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vendredi 26 février 2016

Les maisons de Fanny Britt

Tout le monde s’exclame en bien sur ce roman Les maisons. Il m’arrive de me méfier de l’unanimité, tout en étant très attirée, ne serait-ce que pour vérifier si je suis comme tout le monde et, surtout, ne pas passer à côté de deux heures de réjouissance livresque. Eh bien, sans plus tarder, je vous le dis, je fais partie de cette unanimité ; il faut lire « Les maisons ».

Ne vous attendez pas à une mirobolante histoire, ce n’est pas ce qu’il faut aller chercher dans « Les maisons ». Il faut être un lecteur qui n’attend pas la fin spectaculaire mais qui cherche les moyens de parvenir à des fins qui comblent.

L’histoire est ultra simple. Une mère de trois enfants, par le biais de son métier d’agent d’immeuble croise celui qui a été l’amour fou de sa jeunesse. Est-ce que cet amour aux relents idylliques va venir ébranler ce qu’elle a construit de solide avec un homme « aux mains d’ours en guise d’armure » ? Là est toute la question et là est également toute la réponse.

C’est la manière dont la réponse nous est amenée qui séduit. Qui séduit nos sens, un peu notre coeur mais surtout notre esprit. Ce n’est qu’un auteur à l’esprit finement découpé qui peut y arriver. Chaque phrase de Fanny Britt contient du sens. D’ailleurs, on a envie d’encadrer quelques phrases : Nous faisons partie d’un club, le club de celles qui ne parlent pas d’amour comme dans les annonces de lait maternisé, mais qui, dans chaque phrase, dans chaque pli de paupière épuisée, parlent tout de même d’amour et de rien d’autre.

C’est un roman qui parle de l’amour de la vie mais cet amour de la vie est déguisé en grimace. Le personnage principal Tessa ne s’aime pas et, à cause de cela, ne semble pas aimer sa vie. Pourtant, elle décrit la vie avec une perspicacité aiguisée et amusante. Qui dit mieux ? D’après l’auteure entendue en entrevue, Tessa est en colère. J’ajouterai de mon propre cru qu’elle ne se pardonne peut-être pas la banalité de sa vie. Elle aurait voulu être une star puisqu’elle étudiait en musique classique avant de devenir maman. Chose certaine, elle a l’amertume tout en joliesse. Le quotidien sent bon sous sa plume : soit une vente de sucreries pour l’école, soit l’achat d’un maillot, soit le transport d’un pont en bâtons de popsicles, tout prend une tenue ferme et rieuse. Rien n’est mou dans ce roman mais tout est tendre. Je dirais aussi que tout tend vers l’autre (mari, amant, enfant, client) dans la tension autant que dans la tendresse.

L’ex-chum de son ancienne vie devient sa question obsessive : vais-je briser ma vie pour lui ? C’est un prétexte idéal pour des retours dans le passé. Au passé ou au présent, Tessa reste toujours aussi captivante. Qu’est-ce que vous voulez, quand un personnage est intelligent, vrai, lucide ; a-t-on besoin de s’évader de lui ?
 
J’ai aimé que son mari soit, (je dirais même enfin !), un bel exemple d’homme à marier. Ils sont plutôt rares dans notre littérature, ça fait du bien sous une plume féminine.

Tessa est bonne à marier également, mais le seul hic est qu’elle ne le sait pas. Être une bonne épouse, une bonne mère, un bon être humain ; est-ce à dire d’être parfait et de briller comme une étoile ? Non, bien sûr. Mais d’être vrai, oui, on en réclame !

Roman d’une simplicité vraie à dévorer pour la tendresse de sa chair aigre-douce.

mercredi 17 février 2016

L'Heure sans ombre de Benoît Bouthillette

Qui suis-je pour dire que j’ai plus ou moins aimé ce roman, dit polar mais qui contient tout ou presque ? Je me fais courtoise et vous le présente afin que vous sachiez un peu de quoi il en retourne, même s’il est ardu de présenter une histoire aussi fertile.

Nous sommes à Cuba, en compagnie de l’enquêteur policier autochtone et chaman, Benjamin Sioui qui n’est pas là pour mener une enquête mais plutôt voir le temps venir. Bien entendu, que le roman ne serait pas aussi consistant (542 pages) si quelque entité n’arrivait pas à l’embarquer dans une histoire assez barbare, celle-ci étant la disparition d’enfants. Cette entité est ni plus ni moins qu’une déesse du panthéon afro-cubain. À noter que celle-ci se fera pressante tout au long du récit, et viendra harceler l’enquêteur celui-ci étant jeté à chaque fois dans une transe comateuse.

Le policier sera admirablement entouré pour mener son enquête, ne serait-ce que par Maeva, une belle et fascinante femme qui deviendra son acolyte à tous les niveaux. Il rencontrera également un adolescent, Elvis, avec qui il développera une solide complicité. J’ai d’ailleurs aimé suivre les aléas de cet attachement quasiment paternel, même si j’ai trouvé que le jeune agissait ni plus ni moins en héro, tellement ses émotions de tristesse étaient contrôlées.

La trame du roman est simple, très simple, menée d’une manière succincte, ce roman atteindrait tout au plus 200 pages. Ce serait sans compter la verve de l’auteur. Pour vous en donner une idée, j’ai piqué cette phrase chez Richard Migneault : […histoire d’amour. Roman policier. Thriller obsédant, velouté et passionnant. Précis de lecture et guide touristique. Recueil de poésie et délire onirique. Parsemé de mots espagnols, anglais, écrit en français, parfois en québécois…]. Et Richard M. de poursuivre : […ces incartades culturelles nous aident à garder le rythme lent de lecture, permettant de savourer toute la richesse de l’écriture de l’auteur].

Bref, ce qui a charmé l’auteur du blog Polar, noir et blanc, à savoir le rythme lent de lecture, est ce qui m’a dérangé. Ce rythme obligatoirement lent, par le foisonnement d’informations m’a fait penser plus souvent que nécessaire « Et l’histoire, est-ce qu’on la continue ? ». Si on retire ce brin d’impatience, on pourrait conclure que ces dissertations sont instructives et, pourquoi pas, faisant partie intégrante de l’histoire. N’empêche qu’un roman si touffu en prose prend un risque : devant une personne particulièrement bavarde, l’affinité doit être grande pour trouver un intérêt à chacun des volubiles apartés. Ce principe est à mon avis transposable d’auteur à lecteur.

Je suis obligé de conclure que Cuba ne m’intrigue pas particulièrement, ce dont je ne suis pas nécessairement fière, et encore moins les religions avec divinité. L’intérêt d’une personne, qui a déjà été à Cuba et dont la curiosité est resté à vif, ne part pas du même endroit que moi et peut adorer ce bouquin aux relents ésotériques qui explore Cuba sous des angles non touristiques. Par exemple, on y visite des festivals de musique que même certains Cubains ne visitent pas couramment. D’ailleurs, avis aux intéressés, les références musicales y sont très présentes.

Un polar original, sortant des sentiers battus, qui ravira les amateurs de Cuba et de verve généreuse et bien documentée.

vendredi 12 février 2016

Incroyables dinosaures de John Woodward

Aujourd’hui, c’est jour de chronique enfantine. Deux albums sont tombés entre nos mains. Je dis « nos » puisque Marsi a été mis à contribution pour le très impressionnant :

« Incroyables dinosaures »
de John Woodward aux éditions Hurtubise.

Venise
Cet album est gigantesque (12'' x 10''), nos dinosaures peuvent donc s’y déployer avec ce qui leur est indispensable : beaucoup d’espace. D’ailleurs, il est parsemé d’échelles et de références de tailles, afin d’aider à conceptualiser les grosseurs. Il est divisé par « Les dinosaures » - « Le Trias » - « Le jurassique » - « Le crétacé » et se termine par « Une nouvelle ère ». Vous y trouvez également un glossaire complet, un index très avenant. Les splendides illustrations, exécutées par cinq mains de maîtres viennent chercher le plus indifférent des voyeurs et lecteurs.

Personnellement, même si je ne suis pas obnubilée par cet univers, j’ai parcouru ces pages les yeux exorbités, dévorant les abondantes illustrations, lesquelles sont accolées à des encadrées de descriptions pertinentes. Cet album est assurément pour tous : enfants, adultes, férus ou fascinés, tout le monde y trouve son compte. Un très beau cadeau à offrir. Demandez à le feuilleter, il est encore sur les tablettes de nos librairies, vous y trouverez plus de 60 créatures préhistoriques hautes en couleurs.  

Marsi 
Est-ce que la mode des dinosaures est (dé)passée ? (Rire à gorge déployée). Bien sûr que non ! Pour se remémorer comment c’était en ces temps majestueux, il y a les titres comme Incroyables dinosaures tout aussi majestueux. Cet album nous fait faire un bond de quelques centaines de millions d’années, du supercontinent de la Pangée, jusqu’au Cénozoïque. Album grandement visuel, mettant en scène les grandes vedettes animalières de notre histoire lointaine, il regorge de précieuses informations pour qui désire prendre un bain de culture paléontologique. La démesure de l’espace et du temps nous y est dépeinte à travers le regard de ces bêtes qui ont régnées sur la terre pendant si longtemps qu’il nous est à peine possible de l’appréhender. On y découvre avec intérêt, mais aussi amusement, ces phénomènes que notre planète a portés. Apprenez à reconnaître le Giraffatitan, le Citipati ou le Titanoboa…

N.B. : La couverture est splendide avec les animaux embossés. Elle vaut vraiment le coup d'oeil !

Pas évident d’être une fée des dents
Nadia Sévigny et AnneMarie Bourgeois
Je n’ai pas su résister à cet album que j’ai même fait dédicacer à l’auteur à un Salon du livre. La fée des dents est un être magique pour un évènement assez terre-à-terre : la perte des dents. Je suis sûre que ce n’est pas la première fois que l’on y fait allusion dans le monde de la littérature jeunesse mais cette fois, l’histoire y rajoute la perte des dents des personnes âgées. Autrement dit, on amène l’enfant à penser aux dentiers d’une manière franchement rigolote. À un moment donné, il y a une méprise, car cette fée des dents nommée Dentine est débutante dans le métier. Une habile manière d’apporter à l’attention des enfants que leurs grands-parents n’ont pas toujours leurs vraies dents dans la bouche. L’histoire est rondement menée, en plus des dessins aux formes arrondies qui rajoutent leur pétulant dynamisme.