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vendredi 29 août 2014

Retour aux Correspondances d'Eastman

Je fais une promesse : l’an prochain, je prends des vacances avant les Correspondances d’Eastman, pas après. Pour éviter de me retrouver devant quelques gribouillis pour me dépêtrer dans mes souvenirs d’un Café littéraire qui me semble tout à coup loin, trop loin. Si vous nichiez dans ma tête, ça irait pas mal mieux ! Mais, heureusement, il ne reste que deux Café et ensuite, je reviens à la programmation normale, avec une dizaine de titres en attente.

En fait, celui que je vise aujourd’hui est nommé « Grand entretien », et il était en compagnie de Dany Laferrière, sous le thème de « Le souverain créateur ». Jean Barbe, guidait l’entretien, tenant entre ses mains sa feuille de questions, mais tous ceux qui ont assisté à un entretien avec Dany L. savent qu’il va s’en échapper. Avec ce souverain, les réponses sont à coup sûr plus larges que les questions et c'est lorsqu’il l'oublie qu’il y répond le mieux. Si l’animateur compte se sentir utile avec sa belle liste de questions, il peut être déçu. S’il aime mettre de l’avant son invité, qu’importent les questions, il sera satisfait.

Jean Barbe supposait que L’Énigme du retour, cette œuvre récompensée du prestigieux Prix Médicis 2009, se démarquait du reste de l’œuvre. Il est revenu à la charge à quelques reprises, j’ai eu l’impression qu’il désirait entendre une certaine réponse qui, bien sûr, n’est pas venue. C’est en cela que je dis de Dany Laferrière qui l'est souverain, même s’il ne manque pas une occasion d’affirmer que c’est le lecteur qui l’est. Il en ressort que notre membre de l’Académie française est loin de croire que l’Énigme du retour est son meilleur livre à vie, il a d’ailleurs dit à son éditeur en lui remettant le manuscrit : je comprendrais que tu ne le publies pas ! La définition de Laferrière d’une œuvre s'approchant de la perfection ressemblerait à une suite de phrases prêtes à être citer, tellement elle serait dense, profonde, réfléchie, pesée.

C’est là que j’ai compris son amour pour les phrases « punchées » (glanées durant l’entretien)
« Fêter ce qui est beau, c’est repousser la mort ».
« Réapprendre est plus difficile qu’apprendre »
« Chaque époque a son jamais avant »
« Je ne suis pas de ceux qui parlent derrière la porte »


Jean Barbe a judicieusement fait remarquer qu’il est surprenant que l’on n’ait jamais suggéré d’une œuvre autofictive dans son cas. Dany avait une réponse à cela, son « je » s’adresse à l’universel de chacun des « je ». Il présente un miroir aux gens. Son texte d’adresse à un lecteur, auquel il  fait de la place, lui donnant de l’espace.

Interruption de l'entretien :
Arrivée de la ministre
J’y vais maintenant en vrac. Quand on se présente devant les lecteurs, le moindre des respects est de revêtir ses mots du dimanche. Les écrivains sont des gens de parole, oeuvrant pour que la parole se fasse chère. Il déplore que maintenant, on ne lise plus à voix haute à la radio ; vingt minutes à lire est maintenant inimaginable pour ce média. C’est ainsi que la nuance se perd, tout doit s’assimiler rapidement.

La ministre de la culture :
Hélène David
Il a raconté ses débuts où il avait conçu une affiche avec les moyens du bord pour annoncer son livre, il se voyait les placarder avec fougue. Le jour où le magazine culturel Voir a fait une pleine page couverture de son petit dernier, il a été porté quatre bouteilles de vin, qu’il a bu avec eux, pour les remercier. Tout ça pour dire qu’il ne fait pas faussement croire qu’il est au-dessus du côté diffusion du livre.

Il s’est rappelé l’époque où il passait d’une maison d’édition à l’autre pour proposer « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer », on lui a alors dit être désolé, mais on n’avait pas besoin de ce genre de texte intellectuel dans notre paysage littéraire québécois.

S’il fallait qu’il l’ait cru !

À noter : À cause d'un ralentissement sur l'autoroute 10, la ministre de la culture est arrivée en retard au Grand entretien.

2 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Encore un café littéraire pétillant comme une coupe d champagne millésimé, si je comprends bien !

Anneso a dit...

Il quitte sa terre natale, travaille à l'usine, placarde ses propres affiches, puis entre à l'Académie et est enseigné dans les universités. L'histoire est belle quand même. :)