C’est innovateur. Quand j’ai pris connaissance de cette idée de la maison d’édition Alto, la fervente du livre sous forme de livre a été ébranlée. Et je le suis encore maintenant que la nouvelle sort.
Il s’agit de cartes/clés USB contenant 3 à 5 livres et ces clés se détaillent pour la plupart 29.95 $. Ça ne revient pas à bien cher le roman ! Il y a présentement cinq cartes/clés disponibles pour le temps des fêtes – en quantité limitée, dit-on. Mais j’imagine qu'il y a des possibilités que le produit continue son bout de chemin après les fêtes, ça dépendra de l’enthousiasme de la réception. Encore là, j'imagine.
En attendant, avez-vous pensé au beau cadeau de Noël que cela peut faire ? À glisser dans un bas de Noël par exemple ! Sous forme de jolie carte, quatre ou cinq livres voyagent léger jusqu'à vos amis résidant sur d’autres continents. Éviter des frais postaux exorbitants ! Je pense à tous les blogueurs, autrement dit, les clubs de lectures virtuels qui s’échangent couramment des colis qui contiennent un minimum de 4 à 5 livres. Bienvenue à la petite caisse de livres qui tient dans une poche !
Et rien ne se perd, Alto a pensé à tout, la clé peut également être utilisée pour stocker jusqu’à 250 fichiers lisibles sur à peu près tout : tablettes numériques, téléphones intelligents ou ordinateurs (Mac et PC). Et, bien sûr, pour qui connaît la maison d’édition et leur souci de l’image sauront que cette clé a pris l’apparence d’une carte qui est esthétique. Allez-y voir sur le site Rue des Libraires, ils exposent les 5 accompagnés des oeuvres et leurs prix respectifs.
Facile, il s'agissait juste d'y penser ! C’est ce que l’on dit après qu’un individu ait eu une bonne idée avant nous. Avoir l’idée est une chose mais bellement la concrétiser est une autre. Bravo à Alto pour cette idée, et la prophète de bonheur que je suis, déclare qu’elle va faire du chemin !
Illustrateur chouchou des éditions Alto
Cet illustrateur est nul autre que Matte Stephens. C’est cet Américain, paraitrait-il sympathique, qui a illustré chaque couverture des romans de Lori Larsen traduits chez Alto. Si je vous en parle, c’est que de ses œuvres convoitées et à tirage limitée sont offertes à la Librairie Phylactère, spécialisée en bande dessinée.
Une exposition organisée conjointement avec les Éditions Alto agrémente les murs de cette libraire sise au 685, rue St-Joseph Est à Québec du 25 novembre au 23 décembre. Et là, ce n’est pas moi qui le dit mais des admirateurs de son œuvre : «Son univers graphique unique, parfumé de nostalgie, de surréalisme et de modernisme, saura séduire l’enfant qui sommeille en nous et l’adulte qui sommeille en nos enfants. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, un album d'extraits de son oeuvre vient de sortir. Devinez chez qui ? Je vous le donne en mille : Alto.
Tenez, voici qui donne une idée de son style :
Propriété des photos : Librairie Phylactère à Québec.
jeudi 29 novembre 2012
lundi 26 novembre 2012
Une belle famille d'Annie Cloutier
Le titre est à double sens, fait allusion également à la belle-famille. C’est l’histoire d’importants et ambitieux entrepreneurs, six frères tous mariés. Les belles-sœurs y joueront un rôle aussi important que les frères. Une entreprise de biscuits si florissante, si réputée, que les médias ont la famille dans leur mire. Leurs moindres gestes publics sont épiés. Une douzaine d’enfants, majoritairement en bas âge, agrémentent le tableau. Il est rare que les auteures s’attardent à ce point aux caractères des enfants, point que j’ai apprécié.
À la suite du premier chapitre, décrivant une conférence de presse, Annie Cloutier nous fait pénétrer l’histoire par une visite en règle d’une galerie où sont exposés les personnages. On s’arrêtera devant le portrait de chaque conjointe. Annie Cloutier nous les présente avec force détails et semble nager dans le bonheur de nous en faire le portrait. Au départ, j’y ai pris un certain plaisir, puis, le procédé m’a lassé. Faut dire que les personnages féminins partageaient toutes des problèmes psychologiques et, par là, se dessine certaines lignes de l’histoire. Le destin est en quelque sorte jeté, retirant ce que j’aime d’une histoire : qu’elle me fasse vivre de l’imprévisible. Comme dans la vie.
À un moment donné, bien évidemment, les personnages se mettront en action. Le terrain choisi, un luxueux domaine, patrimoine familial, qui abrite annuellement chaque famille durant une fin de semaine. Les relations des couples sont complexes, bien décrites, les enfants, pas que des figurants.
Même durant cette fin de semaine, l’entreprise de biscuits restera le centre névralgique. Il est temps de mentionner que la compagnie se voit attribuer la production exclusive de biscuits vaccinaux par le gouvernement de « Jacques Chauvet ». Vous remarquez l’allusion, le nom du premier ministre sonne comme « Jean Charest ». Nous assisterons à certaines tractations discutables.
Est-ce que la famille restera unie ? Lesquels de ses membres resteront, lesquels partiront ? J’ai embarqué dans la majorité des histoires de couple, une fois que j’ai réussi à les démêler assez pour m’y pencher. Il y en a six, c’est de la matière ! J’ai cependant dû faire appel à beaucoup de bonne volonté pour croire à l’histoire emberlificotée des vaccins dans des biscuits, pour prémunir la population d’un virus, faisant allusion à une certaine actualité récente au Québec.
C’est un roman qui décortique la vie terre à terre, règles de vie, mœurs, actualité, politique, ambitions, habitudes de consommation. Donc, ça dépend de nos attentes vis-à-vis un roman. On y retrouve une intrigue, mais pas de mystère.
Une belle famille peut s’assimiler à une étude sociologique bien menée, agréablement déguisée, d’une famille nantie qui baigne – et certains fois se noient - dans les affaires.
À la suite du premier chapitre, décrivant une conférence de presse, Annie Cloutier nous fait pénétrer l’histoire par une visite en règle d’une galerie où sont exposés les personnages. On s’arrêtera devant le portrait de chaque conjointe. Annie Cloutier nous les présente avec force détails et semble nager dans le bonheur de nous en faire le portrait. Au départ, j’y ai pris un certain plaisir, puis, le procédé m’a lassé. Faut dire que les personnages féminins partageaient toutes des problèmes psychologiques et, par là, se dessine certaines lignes de l’histoire. Le destin est en quelque sorte jeté, retirant ce que j’aime d’une histoire : qu’elle me fasse vivre de l’imprévisible. Comme dans la vie.
À un moment donné, bien évidemment, les personnages se mettront en action. Le terrain choisi, un luxueux domaine, patrimoine familial, qui abrite annuellement chaque famille durant une fin de semaine. Les relations des couples sont complexes, bien décrites, les enfants, pas que des figurants.
Même durant cette fin de semaine, l’entreprise de biscuits restera le centre névralgique. Il est temps de mentionner que la compagnie se voit attribuer la production exclusive de biscuits vaccinaux par le gouvernement de « Jacques Chauvet ». Vous remarquez l’allusion, le nom du premier ministre sonne comme « Jean Charest ». Nous assisterons à certaines tractations discutables.
Est-ce que la famille restera unie ? Lesquels de ses membres resteront, lesquels partiront ? J’ai embarqué dans la majorité des histoires de couple, une fois que j’ai réussi à les démêler assez pour m’y pencher. Il y en a six, c’est de la matière ! J’ai cependant dû faire appel à beaucoup de bonne volonté pour croire à l’histoire emberlificotée des vaccins dans des biscuits, pour prémunir la population d’un virus, faisant allusion à une certaine actualité récente au Québec.
C’est un roman qui décortique la vie terre à terre, règles de vie, mœurs, actualité, politique, ambitions, habitudes de consommation. Donc, ça dépend de nos attentes vis-à-vis un roman. On y retrouve une intrigue, mais pas de mystère.
Une belle famille peut s’assimiler à une étude sociologique bien menée, agréablement déguisée, d’une famille nantie qui baigne – et certains fois se noient - dans les affaires.
vendredi 23 novembre 2012
À la quête du VRAC
Si je gagnais du temps
Si je gagnais du temps, je lirais plus, bien sûr. Et si je lisais plus, je lirais certainement « C’est faux ! » de Guillaume Lamy qui vient de sortir chez Septentrion :
C'est faux!
50 idées déconstruites par des spécialistes : On investit moins au Québec? La prostitution est le plus vieux métier du monde? On utilise 10% de son cerveau? La mondialisation est un phénomène nouveau? Les terroristes musulmans veulent tout détruire? Il n'existe aucune solution au conflit israélo-palestinien? J’aime apprendre en butinant. Me semble que ça entre mieux dans mon cerveau et, en plus, ça me permet de me demander si j’ai le goût d'approfondir un sujet. Parce qu’on ne peut pas tout savoir !
ET des Éditions Fides :
Chronique d’un photographe de François Brault – Mémoire d’images entre le sacré et le profane
Ce livre m’a fait grande impression quand j’ai reçu le communiqué de presse : « recueil d’anecdotes savoureuses, tant personnelles, familiales que professionnelles, souvent empreintes d’humour, qui nous entraînent dans l’univers d’un grand artisan du cinéma québécois, dans un va-et-vient entre le Québec des années 1960 et aujourd’hui. « Le mot « anecdote » a tout de suite accroché mon attention et galerie de 100 photos. Il se classe dans les beaux livres, vous savez cette catégorie que l’on donne à Noël, parce qu'on aimerait le recevoir !
222 pages, en librairie depuis le 12 novembre 2012
Les droits d’auteur ne sont pas une récompense
(Lettre authentique que j’ai eu la permission de publier):
(Association des libraires ont dévoilé leur liste préliminaire au Salon du livre de Montréal)
* Anima, Wajdi Mouawad (Leméac)• Annabel, Kathleen Winter (Boréal)
• Chaque automne j'ai envie de mourir, Véronique Coté et Steve Gagnon (Septentrion)
• Le Christ obèse, Larry Tremblay (Alto)
• Comme des sentinelles, Jean-Philippe Martel (La Mèche) - premier roman
• Document 1, François Blais (L'Instant même)
• Et au pire on se mariera, Sophie Bienvenu (La Mèche)
• La Fiancée américaine, Éric Dupont (Marchand de feuilles)
• Hollywood, Marc Séguin (Leméac)
• Malgré tout on rit à Saint-Henri, Daniel Grenier (Le Quartanier) - premier roman
• Mayonnaise, Éric Plamondon (Le Quartanier)
• Quand les guêpes se taisent, Stéphanie Pelletier (Leméac)
• Rapide-Danseur, Louise Desjardins (Boréal)
Parmi les 13 titres, 2 premiers romans couverts par le webzine La Recrue, 2 romans d'une nouvelle maison d'édition (La Mèche)
23 janvier 2013 = liste des cinq finalistes
13 mai 2013 = Lauréat dévoilé au Lion d’Or - Les 20 ans du Prix seront soulignés par une fête.
Nouvelle porte-parole : Fanny Mallette.
Ma marge droite
Ouvrez bien les yeux (elle est mini) : une nouvelle bannière ! Si vous cliquez sur son intriguant « Cousins de personne », vous y découvrirez un webzine lancé le 17 novembre. "Fondée fin août 2012 par l’auteure Mélikah Abdelmoumen et par Marie Noëlle Blais de la Librairie du Québec à Paris, Cousins de personne est une association à but non-lucratif, dont l’objet est la promotion en France de la littérature québécoise, contemporaine comme classique".
Hé Hé ! Ça fait plaisir non ? Je trouve le look du webzine moderne, clair, invitant quoi ! Plusieurs chroniques, dont Bertrand Laverdure, Tristan Malavoy Racine, Michel Vézina, Samuel Archibald, Pierre Szalowski ... et plein d'autres !
Une voix, un visage
Pour terminer, ceux et celles qui veulent entendre ma voix, vous avez bien beau, me voir la figure en action, vous avez bien beau aussi, c’est à la même place (ma première vidéo à vie, sur YouTube en plus !).
Si je gagnais du temps, je lirais plus, bien sûr. Et si je lisais plus, je lirais certainement « C’est faux ! » de Guillaume Lamy qui vient de sortir chez Septentrion :
C'est faux!
50 idées déconstruites par des spécialistes : On investit moins au Québec? La prostitution est le plus vieux métier du monde? On utilise 10% de son cerveau? La mondialisation est un phénomène nouveau? Les terroristes musulmans veulent tout détruire? Il n'existe aucune solution au conflit israélo-palestinien? J’aime apprendre en butinant. Me semble que ça entre mieux dans mon cerveau et, en plus, ça me permet de me demander si j’ai le goût d'approfondir un sujet. Parce qu’on ne peut pas tout savoir !
ET des Éditions Fides :
Chronique d’un photographe de François Brault – Mémoire d’images entre le sacré et le profane
Ce livre m’a fait grande impression quand j’ai reçu le communiqué de presse : « recueil d’anecdotes savoureuses, tant personnelles, familiales que professionnelles, souvent empreintes d’humour, qui nous entraînent dans l’univers d’un grand artisan du cinéma québécois, dans un va-et-vient entre le Québec des années 1960 et aujourd’hui. « Le mot « anecdote » a tout de suite accroché mon attention et galerie de 100 photos. Il se classe dans les beaux livres, vous savez cette catégorie que l’on donne à Noël, parce qu'on aimerait le recevoir !
222 pages, en librairie depuis le 12 novembre 2012
Les droits d’auteur ne sont pas une récompense
(Lettre authentique que j’ai eu la permission de publier):
Bonjour,Les libraires ont sorti leur liste
Je suis l’auteure des livres que vous avez numérisés et rendus disponibles gratuitement sur Internet. Je comprends que si vous avez agi de la sorte, c’est que vous avez tellement apprécié mes livres que vous avez eu envie de les partager avec le reste du monde. Savez-vous, cependant, que chaque fois qu’une personne copie illégalement mon livre au lieu de l’acheter, elle me prive d'un revenu qui me permettrait d’écrire de nouveaux romans? Les droits d’auteur ne sont pas une récompense, ils sont le salaire de l'artiste. Cela dit, il est de plus illégal de copier une oeuvre dont vous n’êtes pas l’auteure et de l’offrir au public. C'est pourquoi je suis obligée de vous demander de retirer mes livres du site qui les héberge.
Veuillez recevoir, madame, mes meilleures salutations,
Mylène Gilbert-Dumas
(Association des libraires ont dévoilé leur liste préliminaire au Salon du livre de Montréal)
* Anima, Wajdi Mouawad (Leméac)• Annabel, Kathleen Winter (Boréal)
• Chaque automne j'ai envie de mourir, Véronique Coté et Steve Gagnon (Septentrion)
• Le Christ obèse, Larry Tremblay (Alto)
• Comme des sentinelles, Jean-Philippe Martel (La Mèche) - premier roman
• Document 1, François Blais (L'Instant même)
• Et au pire on se mariera, Sophie Bienvenu (La Mèche)
• La Fiancée américaine, Éric Dupont (Marchand de feuilles)
• Hollywood, Marc Séguin (Leméac)
• Malgré tout on rit à Saint-Henri, Daniel Grenier (Le Quartanier) - premier roman
• Mayonnaise, Éric Plamondon (Le Quartanier)
• Quand les guêpes se taisent, Stéphanie Pelletier (Leméac)
• Rapide-Danseur, Louise Desjardins (Boréal)
Parmi les 13 titres, 2 premiers romans couverts par le webzine La Recrue, 2 romans d'une nouvelle maison d'édition (La Mèche)
23 janvier 2013 = liste des cinq finalistes
13 mai 2013 = Lauréat dévoilé au Lion d’Or - Les 20 ans du Prix seront soulignés par une fête.
Nouvelle porte-parole : Fanny Mallette.
Ma marge droite
Ouvrez bien les yeux (elle est mini) : une nouvelle bannière ! Si vous cliquez sur son intriguant « Cousins de personne », vous y découvrirez un webzine lancé le 17 novembre. "Fondée fin août 2012 par l’auteure Mélikah Abdelmoumen et par Marie Noëlle Blais de la Librairie du Québec à Paris, Cousins de personne est une association à but non-lucratif, dont l’objet est la promotion en France de la littérature québécoise, contemporaine comme classique".
Hé Hé ! Ça fait plaisir non ? Je trouve le look du webzine moderne, clair, invitant quoi ! Plusieurs chroniques, dont Bertrand Laverdure, Tristan Malavoy Racine, Michel Vézina, Samuel Archibald, Pierre Szalowski ... et plein d'autres !
Une voix, un visage
Pour terminer, ceux et celles qui veulent entendre ma voix, vous avez bien beau, me voir la figure en action, vous avez bien beau aussi, c’est à la même place (ma première vidéo à vie, sur YouTube en plus !).
vendredi 16 novembre 2012
Lettres crues de Bertrand Laverdure et Pierre Samson
Deux écrivains qui s’écrivent, déjà, l’attente d’une vivacité du verbe y est. Alors imaginez deux pittoresques écrivains, Pierre Samson et Bertrand Laverdure, abhorrant l’ennui, qui s’écrivent, on s’attend à l’exaltation. Je le fus, exaltée, sans l’ombre d’un doute. Effort de concentration aidant, mon esprit est monté vers les sphères vertigineuses des mots, lancés haut par des acrobates de la langue, pour que je les regarde tomber en plein dans le mil.
Ils se sont donnés comme mission, guidé par l'éditrice, d'échanger sur le milieu littéraire. Ce fameux milieu, d’où s’élance la gauche et la droite sera arpenté par ces funambules, de long en large et de haut en bas.
Lettres crues est de l’épistolaire dans son sens de correspondance. Parce qu'on classe également dans le genre épistolaire, les lettres à sens unique où l'on devine les réponses. Déjà que c’est ardu de lire entre les lignes que dire de lire entre les lettres ! Je préfère, ô combien, la correspondance de ces escrimeurs qui prennent des poses, ma foi, assez dramatiques. Une joute oratoire où les épées cliquettent, s’échappent, s’élancent, visent à côté, pointent la carapace, et l’atteint. Chaque lettre vaut son pesant d’élocution mais c’est encore l’échange qui m’a tenue captive.
Le ton est grandiloquent, enfin, c’est celui que je leur ai prêté, surtout pour les quatre cinquième du livre. Les lettres du cinquième prennent un ton différent, plus naturel, plus confidentiel. On baisse un peu les armes. Ce qui pourra être perçu comme un essoufflement, je l’ai abordé bien autrement. Ça m’a même fait penser à ce lieu commun, après avoir sorti le méchant dans une rixe de bon aloi, l’étreinte vient sans qu’on la réclame.
Tout au long de la correspondance, Pierre Samson est en résidence d’écriture à Tokyo, ville dont il nous parle, comme toujours, avec un sens critique aiguisé, la correspondance s’étendant sur quelques mois, vers la fin, son séjour en résidence s’achève. Il se pose des questions sur son avenir. Est-ce cette préoccupation, mais j’ai retrouvé un être humain derrière ce pamphlétaire à tout crin. Malgré sa faconde jamais démentie, un visage se découvre sous le masque grimaçant. Si j’avais une critique, malgré le plaisir que j’ai pris à ma lecture principalement pour l'admiration de ces virtuoses de la langue, c’est ma lassitude devant le convenu des répliques de Pierre Samson. À force d’arroser tout aliment d’épices piquantes, la saveur du mets s’en trouve noyée. S’use l’ironie à force d’en user. Samson a une intelligence rare pour manier cette substance corrosive : l’ironie. Il en a abusé.
Bertrand Laverdure, sans lui retirer de son esprit corrosif et imaginatif, m’a semblé jouer un rôle de modérateur en égard aux excès de son correspondant. Il a un franc-parler, les infimes nuances sont sa spécialité. Il se pose tellement de questions sur ce métier qu’il a choisi très jeune, il a pris le temps de réfléchir à sa vocation, ce que l'on constate avec bonheur. Il y aurait de quoi ouvrir un séminaire sur le sens du travail de l’écrivain dans notre monde d’aujourd’hui, pré-requis : la lecture de Lettres crues. Les questions sont soulevées, des réponses sont proposées, la discussion s’ouvrirait, sur un ton moins plaintif, c'est à espérer. Car tous n'ont pas la verve pour le porter !
Un essai épistolaire de haut calibre, comme il s’en fait peu. Il aurait pu s’écrire avec la plume, pour le bec acérée qui pointe, jusqu’à trouer le papier.
Bilan en chiffres :
243 auteurs sont nommés (la majorité critiqués !) - index à la fin
54 lettres titrées (assez loufoques !)
Période d'avril à novembre 2011
379 pages en petit caractère
Ils se sont donnés comme mission, guidé par l'éditrice, d'échanger sur le milieu littéraire. Ce fameux milieu, d’où s’élance la gauche et la droite sera arpenté par ces funambules, de long en large et de haut en bas.
Lettres crues est de l’épistolaire dans son sens de correspondance. Parce qu'on classe également dans le genre épistolaire, les lettres à sens unique où l'on devine les réponses. Déjà que c’est ardu de lire entre les lignes que dire de lire entre les lettres ! Je préfère, ô combien, la correspondance de ces escrimeurs qui prennent des poses, ma foi, assez dramatiques. Une joute oratoire où les épées cliquettent, s’échappent, s’élancent, visent à côté, pointent la carapace, et l’atteint. Chaque lettre vaut son pesant d’élocution mais c’est encore l’échange qui m’a tenue captive.
Le ton est grandiloquent, enfin, c’est celui que je leur ai prêté, surtout pour les quatre cinquième du livre. Les lettres du cinquième prennent un ton différent, plus naturel, plus confidentiel. On baisse un peu les armes. Ce qui pourra être perçu comme un essoufflement, je l’ai abordé bien autrement. Ça m’a même fait penser à ce lieu commun, après avoir sorti le méchant dans une rixe de bon aloi, l’étreinte vient sans qu’on la réclame.
Tout au long de la correspondance, Pierre Samson est en résidence d’écriture à Tokyo, ville dont il nous parle, comme toujours, avec un sens critique aiguisé, la correspondance s’étendant sur quelques mois, vers la fin, son séjour en résidence s’achève. Il se pose des questions sur son avenir. Est-ce cette préoccupation, mais j’ai retrouvé un être humain derrière ce pamphlétaire à tout crin. Malgré sa faconde jamais démentie, un visage se découvre sous le masque grimaçant. Si j’avais une critique, malgré le plaisir que j’ai pris à ma lecture principalement pour l'admiration de ces virtuoses de la langue, c’est ma lassitude devant le convenu des répliques de Pierre Samson. À force d’arroser tout aliment d’épices piquantes, la saveur du mets s’en trouve noyée. S’use l’ironie à force d’en user. Samson a une intelligence rare pour manier cette substance corrosive : l’ironie. Il en a abusé.
Bertrand Laverdure, sans lui retirer de son esprit corrosif et imaginatif, m’a semblé jouer un rôle de modérateur en égard aux excès de son correspondant. Il a un franc-parler, les infimes nuances sont sa spécialité. Il se pose tellement de questions sur ce métier qu’il a choisi très jeune, il a pris le temps de réfléchir à sa vocation, ce que l'on constate avec bonheur. Il y aurait de quoi ouvrir un séminaire sur le sens du travail de l’écrivain dans notre monde d’aujourd’hui, pré-requis : la lecture de Lettres crues. Les questions sont soulevées, des réponses sont proposées, la discussion s’ouvrirait, sur un ton moins plaintif, c'est à espérer. Car tous n'ont pas la verve pour le porter !
Un essai épistolaire de haut calibre, comme il s’en fait peu. Il aurait pu s’écrire avec la plume, pour le bec acérée qui pointe, jusqu’à trouer le papier.
Bilan en chiffres :
243 auteurs sont nommés (la majorité critiqués !) - index à la fin
54 lettres titrées (assez loufoques !)
Période d'avril à novembre 2011
379 pages en petit caractère
mercredi 7 novembre 2012
L'Homme du jeudi de Jean Lemieux
Au départ, je croyais que Jean Lemieux était un nouvel auteur de polar, d’apprendre qu’il en est à sa troisième enquête m’a incitée à le choisir. Les deux premiers romans, On finit toujours par payer" (porté à l’écran sous le titre La peur de l'eau) et "La mort du chemin des Arsène" se déroulaient aux Iles de la Madeleine, tandis que celui-ci à Québec.
Je lis peu de polar mais l’envie revient régulièrement. Comme je n’aime pas tout, je suis un peu inquiète en commençant. Une personne m’a inscrite dans un groupe passionné de « polar » sur facebook, lequel comprend 201 membres et pas un jour ne se passe sans que je sois avisée de nouvelles critiques de romans. C’est si dynamique que j’en ai conclu que les lecteurs du genre lisent en abondance. Ils peuvent jongler avec les comparatifs, eux. La nuance que je voulais apporter est que ma règle de référence est plus courte que la leur, voilà pourquoi j'ai rajouté deux liens menant à des critiques pour cet ouvrage.
Premier lien, L’homme du jeudi, est commenté sur le blogue Polar Noir et blanc où Richard a préféré la deuxième partie à la première, tandis que pour ma part, c’est l’inverse ! J’ai trouvé la première partie assez lente en effet, mais plus mystérieuse que la deuxième. Dans la première, par intérêt pour la mère, l’agent Surprenant ouvre à nouveau le dossier du décès accidentel de son fils de 12 ans, mort à vélo, disparu puis retrouvé dans la rivière 3 jours plus tard. Le chauffard, lui, n'a pas laissé de trace ... en apparence ! L'ambiance est diffuse, brumeuse, jusqu’à la motivation de l’agent de rouvrir ce dossier. J’ai aimé regarder travailler l’inspecteur, tirant sur une ficelle et sur l’autre, tout en apprenant à le connaître, lui et sa nouvelle conjointe et vie de famille. Si je compare avec ce que j’ai déjà lu, je pourrais qualifier cette première partie de polar ponctué d’un accent grave de psychologie humaine.
À partir de la deuxième partie, c'est-à-dire à partir du moment où l’on connaît pour ainsi dire le nom du responsable de l'accident, le ton et le rythme changent. Je me suis demandé si je devais croire aux indices que l’auteur donnait pour pointer le meurtrier, me disant que de le connaître, me retirerait le plaisir de jouer au détective. En fait, nous jouerons au détective, non plus pour l’identifier, mais pour trouver sa cachette et ses motifs.
Il y a une chorégraphe de rôles de victime et de bourreau, de jeu de chat et de souris, de jeu haine/amour qui pourra captiver ceux et celles qui n’ont pas la sensibilité à fleur de peau .... comme moi ! Les événements ont pris un moment une allure de film d’horreur, très peu pour moi ! On peut parler d’une nette surprise devant cet important changement de ton, passant de celui débonnaire du début, à un ton exalté et profondément perturbé. D’ailleurs, l’agent Surprenant et son calme rassurant se retire de la sellette durant ces passages. Pour amateurs de vives émotions, c’est idéal j’imagine, puisque nous brûlons sur les charbons ardents sur une longue période. Nous sommes particulièrement devant une question de goût et de dosage ici.
La deuxième critique divergeant de la mienne est sur Carnet noir, et il y est dit s’être lassé d’errer dans les quartiers de la ville de Québec, alors que moi ça a rajouté au charme.
Roman scindé en deux par le ton et la motivation (pour plaire à tous les goûts ?), personnellement, j’ai apprécié la partie où l’auteur prend le temps de fouiller les émotions humaines. La deuxième partie a heurté ma sensibilité tout en me donnant la sensation de jouer dans le sensationnalisme des émotions fortes.
Je lis peu de polar mais l’envie revient régulièrement. Comme je n’aime pas tout, je suis un peu inquiète en commençant. Une personne m’a inscrite dans un groupe passionné de « polar » sur facebook, lequel comprend 201 membres et pas un jour ne se passe sans que je sois avisée de nouvelles critiques de romans. C’est si dynamique que j’en ai conclu que les lecteurs du genre lisent en abondance. Ils peuvent jongler avec les comparatifs, eux. La nuance que je voulais apporter est que ma règle de référence est plus courte que la leur, voilà pourquoi j'ai rajouté deux liens menant à des critiques pour cet ouvrage.
Premier lien, L’homme du jeudi, est commenté sur le blogue Polar Noir et blanc où Richard a préféré la deuxième partie à la première, tandis que pour ma part, c’est l’inverse ! J’ai trouvé la première partie assez lente en effet, mais plus mystérieuse que la deuxième. Dans la première, par intérêt pour la mère, l’agent Surprenant ouvre à nouveau le dossier du décès accidentel de son fils de 12 ans, mort à vélo, disparu puis retrouvé dans la rivière 3 jours plus tard. Le chauffard, lui, n'a pas laissé de trace ... en apparence ! L'ambiance est diffuse, brumeuse, jusqu’à la motivation de l’agent de rouvrir ce dossier. J’ai aimé regarder travailler l’inspecteur, tirant sur une ficelle et sur l’autre, tout en apprenant à le connaître, lui et sa nouvelle conjointe et vie de famille. Si je compare avec ce que j’ai déjà lu, je pourrais qualifier cette première partie de polar ponctué d’un accent grave de psychologie humaine.
À partir de la deuxième partie, c'est-à-dire à partir du moment où l’on connaît pour ainsi dire le nom du responsable de l'accident, le ton et le rythme changent. Je me suis demandé si je devais croire aux indices que l’auteur donnait pour pointer le meurtrier, me disant que de le connaître, me retirerait le plaisir de jouer au détective. En fait, nous jouerons au détective, non plus pour l’identifier, mais pour trouver sa cachette et ses motifs.
Il y a une chorégraphe de rôles de victime et de bourreau, de jeu de chat et de souris, de jeu haine/amour qui pourra captiver ceux et celles qui n’ont pas la sensibilité à fleur de peau .... comme moi ! Les événements ont pris un moment une allure de film d’horreur, très peu pour moi ! On peut parler d’une nette surprise devant cet important changement de ton, passant de celui débonnaire du début, à un ton exalté et profondément perturbé. D’ailleurs, l’agent Surprenant et son calme rassurant se retire de la sellette durant ces passages. Pour amateurs de vives émotions, c’est idéal j’imagine, puisque nous brûlons sur les charbons ardents sur une longue période. Nous sommes particulièrement devant une question de goût et de dosage ici.
La deuxième critique divergeant de la mienne est sur Carnet noir, et il y est dit s’être lassé d’errer dans les quartiers de la ville de Québec, alors que moi ça a rajouté au charme.
Roman scindé en deux par le ton et la motivation (pour plaire à tous les goûts ?), personnellement, j’ai apprécié la partie où l’auteur prend le temps de fouiller les émotions humaines. La deuxième partie a heurté ma sensibilité tout en me donnant la sensation de jouer dans le sensationnalisme des émotions fortes.
jeudi 1 novembre 2012
De père en fille - Louise Simard et Jean-Pierre Wilhelmy
Ce roman historique réédité (première édition : 1989) est une valeur sûre, tellement il aborde de sujets sans s’y perdre, grâce à l’habileté des auteurs. Peut-être pourrais-je ajouter, grâce à l’expérience de ce couple d’auteurs qui n’en est pas à leur première parution.
C’est un roman qui plonge dans notre histoire, au 18e siècle, abordant la médecine au Québec. On y découvre, dans l’œuf, la suprématie des anglophones sur les francophones et celle de l’homme sur la femme à l'époque des premiers balbutiements de la médecine, ce qui implique la première école officielle qui l'enseigne.
Si le roman est si réussi, c’est qu'il y prévaut un thème : la ségrégation. La ségrégation mène l’intrigue ou, autrement dit, la mise à part sans trop de questionnement, des femmes, des immigrés, des indiens (sic) et, le bouquet ... des Canadiens français ! Le propos pourrait être dur à avaler s’il se présentait comme un long billet éditorial, mais il n’en est rien. Le style et le doigté des auteurs font en sorte que les injustices passent par de passionnantes intrigues familiales ou amoureuses.
Évidemment, la révolte du lecteur peut atteindre des apogées, le poids lourd des injustices à répétition ébranlent, mais ce qui rend la lecture confortable, et par le fait même assimilable, c’est ce subtil dosage des passages heureux à dramatiques.
J’y ai trouvé des portraits de femmes admirables et d’hommes également, bien sûr, mais ceux-ci ont quelques atouts de plus dans leur manche à leur naissance. J’ai été renversée par la détermination d’Éva, la fille de son père médecin d'origine allemande, qui doit se cacher pour pratiquer la médecine. C’est une féministe avant son temps, bien sûr, mais sa sœur, une femme à la maison qui fait du bénévolat est tout aussi admirable. Pourtant, un des "méchants" de l’histoire est leur frère, un être faible à l’intérieur et fort à l’extérieur. Il est sous le joug terrorisant de sa mère, ce personnage de sorcière civilisée.
La bataille menée par les Canadiens français pour entrer sur un pied d'égalité dans l’antre sacrée de la médecine, au même titre que les anglophones, en est une épique. On assiste, le souffle court, à des moments stratégiques qui expliquent notre passé pas si lointain où les rôles de subalterne étaient généralement dévolus aux Canadiens français.
Une seule bavure dans toute ma lecture : la fin. Bien entendu que l'on ne peut pas toujours adoucir les dénouements de l'Histoire avec son grand H, mais il y aurait eu moyen qu'elle soit moins abrupte, il me semble. C'est le rythme effrénée des événements qui m'a dérangée. J'étais mal préparée à cette bousculade quand, tout au long du roman, le temps avait pris son temps.
Je ne saurai trop recommander ce roman aux personnes qui aiment les voyages vers le passé avec en mains un passeport qui permet de s’amuser en apprenant et, sans conteste, dans une émotion pleine et entière. Et ceux et celles qui aiment entendre parler de la médecine vont être comblés au-delà de toute attente.
C’est un roman qui plonge dans notre histoire, au 18e siècle, abordant la médecine au Québec. On y découvre, dans l’œuf, la suprématie des anglophones sur les francophones et celle de l’homme sur la femme à l'époque des premiers balbutiements de la médecine, ce qui implique la première école officielle qui l'enseigne.
Si le roman est si réussi, c’est qu'il y prévaut un thème : la ségrégation. La ségrégation mène l’intrigue ou, autrement dit, la mise à part sans trop de questionnement, des femmes, des immigrés, des indiens (sic) et, le bouquet ... des Canadiens français ! Le propos pourrait être dur à avaler s’il se présentait comme un long billet éditorial, mais il n’en est rien. Le style et le doigté des auteurs font en sorte que les injustices passent par de passionnantes intrigues familiales ou amoureuses.
Évidemment, la révolte du lecteur peut atteindre des apogées, le poids lourd des injustices à répétition ébranlent, mais ce qui rend la lecture confortable, et par le fait même assimilable, c’est ce subtil dosage des passages heureux à dramatiques.
J’y ai trouvé des portraits de femmes admirables et d’hommes également, bien sûr, mais ceux-ci ont quelques atouts de plus dans leur manche à leur naissance. J’ai été renversée par la détermination d’Éva, la fille de son père médecin d'origine allemande, qui doit se cacher pour pratiquer la médecine. C’est une féministe avant son temps, bien sûr, mais sa sœur, une femme à la maison qui fait du bénévolat est tout aussi admirable. Pourtant, un des "méchants" de l’histoire est leur frère, un être faible à l’intérieur et fort à l’extérieur. Il est sous le joug terrorisant de sa mère, ce personnage de sorcière civilisée.
La bataille menée par les Canadiens français pour entrer sur un pied d'égalité dans l’antre sacrée de la médecine, au même titre que les anglophones, en est une épique. On assiste, le souffle court, à des moments stratégiques qui expliquent notre passé pas si lointain où les rôles de subalterne étaient généralement dévolus aux Canadiens français.
Une seule bavure dans toute ma lecture : la fin. Bien entendu que l'on ne peut pas toujours adoucir les dénouements de l'Histoire avec son grand H, mais il y aurait eu moyen qu'elle soit moins abrupte, il me semble. C'est le rythme effrénée des événements qui m'a dérangée. J'étais mal préparée à cette bousculade quand, tout au long du roman, le temps avait pris son temps.
Je ne saurai trop recommander ce roman aux personnes qui aiment les voyages vers le passé avec en mains un passeport qui permet de s’amuser en apprenant et, sans conteste, dans une émotion pleine et entière. Et ceux et celles qui aiment entendre parler de la médecine vont être comblés au-delà de toute attente.
S'abonner à :
Messages (Atom)