Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

mercredi 15 décembre 2010

Les Corpuscules de Krause - Sandra Gordon

Je planifie ce billet à l'avance, c'est rare. Ça me donne l'impression de faire un voyage dans le temps, par en avant. Comme vous voyez, il ne m'en faut pas beaucoup pour m'exciter un peu.

Les commentaires de lectures des rédacteurs et rédactrices de La Recrue sont sortis. Par contre, je ne peux pas vous en donner les titres comme à mon habitude puisque je ne suis pas dans le même temps que vous. Mais allez-y, je vous en prie, allez-y ! J'ai si hâte de les lire, allez les lire à ma place... en attendant que j'arrive !


Entrez dans le tableau

Et si ce roman était un tableau, on y verrait un village. Un resto ressortirait discrètement. En s’approchant, on découvrirait des détails saugrenus de personnages surpris dans leurs actions les plus quotidiennes. L’ambiance serait palpable, sur fond glauque allégé par une dose substantielle de dérision. On ne saurait dire si c’est l’ambiance qui influence les personnages ou les personnages qui influencent l’ambiance.

Je suis entrée dans le tableau pendant deux bonnes heures, peut-être trois. Une chose est certaine : le temps m’a semblé s’écouler lentement, jusqu’à entendre ses soupirs. De ce temps, Lucie a besoin d’en prendre une large part pour elle sans vraiment savoir où. Son auto décidera ; au cœur d’un village des Laurentides.

Lucie se laisse ouvrir des portes ; d’un resto, d’un appart, d’une maison et même des cœurs. Si je me suis intégrée facilement dans cet espace restreint, c’est grâce à elle. Son indécision prend des airs de dérision, on réalise rapidement qu’elle sait ce qu’elle veut, ne serait-ce que par élimination de ce qu’elle ne veut plus, de son ex-chum, entre autres. Les personnages orbitant autour d’elle, Sylvie, Benoit, Maurice, Pat sont pris en flagrant délit de vie, touchants parce que tangibles. Un autre personnage fait son poids, et pas seulement par le nombre d’années écoulées sur terre, Henry, l’écrivain grincheux et imbibé de gin. Par lui, on quitte le climat de langueur, la tension se densifie ; qui est-il, que veut-il, que fait-il ? Les mystérieux sont toujours inquiétants.

Ces deux personnages se croiseront-ils ? Lucie s’implantera-t-elle ? Peu de fils sont tirés, aussi bien les suivre attentivement. Heureusement, le style est assez captivant pour nous y accrocher, ne serait que par l’humour embusqué derrière chaque détail et le savoureux langage québécois déconcertant de naturel.

Qui est Sandra Gordon ? Vous allez en avoir une idée en lisant ses réponses généreuses à une dizaine de questions à La Recrue du mois. Sourires garantis.

7 commentaires:

manouche a dit...

Grâce àces blogs ,je profite aussi de la spontanéité, de la vivacité, de la verdeur du langage québéquois.

ClaudeL a dit...

@Manouche: encore heureux qu'on n'écrive pas comme on parle! Là, vous l'auriez la verdeur du langage québécois, dans toute sa splendeur de joual avec tout plein de petits apostrophes, comme T'sé-veut-dire!

@Venise: vous avez toujours autant le tour de nous rendre la lecture d'un livre tentante. Pourtant cette fois-ci, je sens une hésitation, un malaise, comme si vous n'osiez pas dire ce que vous n'avez pas aimé de ce livre. Je me trompe peut-être.

Venise a dit...

Oui, Manouche, parlons-en du très inspirant blogue de Sandra Gordon "La Cour à Scrap". Je vais d'ailleurs rajouter le lien sur le billet. Votre commentaire m'y fait penser !

Venise a dit...

ClaudeL : (me semblait qu'on se tutoyait nous ?). Tu vas chercher trop loin ClaudeL, j'ai aimé. Ce roman a une personnalité, on aime pas tout d'une personnalité, mais l'important est d'être en présence d'une entité qui se distingue.

L'ambiance y est très forte, comme dans le blogue d'ailleurs. Sandra Gordon charrie un monde avec elle. Le temps qui s'écoule est très présent et c'est très typiquement québécois.

Y a des moments où je me suis questionné sur le plausible de certains détails, mais je suis ainsi dans tous les romans. Alors je garde toujours en tête que c'est justement des détails !

Belge a dit...

"Le temps qui s'écoule est très présent et c'est très typiquement québécois." Cela m'intrigue... que voulez-vous dire?

Venise a dit...

Belge : J'ai cherché cette phrase énigmatique, elle est parmi les commentaires qui suivent mon billet. Franchement, j'aurais dû mettre un point entre les deux, car j'ai lié deux idées. Cela serait peut-être plus clair.

"Le temps s'écoule lentement". Je veux dire qu'on sent le temps qui s'écoule entre les mots. Les silences pèsent. Le non-dit prend une place, prend sa place, prend de la place ! Ça donne souvent des écritures à ambiance forte. C'est un art !

"Et c'est très typiquement québécois". Je ne disais pas que le temps qui s'écoule lentement est très typiquement québécois, mais plutôt le style de Sandra Gordon. Son style l'est. Si vous ne la connaissez pas, un petit tour à la Cour à scrap et vous en serez convaincu.

À mon tour de vous poser une question, si vous le permettez bien sûr. Êtes-vous un clic passager ou bien votre clic vous mène régulièrement et volontairement au Passe-Mot ?

Je suis curieuse n'est-ce pas ?

anne des ocreries a dit...

Je l'attend ! il arrivera dans le mois de février, ce sera mon cadeau de printemps anticipé!