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vendredi 23 septembre 2011

Pour en finir avec le sexe - Caroline Allard & Iris

J’ai décidé de m’offrir le plaisir de m’arrêter à un livre à peine déposé sur le présentoir des librairies. J’avais le goût – pour me récompenser de mon bénévolat ! - de me donner un feeling de prophète de bonheur et de me procurer ce petit velours de parler d’un livre avant la majorité. Son lancement est récent et je l’imagine déjà dans la mire des médias car, d’après moi, il ne passera pas inaperçu. Ne serait-ce que pour le (re)nom des auteures au texte et au dessin, pour la couverture, pour le sujet et, je peux maintenant l’affirmer, pour l’amusement au bout de la ligne écrite et dessinée.

Pour en finir avec le sexe nous propose « un voyage dans l’univers absurde de la sexualité » c’est ce que nous suggère le quatrième de couverture (sobre si on la compare à la couverture !). L’aspect général m’a fait penser à un cahier d’exercice pour amuser les enfants. C’est d’autant plus rigolo que ce n’est justement pas à mettre entre leurs mains ! Je les sais aujourd’hui très dégourdis mais j’aurais franchement peur d'affronter leurs questions. Et j’aimerais éviter à tout prix de leur expliquer les blagues !

À la fin de ma lecture, j’ai conclu qu’il faut connaître la sexualité sous tous ses angles pour en rire aussi intelligemment. C’est sans conteste des textes crus, des dessins crus qui en mettent plein la tronche, sans que l'on voit apparaitre l’ombre d’une gêne. Le sexe se démontre et se discute naturellement, comme la meilleure ou la pire des recettes de cuisine.

La démarcation entre la ligne de bon goût et celle qui tombe dans la grossièreté dure et gratuite est la pertinence. « Que peut être le sexe quand il n’est pas thérapeutique ? Il est comique » nous dit encore le quatrième de couverture. Eh bien, c’est encore drôle ! Rire du sexe aussi intelligemment a quelque chose de thérapeutique. Le sortir du drame, le démystifier, en faire un sujet courant, accessible, risible et le mettre à sa main, le déshabille assurément de ses étouffants carcans. Et pas de jalousie, les hommes passent au batte autant que les femmes. Vous serez conviés à une lecture active par des « Sondage dont vous êtes le héros » Vous ricanerez en toute intimité, aucune bonne ou mauvaise réponse. En fait, vous participerez surtout par votre rire arc-en-ciel : jaune, rouge, orange, violet...

S’il y a un vécu encore privé, c’est la sexualité. De manière générale, nos activités dans cette sphère demeurent plutôt secrètes, ce qui fait que l’intensité du rire variera d’un vécu à l’autre. Mais il est à prédire que plusieurs reconnaitront leurs travers, ou plus facilement encore ceux de la voisine ou du beau-frère ! Il y a quelque chose dans la trame de fond de ces blagues qui tient d’une solide et scrupuleuse observation sociale. La voie large de l’absurdité nous mène droit à voir nos travers sous des angles arrondis. Ça fait sortir le chat du sac ! (remarquez ma pudeur de ne pas féminiser)

On trouve une certaine candeur dans le dessin, ce quelque chose d’enfantin qui fait avaler l’amertume d’une pilule avec du bonbon. C’est que madame Caroline Allard n’est pas reconnue pour ménager son lecteur. Elle coupe dans le gras du sujet qui se met à éclabousser l’ironie et le sarcasme. L’équation est incontournable : additionnant intelligence + humour = sarcasme. L’illustratrice, lris a fait preuve de ce grand art d’amadouer le texte par des illustrations qui font plus que donner du sens aux mots, qui les remplissent, les embellissent. Cette complémentarité hors du commun entre le texte et le dessin ravira à coup sûr, si on est prêt à rire de soi et de sa sexualité ... pour en finir avec la gravité du sexe.

Nota bene : Les personnes qui rougissent à la moindre farce un peu grivoise, prière de le lire dans votre salle de bain, les autres, dans une salle d’attente.

Pour en finir avec le sexe, Caroline Allard & Iris, SEPTENTRION - Collection Hamac-Carnet, 92 pages, Illustré, 19,95 $

10 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Hihi ! oh, çui-là, faut pas que je le rate !!!! ☺

Venise a dit...

Mon doux que tu te bidonnerais, Anne ! Je t'entends rire d'ici.

PG Luneau a dit...

Je suis loin d'être sûr que je lirais ça dans une salle d'attente ou dans le métro!!! On se garde une petite gêne, quand même! Mais je le lirai, assurément : c'est bien trop intrigant!! J'en apprendrai peut-être!?! Et puis, j'ai très hâte de lire ce que madame Allard peut bien avoir à dire sur ce sujet!
Je suis heureux de te voir critiquer de la BD, qui plus est une BD à la thématique si particulière!! Mais il me semble que tu es encore loin de ton quota d'un par mois, non?!?!
P.S.: Et Michel Lacombe, et Benoît Godbout ont commenté mon billet sur le tome #2 de l'Académie des Chasseurs de Primes, via mon compte Hotmail. Je suis bien content!!

Jules a dit...

Je ne sais pas si je le lirai un jour, mais ce ne sera certainement pas dans la salle d'attente!! :)

Venise a dit...

PG Luneau : Désolée de te décevoir mais je n'arrive pas à considérer cet album comme une bande dessinée. Je ne crois pas qu'il réponde à cette définition ; il n'y a pas de bande ! C'est assez inclassable. Un essai humoristique illustré ?

Quoiqu'il en soit, j'en ai lu une partie assise sur un parterre d'un SPA, un endroit public. Je m'en foutais royalement de ce que pouvait en penser les gens. Je dirais même qu'intérieurement, ça m'amusait.

Mais pour ne pas te décevoir tout à fait, j'ai lu une bande dessinée pas plus tard qu'hier : Lydie. Marc est content, il pourra enfin la lire.

Venise a dit...

@ Jules : Déjà en partant, tu me fais bien rire de le déclarer avec autant de fermeté ! Et je te crois à 100% ! Déjà que lire une bande dessinée dans une salle d'attente, je ne suis pas certaine que tu oserais.

ClaudeL a dit...

Ce n'est pas tant que je rougis aux blagues grivoises, c'est que souvent, je ne comprends pas le vocabulaire ou la blague elle-même! Et dans ce livre, crois-tu que...

Arsenul a dit...

Je me demandais justement quoi en penser! Je connais Iris pour ces Bandes dessinées. Allard moins. Comme dirait mon ami Luneau, je ne lirai pas en public, surtout pas dans mon coin de pays ou tout le monde se connait. Je l'ai feuilleté ce n'est pas vraiment une BD, c'est plutôt un album, mais pas pour enfant!

Venise a dit...

@Arsenul : À t'entendre (oui, imagine-toi dont que je t'entends), c'est le genre d'album pour adulte qu'on aime plutôt recevoir en cadeau que se l'acheter soi-même.

Anonyme a dit...

Madame,
Votre texte sur le sexe est on ne peut plus désolant et, malgré les apparences, on ne peut plus conformiste. On le croirait écrit par Guy A. Lepage, les fautes de français en moins. L'engouement des Québécois pour les blagues grivoises, loin de témoigner d'une certaine libération, est plutôt l’expression de leur misère sexuelle.
Acceptables à l’adolescence, où la fuite dans l’imaginaire est aussi normale que l’acné, les blagues grivoises le sont moins chez l’adulte. Elles ont, au même titre que les fantasmes sexuels, auxquels elles ressemblent à bien des égards, une fonction purement défensive. Elles expriment un échec dans la vie réelle. Pas besoin d’être grand clerc, en effet, pour comprendre que l’adulte capable d’une sexualité heureuse et d’une véritable capacité d’aimer et de créer n’a pas à s’évader dans les blagues grivoises, ni dans les fantasmes sexuels, ni dans la pornographie.
Je trouve dommage qu’une femme comme vous, au service des lettres et, par voie de conséquence, de l'avancement humain, porte aux nues le livre d’une femme qui dort derrière des portes qui viennent de sauter.
André Pronovost
www.andrepronovost.com