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dimanche 24 juin 2012

Avoir besoin d'acheter un livre

Hier, j’ai vraiment fait un bon coup d’entrer à la librairie Monet. Faut dire que c’est toujours Marsi, mon bédéiste préféré qui m’y entraîne. Il est certain que dans ce lieu, il trouvera l’album de bande dessinée qu’il désire puisque le choix est faramineux. Bien sûr que j’en profite pour reluquer le présentoir de romans québécois, prenant plaisir à jauger la diversité et la quantité des titres. J’ai vu sur leurs tablettes certains titres québécois sortis depuis six mois, aussi bien dire le grand luxe pour les auteurs qui, assez souvent, voient leurs ouvrages trôner à peine trois mois. Mais il y a des librairies d’exception, et la librairie Monet en est une à Montréal, au même titre que l’est la librairie Vaugeois à Québec.

Je trouve difficile de mettre les pieds dans une librairie. Un genre de gageure que de feuilleter, lire les quatrièmes, dévorer les extraits de commentaires (les libraires en glisse dans certains volumes) et ne RIEN acheter. Ma promesse de lire le plus tôt possible certains auteurs, dont les livres me sont offerts par la maison d’édition, me retient fermement mais encore plus de savoir qu’on m’a déjà proposé le titre que je tiens en mains et que je n’y ai pas donné suite.

Hier, je tournais et retournais dans mes mains Mayonnaise d’Éric Plamondon. Il me faisait envie. Le temps de le dire, j’ai avalé deux chapitres et j'ai tout de suite été projetée dans l’instant de l’écrivain. D’un geste brusque et fier, je l’ai arraché à sa pile, brandi sous les yeux de Marsi en claironnant un fier « Je l’achète ! »

Est-ce que mon enthousiasme se lisait dans ma figure, un libraire m’a interpelé me disant que j’avais fait un excellent choix. Il avait aimé le premier titre, Hongrie-Hollywood Express et avait dévoré le deuxième, le déclarant même meilleur que le premier.

De plus en plus fière de mon achat, j’arrive au comptoir pour payer, la caissière attrape le livre, et tout en le feuilletant avec convoitise, me dit qu’elle avait adoré le premier, qu’elle brûlait d'entamer ce Mayonnaise. Je lui avoue que ce sera ma première rencontre avec l’auteur. On félicite mon audace de commencer par le deuxième, même si le premier est plus qu’excellent et qu’il a été en lice au Prix des libraires. Les deux libraires, parce qu’elles sont deux, aiment cet auteur et prévoient que Mayonnaise risque fort de se retrouver une seconde fois parmi la liste des finalistes l’an prochain. Celle qui s'occupe de ma transaction m'assure que c'est ce qu’elle a lu de mieux ces derniers temps et en me remettant mon livre avec un large sourire, elle bénit l’existence d’Éric Plamondon.

Les oreilles m’en bourdonnaient pour l’auteur ! Dans ces moments-là, je pense à ces êtres solitaires que sont les écrivains qui bûchent sur les mots, doutent, effacent, corrigent, écourtent leur nuit, grugent une part de vie sociale pour sortir leur histoire, sans savoir comment elle sera accueillie et même, parfois, si elle le sera.

Si je passe le mot, c’est pour eux qui travaillent avec acharnement, un an, deux ans, à tâtons e dans l’ombre. J’ai toujours une corde sensible qui vibre en pensant à eux et hier, j’ai particulièrement apprécié de la sentir vibrer pour reprendre le collier.

Car suspendre le fil de la rédaction d’un blogue, ce n’est pas une mince affaire pour le geste d’y revenir, parce que rapidement la vague de la vie te submerge, et tu ne sais plus où tu trouvais la force pour la traverser sans te noyer. Mais je retrouve le souffle, je retrouve peu à peu ma respiration, puisque je retrouve une routine dans ce nouveau chez moi. Et la routine, je le constate encore une fois, c’est le lit où repose la discipline.

Un peu en retard ... je souhaite une Bonne St-Jean à tous et en particulier aux auteures et auteurs.

= + + =
Pour ceux et celles qui suivent la chronologie de mes lectures, mon prochain commentaire de lecture portera sur Elle et nous, que je fais passer avant la biographie de Normand Brathwaite.

10 commentaires:

anne des ocreries a dit...

bon ! eh bien, moi qui ne mangerais jamais de mayonnaise, parce que je ne l'aime pas, je lirais pourtant bien volontiers celle-ci, parce que l'enthousiasme des gens qui l'ont lu m'interpelle pas mal !

ClaudeL a dit...

Je me suis imaginée un instant être l'auteur de ton enthousiasme et de celui des libraires: comme tu comprends bien les auteur(e)s.
Deuxièmement, tu sais très bien aussi décrire comment tu te sens à retrouver les mots, le rythme (et la discipline si tu le dis) de ton blogue.
C'est toujours un plaisir de te lire, moi qui n'écrit plus beaucoup et qui n'a pourtant pas déménagé.

ClaudeL a dit...

"moi qui n'écris"

Sylvie a dit...

Quel excellent billet !
Que ferait la littérature québécoise si elle ne t'avait pas ??!
Sur un site réservé aux auteurs québécois que je fréquente, je peux te dire que nous sommes nombreux à être contrariés par le fait qu'encore une fois, les grands médias n'ont accordé pratiquement aucune attention à la littérature québécoise dans leurs suggestions de lecture d'été. Comme la chose est pratiquement une tradition (!), ces écrivains songent à répliquer ouvertement. À suivre...

Sylvie a dit...

J'oubliais : je rêve du jour où tu obtiendrais une tribune de grande diffusion, genre télé !! Ça ferait du bien aux auteurs d'ici. ;)

PG Luneau a dit...

Excellent billet, chère Venise! Ton enthousiasme est vraiment contagieux, bravo!

Suzanne a dit...

Quel billet!!! Tu me donnes toujours et encore le désir de poursuivre mes découvertes de la littérature québécoise.
Ravie de te lire à nouveau.

Yvan a dit...

Chouette billet sur la difficulté
d'écrire. Merci Venise.
:)

Venise a dit...

Oh, que je suis contente de découvrir vos gentils commentaires !

Imaginez-vous que, dans mon profil, je n'avais pas encore changer mon ancienne adresse courriel, ce qui fait que je n'étais pas alertée de vos présences ! Quelle catastrophe ;-) de se sentir ainsi abandonnée, surtout quand on se dit qu'on le mérite dans une certaine mesure puisqu'on a un peu lâché le collier.

Mais vous êtes là, mes amies et amis, et ça me réconforte et m'encourage. Vous savez qu'en me lisant et en étant là, vous encouragez directement notre littérature puisque ça m'encourage à en parler. Et ainsi va la roue qui tourne !

Un gros merci de votre présence.

Marie-Josée Martin a dit...

Merci Venise de continuer à « passer le mot » et félicitations pour ce savoureux billet!