Faites comme chez vous

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c'est recevant !

mardi 28 juin 2011

Ben, Danse toujours - Daniel Shelton

Qui dit été, dit léger. Par les fringues assurément, par la lecture, disent certains, alors pourquoi ne pas saisir ce prétexte de légèreté pour vous parler de Ben, de mon Ben ? J’ai attendu le sixième tome de cette série de bandes dessinées pour vous présenter Ben qui, au premier tome, commence sa vie au premier jour de sa retraite en compagnie de sa femme Olivia. « À la retraite ? » ... ça ne veut justement pas dire ne rien faire ? Comment parler avec amusement d’un couple qui regarde ses pissenlits pousser jusqu’au moment d’aller les rejoindre par la racine ?

Avant d’affirmer que c’est par le seul talent de Daniel Shelton*, j’explique le contexte. C’est un couple fort occupé par une fonction qu’il place en priorité dans leur vie, grands-parents. Leur fille unique, Linda peut difficilement leur reprocher un manque de support, et son conjoint Nathan, travailleur pigiste à la maison est le premier à bénéficier de ces avantages familiaux. Mais la question demeure, comment Daniel Shelton arrive-t-il, par la bande dessinée à quatre cases - avec ou non un suivi - à faire sourire ou même rire mais à distraire à coup sûr ? Par une fine observation de la vie, ceci est indéniable, un regard de biais qui taquine le quotidien et les règles de société, bien sûr, mais je rajouterais en puisant dans son propre vécu. L’auteur remercie ses quatre enfants qui portent le même prénom que ceux de l’album dans le même ordre d’arrivée au monde et, comme par hasard (!), le père, Nathan est pigiste travaillant à la maison, comme l'auteur.

Ben est attachant parce que enfantin et sans malice. Par son potentiel d’insouciance, cette nature de bon vivant peut finir par rendre envieux. Cet homme apprécie au plus haut point sa retraite. Quand il s’ennuie, il fait une sieste, et donne envie à qui que ce soit d’en prendre une tellement cette activité semble jouissive ! Sa femme est sereine mais de nature moins insouciante, elle lève souvent les yeux au ciel devant les comportements infantiles et par là, surprenants, de son mari bedonnant et débonnaire. Mais ce couple ont du temps pour s’aimer, ce qui dans notre siècle de stress et de performance est un régal à voir.

Malgré toute l’exploitation judicieuse de ce couple au caractère distinct, sans la vie en parallèle d’une jeune famille en plein cœur du plus trépident de leur vie, peut-être que l’auteur manquerait d’inspiration. Mais des garçonnets, de un et de quatre ans, à garder régulièrement, une fille fébrile qui se pose des milliers de questions sur l’épanouissement d’une femme « mère » vivant au côté d’un homme qui s’acharne à travailler malgré les imprévus de la vie familiale, ça donne de la matière à anecdotes savoureuses. Ce couple essaie de garder le cap sur leur épanouissement, tout en conciliant la famille, sujet de l’heure. Malgré les mille tracas et désagréments, ils sont prêts à avoir un troisième enfant.

Pas facile de résumer six tomes que j’ai tous aimés autant par le fond que par la forme. Ce sont toujours les mêmes personnages mais la vie bouge, évolue puisque les anecdotes se calquent sur l’actualité. Les grands-parents résignés à vivre avec l’air du temps s’achètent un ordinateur en est un exemple parmi tant d’autres.

Tout tient dans cet art de l’anecdote concise qui se boucle en quatre cases. Il arrive que les bandes (strips) s’additionnent jusqu’à former une anecdote plus longue et j’aime tout autant. Je me souviens que ce fut le cas à la visite du père et de la mère de Nathan, ces grands-parents froids pour qui des enfants sont et doivent rester de jolis bibelots. Quel contraste avec Ben qui n’hésite pas à faire le cheval et à huer pour faire rire ses adorés petits-enfants !

Pour tout dire sans trop en dire, c’est une histoire d’amour solide et solidaire entre trois générations. Et Daniel Shelton est le magicien qui fait apparaitre cet amour par flashs, si bien représentés, que les mots coulent comme l’eau vive dans le lit du fleuve tranquille qu’est la vie.

Tome 1 : Ben, les plus belles années
Tome 2 : Ben, l'envers de la retraite
Tome 3 : Ben, un air de famille
Tome 4 : Ben, le repos du guerrier
Tome 5 : Ben, à deux c'est mieux
Tome 6 : Ben, danse toujours

* Qui est Daniel Shelton ? Né le 2 avril 1965 à Sherbrooke, il a étudié à la Joe Kubert School of Cartoon and Graphic Art en 1986, après quoi il a poursuivi ses études à la School of Visual Arts de New York jusqu'en 1989. Il cumule ensuite les carrières d'auteur de bande dessinée et d'illustrateur pigiste pour enfin se consacrer depuis octobre 1986 à sa série Ben publiée au Canada, aux États-Unis et aux Philippines.

Ben, danse toujours - Éditions Les 400 Coups, 104 pages noir et blanc. 15,95$. Paru le 15 février 2011.

mercredi 22 juin 2011

Voyage au Maghreb - Louis Gauthier

J’ai fini par comprendre – après ma lecture - que ce récit est le quatrième sur le thème du voyage initiatique. Le premier Un voyage en Irlande avec un parapluie (1984), Le pont de Londres et Voyage au Portugal avec un Allemand (2002) ont été réunis dans un même recueil Voyage en Inde avec un grand détour (2005).

Dans celui-ci, nous entrons dans la tête et dans le cœur d’un voyageur débonnaire, aussi sondeur que songeur, qui poursuit le vague but de se rendre en Inde, en passant par le Maghreb. Aucun sens pratique pour son itinéraire qui se trame au gré de ses humeurs. Tout donne l'impression qu’il ne sait pas quoi faire de sa vie, et donc qu’il fait du temps. Gérer sa vie de voyageur l’occupe.

Son itinéraire s’improvise au gré des rencontres, des événements, des chambres disponibles et de la température. Le lecteur voit par les yeux d’un être qui ne sait pas toujours comment se comporter devant l’inconnu, ne sait pas exactement comment décoder les us et coutumes, et en plus ne sait pas jusqu’où il peut compter sur lui-même, ou sur les autres. Faire preuve de confiance ou de méfiance ? De nombreuses et ahurissantes expériences le font hésiter entre les deux. Il jauge ses feelings, avance sur la route escarpée des nouvelles réalités qu’il se donne à vivre. Et régulièrement, ramène son esprit au Québec : quand va-t-il y revenir ?

J’ai beaucoup appris de ma lecture, faut dire que je partais de loin ne sachant même pas que le Maghreb désignait le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Ma connaissance de ces trois pays passait par le prisme de ce qu’on en dit aux nouvelles télévisées. On s’entend que ce n’est pas connaître un pays !

De l’intérieur, un pays dégage l’odeur du quotidien et la sueur de l’habitant peinant pour assurer sa survie. Louis Gauthier nous amène avec lui vivre ce quotidien et rencontrer cet habitant. Il réussit à créer un lien avec les restaurants, les routes, les gites, les trains, les bus, les autres voyageurs et en parle sur un ton intime. Il aurait aimé qu'on ne le prenne pas pour un touriste mais un être humain dans un autre pays que le sien. Il vivra quelques déconvenues. Faut dire que nous avons affaire à un être qui pose et se repose des questions, doute, hésite, bafouille son itinéraire. J'aurais donné la vingtaine au personnage ! C’est une quête de sens à la vie qui part du dédale de décisions de celui qui avale des kilomètres sans trop savoir où ça va le mener.

En plein cœur du voyage, j’ai commencé à me passer cette remarque « il est bien chanceux d’avoir les fonds pour faire autant de route ! » L’auteur touchera cette question cruciale qui deviendra un vrai suspense, celui qui m’a le plus tenu en haleine. L’errance dans des pays étrangers, d’où le touriste est par définition un être qui a de l’argent, se transforme en aventures rocambolesques quand les moyens financiers viennent à manquer.

Le style de Louis Gauthier m’a beaucoup plu, il fait corps avec son personnage. La vulnérabilité du voyageur transparait dans un style simplement intelligent. C’est avec un naturel désarmant qu’il nous donne accès à ce journal qui regorge de détails pratiques. Finalement, tout ce qui n’est pas dit dans les agences de voyage se révèle sous la plume de Gauthier qui, je vous en avise, a réellement fait ce voyage. Dans l’entrevue avec Le Libraire, dont je vous conseille vivement la lecture, il révèle s’être basé sur les notes d’un voyage effectué en 1980.

Avec ses nombreux tâtonnements d’itinéraires et d’opinions, il était nécessaire que l’auteur tienne les guides serrées dans l’ordonnance des sujets, ce qu’il a réussi à merveille, donnant du tonus à ce périple de quelques mois en Afrique du Nord.

Voyage au Maghreb en l’an mil quatre cent de l’hégire, Louis Gauthier, 192 p. Édition Fides

vendredi 17 juin 2011

Lettre du premier ministre

Vous vous rappelez bien sûr des 100 lettres de Yann Martel expédiées au premier ministre fédéral, Monsieur Stephen Harper ? Lettres volubiles toutes accompagnées d'un livre. Aucune réponse en quatre ans. Aucun merci.

Eh bien, être monsieur Yann Martel, je serais mortellement jalouse ! La directrice des Correspondances d'Eastman a envoyé Polynie de Mélanie Vincelette à ce même premier ministre et il lui a répondu ! Je vous avoue qu'en découvrant cette lettre aujourd'hui, j'étais estomaquée !

Je l'ai lu sur la page facebook des Correspondances d'Eastman et comme c'était une numérisation, les caractères étaient petits et difficiles à lire, je l'ai donc transcrite pour vous :

Le 27 mai 2011

(adresse)

Madame,

Je vous remercie de votre lettre attentionnée du 18 avril.

C’est très aimable à vous de me faire connaître l’œuvre de madame Mélanie Vincelette. Il est évident que vous avez beaucoup d’admiration pour madame Vincellette, et j’apprécie que vous ayez pris le temps le temps de me faire parvenir sa première nouvelle. Polynie sera un ajout bienvenu à notre bibliothèque familiale.

Sur une note plus personnelle, je dirais que le fait de diriger un festival littéraire doit vous rendre très fière de pouvoir présenter de nouveaux talents. Je suis persuadé que grâce à vos efforts, de nombreux nouveaux auteurs trouvent un lectorat qu’ils n’auraient peut-être pas rejoint autrement.

Je vous remercie encore une fois de votre gentillesse et je vous prie d’accepter mes sincères salutations.

(signature)

Le très hon*. Stephen Harper, C. P. député
Premier ministre du Canada


* À ma première lecture rapide et un peu énervée, j'ai lu "bon" !!!

Une petite erreur s'est glissée, ce n'est pas la première oeuvre de Mélanie Vincelette qui a "Crimes horticoles" à son actif. Et puis ce n'est pas une nouvelle comme il est mentionné dans la lettre mais bel et bien un roman. Et même pas moyen de confondre avec une novella puisque Polynie fait son 200 pages bien comptées.

Je vais d'ailleurs le commenter bientôt. Difficile de trouver mieux comme entrée en matière !

jeudi 16 juin 2011

Le charme discret du café filtre - Amélie Panneton

Voulez-vous monter les étages de ce bloc appartement de trois étages avec Amélie Panneton ? De singuliers personnages vous y attendent. Certains dans leur 2½, d’autres dans leur 4½, mais tous en rupture de compromis. Intrinsèquement intègres par ce qu’ils portent en eux d’étrangeté que l'on pourrait aussi résumer par « être soi sans fausseté ». Si la fausseté s’affiche, ce sera aux yeux des autres personnages, mais certainement pas aux yeux du lecteur invité à voir du vrai.

Par quel prisme verrons-nous et apprendrons-nous ce qui se passe dans cet édifice, sis au cœur du quartier Saint-Rock à Québec ? Là est toute la question, prisonniers de la plume de la jeune auteure qu’est Amélie Panneton pour visiter un appartement après l’autre. Eh bien, quelle agréable surprise, et le mot « surprise » n’est pas à prendre à la légère ! Chaque chapitre équivaut à une rencontre, avec Félix, Pénélope, Anne, Philippe ou Rodrigue (pour ne nommer que ceux-là) et égare sainement le neurone. Ces explorations de vies nous amènent, je ne sais pas où exactement, mais ailleurs. Un juste dosage d’intrigue est ajouté à chaque regard, à chaque univers. Je suis sortie convaincue, plus que jamais, que la gent humaine est particulière, tout en étant normale.

Colocation oblige, l’auteure dépeint les relations entre certains, et on apprend à connaître par une interrelation obligatoire par le partage d’aires communes, la cour arrière par exemple. Les relations sont complexes, sans être tordues. L’équilibre dans le ton s’installe, servi par une plume qui virevolte et s’accorde aussi bien sous le « tu », le « nous », le « vous », le « je ». Quelle aisance dans cet exercice de style remarquablement réussi !

Ce qui m’a amenée à me demander : comment peut-on avoir autant d’assurance et de maturité quand on est en début de carrière et de vingtaine ? Le talent, le travail, un tour de magie ? Les trois, sûrement les trois.

Auteure à suivre absolument pour son unicité nous entraînant dans les chambres d'un « imprévisible » décliné avec subtilité et poésie. Histoire de vous en donner un avant-goût, cette phrase que j’ai savourée « Il neige un peu et l’espace entre les flocons semble être habité par de délicates pochettes de silence ».

Le charme discret du café filtre, Amélie Panneton, 160 pages, 2011, Collection Parking des éditions de La Bagnole

mercredi 15 juin 2011

La huitième gorgée - Valérie Carreau

Résumons ! * Si vous aimez recevoir des nouvelles de femmes fortes, en voici dix, brèves, des portraits d’actions de femmes, modernes et sans complexes, derrière lesquelles se profilent aussi des compagnons de vie. Pour neuf des nouvelles, les hommes restent en arrière-plan, se superposent à l’action principale, excepté « À un cheveu » où c’est carrément l’inverse.

Ces femmes ont des besoins à combler : de sexe, d’enfants à porter, de nourriture, ce qui expliquerait l’allusion au « besoin des femmes d’être pleines » lu en quatrième de couverture. Le fruit de leurs entrailles occupe une place prédominante. À côté de la femme esclave parce que contrôleuse (« De biais ») à la femme rageuse devant les pleurs du nourrisson porté comme un lourd fardeau (« Le potage aux poireaux ») à une femme prête à tout pour être engrossé (« Le géniteur »), on trouve des femmes enclines sur la chose sexuelle, plus que leurs maris dans « L’en-cas » et la « Petite mort ».

Valérie Carreau aborde aussi les fins de vie : celui d’une femme libérée jusqu’à sa dernière minute (« Un bouquet de glaïeuls »), d’un homme nourri du passé et dorloté par une aidante (« À sa mémoire »). La nouvelle des « Bulles » fait l’apologie du mensonge et de la grossesse. « De toute cœur » termine par une fin, là où une femme médecin dévouée doit intervenir.

L'opinion ! * Ce n’est pas tant le désir de la gent féminine de se sentir rempli que j’ai retenu de ces dix nouvelles que la maitrise, l’aplomb, le contrôle qu’exercent ces femmes sur leur entourage et leur destin. Un mari froid et indifférent ? On s’auto-satisfait ou l’on se paye, littéralement parlant, un amant efficace, évitant ainsi des demandes inopportunes au mari. Dans la littérature (et dans la vie ?), les rôles sont souvent inversés, l’homme accordant « le privilège » à sa femme d’être tiède ou d’avoir mal à la tête. Audacieux ou précurseur ? Difficile de trancher, mais ces nouvelles peuvent assurément être appréciées pour leur modernisme.

Le mâle n’occupe définitivement pas le haut du pavé, excepté dans « À un cheveu » où il vole la vedette. J’ai été jusqu’à me demander : pour que la femme prenne sa place, est-ce qu’il faut nécessairement que l’homme soit effacé, réservé ou indifférent ? C’est une question un brin philosophique pour de la littérature si bien tournée, j’en conviens ! Voyons-le plutôt comme une suite de photographies de femmes aux contours nets, avec une option assumée de l’auteure de garder l’homme à l’arrière-plan. Le style, en maître absolu, nous renvoie des phrases sûres, placardées comme des vérités assumées, que je me suis souvent arrêtée pour admirer. Une belle constance que l’on ne retrouve pas si souvent dans les recueils de nouvelles, une unité dans le style, permis sans l’ennui qui va de pair avec l’homogénéité, considérant la variété des portraits et des situations.

Les deux nouvelles sur les personnes âgées m’ont enchantée. J’avais le fond de la gorge étranglée à ma relecture d’Un bouquet de glaïeuls, parce que oui, je l’ai relue, celle-là et plusieurs autres. La deuxième nouvelle sur la fin de la trajectoire « vie » nous présente un homme vieilli et dépendant et, en définitive, le seul homme aimant de ces histoires, d’une vulnérabilité attendrissante, devant une femme généreuse qui vient pallier ses carences avec une infinie délicatesse. Mine de rien, une autre femme ayant le dessus sur l’homme !

Dix nouvelles efficaces qui s’avalent et s’absorbent rapidement, par une auteure qui, ma foi, a tous les atouts en mains pour se démarquer dans cette jungle littéraire.

* J'ai séparé mon opinion du résumé, ce que je ne fais pas habituellement, parce qu'il est question de La Recrue du mois et j'étais en charge du résumé pour tous, ou pour être plus juste, pour toutes !
Qui a bu boira - Anick Arsenault
Le goût de vivre - Mylène Durand
De la voracité des femmes - Caroline Verstaen
La face cachée des femmes - Julie Tetrault

Ne manquez pas le questionnaire afin de connaître cette auteure très prometteuse : Valérie Carreau - La huitième gorgée, Éditions Marchand de feuilles 2010, 112 p.

lundi 13 juin 2011

Les Prix ne sont pas tous sur des étiquettes !

Titre un peu folichon pour amener votre attention à se poser sur des Prix reçus ou, à recevoir, rimant toujours avec espoir. Commençons par ce tout nouveau créé en 2011 par l’association des libraires du Québec (ALQ), ce prix Jeunesse accordé par des libraires ceux-là même qui proposent, suggèrent, conseillent la clientèle. À mon humble avis, les libraires jouent un rôle incitatif à la vente de tel ou tel titre, plus que les critiques. Le 8 juin - vous savez la journée hyper chaude ? - les finalistes ont été proclamés par la porte-parole, la comédienne et grande lectrice, Catherine Trudeau.

0-4 ans
. Le roi de la Patate, Rogé, Dominique et compagnie
. Roselyne Rutabaga remue ciel et terre!, Marie-Louise Gay, Dominique et compagnie
. Sans toi! Geneviève Côté, Scholastic

5 - 11 ans
. Ma petite amie, Alain M. Bergeron, Ill. Sampar, Soulières éditeur
. Mémère et ses cinq monstres, Christiane Duchesne, Ill. François Thisdale, Hurtubise
. Mesures de guerre, André Marois, Boréal

12 - 17 ans
. 21 jours en octobre, Magali Favre, Boréal
. La fille d'en face, Linda Amyot, Leméac
. Une bougie à la main, Gisèle Desroches, Boréal

Le comité de sélection : Jacqueline Chavignot (Librairie Clément Morin, Trois-Rivières), Katia Courteau (Librairie Monet, Montréal), Martine Lamontagne (Librairie Paulines, Montréal), Tania Massault (Librairie Pantoute, Québec) et Nathalie Tremblay (Librairie Alire, Longueuil) - - -
Avez-vous remarqué ? - Seulement des libraires de sexe féminin.

Lesquels de ces titres (trois, un dans chaque catégorie d'âge) franchiront la ligne d’arrivée le 18 septembre prochain ? À suivre ... Laissons maintenant l’ensemble des librairies ; indépendantes, coop milieu scolaire, groupe Archambault, Renaud-Bray, Indigo, voter en leur âme et conscience.

Prix à caractère maritime
L’écrivaine québécoise Dominique Fortier a reçu le prix Gens de Mer pour son roman Du bon usage des étoiles (éditions Alto au Québec, Table ronde en France). Il a été remis dans le cadre du festival Étonnants Voyageurs qui récompensait un auteur contemporain pour une œuvre à caractère maritime « au sens large ».

Si on y regarde de près, ça doit être drôlement plaisant pour une auteure de recevoir un prix pour son roman sorti en 2008 et, qui plus est, son premier ! Il a fait du chemin celui-là, et ce n’est pas tout, un jour, vous le verrez au cinéma ... Oui, oui, c’est Jean-Marc Vallée qui a acquis les droits cinématographique, un réalisateur assez sérieux, et talentueux, pour qu’on y croit.

Des prix qui font l’unanimité
La seconde édition du Marché aux livres organisé en fin de semaine à la Grande Bibliothèque a eu un succès fou, à tel point qu’il ne restait aucun livre à vendre dimanche. L’événement a permis de soulager Les Archives nationales du Québec d’environ 22 000 livres : essais, guides de voyage, bandes dessinées, livres jeunesse et CD, plus du double de l'an dernier. On se défaisait de titres disponibles en plusieurs exemplaires, défraîchis ou remplacés par des parutions plus récentes à des prix à un, deux, cinq ou dix dollars. Qui dit mieux ?


+ photo de Dominique Fortier avec son gigantesque chèque (!) tirée du site Ouest-France.fr

jeudi 9 juin 2011

Récréation : L'histoire dans une histoire

Depuis septembre 2009 que Miam miam fléau est sorti en librairie, je n’ai pas demandé de dédicaces à Marsi, mon mari, l'auteur de cette bande dessinée à laquelle j'ai pourtant collaborée, à la couleur, entre autres. Il y a bien quelques albums dans un fond de boite, mais je n’ai pas le sentiment qu’ils m’appartiennent. Mais depuis hier, les choses ont changé et ce ne fut pas simple du tout.

Voici environ un mois, nous avons soupé avec notre explorateur BD, PG Luneau de la Lucarne à Luneau. Celui-ci, profitant de l’absence de Marsi, me glisse à l’oreille qu’il a vu dans une bouquinerie un album dédicacé. Je vois que PG parle à voix étouffée (lui, qui a habituellement une voix tonitruante), j’en déduis qu'il est désolé qu'une personne se soit débarrassée d'un album agrémenté d'un superbe dessin que Marsi ajoutait en guise de dédicace. Il prend garde que cette info n'arrive pas aux oreilles du créateur. De mon côté, je n’avais qu’une curiosité ; connaître le nom de la personne qui avait vendu son album. Rien à faire, PG ne s’en souvenait pas, il lui semblait même qu’il n’avait pas vu de nom accompagnant le dessin, signé Marsi. Pas de nom ? Il venait de me donner un indice majeur. Il n’y avait que les albums destinés aux libraires qui étaient restés anonymes. Fébrile, je lui demande à quoi ressemblait la dédicace. Je sens mon ami perplexe ; à quoi ça sert, comment se rappeler d'une dédicace quand on en a dessiné près de deux cents ! Il s’aventure à une description, un peu surpris de voir que je m’y intéresse à ce point. Il y avait des enfants, plusieurs enfants, qu’il lui semble. Ça me dit quelque chose, je crois m’en souvenir, et si c'est celle que je pense, c’en est une que j’aimais particulièrement. Je trouvais chanceux celui ou celle qui allait la recevoir. Quand mon mari réapparait, je lui explique le cas, il est un peu surpris mais pas offusqué et, surtout, il est affirmatif, c’en est une tirée du lot destiné aux acheteurs dans les librairies.

Quelques jours plus tard, je reviens à la charge auprès de PG, j'ai réfléchi, je ne veux pas laisser moisir cette "oeuvre d'art" dans un bac de bouquinerie ! Où a-t-il vu cette bande dessinée ? Il fouille sa mémoire, me donne le nom d’une des trois bouquineries qu’il a visité ce soir-là. Je m’empresse d’appeler. Le libraire va vérifier, il connait cette bande dessinée (wow, comme Marsi est connu !). Il revient avec cette réponse "Non, je ne l'ai pas. Mais êtes-vous Venise ?" Je me dis qu’il va m’apprendre qu’il lit Le Passe-Mot. Non, il ne connait malheureusement pas le Passe-Mot mais il connait Marc Simard, le MARSI en question, puisqu’il était à son mariage. À notre mariage donc !?! Un collègue illustrateur que Marsi avait perdu de vue. Quand même incroyable ! J'ai trouvé plus que ce que je cherchais !

Mais ça ne me donne pas l’album convoité. Je reviens à la charge auprès de PG qui, entre-temps a réfléchi et réalisé son erreur. Il ne m'a pas donné la bonne librairie. Il rectifie le tir. Cette fois, je n'ai pas le temps d'appeler, qu'il me réécrit, il s'est encore trompé, c'est une autre et il en est maintenant certain. J'appelle. Enfin, quel fameux hasard (!), le libraire m’annonce fièrement qu’il a ce titre, m'en fait l'éloge, elle est à l’état de neuf. Je lui demande de l’ouvrir et de vérifier s’il y a une dédicace. Il me répond qu’il n’en voit pas mais qu’il y a un dessin. Hum ... Je lui demande qu’est-ce que le dessin représente. Des enfants ... c'est ça, des enfants, pour le reste, il n’est pas sûr (en fait, c'est madame Crapette qui prend la fuite et on ne voit que la moitié de son corps). Parfait ! Est-ce que peux la payer via le téléphone, pour ne pas qu’elle m’échappe, j'habite Eastman et ne vais pas à Montréal régulièrement. Il refuse, me demande plutôt de renouveler mes vœux de réservation à toutes les semaines, jusqu’au jour où j'irai la chercher. Ce que je fis pendant trois semaines.

Ce jour fut hier. Nous avions affaire à Montréal, j’avais une figuration dans L'auberge du chien noir. Marsi est allé acheter son album pour moi.

Je suis fière de mon acquisition. Chaque livre renferme une histoire mais quand le livre qui renferme une histoire a une histoire, alors j’aime beaucoup !

À moins que je sois tout simplement sentimentale ...

lundi 6 juin 2011

Sac-au-vrac

Coucou ! En attendant ma prochaine critique qui sera sans contredit « Voyage au Maghreb » de Louis Gauthier, je pige dans le sac au vrac :

Mes lectures / mon blogue
Avez-vous remarqué, en vous fiant sur la colonne de droite annonçant mes lectures, que je ne respecte pas toujours l’ordre ? Par exemple, Le charme discret du café filtre disparaitra bientôt sans que vous n’ayez lu ma critique. Pourquoi ? C’est un repêchage pour le webzine La Recrue, la critique sort donc le 15 du mois. Pour La huitième gorgée, roman lu par 5 personnes, rendez-vous le 15. Nous sommes cinq à l'avoir lu.

Je ne sais plus où donner de la tête, mes tablettes débordent au point que des livres tombent par terre. Je pourrais peut-être choisir ceux-là qui me démontrent leur empressement à être lus ... mais non, je tiens bon. Déjà que La Recrue suggère, les maisons d’édition proposent (en m’envoyant des exemplaires), se rajoute Les Correspondances d’Eastman (j’aime avoir lu les auteurs présents), ça diminue déjà la quantité de livres reflétant mon goût pur et dur, je ne vais pas en plus laisser le hasard choisir !

Mon blogue, qu’est-ce que j’ai à dire sur ce véhicule pour ma pensée ? Je ne me trouve pas très régulière. En plus, quand je lance trois critiques consécutives, j’ai l’impression de perdre le fil entre vous et moi.

Je suis de près le blogue de Jean-François. Lisée et lors d’une entrevue commémorant sa deuxième année d’existence, il a révélé qu'avant de partir son blogue, il s’est informé auprès d’un doyen, Patrick Lagacé qui lui a suggéré ce que j’appelle des « récréations ». Pour P.L, il la nomme sa pause Kit-Kat, pour J.F.L. c’est le « Gag de 15 h 15 ». Quand la recette est bonne et qu’elle fait notre affaire, pourquoi ne pas la copier ? Je pense appeler ces moments « La récréation » tout simplement ... à moins que vous ayez d’autres suggestions !

Prix rétroactif
Qu’est-ce qu’il ne faut pas voir et entendre ! Ça fait vraiment bizarre, pour ceux qui ne le saurait pas, la récipiendaire du Prix Robert Cliche 2010, Louise Lacasse, auteure de « Éteignez, il n’y a plus personne » se voit obliger de remettre son prix et sa bourse de 10,000 $ à un des finalistes Simon Lambert.

Mme Lacasse a caché au comité qu’il s’agissait de son second roman (premier roman « Et même le dimanche ! » écrit sous le nom de Louise Lamarre), alors que les règlements du concours sont clairs ; seuls les écrivains non publiés sont admissibles.
Après une nouvelle délibération du jury, Simon Lambert se retrouve avec 10,000 $ de plus en poche, plus le prix. Pour la publication de son roman, La chambre l’était déjà chez VLB. Je me demande comment cette dame a pu penser que le pot aux roses ne serait jamais découvert. Il devient aberrant de l'entendre dans cette entrevue L'impact d'un prix au Libraire, elle et sa difficulté d'être publiée. Je n'ai pas trouvé de trace de son premier roman. Heureusement, elle n’aurait pas dépensé la somme, elle pourra donc la remettre à VLB, qui la remettra au nouveau lauréat.

Encan dans le silence

Est de retour l’activité bénéfice pour Les Correspondances d’Eastman, l’encan virtuel dans le silence de vos foyers. Vingt-un lots pour les amateurs de vin, d’œuvres d’art, de théâtre, de bouffe, et bien sûr de littérature.

Ce sont des entreprises ou des personnes généreuses qui font don de ces lots, il y a un prix de réserve variant de 30 $ à 300 $ (la moyenne étant 60 $). Les montants accumulés vont dans les coffres des Correspondances d’Eastman pour la poursuite de leur mission en ces jours de disette dans le domaine de la culture.


Valeurs sûres de Danielle Laurin
J’en profite pour préciser que madame Danielle Laurin sera aux Correspondances d’Eastman cette année, en tant qu’intervieweuse et aussi interviewée. En attendant, elle s’est exprimée sur les valeurs sûres de l’été, raisons à l’appui, et son premier en lice est Rivière Tremblante d'Andrée A. Michaud que je viens à peine de commenter.

samedi 4 juin 2011

Lancement des Correspondances d'Eastman

La neuvième édition a été lancée jeudi au resto bistro Les trois Grâces. J’ai été vos yeux et vos oreilles.

Une quarantaine d’invités participeront à l’événement du 4 au 7 août, et cette année, on a le bonheur de compter sur une passionnée de lecture, Pascale Montpetit, pour diriger nos mots vers les médias.


La présidente des Correspondances, Francine Grégoire a rapidement cédé sa place à un trio d’écrivaines, assises bien sagement en avant, attendant leur tour de nous lire un extrait de leurs œuvres : Élise Turcotte, Mélanie Vincelette, Michèle Plomer. Nous retrouverons bien sûr chacune de ces dames dans un Café littéraire, je dirais même plus, Élise Turcotte y sera à deux, avis à ses nombreux admirateurs.

Deux écrivains de la région de l’Estrie, des spécialistes du polar, ce genre sur lequel je désire me pencher : André Jacques et Johanne Seymour. Celle-ci était à la veille de son départ pour Victoria BC, puisqu’en nomination une cinquième fois pour la récompense aux prix Arthur Ellis.


À un moment donné, l’impétueuse Pascale Montpetit a stoppé son allocution pour pointer une personne dans l’assistance. Nous nous sommes tous retournés en même temps pour découvrir ce qui faisait briller ses yeux et avons découvert un homme, un peu surpris mais ravi : Pierre Jasmin, le pianiste qui va l’accompagner sur scène pour une lecture-concert « Nuages », au théâtre la Marjolaine. Un théâtre aux murs qui ont des oreilles depuis plus de 50 ans !

Et puis, ce fut rapidement la fin, à l’image des conférences de presse des Correspondances d’Eastman jamais farcies de longs discours et de remerciements ampoulés. Cette simplicité, selon moi, on la doit principalement à la directrice générale, Line Richer (ci-contre) une femme qui porte l’événement sur ses épaules depuis le début, en toute modestie, redirigeant le spot vers les écrivains.

Je ne pense pas que les journalistes se plaignent de cette concision, en autant qu'ils peuvent respirer la fébrilité, cet oxygène des passionnées. Et la photographier. Comme je l’ai fait moi-même ...

Notez bien que la neuvième programmation des Correspondances d’Eastman, sous le thème « Les commencements-recommencements est déjà en ligne.

Photos de gauche à droite :
1) 1er rangée : Line Richer, Danièle Bombardier, Nicole Fontaine. Deuxième rangée : Francine Grégoire, Pascale Montpetit, Pierre Jasmin, Mélanie Vincelette, Michèle Plomer, Élise Turcotte.
2) Élise Turcotte
3) Mélanie Vincellette
4) Michèle Plomer
5) Pascale Montpetit

6) Pierre Jasmin7) Line Richer, Patricia Lamy
8) Pascale Montpetit