes de philosophie, ces principes longuement mûris, ces valeurs sans cesse interrogées. La mort appelle à parler de la vie. Cet homme se voit se transformer sous ses yeux, il observe les battements de la vie qui l’entoure. De l’extérieur, certains pourraient dire : il souffre puisque reclus dans une maison aux pieds d’une montagne, il est malheureux de méditer au lieu de se distraire, il est grave parce qu'il n’éclate pas de rire, il est dépressif puisqu’il ne dort pas. Mais convié à entrer à l’intérieur, le souffle amené si près de lui, le regard prend un autre sens, un sens, plusieurs sens, jusqu'à commencer à croire que la lucidité serait une voie possible pour conduire au bonheur.

J’aime fréquenter les personnes qui tendent tendrement vers la lucidité et cela a été beau d’assister, en témoin privilégié, à cette transformation intime. Je ne suis pas prête de l'oublier et, pour moi, ce n'est pas seulement un récit à lire, mais à vivre, et à relire.

Je vous laisse avec Jean-François Beauchemin avec l'espoir que vous apprécierez sa compagnie autant que moi.

Je m’étonne encore de ces pas que j’ai faits si longtemps au milieu d’une foule impatiente, marchande, à la fois trop frivole et trop raisonnable, et de laquelle je me suis senti non pas exclu mais assez distinct pour en être toujours l’involontaire spectateur. (p. 55)

Je ne comprenais pas, à huit ans, et ne comprends pas plus aujourd’hui, qu’on s’habitue si tôt et si naturellement au mystère considérable de l’existence.
(p.61)

Peut-être, aussi, aurais-je dû davantage expliquer mes silences et ce pas en arrière que j’effectuais sans cesse afin d’élargir ma perspective. Je ne l’ai pas fait.
(p.67)

Je réfléchissais qu’à peine une porte sépare le mensonge de la vérité, et que la découverte de cette vérité importe moins que notre quête, que nos coups répétés sur la dure surface de nos chimères, ou de nos convictions. (p.80)

L'instinct, cette intelligence du corps qui juge et comprends les choses plus rapidement que ne le fait la pensée, demeurait un allié sûr. Néanmoins, j'éprouvais encore une certaine difficulté à bien diriger mon esprit. Et c'est alors que je commençais à comprendre que tout écrivain, et peut-être tout homme, doit moins laisser libre cours à son imagination que la domestiquer, en réduire les effets aux limites d'un enclos que la volonté seule mesure. (p. 92)

Je finissais par trouver beaux ces patients ajustements ayant formé avec les années la sculpture mouvante de la personnalité, ces coups secs et de plus en plus précis donnés sur la chair et sur l’âme par le ciseau des circonstances.
(p.93)

Si ne pas reculer devant ce gouffre de l’âme d’où montent d’inquiétant échos, si être sans relâche et presque malgré soi séduit par l’impénétrable beauté du monde est ce qu’on appelait la gravité, alors soit, j’étais grave. Je continue pourtant de croire que ceux qui le prétendaient confondaient gravité et vigilance.
(p.95)

J’aurai consacré l’essentiel de mes efforts à la poursuite, au moins dans mon travail avec les mots, d’une forme de synchronie entre les choses élevées et celles, plus près, que nous montrent nos existences terrestres. Et il m’a semblé que, pour exercer ce métier de médiateur, il fallait d’abord attirer vers soi le bonheur [...]. (p. 107)

vendredi 19 mars 2010

Mylène Dumas-Gilbert se dévoile

Présentement en résidence d’écriture au Yukon, cette auteure prolifique (j’ai entendu de ses lectrices attendant Lili Klondike - tome 3 avec une telle fébrilité !) a gentiment accepté de répondre à mes quelques questions.

Mylène Gilbert-Dumas habite à Sherbrooke, sa ville natale. Diplômée de l’Université Laval en enseignement du français au secondaire, c’est sa passion pour l’histoire, les voyages et l’actualité qui l’a finalement menée au roman historique. Après un séjour de vingt ans dans la région de Québec, elle est de retour à Sherbrooke et partage son temps entre les voyages et l’écriture. Après le vif succès de la saga historique Les Dames de Beauchesne (dont elle a reçu le prix Robert-Cliche en 2002 pour le premier tome) elle a publié un autre roman 1704, inspiré de la légende sherbrookoise du rocher Mena’sen. Parus en 2008 et 2009**, les deux premiers tomes de Lili Klondike ont reçu un très bel accueil au Québec et en France.

1 Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle?
Avez-vous une méthode de classement?
Je dirais que ma bibliothèque est hétéroclite parce que je m’intéresse à tout. Mes livres sont classés selon le genre. Une étagère pour les essais, les réflexions et les études historiques, un meuble complet sur l’histoire des femmes, quelques tablettes pour les essais scientifiques. Plusieurs étagères pour les romans historiques (évidemment!), quelques tablettes pour les romans policiers, etc.

2 Quel est le premier livre que vous vous souvenez vous être procuré?
Zémindar, de Valérie Fitzgerald. Il s’agit d’un roman historique qui se déroule en Inde autour de 1845. J’avais 18 ans quand je l’ai acheté. Je trouvais l’histoire tellement bonne que je n’ai presque pas dormi deux nuits de suite pour en finir la lecture. Je me souviens m’être dit qu’un jour, quand j’écrirais, je veillerais à ce que mes romans produisent cet effet-là sur les lectrices.

3 Avez-vous un plaisir de lecture coupable?
Des revues de jardinage et de cuisine.

4 Comment êtes-vous devenu auteur?
J’ai toujours voulu être écrivaine, mais mes résultats scolaires m’ont conduite en sciences au cégep et à l’université. Après avoir décroché pendant un an, je suis retournée à l’université en enseignement dans le but de devenir écrivaine. J’ai vite découvert que la tâche d’une enseignante de français laissait peu de place aux loisirs. À 30 ans, j’ai décidé qu’il était temps que je me mette sérieusement à l’écriture. J’ai commencé à travailler à temps partiel afin de me libérer des heures chaque jour. J’écrivais de 4h30 à 8h, de même que dans chaque trou que j’arrivais à créer dans mon horaire. Au bout de cinq années, j’avais fini le tome 1 des Dames de Beauchêne.

5 Comment faites-vous votre recherche, s’il y a lieu?
J’ai l’habitude de fouiller un sujet de tous les côtés. Je m’intéresse à l’aspect historique, évidemment, mais aussi à la sociologie, à l’anthropologie (si nécessaire), à la géographie, à la culture et même à la cuisine. Je lis les études, la correspondance, les journaux personnels, mais également les romans écrits par des femmes à l’époque que j’ai choisie. Puis je fais le voyage sur le terrain. Je visite tous les lieux, je me laisse imprégner par l’atmosphère, les odeurs, la vue.

6 Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent?
L’histoire des femmes, leur émancipation, leurs aspirations, leur quête de liberté.

7 Avez-vous des projets en cours?
Évidemment! Mais il ne s’agit pas d’un roman historique. Le récit est contemporain. J’y aborde cependant mes thèmes de prédilection. Et comme dans tous mes romans, il y a un voyage initiatique.

8 Quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer? Que lui diriez-vous?
Au lieu d’un personnage de fiction, je choisirais des personnages historiques : Joséphine Marchand, Mary Read, Gabrielle Suchon, Esther Brandeau, Isabella Bird, Isabelle Éberhardt, Alexandra David-Néel, Lou Salomé. Je leur demanderais comment elles ont réussi à s’affranchir des attentes sociales afin de s’accomplir comme elles l’ont fait en gardant la tête haute.

9 Ce qui vous fait sourire?
Un morceau de chocolat.

10 Ce qui vous préoccupe au quotidien?
Suivre l’évolution, et les reculs, de notre société.

11 Y a-t-il une cause qui vous tient à cœur?
La liberté des filles.

12 Que rêviez-vous de faire, enfant?
Être écrivaine arrivait en deuxième position, juste après être astronaute.


** À partir du 27 octobre, le coffret Lili Klondike, environ 1000 pages, sera en librairie

jeudi 18 mars 2010

Et quand le vrac te traque

Parle-moi de ça !
Vous savez peut-être déjà que Nikolski a remporté l’équivalent du Combat des livres au Canada anglais, Canada Reads 2010 ? Je vous le dis quand même. Il y a de quoi être fier de Michel Vézina qui l’a défendu. Ses arguments ont porté, c’est un excellent débatteur. Pour répliquer aux autres débatteurs qui rechignaient sur la complexité du roman, il a pris l’exemple de l’album de photos de famille où lorsque l’on découvre les membres, on n’a pas nécessairement besoin de les voir en ordre pour saisir l’histoire.

C’est le troisième titre québécois qui gagne depuis le début de Canada Reads, et la fierté vient de cette première pour un roman récent. Peu de nos romans récents seraient traduits. Les répercussions sur les ventes seraient, d’après la maison d’édition anglaise, très importantes. Nicolas Dickner, prudent, attend avant de s’emballer. En tout cas, c’est certainement de l’ordre de la bonne nouvelle !

J’ai réécouté cette entrevue avec Nicolas Dickner, le traducteur, Lazer Lederhendler et Michel Vézina ne serait-ce que pour réentendre ce dernier (j’ai bonifié sa déclaration) :
« Les mots les plus importants sont ceux que le romancier retire. Le lecteur est une personne qui a la capacité d’imaginer ce qui n’est pas écrit. La force d’un romancier est cette faculté de créer des images dans l’esprit du lecteur, images qui font qu’il s’approprie de l’histoire ».
Quelque chose d’inattendu
Je vous ai glissé quelques mots sur la chance que j’ai eu de dénicher sur Amazon un exemplaire du documentaire sur Gabrielle Roy de Léa Pool. On m’assurait qu’il ne se trouvait plus nulle part. C’est la première fois que j’achète via Amazon et j’ai eu la surprise de constater que des particuliers passent par cette plateforme pour vendre de leurs copies neuves, cette fois à 11.99 $. Ne me demandez pas pourquoi ils ont des copies neuves ... mystère. J’ai donc reçu un paquet à la maison, pas identifié par Amazon, adressé à Marsi. On en était à croire qu’il avait une fan à Ste-Anne-de-Bellevue ! Quand Marsi y a découvert le DVD et me l’a remis (un peu déçu !), j'y ai déniché une lettre intitulée « Quelque chose d’inattendu » et deux suçons rouges en forme de cœur. Vous avouerez que pour une première expérience via Amazone, c’est vraiment inattendu ! Je n’ai pas encore visionné le documentaire mais j’ai hâte.

Venise et Marsi traqués par le trac
Si ça vous tente d’entendre parler de notre expérience interview de Venise à Marsi devant 78 élèves (garçons seulement) du secondaire 2 et 3 du Collège Mont Ste-Anne à Sherbrooke mardi, la Babillarde sur Le pigeonographe en dit plus long que court.

En passant et en finissant, demain, je mets en ligne une entrevue avec une écrivaine qui publie et vend beaucoup de romans historiques.

lundi 15 mars 2010

La canicule des pauvres de Jean-Simon Desrochers

Ça y est, les critiques de la Recrue pour un roman audacieux, dont on n'a pas fini d'entendre parler. En partant, il est assez rare d'écrire un premier roman aussi consistant (presque 700 pages). Il faut de l'assurance et c'est assez unanime pour l'affirmer ; Jean-Simon Desrochers est à la hauteur de son assurance !

Bloc de personnages

L’auteur fait une tournée des numéros d’appartement du Galant où vivent des personnages brossés à gros trait. Me sont tout d’abord apparus un peu confus ces fragments de vies pour lesquels j’ai travaillé fort pour en lier les morceaux.

Plusieurs personnages représentent un univers en soi. On entre dans celui de la toxicomanie par Zach qui fournit en drogue le bloc entier (ou presque !), dans l’univers de la porno par Kaviak, prétendument détaché de son métier, dans l’état d’esprit d’une tueuse en série par la très crédible Sarah. Miguel et Claude représentent l’homosexualité passionnel, le groupe de musique « Claudette Abattage » l’orgie perpétuelle. Le bédéiste, Takao, la création mercantile, Daphnée, l’actrice fabriquée, Monique, la beauté plastique. L’athlète, Tony, le type même de l’ambition déchue et Trevor Adamson, inclassable (mon histoire préférée).

Je demande pardon à ces autres intéressants personnages que je laisse dans la nuit de leur vie pour faire place à l’apaisante Henriette qui s’éteint comme un téléviseur. J’ai apprécié Roméo, enfin un homme « ordinaire »dans le sens que pas sous l’emprise du sexe ni de la drogue. Juanita, accro à Dieu, même si bernée et bafouée, sa révolte m’a semblé surprenante pour une immigrante aussi désemparée.

Donc, un bloc-appartements débordant de personnages et ces personnages forment un bloc, puisqu’ils sont tous, à divers degrés, esclave de la drogue et du sexe. Une description pointue, minutieuse et extrêmement crue de la sexualité remplit une part importante des pages. La sexualité m’est apparue mécanique à force d’être dépourvue d’amour et de sensualité. Tous les personnages (ou presque !) étant des bêtes de sexes, chacun à leur manière, cette omniprésence a fini par enlever de la saveur et, comme toute répétition, m’a lassée. Esclaves de la drogue sous toutes ses formes, ou de l’alcool, servant de palliatif à leur imagination défaillante, ces paumés sont "accros" sans l’ombre d’une culpabilité.

Malgré une idée de base solide et torride qui fait travailler le lecteur, mon intérêt ne fut pas constant, loin de là, pour ces personnages excessifs, peut-être parce définis plus par ce qu’ils font que parce qu’ils sont. Malgré cela, pour ce qu’il est, ce roman m’a grandement impressionnée, grâce à l'imaginaire structuré de Jean-Simon Desrochers.

samedi 13 mars 2010

Entretien de Nicole Fontaine à Marsi

Cher Marsi,
C’est tout un honneur pour moi que tu veuilles sonder mon cœur, mon âme et ma bibliothèque ** (Dans le billet Pas d'allergie à ces plumes, Marsi a laissé en commentaire qu'il aimerait poser ses questions à l'auteure Nicole Fontaine).

1 Comment qualifier ma bibliothèque ?
« Sans domicile fixe ». Et, mes livres, délinquants comme certains itinérants, provocants comme d’autres, ils se promènent au hasard de mes conversations, de mes rêves, mes rencontres.
- Avez-vous une méthode de classement ?
Ceux que j’aime, je les empile sur ma table de chevet en Tour de Pise. Ce sont ceux-là qui me tiennent éveillée. Il y a même des auteurs qui couchent avec moi pendant six mois tant je les aime. Nicolas Bouvier est de ceux-là.Je déménage les autres dans deux longues étagères de ma chambre au-dessus desquelles trône ma collection d’éléphants drolatiques; quand celle-ci déborde, je les range dans la grande bibliothèque de mon bureau, en bas, par ordre alphabétique, quand j’en ai le goût, le temps et l’énergie. Autrement, je les étale sur ma grande table, les oublie, puis quand je me cherche une excuse pour ne pas écrire, les relis comme si c’était la première fois.

2 Quel est le premier livre que vous vous souvenez vous être procuré ?
En 1950, Le Torrent. Un recueil de nouvelles qu’Anne Hébert publiait à compte d’auteur. Je n’ai jamais plus cessé de lire cette grande dame de la littérature, dont l’écriture ne cesse de m’éblouir. Anne Hébert est mon phare, elle m’accompagne dans mon écriture. D’ailleurs, depuis que je suis à Paris, j’ai fait un pèlerinage dans le quartier où elle a vécu jusqu’en 1998, je crois, depuis son appartement de la rue Pontoise où l’on peut lire une plaque la commémorant, passant par le poissonnier où elle achetait son bar, le maraîcher, ses fruits et légumes, jusqu’au libraire qui la vénérait…

3. Avez-vous un plaisir de lecture coupable ?
Cher Marsi, vous saurez que la vieille dame que je suis, ne sais plus très bien ce que peut-être un péché. Non pas que je sois vertueuse. Cela explique peut-être pourquoi les lectures libidineuses me lassent. Ma seule culpabilité est envers les autres : ceux que j’ai négligés, ceux qu’il m’arrive d’oublier, ceux qui… celles que...

4. Comment êtes-vous devenu auteur ?
En écrivant, réécrivant, en jetant tout au panier, puis en recommençant. Jusqu’à l’âge de 60 ans, je rédigeais pour les autres (discours, reportages, textes publicitaires, etc.). J’ai mis ensuite 15 ans à oser soumettre mon premier recueil de nouvelles à une maison d’édition.

5 Comment faites-vous votre recherche, s’il y a lieu ?
Ah ! Mon dieu, la recherche ! Mon recueil n’en a pas commandé, mais le roman que j’ai publié en 2007 et qui portait sur la pédophilie et la tétraplégie en a exigé énormément. J’ai trouvé passionnant d’interroger des psychiatres, thérapeutes, médecins, spécialistes, visiter des centres de traumatologie en plus évidemment de tout ce que l’on trouve sur Internet. Idem pour le roman que j’écris en ce moment et dont le personnage est un autiste.

6 Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent ?
Quel que soit le thème que j’aborde, j’essaie toujours de faire en sorte que mes personnages (durs, méchants, insupportables) finissent par inspirer de la tendresse. Pour moi, la tendresse m’émeut davantage que l’amour.

7 Avez-vous des projets en cours ?
Comme je l’ai mentionné plus ce moment à un roman sur l’autisme.

8 Quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer ? Que lui diriez-vous ?
Étant à Paris, j’aimerais beaucoup connaître Malte Laurids Brigge, ce jeune poète danois qui, comme Rainer Maria Rilke l’a fait à l’âge de 28 ans, vit à Paris, et qui un peu comme moi veut tout voir, tout entendre et tout éprouver. Double fantomatique de Rilke, le personnage Des Cahiers symbolise la difficulté d'écrire dans cette ville

9 Ce qui vous fait sourire ?
Les enfants. Et bien sûr, les photographes me font sourire. Autrement, le résultat est un désastre.

10 Ce qui vous préoccupe au quotidien ?
Constater combien nous ne sommes pas nés égaux. C’est injuste et je le déplore tous les jours.

11 Y a-t-il une cause qui vous tient à cœur ?
Les enfants, la paix, la planète terre.

12 Que rêviez-vous de faire, enfant ?
Enfant je voulais plus tard être ballerine, championne de ski, écrivaine, comédienne, As au tennis, la meilleure en patinage artistique, missionnaire en Afrique, épouser mon frère Jean et avoir une quinzaine d’enfants. Tout ça, dans l’ordre.

Publications de Nicole Fontaine :
Moi, j'avais pas l'habitude de naître - Recueil de nouvelles - 160 p. 2007. Éditions Hurtubise, collection Arbre
OLIVIER, ou l'inconsolable chagrin - Roman - 164 p. 2009 - Éditions Hurtubise, collection Arbre.

jeudi 11 mars 2010

Les mystérieuses maisons d'édition

J’ai participé à une discussion dans le blogue de l’auteure d’Enthéos, Julie Gravel Richard. Quand Julie a envoyé son billet intitulé « Recalcul » je pense qu’elle n’avait pas idée que la discussion s’envolerait, rasant de près toutes les questions que l’on se pose sur les maisons d’édition. En fait, de cette discussion, que j’ai trouvée passionnante, je retiens une phrase de Gilles Herman, directeur de chez Septentrion :
" Mais là j'arrête la discussion, on tombe dans les clichés pauvre auteur exploité et éditeur requin des finances... "
Ça m’a fait réfléchir. Ma mère était propriétaire et d’emblée, on pensait qu’elle était riche et que les locataires, eux, pauvres. C’est un peu simpliste, je pourrais développer des nuances, mais vous comprenez l’idée. Vis à vis celui qui est propriétaire, que ce soit de quatre murs de béton ou d’une maison d’édition, on tombe souvent dans l'idée qu'il est là pour exploiter l’autre.

Le déclencheur de cette discussion est les droits d’auteur, sujet qui touche l’écrivain et bien sûr, l’acheteur du bouquin qui n’en revient jamais d’entendre que l’auteur reçoit 10% du prix. Quand l’auteure reçoit-il ce montant, quelle est la procédure pour le calculer ? Il y a des règles communes, mais certaines différences d’une maison d’édition à l’autre, et cette discussion nous en donne une petite idée.

Ce montant que l’auteur reçoit est en relation étroite avec le nombre de livres vendus, bien évidemment. Ce qui peut mener à ces questions:

Je me demande du coup comment on mesure le succès d'un auteur au Québec, surtout dans le cas d'un premier roman : combien d'exemplaires faut-il vendre ? indépendamment des ventes, combien de bonnes critiques faut-il avoir obtenu ?
Questions posées par Phil qui vit au Québec depuis 7 ou 8 ans, j’aimerais pouvoir dire, moi qui est née au Québec, je le sais ! Mais, ma réponse serait à peu près ...

Julie a répondu à Phil : Mystère et boule de gomme! Comment jauge-t-on le succès d'un auteur au Québec? Combien de ventes, combien de bonnes critiques? Il me semble que ça sonne comme une belle idée de billet pour Venise!

Bien sûr, le clin d’œil au Passe-Mot se reçoit comme une patte de velours déposé doucement sur l’égo, mais surtout, ça me replonge dans mon propre questionnement. J’ai déjà pensé rédiger un questionnaire aux maisons d’éditions et je ne l’ai pas fait. On s'offre tant d’entrevues avec les écrivains et si peu avec les éditeurs, il me semble. Il me semble aussi qu’il y a peu de livres sur l’édition au Québec, en général. J’en ai lu un de Victor-Lévy Beaulieu, mais il parlait de la sienne propre, j’ai trouvé le sujet passionnant.

Alors, cela m’a remis à ma résolution de pondre ce questionnaire. Voulez-vous m’aider ? Peut-être que vous en avez des questions vous aussi ... auparavant, faisons parler les chiffres de la chaîne du livre pour être dans le bon ton :

La chaîne du livre (chiffres relevés de l'ANEL - association nationale des éditeurs de livres)


Premier tirage

40 p. 100 au libraire 4,00 $

17 p. 100 au distributeur 1,70 $

20 p. 100 à l'imprimeur 2,00 $ *

13 p. 100 à l'éditeur* 1,30 $ (production, gestion et promotion)


0,00 $ (profits)

10 p. 100 à l'auteur 1,00 $


Deuxième tirage et tirages subséquents

40 p. 100 au libraire 4,00 $

17 p. 100 au distributeur 1,70 $

20 p. 100 à l'imprimeur 2,00 $ *

13 p. 100 à l'éditeur* 0,00 $ (production, gestion et promotion)


1,30 $ (profits)

10 p. 100 à l'auteur 1,00 $

*Il s'agit bien évidemment d'un cas-type, donné à titre indicatif, et qui ne rend pas compte de toute la complexité de cette question. Pour tous les intervenants de la chaîne du livre, ce tableau indique une marge brut. Le profit net peut varier. Pour l'éditeur, il existe une différence importante entre le premier tirage et les autres. Avec sa part, l'éditeur espère couvrir, s'il écoule l'ensemble du premier tirage, les coûts reliés à la production du livre (correction et infographie), à la gestion, à la promotion et à la publicité. Si la première impression n'est pas entièrement vendue, l'éditeur accuse généralement une perte. La plupart des ouvrages n'étant pas réimprimés, la rentabilité des maisons d'édition est souvent précaire

lundi 8 mars 2010

Mes « Elles »

Je voulais souligner la journée de la femme et ne savais pas trop comment. Tout a commencé par un commentaire de Marsi : vas-tu regarder l’hommage à Gabrielle Roy, (Féministe ou simplement humaniste) ce soir à 20 h à RDI ? La semaine dernière, Marc ne m’aurait jamais posé cette question puisque nous ne captions pas RDI (La Babillarde, si vous voulez comprendre).

Ça m’a frappé : Évocation de la vie de la romancière Gabrielle Roy. Des admirateurs et des spécialistes échangent virtuellement leurs points de vue sur cinq personnages de jeunes femmes qui traversent son œuvre. Cinq personnages de jeunes femmes ... hum, hum, voici une piste, me dis-je. Et soudainement, je me suis souvenu du fameux documentaire sur Gabrielle Roy réalisé par Léa Pool que Réjean, lecteur assidu, me conseille et me re-conseille patiemment. J’ai décidé qu’aujourd’hui était la journée idéale - 8 mars - journée de la femme, pour mener à bout ce fameux projet de le visionner, quitte à l’acquérir. La tâche s’est avérée un peu plus complexe que prévu, mais je vais recevoir ce vidéo par le courrier ! Euréka ! Pour mieux comprendre ma joie, en voici un extrait trouvé Sous les phares d’Atalante, blogue sympathique que je viens de découvrir :



Pour rendre hommage à une femme de lettres, qui de mieux qu’un homme de lettres ?
J'ai beaucoup écrit dans ma vie, de tous les genres, dans toutes les géographies, concernant toutes les sortes d'êtres, grands ou faibles, puissants ou abjects, et à travers toutes ces années, dans toute cette écriture, et aujourd'hui plus que jamais, j'aurais voulu, je voudrais encore, et toujours j'aurai voulu, savoir écrire comme Gabrielle Roy, et savoir aimer mes personnages comme elle aime les siens, et comme elle les comprend.
Yves Thériault
Une Elle déployée : Cette grande magicienne qui met les mots en image : Léa Pool. Pourquoi « elle » ? Vous n’avez qu’à jeter un coup d’œil sur les titres de ses films pour le comprendre.
La question de l’identité est au cœur de ma création. De film en film, de personnage en personnage, j’explore ce qui nous définit, nous modèle et nous fait rêver. Je suis heureuse quand le public vient à ma rencontre, ici et ailleurs.
Née à Soglio, en Suisse, cette réalisatrice s'installe à Montréal en 1978. Elle réalise un premier long métrage comme cinéaste indépendante en 1980: «Strass Café». Son style s'inspire de celui de Marguerite Duras et ses thèmes tournent autour de l'exil, l'oubli, le déracinement et la quête de l'identité. Ses films présentent également des problématiques qui touchent de près les réalités quotidiennes des femmes de son époque. Parmi ses réalisations, soulignons «La Femme de l'hôtel» (1984), «Anne Trister» (1986), «À corps perdu» (1988), «La Demoiselle sauvage» (1991), «Mouvements du désir» (1994) et «Emporte-moi» (1998). En plus de présenter des films de fiction, elle travaille sur d'importants documentaires tels que «Hotel Chronicles» (1990), de même qu'une série documentaire sur l'histoire des femmes et un ouvrage sur la vie de Gabrielle Roy. Ses réalisations sont toujours attendues et généralement très bien reçues du public et de la critique.

Une pluri« elle »
Pour son air épanoui qui n’est pas seulement un air. Parce que c’est une pluri « elle » : poète, comédienne, chanteuse, écrivaine, conférencière, une femme plus que femme, une Eastmanoise, et évidemment une femme de toutes Les Correspondances, et parce que j’ai hâte de lire La promeneuse du Cap qui m’amènera à Cap-au-Renard, ma mer Gaspésienne que j’aime tant.


BONNE FÊTE à ELLES et une pensée pour celles dont les ailes sont coupées.

jeudi 4 mars 2010

Un lien qui mène au tien

Barack Obama a écrit à Yann Martel « M. Martel, ma fille et moi venons de terminer la lecture de L’histoire de Pi. C'est l'histoire avec les animaux que nous préférons tous les deux. C'est un livre charmant — une preuve élégante de l'existence de Dieu et du pouvoir des récits. Merci, Barack Obama. »

La réaction de Yann Martel : « Je pense bien que mon cœur a raté un battement. Après une semaine, je retire encore la note de son enveloppe pour m'émerveiller. C'est sûr que je vais la faire encadrer. S'il y avait moyen de me la faire tatouer dans le dos, je le ferais. En deux lignes, quelle pénétrante analyse de L'histoire de Pi. Que Dieu le bénisse, Que Dieu le bénisse. »

Pendant ce temps-là, ici au Canada : --- Le 1er mars, Yann Martel a expédié le 76e bouquin depuis 2007 à Harper, chef du Parti conservateur canadien, Une journée d’Ivan Denissovitch d’Alexandre Soljénitsyne. (Si vous voulez savoir pourquoi ce choix, visitez le site tenu par l’écrivain « Que lit Stephen Harper »). Je ne peux même pas dire « honte sur nous » vu que je ne m’identifie nullement à ce responsable de la nation canadienne.

Le livre n’est pas une balayeuse
Le titre frappe et l’article de David Murray de la librairie Monet aussi. C’est peut-être un peu long mais tellement complet. Je saurai maintenant un peu mieux quoi répondre quand la discussion glissera sur Pourquoi un prix unique pour le livre, comme en France ? D'excellentes munitions pour défendre l’idée.

L’âme de Thierry Dedieu
Il a intitulé son billet « Je meurs mais j’écris encore ». Cette fois, ce ne sont pas les mots qui m’ont attirée mais son dessin très percutant, suivi de près par le cri existentiel qui l’accompagnait. Pourquoi tout ce cinéma ? Son éditeur lui aurait demandé de pondre un gentil livre commercial de Noël, quelque chose qui, pour une fois, se vendrait bien aux acheteurs (en librairie) et ensuite aux lecteurs. C’est un auteur jeunesse français, ce n’est pas mon créneau, mais le propos soulevé s’étend loin et Le Délivré a sauté sur l’occasion pour le faire :
Bien sûr, le débat n’est pas nouveau, et les éditeurs ont toujours eu besoin de vaches à lait pour faire tourner la boutique et permettre l’émergence de voix plus personnelles. Mais alors que traditionnellement les bons éditeurs croyaient en leurs auteurs plus difficiles d’accès et avaient à cœur de défendre leur travail, il semble que maintenant tout livre doit se vendre tout seul.
Aujourd’hui, quelle est l’opinion que se font les éditeurs du public ?
Bonne question.

Le dessert
Je termine par le dessert. J’ai eu la surprise de réaliser que Le combat des livres s’en vient à grandes enjambées. On sait déjà quels livres seront dans le ring et leurs défenseurs, juste pour vous donner une idée « L’énigme du retour » de Dany Laferrière sera défendu par la politicienne Françoise David. Pour en savoir plus, Chantal Guy est dans le secret des dieux.

lundi 1 mars 2010

"Tintin, tu me manques"

Vous vous rappelez que je suis à lire un pavé et je réalise de plus en plus jusqu’à quel point je n’ai pas de vitesse. Donc, pour continuer à alimenter mon gourmand Passe-Mot (comme vous voyez, je lui donne une personnalité!), j’ai fait appel à mon bédéiste à domicile. Non, il ne va pas vous offrir des images, mais des mots. Habituellement, quand je lui en demande, il n’est pas toujours vite sur le piton, faut croire que cette fois, il a été inspiré par ces fameuses questions à cent piasses. Découvrez-le sous ses petits angles cachés ... même de moi !

1 Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle ?
Bédéesque, très certainement. Mais aussi scientifique, culinaire, géographique, enfantine... Éclectique !
- Avez-vous une méthode de classement ?
Plus ou moins. Quelle réponse, n’est-ce pas ! Disons que mes titres de section correspondent en tout points à mon énumération de la question un.

2 Quel est le premier livre que vous vous souvenez vous être procuré ?
« Le succès par la volonté » d’ Orison Swett Marden. Je l’avais dévoré et le digère toujours.

3 Avez-vous un plaisir de lecture coupable ?
Quand une revue à potins me tombe entre les mains j’aime y jeter un rapide coup d’œil, mais un coup d’œil désintéressé ...

4 Comment êtes-vous devenu auteur ?
Je crois toujours avoir été auteur. Quarante-trois ans dans ma tête et depuis quatre ans, sur papier.

5 Comment faites-vous votre recherche, s’il y a lieu ?
Pour 99% des choses, je googlelise...

6 Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent ?
Mon œuvre imprimée ? Bin, c’est que je... Bin... Je n’ai qu’une seule œuvre imprimée...! En fait, je crois en l’imaginaire !

7 Avez-vous des projets en cours ?
Des montagnes de projets que je cherche à gérer de mon poste de contrôle. - Projet « un » demande permission d’atterrir... - Permission accordée, Projet « un »... - Projet « deux » demande permission de décoler... - Etc...

8 Quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer ? Que lui diriez-vous ?
Sapristi ! Depuis que j’ai lu cette question, je n’ai que Tintin en tête... Je lui dirais qu’il me manque.

9 Ce qui vous fait sourire ?
La nature lorsqu’elle nous pond une bonne blague. Comme cette marmotte qui s’approchait et s’approchait et s’approchait de moi en bouffant de la bonne herbe. De toute évidence elle ne m’avait pas vu avec toute préoccupée qu’elle était. Mais en m’apercevant tout à coup en train de la zieuter... Oh la la ! Les allures balourdes de sa fuite ! Touchant et souriant. Comment aurait-elle pu deviner mes nobles intentions ?
10 Ce qui vous préoccupe au quotidien ?
Qu’est-ce au juste que la matière ? Je suis bizarrement sérieux, là.

11 Y a-t-il une cause qui vous tient à cœur ?
Oui, l’avenir de notre monde. Je ne dis pas de la planète parce que, elle, elle s’en tirera quoiqu’il advienne et sans doute la vie avec.

12 Que rêviez-vous de faire, enfant ?
Archéologue, et parfois j’en rêve encore.