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dimanche 6 mars 2016

Le coeur bleu de Aline Apostolska

Le titre, la couverture m’ont été droit au cœur. J’étais d’autant plus curieuse que je n’avais jamais lu Aline Apostolska.

Je n’ai pas été déçue, ni par le livre, ni par l’auteure. Je fais une séparation entre les deux (livre et auteure) mais à peine s’il y en a une. Et c’est d’ailleurs à ce moment-là que l’on ressent le plus fortement le besoin d’en tirer une.

C’est une histoire d’amour. Par ces quelques mots, tout pourrait avoir été dit. Une vraie de vraie qui torture les cœurs à ses premiers balbutiements parce que « normalement », elle ne devrait pas naître, cette histoire.

Les deux cœurs sont situés aux confins un de l’autre, chacun sur son île : l'Île de Montréal et l'Île bleue des Caraïbes. Les corps sont aussi situés aux confins un de l’autre : l’homme est plutôt au début de sa vie et la femme est plus mûre, disons. Qui se torturera le plus pour cet aspect ? La femme, bien sûr. Celle-là même qui a peur de faner, comme toutes les fleurs qui ont été fraiches. La femme sait mieux que l’homme ce qu’est de faner, ne serait-ce que parce que son système reproducteur meurt aux orées de la cinquantaine. L’homme, non, la maturité lui va même bien, le moindrement qu’il prenne soin de lui. Les langues maintenant. Elles devraient s’entremêler dans une même salive eh bien, elles sont différentes : l’espagnol chez un, le français chez l’autre.

Il y a rapidement une terre mitoyenne qui sera jetée entre les deux. Il y aura une recherche des mots mais pas des silences. C’est l’espagnol qui gagne la palme. Des poèmes en langue espagnole jonchent la terre fertile de leur amour. Je ne les ai pas lus, aucun en fait, car j’ai réalisé à la fin seulement qu’il y avait une traduction offerte par l’auteure elle-même.

Ah oui, j’ai complètement oublié de vous dire qu’il s’agit de Roméo et de Juliette. Je me suis retenu de ne pas dire de Juliette et de Roméo car, après tout, c’est Juliette qui s’adresse à nous. De Roméo, on entend parler. Est-il déformé par Juliette ? Nous ne le saurons pas. C’est une histoire de confiance aux perceptions de l’auteure qui vire son cœur à l’envers, comme une poche, le retourne de tous les côtés, essayant de comprendre s’il y a du contenu. Quoi, un amour de vacances à son âge ! Quelle idée bête et dangereuse. Mais Roméo est si convainquant et les corps exultent et elle est tout à coup si jeune sous son regard ; comment résister à cette eau de jouvence ?

C’est une histoire d’amour décortiquée où la moindre graine est fouillée dans les sols fertiles et mouillées. Je ne fais pas de dessin, je vous confie le soin de trouver vos images.

Accrochée à cette écriture franche et directe, tout en pause et en prose, j’ai passé un bon « quart d’heure ». J’ai essayé autant que l'auteure de démystifier les cœurs bleus de ce monde. C’est une histoire intime, si intime que l’on ne voit plus de différence entre le « je » d’un journal et le « je » romancé. Et peut-être, y en a-t-il pas, par tout le savoir-dire et le savoir-faire d’une romancière aguerrie.

Pour les amoureux des cœurs bleus, habitant des îles, qui se rapprochent par mers et ponts.

4 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Ma foi....tu en parles très bien, et on se dit : " pourquoi pas " ?

Marion a dit...

Oh que cela est tentant ! Je retrouve dans tes mots (si beaux !) l'auteure que j'ai découverte et qui m'a touchée avec "Fleur de cerisier ". Il n'est pas si simple de parler d'amour et Aline Apostolka sait comment le faire avec brio ! Merci Venise, je lirai ce livre, c'est certain... moi qui ne suis plus si loin des 50 ans ;-)

Venise a dit...

Anne : Un coeur bleu qui palpite ? Oui, tu en ferais une seule bouchée !

Venise a dit...

Marion : C'est ma récompense de savoir que mes mots te donnent le goût de lire "Le coeur bleu" - Un gros merci ! Et moi aussi, je la (re)lirai avec grand plaisir.