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lundi 6 décembre 2010

Dérives - Biz

J’ai enfin lu cette plaquette qui a fait tant parler à sa sortie. On se demande toujours ; est-ce justifié ou parce que son auteur est connu ? Si je devais répondre par oui ou non, j’opterais pour oui, Dérives vaut la lecture, auteur connu ou pas.

J’avais entendu dire qu’il était question de ses confidences de père que la naissance de son fils n’avait pas propulsée, comme espéré, dans les sphères délicieuses de l’émotion paternelle. Et même, tout au contraire. Je m’attendais à ce qu’on m’explique l’effondrement de l’idéal « père », pas le vieux modèle dans son rôle de pourvoyeur, mais le nouveau père, veilleur et complice de la mère auprès de son jeune enfant.

Si j’avais eu à décrire ce roman avant d’en avoir autant entendu parler, je l’aurais plutôt désigné comme un roman sur la dépression. C’est le sujet principal à mon avis. Que celle-ci soit survenue à la suite de la naissance de son fils peut s’expliquer par la fatigue accrue et le bouleversement des habitudes de vie. À lire sa dérive, j’ai franchement eu l’impression que cette dépression se préparait de longue date. Et comme on le sait, veiller au bien-être d'un bébé ne soulage pas nécessairement du mal de vivre. Ce que je tente de communiquer ici est que Biz n’aborde pas tant la paternité, que cette culpabilité d’être un mauvais père, parce que dépressif. En dépression, tu évites la vie au complet (ce qu’il fait très bien d’ailleurs), pas seulement la paternité. C’est un tout et c’est ce tout qui nous est extrêmement bien communiqué.

L’auteur a choisi d’alterner les chapitres ; un se déroule dans un marais, une allégorie ou un rêve bien cerné, le suivant tombe de plein-pieds dans la réalité quotidienne avec femme et enfant. En alternance. C’est intéressant parce que contrastant et, surtout, parce que très bien écrit. Sa plume dans le marais est ancrée, malgré la dérive. On sent venter une force de caractère sur ses mots aspirés par un soi qui n’a pas l’habitude de rester en surface. Si l’esprit a dérivé, les mots eux, non ! Très beau, comme peut être la tristesse assumée.

Malgré la beauté de l’allégorie, j’ai préféré les chapitres terre-à-terre. J’ai été captivée par l’évolution de sa vie, ses doutes, ses colères, son désespoir, ses anecdotes, ses réflexions. Il est très facile de l’accompagner, il se laisse approcher de très près. Il est doué pour l’impudeur intelligente.

Le gros défaut ? Trop bref ! Les chapitres sont brefs, les idées jetées sont brièvement exposées, les pages sont à peine remplies, je suis restée avec cette sensation que l’on m’a envoyé un clip à lire !

Ce roman est en lice pour le Prix Archambault.

15 commentaires:

ClaudeL a dit...

Une impudeur intelligente: deux mots que je n'aurais pas songé à relier. D'ailleurs, c'est cette facilité à marier certains mots que j'admire chez toi, comme un musicien qui mettrait certaines notes ensemble et offrirait ainsi une composition unique et originale.
Même si des fois, je ne sais trop ce que ça veut dire, hihi! C'est juste beau à entendre.

Ginette a dit...

Oui, toujours très songés ces commentaires.

Nomadesse a dit...

Critique qui donne le goût de lire ce livre.
Tu cernes bien le phénomène de dépression, ce qui nous permet d'élargir un peu cette lecture.
Merci.

Karine:) a dit...

Ok, je sors encore de ma bule, je n'avais jamais entendu parler du livre, et je ne sais pas qui est Biz. Des fois, je me demande d'où je sors. Mais là, je suis comme un peu tentée!

gaétan a dit...

Je suis d'accord avec toi. Moi aussi j'avais aimé la lecture de ce livre quoique... avec du recul le fait que son auteur soit connu j'avais peut-être placé un peu hautes mes attentes. J'en suis ressorti plus avec l'idée que son écriture a été profitable ( dans le sens de nécessaire et libérateur)pour l'auteur que sa lecture a chamboulé ma vie

Suzanne a dit...

Noté depuis quelques temps bien sûr mais avec ton billet il me tarde encore plus de le lire.

Venise a dit...

@ ClaudeL : J'ose, c'est vrai. Advienne que pourra, je laisse les mots se débrouiller entre eux. Ils sont très sociables, rarement de conflits :-0

Venise a dit...

Merci Ginette, de votre part, ce message me donne un réel plaisir.

Venise a dit...

Nomadesse : Biz parle de la dépression avec délicatesse, par les images tirées de son imaginaire, et plus directement par les mots de son quotidien. Son lit serait le radeau qui dérive sur son marais marécageux.

Merci de votre commentaire :-)

Venise a dit...

Karine Ça date de plus d'un an faut dire. Biz c'est un des membres de Loco Locass, j'aurais dû mettre sa photo ! On ne peut pas tout connaître, si tu savais combien de je suis parfois perdue sur ton blogue !

Venise a dit...

Gaétan : Tu me fais penser qu'il m'est arrivé la même chose, je n'ai rien pris ou appris de ce mince livre. Je l'ai plutôt contemplé, et c'est déjà quelque chose ! Par contre, et je me répète, c'est tellement bref. Tellement.

Venise a dit...

Bien évidemment, Suzanne que j'ai hâte de t'entendre. J'aime l'écho que nous nous faisons pour amplifier la vigueur de notre littérature.

anne des ocreries a dit...

Je retiens. J'ai envie de le lire.

Lau1307 a dit...

Bonjour !

Je découvre tout juste votre blog et en fait rapidement le tour. =)

Concernant le livre de Biz, c'est une lecture que j'ai beaucoup apprécié. Une magnifique plume qu'il nous offre ici, du bon travail.

Venise a dit...

Lau1317 : Bonjour !

Merci de votre visite qui me fait plaisir. J'en profite pour spécifier que votre commentaire sous Marie-Tempête a été effacé par un administrateur du blogue, et ce n'est certainement pas moi. C'est dans l'ordre du bug plus que du blogue.

On se demande d'ailleurs s'il va réitérer ou si ce récit est un accident de parcours.