Faites comme chez vous

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c'est recevant !

lundi 29 avril 2013

Pourquoi moi ? - Ma vie chez les Juifs hassidiques de Lise Ravary

Pour ceux et celles qui ont écouté Tout le monde en parle, peut-être avez-vous été, comme moi, intrigué par cette conversion au judaïsme de la journaliste, Lise Ravary. Ce livre conjugué au « je » fouille ce qui semble un mystère en nos terres ; les communautés hassidiques.

« POURQUOI MOI ? ma vie chez les Juifs hassidiques », ce titre est très approprié puisque le récit se présente sous le mode d’un incessant questionnement. Pourquoi cet attrait soudain pour la religion en général, et cette religion en particulier ? On ne peut pas dire que la journaliste a choisi la religion la plus ouverte à recruter des ouailles ! Il ne faut pas croire cependant que sa foi rime avec bouche-bée, j’avale tout. Ce « Pourquoi moi ? » m'a fait penser à l’appel d’une religieuse qui entendrait la voix, tout en continuant de fouiller pour mieux comprendre ce qui lui arrive.

La conversion de Lise Ravary a ceci de particulier qu’elle prendra plus de temps qu’il en faut normalement. Nous apprenons pourquoi en cours de lecture. Si, depuis longue date, vous vous demandez qui sont ces êtres bizarrement accoutrés, cette expérience de vie est idéale pour explorer les moindres racoins d’une maison et d’une vie familiale hassidique. En Lise Ravary, il y a la journaliste qui décrit et l’écrivain qui ressent, et les deux sont intimement confondus.

Nous en apprenons beaucoup en entrant dans ces maisons où d’innombrables rituels complexes régissent la vie des hassidiques. Peu de Québécois y ont été admis aussi chaleureusement, car j’imagine que peu ont aimé aussi sincèrement cette religion. L’auteure touche à tous les points ; relation homme et femme, les enfants, la cuisine, les fêtes, les coutumes. C’est à travers de sincères échanges humains, plusieurs amitiés naitront ou mourront, que seront dévoilés les sens sacrés. L’auteure distille les informations progressivement, nous avons le temps de les assimiler. Elle nous amène voir les importantes différences entre les diverses communautés hassidiques, mettant en relief leurs nombreuses dissensions. Par exemple, les Loubavich est la communauté hassidique la plus ouverte aux étrangers et la plus avant-gardiste aussi. Pour cela, plusieurs autres communautés ne peuvent les blairer.

Nous sortirons des quartiers hassidiques pour faire deux voyages à Jérusalem en compagnie de madame Ravary qui nous instruira de la complexité politique d’Israël, assez pour que l’on puisse sérieusement y réfléchir.

On dit souvent que la conciliation travail famille est complexe pour une femme, rajoutez-y l’étude de l’Hébreu, de la Torah, l’enseignement des commandements* par des Rabbins, et faire sabbat à partir du vendredi soir dans des familles hassidiques, et vous aurez la vie de Lise Ravary.

Je sors de cette lecture encore plus impressionnée par l’ampleur du phénomène, qui s’apparente pour moi à des troubles obsessifs compulsifs (TOC), mais je verrai un être humain en ce Juif hassidique que je croiserai maintenant

Ce témoignage est semblable à une longue et belle histoire d’amour avec la religion hassidique. Après le coup de foudre, on s’avance vers l’autre, on lui offre son amour et on espère qu’il accepte. Cette intrigue amoureuse ne s’essoufflera pas, la question demeurera vivante jusqu’au point final
*613 commandements ont été dictés à Moïse par Dieu : 365 négatifs (comme les jours de l’année) et 248 positifs (le nombre d’os et d’organes majeurs de l’être humain). 

Suggestion à la maison d’édition et à l’auteur : s’il y a réédition (comme je pense qu’il y aura !), une annexe de référence serait très appréciée à la fin de l’ouvrage, tellement il y a de matière à se souvenir.

mardi 23 avril 2013

6 ANS !

C’est un grand jour, Le Passe-Mot atteint l’âge respectable de 6 ans, sa journée d’anniversaire coïncidant avec la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur.

Je m’avoue plus impressionnée par cet anniversaire que celui du chiffre bien rond de 5 ans. Allez savoir pourquoi ! Peut-être parce que cet anniversaire me prend un peu par surprise, ne l’ayant pas vu venir, tellement j’étais occupée par la vie quotidienne du Passe-Mot.

Mes efforts pour faire connaître le Passe-Mot sont récompensés, sa fréquentation a pris de l’ampleur, la moyenne de lecteurs par jour jouant dans les 275. Quand je pense à mes débuts où mon cœur palpitait d’atteindre le 40, il y a du chemin de parcouru.

Je récolte aujourd’hui, ce que j’ai semé hier. Certains billets, écrits depuis des années (je peux maintenant me permettre l’expression) reviennent à la surface, prenant même la tête de billets rédigés récemment. Les paroles s’envolent, les écrits restent n’a jamais été aussi vrai sur le net. Me frappe à chaque jour l’évidence que le présent y est omniprésent.

Je continue d’être surprise de recevoir des commentaires sur des textes publiés voici trois ans, et encore plus surprise quand, au hasard d’une recherche Google, je vois apparaître mes billets sur la première page, parfois avant même la maison d’édition. Quand je me penche sur les statistiques, et les mots utilisés pour la recherche, je soupçonne que des professeurs ont demandé d’analyser un titre. Il ne me reste plus qu’à espérer qu’ils ne s’inspirent pas de mon opinion pour se faire une opinion !!! Il reste que ça se peut. Michèle Plomer, qui a gagné le Prix France-Québec pour HKPQ me disait reconnaître certaines fois du « mot pour mot » du Passe-Mot lors de présentations que l’on faisait d’elle.

Le Passe-Mot de Venise existe en dehors de moi. Il est une gondole qui avance avec le vent ou des coups de pagaies.

Comment je souligne les deux anniversaires aujourd’hui, la 18e journée mondiale du livre et la 6e du Passe-Mot ? Je vais libérer un livre, activité proposée par la JMLDA, et je vais en emprisonner un autre ! Autrement dit, je vais déposer un livre à un endroit à la portée de celui le désirera le plus, et je vais m’acheter un titre à La librairie indépendante de Granby. Quel titre ? N’oublions pas que je suis comblée et en reçois d’innombrables. C’est donc un titre que je ne pense pas recevoir. Indices : c’est de la collection Gazoline (pour les cœurs jeunes comme le mien), c’est des Éditions De la Bagnole, c’est écrit par le fabuleux Max Férandon, auteur de Monsieur Ho.

Assez printanier n’est-ce pas ! Surtout que les critiques l’ont fleuri ...

jeudi 18 avril 2013

La fiancée américaine - Éric Dupont

J’ai aimé ce roman feuillu et touffu. Dès les premières lignes, la force du conteur agit sur le lecteur qui s’ouvre comme l’enfant à qui l’on raconte une histoire, prêt à tout voir et à tout croire. On suit des yeux les soubresauts d’une histoire qui amplifie personnages et événements. Jamais je n’ai lu autant d’histoires dans une. Ce roman vaut trois tomes, que les dents gourmandes se le tiennent pour dit. Il en devient difficile à résumer, encore plus pour les commentatrices qui peinent à condenser !

L’auteur nous fait vivre des liens familiaux complexes, les émotions qui s’y rattachent sont rouges foncées : jalousie, passion, violence, rivalité, favoritisme, sexualité, inceste, avortement. L’histoire nous promène entre des extrêmes : de la guerre à la paix, de la richesse à la pauvreté, de la religiosité à l’athéisme, de l’érudition à l’ignorance, de la campagne à la ville, de la force musculaire à celle de l’esprit. Ces contrastes sont portés par des personnages typés, vous n’en trouverez pas de banals. Les liens entre les événements et les personnages ne sont pas tout de suite évidents, mais le deviennent. C’est le lent travail d’un tisserand où l’on voit les fils se rejoindre en retournant le tissu à l’envers.  

Un des premiers personnages, Louis « le cheval » Lamontagne, de son sens inné de conteur marquera tout ce qui vient après lui. Même si les types de narration varieront, l’énergie « conteuse » de l’auteur ne se tarira pas. La magie du tout se peut et tout se tient perdure. On croira à tout, même aux mères qui meurent deux fois, même aux hommes qui tirent les autobus, même aux succès financiers planétaires. 

À ceux qui s’attachent férocement à un personnage, le choc de la séparation est à prévoir. C’est un ballet de personnages qui se transmettent le vedettariat d’un à l’autre. Comme dans la vie, le temps s’écoulant, une personne en remplace une autre. À peine le temps qu’on se secoue, le magicien conteur nous embarque dans un autre présent. Pour la plupart, ils se rejoindront dans l’épiphanie de la fin.

Les parcours tumultueux sont intelligemment semés de traces qui laissent des empreintes : Un tableau représentant une scène liturgique, l’opéra Tosca, une tâche de naissance, un pendentif avec une croix. Il y a un sens précis et peu banal à chacun, unifiant les ficelles de l’histoire.

J’ai été particulièrement captivé par l’histoire de l’Allemande, Magdelena Berg (Madeleine Lamontagne), le personnage est truculent à souhait. Dans cette partie, j’ai apprécié l’angle peu exploité en littérature qui fait voir les Allemands en victime durant la deuxième guerre.  

Je me suis adonné à une analyse de texte, du genre psychologie à quatre sous.  J’ai remarqué qu’Éric Dupont fait silence sur la sexualité des couples légitimes, et se reprend avec force détails pour les couples hors normes. J’en ai conclu que l’auteur est inspiré par les extrêmes, le banal quotidien, il en a cure. 

Son style ? Bavard, ludique, excessif, ingénieux, rythmé, fluide.

Tant de points positifs fait oublier certaines longueurs. Par exemple, j’ai eu maille à partir avec les premières lettres d’un des fils de Madeleine, celui vivant en Allemagne. La coupure avec le rythme était évidente mais quand son frère a commencé à lui répliquer, mon ardeur à la lecture est revenue.

D’oser une saga à la manière conté, d’une seule traite, c’est audacieux. Cette fois, il n’y aucun doute, l’audace paie. « La fiancée Américaine » n’a pas fini d’être lu et de recevoir des prix.


dimanche 14 avril 2013

VRIC à VRAC

Les écrivains opèrent une PME
Ceux et celles qui rêvent de devenir un jour un écrivain et gagner leur croûte avec leur plume, ne pas oublier de prendre un cours d’administration, en plus, peut-être, d’un cours de personnalité pour les médias. Dans son blogue, Mylène Gilbert-Dumas nous entretient des dessous du métier : « Pour le gouvernement (au fédéral comme au provincial), l'écrivain à succès est une entreprise. Et à moins d'être aussi doué avec les chiffres qu'avec les lettres, cet écrivain a besoin d'un comptable à qui il doit fournir le Guide de l'impôt préparé par l'UNEQ et mis à jour chaque année. » Sans compter, les contrats à négocier auprès des éditeurs. Ils ne sont pas rares, nos écrivains, à transiger avec plusieurs maisons d’édition.

Populaire voudrait dire non littéraire ?
Cette même Mylène Gilbert-Dumas nous dirige vers un passionnant article signé Marie-Claude Fortin paru chez Châtelaine où y est abordé le cas des écrivains, dits populaires. Pourquoi populaires ? Parce qu’ils sont lus. Parce qu’ils offrent une littérature accrocheuse, assez souvent des sagas à plusieurs tomes. Ce sont majoritairement eux qui gagnent leur vie avec leur plume. Certains vont loin dans le principe de la PME. Ils en rajoutent autant que le client en demande !

Ce n’est pas le cœur du sujet mais, je me suis arrêté à un point commun chez les écrivains populaires : ils offrent des pavés pour à peu près le même prix que certaines plaquettes. Est-ce un facteur qui jouerait chez le consommateur « En avoir pour son argent » ? Quand on y regarde de près, les sagas ou les romans de bonne épaisseur gagnent au palmarès des ventes. Quant à s’attacher à une famille de personnages, le lecteur aimerait vivre en sa compagnie le plus longtemps possible.

S’amarrer au Quai n°5
J’ai toujours aimé Tristan Malavoy-Racine, comme journaliste, comme chanteur, comme diseur ! L’aimerai-je comme directeur littéraire ? C’est à voir. Euh ... non, ce n’est plus à Voir, c’est chez Hurtubise. 

Avec un tel nom de collection « Quai n°5 », les jeux de mots associés aux voyages et à l’aventure vont proliférer. C’est voulu, ce choix d’un nom évocateur mais quand on attire l’attention, le prix à payer est d’être à la hauteur par la suite. À l’automne, deux titres se détacheront du Quai°5 pour voguer jusqu’à nous, lecteurs.  On pourra vérifier tous ensemble de quel bois se chauffe Quai°5 (mon doux que j’aime jouer avec les mots !).

=== Entrevue exclusive avec Tristan Malavoy-Racine à La Recrue du Mois ===

Maîtres chez nous
Groupe HMH : Hurtubise, XYZ et Marcel Didier ont pris position clairement dans un communiqué de presse au sujet du peu de visibilité de nos auteurs en tant que porte-parole du Salon du livre de Québec : "Si l’ouverture sur le monde est une volonté louable, il nous apparaît primordial que cette ouverture ne se fasse jamais au détriment du rayonnement du talent des créateurs d'ici. Maîtres chez nous! a dit un grand homme politique qui a fait avancer le Québec vers la modernité. N’est-ce pas là une belle maxime que notre milieu littéraire gagnerait à relire et appliquer? »

C’est une allusion claire à la contestation du choix du président d’honneur de l’édition 2013 : Marc Levy, un écrivain français habitant New York. Contestation qui a été jusqu'à la prise de position de 70 écrivains exigeant la démission de Philippe Sauvageau qui a affirmé qu'il manquerait d’écrivains de ce calibre, au Québec, pour attirer la foule au Salon : «Comme président d'honneur, on essaie d'avoir un auteur québécois qui soit très connu et qui ait une propension à parler facilement, quelqu'un qui aime parler au monde. Si on avait quelqu'un comme ça à Québec, on le prendrait.» - Philippe Sauvageau, président directeur général du salon du livre.

Sincèrement, avoir proféré de telles paroles, je me rongerais le sang et les dix doigts.

10e lauréat du prix des Collégiens
Le dévoilement du prix des Collégiens s’est déroulé, vendredi le 12 avril, sur la Scène des Rendez-vous littéraires du Salon du livre de Québec. Cinquante-six étudiants ont partagé la lecture de ses 5 titres :

1 Et au pire, on se mariera, Sophie Bienvenu (La Mèche)
2 Le Christ obèse, Larry Tremblay (Alto)
3 Mayonnaise, Éric Plamondon (Le Quartanier)
4 Qui de nous deux ?, Gilles Archambault (Boréal)
5 La fiancée américaine, Éric Dupont (Marchand de feuilles)

Qui a gagné ? Le dernier est le premier : La fiancée américaine. J’ai lu trois titres sur cinq (1 et 3) et je me rallie aux étudiants, c’est mon préféré ! D’ailleurs, c’est mon prochain recensement, sera-t-il aussi volumineux que l'oeuvre !

mardi 9 avril 2013

Fâché noir - Stéphane Dompierre

Avoir le goût de lire un livre parce qu’il est beau, que je suis superficielle ! C'est vrai, l’esthétisme de cet objet est venu me chercher et, à mon avis, il le fallait puisque les chroniques de Stéphane Dompierre se nichent en quelque part sur la Toile.

Les choix graphiques de Fâché noir démontrent qu’il n’y a pas de plaisant que ce qu’on lit (le fond). Tourner les pages, la typographie agréable à l’œil, l’équilibre entre le blanc et le noir, entre le silence et les mots, permettant au lecteur de reprendre sa respiration avant de replonger dans une autre donnent du plaisir. En fait, Fâché noir, sous forme de recueil de chroniques renferme tout ce qu’on ne retrouve pas sur le net. J’aime son « tout de noir vêtu » avec ses titres de chroniques en lettres gigantesques (majuscules) qui suggèrent le cri. Quand on est fâché, on crie !

Ce qui ne veut pas dire que Stéphane Dompierre crie fort. S’il y a quelque chose qu’il ferait fort, ce serait rire. Ce qui reste une manière de parler puisqu’il rit en douce. Comme il ne porte pas la barbe assez longue pour rire dedans, il camoufle son rire en se pinçant. Vous avez tout compris, c’est un pince-sans-rire !

Prière, donc, de ne pas prendre ses chroniques au premier degré, sinon, c’est vous qui sortirez de votre lecture fâché noir. Je compare Dompierre à Louis-José Houde pour sa perspicacité à percevoir le détail qui cloche, qu'il aborde ensuite sous un angle jamais abordé encore. Un angle drôle pour un humoriste, et drôlement fâché pour l’auteur qu’est Stéphane Dompierre. 

Pas moins de 53 chroniques en 165 pages aux titres gigantesques ; vous pouvez donc en apprendre quelques une par cœur. Exemple de sujets : Le paranormal, le métro, les guichets automatiques, les statistiques, le gars qui klaxonne, le point d’exclamation, les heures d’ouverture, les compliments, le vin, les Salons du livre, etc ... Mon sourire est resté accroché dans le coin de ma bouche à la majeure partie des chroniques. Il y en a des savoureuses, des ordinaires, des surprenantes, des drôles, des choquantes, des lucides, des géniales. Quelques plates, mais peu.

Déguisées en grimace se cachent quelques perles de lucidité que l'on pourrait développer en thèses critiques sur la société québécoise moderne. On va laisser cette activité à Catherine Voyer-Léger.

Ceci dit, Dompierre a le sens du punch, comme n’importe quel bon humoriste. J’ai admiré les boucles finales qui ferment joliment presque chaque chronique.

Lecture assurément distrayante faisant sourire malgré soi, et réfléchir, si on se donne la peine d'en gratter la surface.  

jeudi 4 avril 2013

On ne rentre jamais à la maison - Stéphani Meunier

On ne rentre jamais à la maison ... (je complète avec) "de son enfance".

Trois personnages principaux, dont un très présent par son absence, Charlie. Toute l’histoire tournera autour d’elle, disparue mystérieusement quand elle était enfant. Pierre-Paul était son ami, son confident, son amoureux, même s’ils n’avaient qu’une dizaine d’années. Les deux enfants vivaient dans une bulle increvable, protégés du reste du monde par leur complicité. Le troisième personnage viendra après la disparition de Charlie : Clara, sa sœur. Voilà pour les personnages sur deux pattes, passons à la maison d’enfance maintenant, également un « personnage » avec sa cave, ses étages, son grenier. Cette maison a beaucoup d’importance pour Charlie et Pierre-Paul. C’est l’extension de leur bulle.

Après la disparition de Charlie, Pierre-Paul vivra la présence harcelante d’un fantôme qui hantera son enfance et sa vie d’adulte. Clara souffrira autant que Pierre-Paul de l’absence de Charlie, même si différemment. D’aucune façon elle n’arrivera à la cheville du portrait de sa sœur que ses parents ont sublimée.

Bref, cette histoire cible tout ce qui marque l’enfance au fer rouge.

* * *
Comment j’ai vécu cette histoire :
On la pénètre par la maison. L’auteure lui a donné une vie palpitante, mystérieuse. Je n’exagère pas en disant qu’elle a l’impact d’un personnage. Le premier tiers du roman m’a envoûtée pour l’odeur pur de l’enfance respiré à plein nez, avec ce Pierre-Paul et cette Charlie. L’auteure brosse un portrait de cette dernière qui exacerbe notre envie de la voir vivre. Et puis, inexplicablement, elle disparait. J’ai vécu un deuil plus important que je ne l’ai cru à prime abord, ne réalisant pas tout de suite que Charlie disparait, elle emporte avec elle son mystère. Avec son départ, s’éteint une part du mystérieux qui me plaisait tant, l’odeur concentrée de l’enfance s’évapore. On se retrouve avec des adultes aux prises avec des souvenirs nostalgiques (Pierre-Paul) ou révoltants (Clara).

Je ne dis pas qu’à partir de là c’est inintéressant, le style précis et révélateur de Stéphani Meunier continue d’enchanter, mais la magie est diluée. La promesse de cette histoire d’enfance était si forte, si vibrante, comment tenir cette intensité quand celle qui représente l’enfance se volatilise et que les adultes s’agrippent à leur deuil et à leur chagrin. 

J’entretiens une légère frustration devant les circonstances de la disparition de Charlie. Je comprends que l’auteure est le dieu de l’histoire et qu'en cela, elle fait ce que bon lui semble, par contre, ce n’est pas une raison pour tomber dans la facilité. Les questions que je me suis légitiment posées sur la disparition de Charlie sont restées en plan. Même si l’auteure ne voulait pas en faire un roman d’enquête, j’y ai quand même vu un vide. Un trou à remplir. Et j’aurais apprécié qu’il soit moins profond.

Je ne laisserai pas planer le doute, j’ai aimé ce roman. Il a été assez fort pour soutenir mon intérêt grâce à des personnages crédibles et un style enveloppant. Et le premier tiers de l’histoire m’a tellement absorbée par son ambiance, hypnotisée même, que je ne regrette nullement cette lecture.

Visitez le recensement de On ne rentre jamais à la maison de mon ami, Maxime ! Comme je l'expliquais sur mon billet "Cher tous," nous soulignons un événement spécial pour nous deux.


mercredi 3 avril 2013

Cher tous,

Une petite sortie de routine et je vous explique pourquoi.

Je fais passer le titre « On ne rentre jamais à la maison » de Stéphani Meunier avant les deux autres de la marge à droite. Pour ceux qui suivent, j’ai lu ce titre après La fiancée américaine et Fâché Noir. Habituellement, je tiens à la chronologie, pas de chicane, pas de chouchou, à chacun son tour. Mais aujourd’hui, c’est spécial. C’est un titre que nous avons lu à deux. Avec Maxime Jobin.

« Qui est Maxime Jobin ? » Justement la question que je désirais que vous me posiez. J’ai connu Maxime par Le Prix des Collégiens, il avait alors 18 ans. Il avait recensé cinq titres et son préféré était un celui de Stéphani Meunier « Ce n’est pas une façon de dire adieu ». Son recensement était tellement senti que je me le suis acheté. J’ai par la suite suivi, et l'auteure, et le blogue de Maxime. Après une fréquentation d’usage, je lui ai fait une grande demande ; devenir rédacteur de La Recrue du mois ! Il accepta avec enthousiasme.

Depuis, il est devenu un ami cher que je fréquente assidûment. À ma fête, il a voulu me donner le dernier titre de Stéphani Meunier « On ne rentre jamais à la maison » mais je l’ai reçu avant qu'il puisse le faire. On a alors pensé recenser le titre en duo, et sortir notre recensement le même jour à la même heure.

Cela avait des côtés irrésistibles, commémorer notre rencontre qui date déjà de cinq ans et, en plus, réveiller son blogue en hivernation. Et que Maxime renoue avec un titre québécois, me faisait un plaisir supplémentaire. Il est le webmestre bénévole de la Recrue du mois, en plus de travailler maintenant à temps plein en informatique. En passant, vous remarquerez qu’il fait démentir l’idée préconçue que les informaticiens n’aiment pas la littérature. C’est aussi Maxime qui est derrière le très beau site de notre ami Pierre-Greg « La lucarne à Luneau » qu'il a coréalisé avec Marsi. Le tandem se complète pour mettre sur pieds un site Internet. Ils sont responsables, sérieux mais rient beaucoup. C’est souvent à celui qui fera la blague la plus absurde !

Alors, Maxime et moi sommes prêts. Demain, à 8 h 00 AM, nos recensements seront en ligne. (Je ne fais jamais ça, mais je l’ai préprogrammé).