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mardi 15 juin 2010

Fol allié - Patrick Dion

Oui, oui, c'est le 15 du mois. Déjà ! Pour le moment, sept autres commentaires de lecture sur le site collectif La Recrue du mois :

Folie incontrôlable - Mylène Durand
À travers les yeux de l'autre - Lucie
Passeport pour la décadence - Julie
La rupture du point de vue de l'homme - Phil
Fol allié : faut le lire - Anick
"À la folie et à la douleur d'une profonde blessure d'amour" - Caroline
Par-delà le besoin de dire - Claudio
Au coeur d'un "moi" - Venise

J’avais des attentes vis-à-vis ce récit ; l’auteur est sympathique, la maison d’édition est nouvelle, le livre est esthétique, et je raffole du titre.

Tout récit au « je » est risqué, à mon avis. On clique ou non avec ce « je », ça passe ou ça casse. Je ne sais pas si vous me voyez venir mais le lien de sympathie avec le protagoniste ne s’est pas noué avec moi. Au lieu d’éprouver de la compassion, les jérémiades continuelles ont fini par m’énerver. Ou pire, m’ennuyer.

La première question que je me suis posée pendant et après ma lecture est pourquoi cette sympathie n’a pas surgi avec moi ? Probablement l’émotion, me suis-je dit. Quand un ami s’épanche, que ce soit heure après heure ou page après page, de son impuissance à aimer, de sa peine, de sa colère, de la détresse vécue dans son enfance face à son père alcoolique, tu dois éprouver une émotion, ou sinon ...

Déjà qu’un tête-à-tête avec un homme et sa peine d’amour a quelque chose d’étouffant, si on y rajoute, ce qui m’a semblé un journal intime déguisé en « lettres à Alex », j’en suis arrivé à une surdose d’intériorité. Mes passages préférés furent les scènes où le « je » étais accompagné d’autres personnages, une aération bienfaisante de mes neurones. L’auteur décrit bien, il manie habilement l’image. Je dirais même qu’il en est spécialiste. Je me suis laissée emportée à certains moments.

Pour être honnête jusqu’au bout, je dois aborder une difficulté, celle que j’ai éprouvée avec l’omniprésence de l’humour. Je touche à un gros point, et si je l’apporte en dernier, c’est pour la difficulté de m’afficher comme un bizarre de poisson à contre-courant, puisque l’humour a la cote. Personnellement, cet humour très affiché m’a rarement décroché un sourire, je dirais même, qu'au contraire il a été jusqu’à déranger ces précieux moments d’accompagnement d’Éric dans ses émotions. Et hop, le jeu de mots me ramenait à une réalité drolatique et me sortait de l’intimité. Je confesse donc avoir manqué de compatibilité avec l’humour, parfois facile des jeux de mots, mais j’imagine que pour une personne qui l’a apprécié, ce récit a pris une toute autre teinte.

9 commentaires:

Ginette a dit...

L'humour? Vous dites l'humour...

En aurais-je?

J'avoue ne pas avoir vu.

Lucie Octeau a dit...

J'étais vendue d'avance lorsque j'ai attaqué «Fol allié». J'avais salivé à la bande annonce, attendu le lancement avec impatience. J'ai dévoré, quoi, les 30 premières pages à cent milles à l'heure. Et les 30 ou 50 autres peut-être avec encore un peu d'appétit. Puis... j'ai oublié de l'ouvrir pendant près de deux semaines.

J'ai apprécié sa plume, fait des "wow" à plusieurs reprises en relisant des bouts de phrases que j'aurais aimé avoir pondu. Concentré en une plaquette de 100pages, cela aurait pu frôler le chef-d'oeuvre.

Mais à ma grande déception, j'ai fini par m'ennuyer. Les soupirs de fin du monde finissent par tourner en rond. Ce qui n'est pas un péché si ça permet de changer de niveau, vers le haut ou vers le bas. Mais là, on reste 100 pages de trop dans la même humeur, la même atmosphère.

N'empêche, je trouve qu'il a de la patte. Et j'ai déjà hâte de lire son prochain!

Pierre H.Charron a dit...

Déja, une narratio au "Je" me freine, mais j'aimerais bien lire la prose de l'auteur, il semble la maitriser.

Par contre, les états d'ame de coeur brisé n'est vraiment pas ma tasse, alors je passerai mon tour.

Mais si je tombe dessus à la biblio, je le prends car il semble avoit de la graine talentueuse dans cet auteur.

Venise a dit...

Faut dire, Ginette, que l'humour est comme ce qui a trait aux goûts, il en faut de toutes les sortes pour faire un monde. Tous les goûts sont dans la nature humaine !

Il y a des lecteurs qui ont apprécié cet humour, d'autres non. Je suis de cette dernière catégorie.

Venise a dit...

Lucie Octeau : Des répétitions dans un roman, ce n'est jamais intéressants mais quand ce sont des répétitions de jérémiades, on dirait que c'est pire.

J'aime ton expression amusante "je trouve qu'il a de la patte" !

C'est un plaisir de te lire ici.

Venise a dit...

Pierre H. Si les récits au "Je" et les épanchements de peines d'amour ont tendance à t'énerver, tu fais bien de le prendre à la bibliothèque !

Blue a dit...

@ Venise et @ Pierre H. :

j'aimerais si cela ne vous ennuie pas l'un et l'autre comprendre un peu mieux votre réticence et résistance au "Je"...


Ce livre, Venise, m'a jusqu'à présent plutôt fait le même effet qu'à Lucie, je ne l'ai pas encore en main, mais il me tentait bien justement en partie pour cette écriture à la première personne.
En quoi son humour ne t'a pas percutée?

Venise a dit...

helenablue : Je pense que l'on ne s'est pas bien compris ici, je n'offre aucune résistance au "je", autofictif ou pas, quand j'embarque, je ne me pose plus de questions.

Je disais seulement que c'est plus risqué. Je vais prendre un exemple (c'est un exemple, ne pas confondre avec mon opinion sur le roman), va à un rendez-vous où il y a une douzaine de personnes dans une pièce, s'il y a une personne, par exemple, qui radote, ou se lamente, ou critique, avec qui tu n'as pas d'affinité parmi les 12, tu vas te rabattre sur les 11 autres. Mais si tu avais rendez avec une seule personne qui te fait cet effet, c'est plus, étouffant. Plus risqué que tu passes une moins bonne soirée.

Fol allié est un rendez-vous pour entrer dans l'humeur d'une personne, une seule personne.

L'humour est tellement une question de goût. Ce roman a été lu par plusieurs rédacteurs de La Recrue et il a été soit beaucoup aimé ou non. Je pense que la question de l'humour y est pour quelque chose. Plusieurs ont parlé des jeux de mots répétitifs. Je rajoute, presque de l'ordre du réflexe, à ce qu'il m'a semblé, assez pour que j'ai l'impression que faire rire est primordial. Personnellement, ça m'a parfois dérangé quand on était au coeur de l'émotion.

J'espère que c'est plus clair !

Tu vas avoir l'occasion de te faire ta propre opinion, c'est la meilleure chose qui puisse arriver !

Blue a dit...

Oui, c'est plus clair en effet, merci d'avoir pris la peine de me répondre de façon aussi imagée...
Pour l'humour c'est certain, question de goût et tu as plus que raison, le meilleur moyen est que j'en juges par moi-même!

Cela nous donnera l'occasion d'en reparler...
:-)