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mercredi 15 avril 2015

Marjorie Chalifoux de Véronique-Marie Kaye

Ce roman m’a tout d’abord parlé par sa couverture. Je ne connaissais pas l’auteure et à peine la maison d’édition Franco-ontarienne. Quelqu’un en quelque part avait décidé que ce roman était pour moi. Il ou elle a eu raison, j’ai aimé ce roman singulier qui parle principalement des relations entre êtres humains.

Au départ, Marjorie m’est apparue pas loin d’être une autiste, puisque son père la traite comme telle. Elle a 19 ans, elle coud en silence, pendant que son père offre des séances de spiritisme à des clients et clientes à domicile. Aux yeux de son père, elle aurait un tort et c'est celui d’avoir fait mourir sa mère par sa naissance. Il a dû la prendre en charge et il est clair qu’il n’a aucun goût et aucun talent pour le faire. Il la supporte. Je vais aller au bout de ma pensée ; il la supporte comme on supporte un chien. Et encore. Plusieurs sont beaucoup plus affectueux avec leurs animaux de compagnie.

Étant très étonnée qu’un père puisse aborder son enfant sans une trace de sentiment, je m’attachais de plus en plus à la fille, me demandant de quel bois elle se chauffait pour supporter de tels traitements. Sans violence, entendons-nous, mais avec assez d’indifférence et de dénigrements pour tuer toute velléité à s’épanouir. Cependant, cette Marjorie, pas si bête, malgré un physique plutôt ordinaire, se fait un chum et tombe enceinte. Malheureusement, le dit chum meure d’un accident (je ne vous vends aucun punch, c’est sur le quatrième de couverture). Elle n’aura pas le temps d’être malheureuse tant son père l’occupera. En sept jours, il lui ordonne de trouver un mari pour remplacer le défunt père, et rapidement afin que rien n’y paraisse. Et en attendant de se marier et d’accoucher, elle devra trouver un travail payant, lui-même étant lasse de l’avoir à sa charge.

Vous imaginez l’intrigue ; quel genre d’homme est ce père ? Et Marjorie, va-t-elle s’en sortir avec le peu de bagage positif accumulé dans sa vie ? Pour bien répondre à ces questions, sachez au moins que cette auteure surprenante ne poursuit pas le but de nous faire pleurer, loin de là.

Plusieurs personnages se grefferont à l’histoire, des principaux et des secondaires. Les principaux : une chapelière anglaise en âge d’être grand-mère, son fils, gentilhomme intellectuel, habitant l’Angleterre en séjour à Ottawa. Aldonis, un prétendant candide choisi par le père de Marjorie. Des clients du père, de très colorés et intenses personnages, généralement des conjoints.

Des couples inusités sont rapprochés par la loupe folichonne de l’auteure. L’amour et la sexualité sont toujours abordés dans la légèreté, la sensualité et la fantaisie. On ne s’ennuie pas dans ce roman qui bondit d’une action, d’une émotion et d’un personnage à l’autre. Pour l’apprécier, il faut accepter le ton humoristique que l’auteure a voulu donner à cette histoire qui aurait pu être tragique. Reste que je trouve que le père est un personnage facile, pas exploité et bien pire, escamoté. Aussi bien dire qu’il est un pion.

Heureusement, l’accent est placé sur Marjorie et on ne peut que l’aimer. Elle a un franc-parler et une débrouillardise hors du commun. Comme on le dit parfois d’un film ; elle porte le roman sur ses épaules.

À vous de décider si vous vous sentez d’attaque à vous amuser tout en approfondissant le thème du couple.

2 commentaires:

Danielle a dit...

Je m'étonne de ne trouver aucun autre commentaire sur cet audacieux petit livre que j'ai trouvé revigorant en chien! Une façon de dire hardie et parfaitement assumée. Et une histoire rocambolesque menée tambour battant (quand ce n'est pas au pas de charge).

Venise a dit...

On dirait bien que ce roman a passé par les craques du sofa. Je dirai comme toi : dommage en diable vert !

D'ailleurs, je suis contente de recueillir ton avis qui vient confirmer le mien. Des fois, on en a besoin. Merci !