Faites comme chez vous

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c'est recevant !

mercredi 25 décembre 2013

Ce que j’ai demandé au Père Noël

Que l’expression « juste prix du livre » soit mieux comprise par le plus de gens possible et que la loi passe comme une lettre à la poste

Que les lettres et les livres soient toujours déposés près des maisons par une main tendue appartenant à un être humain dont le cœur bat et les lèvres sourient

Que les auteurs peu ou pas connus soient lus parce que les médias en parlent et que les médias en parlent parce qu’ils sont peu connus

Que les Marie Laberge de ce monde comprennent le sens profond du mot solidarité

Que les essais ne soient plus placés dans la même catégorie que les livres de recette de toutes sortes dans les concours

Que le nom des illustrateurs soit mis de l’avant dans les albums jeunesse où il a peu de mots et d’innombrables images

Que le site d’un passionné de la bande dessinée, dit explorateur portant chapeau de safari, soit découvert par de plus en plus de mordus de la bande dessinée

Que certains écrivains qui n’écrivent plus se remettent à écrire

Que les librairies indépendantes ouvrent au lieu de fermer (longue vie à la nouvelle Perro Librairie de Shawinigan !)

Que la bande dessinée au Québec continue son essor

Que je trouve encore et toujours du temps pour lire et commenter la littérature québécoise

Que le Colis 22 de Marsi se rende à destination des cœurs, le facteur de partage aidant, qu’il gagne le concours de circonstance

Que tous mes amis écrivains, éditeurs, veilleurs de talent trouvent l’énergie pour continuer, conservant leur vitalité dans la fraicheur de leurs idées

Que les blogues littéraires, nos clubs de lecture contemporains prolongent leurs liens, que la distance continue de ne pas avoir d’importance

(pour) Que la distance n'ait pas d'importance, mon magicien rouge et blanc préféré, toi et ta ribambelle de lutins, pourriez-vous travailler, pendant vos jours de relâche qui s’en viennent, à des tours de passe-passe, afin que nos titres voyagent mieux, en classe plus économique, vers nos amis Français, Belges, Suisse et tout ceux qui expriment le vif désir de nous lire

Et puis, pour terminer, je te souhaite à toi, Père Noël, de ne jamais mourir

samedi 21 décembre 2013

Vertiges de Fredric Gary Comeau

Vous souvenez-vous de la venue d'un nouveau joueur sur le damier des maisons d'édition au Québec ? Quai no 5. Vous connaissez la curiosité du collectif La Recrue ? Et sa mission de tenter de couvrir toutes les premières fois ? Eh bien, Vertiges s'est trouvé en tête d'affiche ce 15 du mois.

Je l'ai lu et commenté, vous trouverez mon avis ci-dessous. Mais ce n'est qu'UN avis parmi d'autres et, en l'occurrence parmi quatre avis. Si ça peut titiller votre curiosité, je suis celle dont les pieds sont restés accrochés un peu sur le quai. Les autres ont plongé, et profondément.

Alors, plongez, avec ou sans Vertiges.

Chorégraphie ample aux 170 pas de danse

Ronde de huit personnages donnant l’impression de couvrir la planète entière par une chorégraphie ample, ses 170 pas de danse (strophes numérotées) renvoient à une allure syncopée. L’observation de personnages dansant sur une piste à ce point élargie exige une attention soutenue, surtout que s’y rajoutent une suite ininterrompue de références culturelles. Les érudits en retireront certainement du plaisir, s’ils suivent attentivement le sens des liens, goûtant cet assaisonnement relevé du monde des arts. Pulsion, répulsion, respiration, expiration : on entend le souffle parcourant ces vies déposées sur un large damier, la main du destin faisant avancer les pièces une à une ou deux par deux.

La voix narre le récit à la manière du journaliste livrant les nouvelles, toute trace d’émotion étant retirée lorsqu’elle annonce les pires horreurs. De ces horreurs, on en trouve, particulièrement de la part d’un personnage atteint d’une sexualité satyriasique. Fait notable, ces couples temporels consomment l’activité sexuelle en abondance; c’est le nerf de la guerre de leurs relations.

Chaque lecteur s’attachera sans doute à un personnage en particulier. Dans mon cas, cela aura été Hope, peut-être à cause de sa présentation offerte et vulnérable. Elle me fait penser à une bonne part des habitants de cette planète.

Malgré les qualités évidentes du roman, il ne faut pas croire que je me sois délectée sans réserve de ce roman. Envahie d’informations m’apparaissant superflues, comme trop de fleurs sur un tapis, j’ai parfois maudit mes confusions et râlé devant mon manque de culture.

Ce roman m’apparait s’adresser au cerveau plus qu’au cœur, malgré les extraits poétiques qui affluent (citations et références à la fin du roman). Les érudits portant haut leur culture se laisseront sans doute entrainer par cette chorégraphie de personnages et d’images à l’allure théâtrale plus que moi.

vendredi 13 décembre 2013

Longue immortalité à Dany !

Est-ce que vous arrivez à voir Dany Laferrière, revêtu de ce costume ? Difficilement pour ma part. Et voilà pourquoi ça me fait tant plaisir. Dany Laferrière se différencie. Je n’ai jamais pris la mesure de son ambition, peut-être que lui non plus après tout, mais la vie a décidé que son talent serait récompensé. Pourtant, du talent, plusieurs écrivains en ont, mais c’est Dany Laferrière qui occupera le fauteuil numéro 2, autrefois occupé par Montesquieu, plus tard Alexandre Dumas fils et très récemment Hector Bianciotti, décédé en 2012.

Je rêve que l’on me dise à 60 ans, vous êtes la jeunesse, madame ! Eh bien, c’est ce qu’on dit déjà de notre globe-trotter. C’est la secrétaire perpétuelle (notion de durée) de l'Académie française, l'historienne Hélène Carrère d'Encausse qui a sollicité sa candidature. J’ai trouvé très amusante l’anecdote racontée par Dany. Il lui avait été dit qu’il devait écrire une lettre à l’Académie pour poser sa candidature. Et il en a écrit 37 ! Il croyait qu’il devait en écrire une à chacun des immortels, nom donné aux Académiciens (encore une notion de durée). Exercice périlleux, écrire à ces illustres que tu ne connais parfois ni d'Ève, ni d'Adam. On n'a pas de peine à croire qu'il doit régner en ces lieux une susceptibilité à vif. Il les a écrites, dit-il, dans un état second, tellement il était fatigué, chez lui entouré du dérangement bruyant de rénovations majeures.

J’ai eu la surprise d’apprendre que c’est pour ainsi dire un emploi à temps partiel que Dany occupera puisqu'ils se rencontrent aussi souvent qu'une journée par semaine. Ce n’est sûrement pas pour l’argent qu’on convoite cette position car elle est rétribuée à 5,524 $ par année. J’espère que l’on défraie les déplacements car ils ne vivent évidemment pas à la porte et en ce sens-là, je ne crois pas me tromper en disant que Dany sera celui qui fera le plus de millages. Notre écrivain philosophe a déjà fait l’annonce : il n’est pas question qu’il aille vivre à Paris. Il se dit un citoyen de l’Amérique, vivant en alternance à Montréal, New York, Miami où vivent sa femme et ses trois filles. Je rajouterais Port-au-Prince d’où il a d’ailleurs appris la nouvelle. Je le soupçonne de s’être posté dans cette ville pour deux raisons : fuir les assauts de la meute de journalistes et accorder le plaisir à sa mère d’être à ses côtés lors de l’annonce. *** J'apprends que j'ai tout faux, se tient en ce moment le premier Salon du livre dans sa ville natale :-) ***

Un premier Québécois, une première ronde de vote, le plus jeune, dès la première requête, ça fait plusieurs premières. Quand on pense qu’Émile Zola s’y est pris à 24 fois... et en vain.

Qu’est-ce qu’ils font une fois par semaine, ces membres de L’Académie Française ? Sont-ils plus occupés que nos sénateurs ? J’adorais être un mouche volant au-dessus de leur breuvage du matin autour d’une table qu'on imagine magistrale, de bois lourd et lustré. Comme je ne suis pas une fine mouche, je ne sais pas qu’est-ce qu’ils font exactement dans la pratique, par contre, officiellement, on sait qu'ils sont les gardiens de la langue française et qu'ils nous mijotent le Dictionnaire.

Et elle sera bien gardée, cette langue.... ils ont chacun une épée à leur ceinture ! Un apparat qui vient avec le costume. Décidément, j’ai appris bien des choses aujourd’hui.

Je suis contente pour Dany Laferrière. De sa verve, de son esprit vif et surtout de par son absence totale de snobisme, il va sûrement arriver à dépoussiérer quelques fauteuils et les personnes qui y sont assises. Cette Académie comprend des poètes, des écrivains, des hommes de théâtre, des historiens, des scientifiques, des philosophes et comme Dany Laferrière a l'intelligence de parler tous ces langages, il se fera comprendre.

Je lui souhaite de battre un autre record, celui de siéger le plus longtemps (on ne remplace pas un membre avant sa mort), ses chances sont importantes, vu qu’il y entre à un si bas âge.... 

lundi 9 décembre 2013

L’oreille absolue – Mathieu Boutin

D’entrée de jeu, je me suis exclamé “Que la couverture est attirante ! ». Cet attrait fait naître une attente ; que le roman soit à la hauteur de sa couverture.

Il est rare que je procède ainsi mais je commencerai par parler de l’auteur. Mathieu Boutin est violoniste, juriste et a publié plusieurs livres jeunesse. La joie et la légèreté déboulant en actions farfelues est sans doute des vestiges du style s'adressant à un jeune public. Bon point, l’histoire n’aurait pas une telle crédibilité n’aurait été que l’auteur est lui-même violoniste. Avec assurance et expertise, il nous amène à connaître intimement le maniement et les caractéristiques de cet instrument. À partir de maintenant, je m’approcherais de tout violon avec curiosité et respect ! 

Boutin séduit avec son ton naturel qui approche les musiciens classiques comme des amis de longue date. Leur talent est un talent comme un autre et, surtout, il ne descend pas du ciel, il s’enrichit par un travail d’arrache-mains. Thèmes menés de concert, le travail et le talent ce qui fait que, subtilement, le message s’insinue que c’est bien beau la disposition naturelle nommée talent, mais le travail est la clé du succès. Bien difficile de rester sur le seuil, on entre et avance avec entrain vers l’univers de la musique classique, peut-être parce que l’auteur la débarrasse de sa pédanterie, en s’en moquant de bon coeur.

Nous entrons dans la vie d'un groupe de cinq musicien-nes qui donnent des prestations dans des partys de bureau, restos, fêtes, festivals pour gagner leur vie. Malgré le peu de défi amené par les symphonies faciles qu’on leur commande, ces complices arrivent à se faire du plaisir. L’action démarre au moment où Robert, un joueur permanent de l’orchestre symphonique croise un membre du groupe, David, qui vient faire réparer son unique et précieux violon. L’on pourrait quasiment traiter d’inadapté ce Robert dans la cinquantaine, tellement il a vécu sous la jupe de sa mère. D’ailleurs, cette mère Jasmine fut jadis une grande mélomane, mais aujourd'hui âgée et gâteuse, elle apportera des accents burlesques à l’histoire. 

L’amour et la sexualité tirent plusieurs ficelles de ces couples formés, sans être nécessairement confirmés. Au niveau de la sexualité, il n’y a pas de doute, l’auteur ne s’adresse plus à la prime jeunesse.

Le ton bon enfant poussé sur une note aigüe peut parfois donner des scènes vaudevillesques, je pense à celle entre le fils, la mère Jasmine et les policiers. Ça pourra peut-être énerver certains allergiques à l’incongruité.

Somme toute, un roman léger abordant de la musique qui se prend au sérieux. La bonne nouvelle ? Vous pouvez laisser la couverture vous faire de l’œil, vous passerez un bon moment.