Je suis complètement gaga des 12 hommes rapaillés de Gaston Miron, le tout récent album où 12 chaudes voix d’hommes encensent 12 poèmes. Complètement subjuguée par cette œuvre, la poésie m’en semble encore plus exaltée, si c’est possible, et je l’écoute au minimum deux fois par jour. Et toutes les autres fois que je ne l’écoute pas, c’est parce que je me retiens !
Faut dire qu’en plus qu'il ne fût pas n’importe quel poète, ce ne sont pas n’importe quelles voix : Michel Rivard, Daniel Lavoie, Plume, Jim Corcoran, Yann Perreau, Vincent Vallières, Richard Séguin, Martin Léon, Michel Faubert, Louis-Jean Cormier, Gilles Bélanger, Pierre Flynn.
Tout mon engouement pour ses mots me porte à vouloir m’intéresser à Gaston Miron, à qui il a été. Non pas que je ne le connaissais pas - qui ne le connaît par de réputation ! - mais ça n’implique pas nécessairement de reconnaître celui qui a été de tous les combats ; sociaux, littéraires, politiques. « Il affiche tout son être sur la place publique » comme disait de lui, Jacques Brault, poète.
On appelait Miron, le poète militant (ça se perd ce genre de poète, il me semble qu’on en retrouve peu maintenant) et sa plus grande ferveur allait pour une défense virulente du français. Aujourd’hui, j’ai eu le plaisir de regarder une entrevue où il nous donne, à sa manière colorée, presque théâtrale, jamais emportée mais si fougueuse, un plaidoyer pour la défense du français au Québec. C’est tout à fait réjouissant comme entrevue, le sourire est garanti, le rire parfois, l’attendrissement certain. Et l’aboutissant : son propos est encore, malheureusement, d’actualité.
« Qu’on dise joual, oual ou cheval, peu importe, pourvu qu’on ne dise pas horse » Entendez-le de sa bouche, je vous le dis, ça vaut la peine ! (gros merci à Sandy Gordon et Mistral de m’avoir indiqué le chemin jusqu'à cette entrevue fascinante).
Et si ça vous dit d’avaler de ses mots comme une goulée de tendreté, ne vous gênez, tant qu’il y en a pour 10, il y en a pour 100, tant qu’il y en a pour 1000, y en a pour 10,000 …
Parle-moi (sur le CD, chantée par Gilles Bélanger)
parle-moi parle-moi de toi parle-moi de nous
j’ai le dos large je t’emporterai dans mes bras
j’ai compris beaucoup de choses dans cette époque
les visages et les chagrins dans l’éloignement
la peur et l’angoisse et les périls de l’esprit
je te parlerai de nous de moi des camarades
et tu m’emporteras comblée dans le don de toi
jusque dans le bas-côté des choses
dans l’ombre la plus perdue à la frange
dans l’ordinaire rumeur de nos pas à pas
lorsque je rage butor de mauvaise foi
lorsque ton silence me cravache farouche
dans de grandes lévitations de bonheur
et dans quelques grandes déchirures
ainsi sommes-nous un couple
toi s’échappant de moi
moi s’échappant de toi
pour à nouveau nous confondre d’attirance
ainsi nous sommes ce couple ininterrompu
tour à tour désassemblé et réuni à jamais
Gaston Miron extrait de L’amour et le militant tiré de L’homme rapaillé
mardi 30 décembre 2008
dimanche 28 décembre 2008
L’accent québécois aussi pur que l’accent français
J’ai déniché une interview très intéressante ou, en tout cas, riche pour sa matière à discussion, avec Jean-Denis Gendron, phonéticien et auteur de l’ouvrage « D’où vient l’accent des québécois ? Et celui des Parisiens ? »
Pourquoi publier un ouvrage sur l’origine de l’accent ?
J’avais l’intention d’écrire un livre sur l’histoire de la prononciation du français au Québec. J’y ai travaillé de façon intermittente et, il y a trois ans, je me suis dit qu’il fallait commencer par le début, et le début, c’est l’origine de l’accent. Tous les témoignages des voyageurs aux XVIIe XVIIIe siècles concordent : il n’y a pas d’accent au Canada. Bougainville (le célèbre explorateur français) le confirme en 1757 : « L’accent des Canadiens est aussi pur que celui des Parisiens ». À partir de 1810, toutefois, les voyageurs trouvent le français parlé au Canada déplorable. Que s’est-il passé entre 1760 et 1810 pour que devienne différent ce qui, 50 ans auparavant, était jugé identique ? Qui a changé d’accent ? C’est d’abord pour résoudre cette énigme que j’ai écrit cet ouvrage.
L’abbé Thoulier d’Olivet écrit, en 1736, que l’accent des Canadiens est plus proche de celui de Paris et de la cour que ne l’est celui de Bordeaux ou de Marseille. Comment expliquer cela ?
L’accent des Canadiens était bien celui de Paris et de la cour, même s’il y avait des variantes. À Paris – à la cour en particulier – l’élocution était plus gracieuse et élégante qu’en province. Probablement que, dans la haute société canadienne et en particulier à Québec où l’on était davantage en contact avec les gens venant de France qu’à Montréal, l’élocution était aussi raffinée. Mais, globalement, l’accent canadien était le même que celui du Nord de la France. Car à l’époque, la France était divisée en deux zones linguistiques. Au nord de la Loire, on parlait comme les Parisiens, alors qu’au sud, le langage – le provençal, par exemple – était tout à fait différent. Tellement que, lorsque le dramaturge Jean Racine descend de Paris à Uzès, il affirme qu’à partir de Lyon, il ne comprend plus rien. À l’époque, les gens du nord ne saisissaient pas ce que disaient les méridionaux. Pourquoi ? Parce que le latin n’a pas évolué de la même façon dans toute la Gaule. Dans le nord, la langue a été beaucoup plus influencée par les Germains. Ailleurs, le parler est resté beaucoup plus proche du latin. Or, la majorité des Canadiens viennent du nord, de toute la côte ouest jusqu’à Bordeaux.
Que s’est-il passé pour que les voyageurs du XIXe siècle trouvent que l’accent canadien « sonne populaire », provincial, voire même paysan ?
Il faut savoir qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles, il existait deux styles à Paris même. D’un côté, le style familier de la cour et des salons, caractérisé par une prononciation naturelle et sans effort; de l’autre, le style soutenu ou le « grand usage » des prédicateurs, des avocats et des comédiens, qui se distinguait par une prononciation très majestueuse, précise et articulée. La prononciation canadienne des XVIIe et XVIIIe siècles était très proche du style familier de la cour, qu’on appelait aussi le « bel usage ». On disait « mouai », « touai », c’te femme », c’t’homme, etc., tandis que les prédicateurs, les comédiens et les avocats du Parlement de Paris disaient « moi », « toi », « cette femme », « cet homme ». Cette dernière prononciation était enseignée dans les collèges. C’est donc celle que la bourgeoisie, dont les enfants fréquentaient ces établissements, a apprise et qui s’est peu à peu répandue dans les salons au XVIIIe siècle. Lorsque, à la Révolution, la bourgeoisie a pris le pouvoir et que la noblesse a été chassée, cette prononciation est devenue celle de la haute société, alors que le style familier a été déclassé. Autrement dit, ce sont les Parisiens qui, sans s’en apercevoir, ont changé d’accent. C’est ce qui explique que les voyageurs du XIXe siècle trouvent que les Canadiens ont un accent provincial.
Selon vous, la Révolution tranquille marque un tournant dans l’histoire de l’accent. Pourquoi ?
La population québécoise dans son ensemble a commencé à prendre conscience de l’existence d’une nouvelle prononciation avec la naissance de la radio. Rappelons qu’au début, à la radio, beaucoup d’annonceurs étaient français. Dans mon enfance, c’étaient des Français qui décrivaient les parties d’hockey. Dans les années 1920-1930, le cinéma français est arrivé chez nous et on a commencé à l’accent parisien. À la fin des années 1960, non seulement il y a la radio, le cinéma et la télévision, mais beaucoup de Québécoise se rendent en France et le niveau d’éducation de la population s’améliore. C’est l’époque où l’on commence à vouloir prendre notre place dans les organismes internationaux, notamment au sein de la francophonie. Notre accent s’est alors mis à changer rapidement. Il y a eu une prise de conscience que l’accent québécois ancien n’était plus acceptable comme parler public.
Notre accent ne serait plus acceptable ?
Nous sommes à l’ère de la mondialisation et, sur la scène internationale francophone, c’est toujours Paris qui donne le ton. Si nous étions 300 millions de Québécois, il n’y aurait pas de problème avec notre accent. La domination linguistique est toujours, en même temps, une domination politique, culturelle et économique. Si vous êtes le plus puissant, on va adopter votre langage. Dans le monde, les gens utilisent beaucoup plus l’anglais américain que l’anglais européen et ils vont aux États-Unis pour l’apprendre parce que ce sont les États-Unis qui dominent le monde. Si nous avions bâti ici un empire semblable au leur, non seulement l’accent parisien nous apparaîtrait un peu guindé et prétentieux – comme l’accent anglais à l’oreille des Américains – mais surtout, nous ne songerions pas à l’imiter. Notre culture a beau être vivante, nous ne sommes que 7 millions. Et pour le reste de la francophonie – la France, la Suisse, la Belgique, l’Afrique francophone et même Haïti -, le modèle à suivre est celui de Paris. Comme la différence est encore très marquée entre notre façon de parler et celle du reste de la francophonie, je pense qu’il y aura encore de petits ajustements dans notre prononciation. Cela dit, on gardera toujours un certain accent qui nous est propre : l’accent québécois.
Propos recueillis par Marie-Claude Bourdon pour la revue Québec Science (oct.2008)
=====
À votre tour de vous exprimer, si vous avez trouvé ce propos intéressant ou ce qui vous a le plus frappé. Des contestations ? Mais sans accent. Car, il faut bien le dire, le français virtuel n’a pas d’accent. Il m’arrive d’essayer d’en donner à nos amis Parisiens mais c’est rare que j’y arrive, le mien gagne tout de suite !
Pourquoi publier un ouvrage sur l’origine de l’accent ?
J’avais l’intention d’écrire un livre sur l’histoire de la prononciation du français au Québec. J’y ai travaillé de façon intermittente et, il y a trois ans, je me suis dit qu’il fallait commencer par le début, et le début, c’est l’origine de l’accent. Tous les témoignages des voyageurs aux XVIIe XVIIIe siècles concordent : il n’y a pas d’accent au Canada. Bougainville (le célèbre explorateur français) le confirme en 1757 : « L’accent des Canadiens est aussi pur que celui des Parisiens ». À partir de 1810, toutefois, les voyageurs trouvent le français parlé au Canada déplorable. Que s’est-il passé entre 1760 et 1810 pour que devienne différent ce qui, 50 ans auparavant, était jugé identique ? Qui a changé d’accent ? C’est d’abord pour résoudre cette énigme que j’ai écrit cet ouvrage.
L’abbé Thoulier d’Olivet écrit, en 1736, que l’accent des Canadiens est plus proche de celui de Paris et de la cour que ne l’est celui de Bordeaux ou de Marseille. Comment expliquer cela ?
L’accent des Canadiens était bien celui de Paris et de la cour, même s’il y avait des variantes. À Paris – à la cour en particulier – l’élocution était plus gracieuse et élégante qu’en province. Probablement que, dans la haute société canadienne et en particulier à Québec où l’on était davantage en contact avec les gens venant de France qu’à Montréal, l’élocution était aussi raffinée. Mais, globalement, l’accent canadien était le même que celui du Nord de la France. Car à l’époque, la France était divisée en deux zones linguistiques. Au nord de la Loire, on parlait comme les Parisiens, alors qu’au sud, le langage – le provençal, par exemple – était tout à fait différent. Tellement que, lorsque le dramaturge Jean Racine descend de Paris à Uzès, il affirme qu’à partir de Lyon, il ne comprend plus rien. À l’époque, les gens du nord ne saisissaient pas ce que disaient les méridionaux. Pourquoi ? Parce que le latin n’a pas évolué de la même façon dans toute la Gaule. Dans le nord, la langue a été beaucoup plus influencée par les Germains. Ailleurs, le parler est resté beaucoup plus proche du latin. Or, la majorité des Canadiens viennent du nord, de toute la côte ouest jusqu’à Bordeaux.
Que s’est-il passé pour que les voyageurs du XIXe siècle trouvent que l’accent canadien « sonne populaire », provincial, voire même paysan ?
Il faut savoir qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles, il existait deux styles à Paris même. D’un côté, le style familier de la cour et des salons, caractérisé par une prononciation naturelle et sans effort; de l’autre, le style soutenu ou le « grand usage » des prédicateurs, des avocats et des comédiens, qui se distinguait par une prononciation très majestueuse, précise et articulée. La prononciation canadienne des XVIIe et XVIIIe siècles était très proche du style familier de la cour, qu’on appelait aussi le « bel usage ». On disait « mouai », « touai », c’te femme », c’t’homme, etc., tandis que les prédicateurs, les comédiens et les avocats du Parlement de Paris disaient « moi », « toi », « cette femme », « cet homme ». Cette dernière prononciation était enseignée dans les collèges. C’est donc celle que la bourgeoisie, dont les enfants fréquentaient ces établissements, a apprise et qui s’est peu à peu répandue dans les salons au XVIIIe siècle. Lorsque, à la Révolution, la bourgeoisie a pris le pouvoir et que la noblesse a été chassée, cette prononciation est devenue celle de la haute société, alors que le style familier a été déclassé. Autrement dit, ce sont les Parisiens qui, sans s’en apercevoir, ont changé d’accent. C’est ce qui explique que les voyageurs du XIXe siècle trouvent que les Canadiens ont un accent provincial.
Selon vous, la Révolution tranquille marque un tournant dans l’histoire de l’accent. Pourquoi ?
La population québécoise dans son ensemble a commencé à prendre conscience de l’existence d’une nouvelle prononciation avec la naissance de la radio. Rappelons qu’au début, à la radio, beaucoup d’annonceurs étaient français. Dans mon enfance, c’étaient des Français qui décrivaient les parties d’hockey. Dans les années 1920-1930, le cinéma français est arrivé chez nous et on a commencé à l’accent parisien. À la fin des années 1960, non seulement il y a la radio, le cinéma et la télévision, mais beaucoup de Québécoise se rendent en France et le niveau d’éducation de la population s’améliore. C’est l’époque où l’on commence à vouloir prendre notre place dans les organismes internationaux, notamment au sein de la francophonie. Notre accent s’est alors mis à changer rapidement. Il y a eu une prise de conscience que l’accent québécois ancien n’était plus acceptable comme parler public.
Notre accent ne serait plus acceptable ?
Nous sommes à l’ère de la mondialisation et, sur la scène internationale francophone, c’est toujours Paris qui donne le ton. Si nous étions 300 millions de Québécois, il n’y aurait pas de problème avec notre accent. La domination linguistique est toujours, en même temps, une domination politique, culturelle et économique. Si vous êtes le plus puissant, on va adopter votre langage. Dans le monde, les gens utilisent beaucoup plus l’anglais américain que l’anglais européen et ils vont aux États-Unis pour l’apprendre parce que ce sont les États-Unis qui dominent le monde. Si nous avions bâti ici un empire semblable au leur, non seulement l’accent parisien nous apparaîtrait un peu guindé et prétentieux – comme l’accent anglais à l’oreille des Américains – mais surtout, nous ne songerions pas à l’imiter. Notre culture a beau être vivante, nous ne sommes que 7 millions. Et pour le reste de la francophonie – la France, la Suisse, la Belgique, l’Afrique francophone et même Haïti -, le modèle à suivre est celui de Paris. Comme la différence est encore très marquée entre notre façon de parler et celle du reste de la francophonie, je pense qu’il y aura encore de petits ajustements dans notre prononciation. Cela dit, on gardera toujours un certain accent qui nous est propre : l’accent québécois.
Propos recueillis par Marie-Claude Bourdon pour la revue Québec Science (oct.2008)
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À votre tour de vous exprimer, si vous avez trouvé ce propos intéressant ou ce qui vous a le plus frappé. Des contestations ? Mais sans accent. Car, il faut bien le dire, le français virtuel n’a pas d’accent. Il m’arrive d’essayer d’en donner à nos amis Parisiens mais c’est rare que j’y arrive, le mien gagne tout de suite !
vendredi 26 décembre 2008
Vacuum - Christian Mistral
« Je crois furieusement que personne n'est sur cette terre pour écrire des livres. Il faut vivre dans la joie la plus féroce que nous permet notre tempérament. Seulement, oui, quand un livre est fini, on en commence un autre, jusqu'au dernier hoquet, en essayant de retenir un peu de beauté entre ses doigts, et de ne pas écrire trop de conneries."
Cette déclaration, c’est Christian Mistral qui l’a sortie en 2003 en même temps que deux livres : Origines, un essai dans la collection ÉCRIRE – et Vacuum. Si nous revenons à la source du mot, vacuum est un espace vide, sans matière. Une page blanche. Ou plusieurs pages blanches qui se remplissent de mots comme le sang circulant dans les veines de l’écrivain.
En 2003, cette suite de réflexions, émotions, inspirations, défilant au jour le jour, heure après heure s’est laissée classer sous « journal ». Si Vacuum sortait aujourd’hui, on appellerait probablement blogue cette intense danse du quotidien d’un auteur qui nous ouvre grand la porte de son appartement. En plus, cette livrée de confidences déversée sur un ton touchant autant que troublant, cet échange amical et intime de l'écrivain au lecteur, n’aurait certainement pas passé inaperçu. Ne serait-ce que pour son absence de prétention, mais plus encore pour la simplicité de l’ouverture grande, sans peur d’être jugé, pour toute la confiance portée au lecteur que ce don de soi sera accepté, accueilli, aimé.
Il faut bien partir du vacuum pour remplir aussi densément un espace. De la densité marquée par l’intensité, il y en a tant en si peu de temps, qu’il est recommandé de la déguster par petites bouchées de mots. Je l’ai vite réalisé. Au début, à essayer d'en lire beaucoup, je cherchais mon souffle, courrais après un point, une fin de chapitre, d’époque, d’ambiance, n’importe quoi qui me dirait : on est arrivé quelque part, reprend ton souffle ; ingurgite, digère, assimile. Ce texte ne peut se lire comme un roman, c'est impossible. À moins de tenir absolument à passer à côté du quotidien d’un homme prolifique, généreux, inspiré. Ce serait prétendre que la musique, c'est seulement des notes, sans sa pause, sans son silence, ces espaces où l’on puise sa réserve d’air. Dans Vacuum, il faut intercaler des silences, des réflexions, entre ces cascades effrénées de mots.
En même temps que Mistral, voyage un vent mythique et ce vent le rend plus grand, plus effrayant que nature. Dans Vacuum, l’offrande nous est faite de rencontrer sa nature d’homme qui vit et se bat, comme tout le monde, avec son quotidien : apprêter son pâté chinois, attendre ou consoler un ami, rêver à sa douce, visiter sa mère, comprendre son fils. Cependant que c’est un écrivain, pas un forgeron, nous entrons donc dans les chambres quotidiennes de l’inspiration et qu’est-ce d’autres pour un écrivain que rester à l’affût de l’actualité de la vie ? Discours, réflexions, tirades ciblent les rouages de la société, certaines fois le propos est déjà dépassé par l’histoire pour tout ce que l’actualité a d’impitoyablement passager ou, d’autres fois, les plus nombreuses, le propos est encore percutant.
Ce qui m’a le plus frappée, fascinée même, est ce regard que Christian Mistral pose sur lui-même, qu’il soit dans une situation où sa liberté lui est retirée, ou alors à essayer d'écrire (Origines, qu’il écrivait en simultané à Vacuum), ou complètement paumé, il garde toujours un espace libre entre lui et sa vie, comme si elle se vivait en différée. Et c’est le cas, puisqu’à poursuivre le but d'observer sa vie pour nous l’offrir en pâture, il devient un personnage à ses propres yeux. Un personnage qui se tient près de son auteur, aussi près que le souffle du cœur laissant échapper une longue respiration, inspirant la satisfaction, expirant la déception.
Et quand je pense que je ne vous ai même pas encore parlé du style ! Celui-ci, même s’il sert à décrire le quotidien, ne l’est assurément pas. Ce style débridé, inspiré, continue à nous pousser hors de la ligne du conventionnel et de l’attendu, nous propulse encore et toujours loin de soi, nous emportant au-delà du raisonné, pour atterrir en douceur ou en douleur, en plein cœur du senti.
Cela pourrait être le temps de vous offrir quelques extraits, mais je l’ai déjà fait dans Extraits apéritifs (oui, oui, retournez-y, ce portrait d’extraits vaut la peine !), par contre, comme j’ai commencé par les mots de l’auteur, ça me plairait de terminer avec eux. Cette fois, je tâterai de l’intrépide laissant une chance à la vie d’être accommodante, que le dit extrait soit choisi par le hasard, sans que mon « je » ne soit en cause, autre que par le bout de mes doigts qui pointe le paragraphe :
« Y a des gens, je vous jure, la liberté les fait râler (surtout la mienne). Hier, quelqu’un que je ne nommerai pas me demande de rester. À regret, j’explique que j’ai des choses à faire au Bunker. « Dans ce cas, SORS DE MA VIE !, hurle quelqu’un.
Ciel d’Afrique et pattes de gazelle ! Quelle bonne occasion de réintégrer la mienne, pensé-je. »
Cette déclaration, c’est Christian Mistral qui l’a sortie en 2003 en même temps que deux livres : Origines, un essai dans la collection ÉCRIRE – et Vacuum. Si nous revenons à la source du mot, vacuum est un espace vide, sans matière. Une page blanche. Ou plusieurs pages blanches qui se remplissent de mots comme le sang circulant dans les veines de l’écrivain.
En 2003, cette suite de réflexions, émotions, inspirations, défilant au jour le jour, heure après heure s’est laissée classer sous « journal ». Si Vacuum sortait aujourd’hui, on appellerait probablement blogue cette intense danse du quotidien d’un auteur qui nous ouvre grand la porte de son appartement. En plus, cette livrée de confidences déversée sur un ton touchant autant que troublant, cet échange amical et intime de l'écrivain au lecteur, n’aurait certainement pas passé inaperçu. Ne serait-ce que pour son absence de prétention, mais plus encore pour la simplicité de l’ouverture grande, sans peur d’être jugé, pour toute la confiance portée au lecteur que ce don de soi sera accepté, accueilli, aimé.
Il faut bien partir du vacuum pour remplir aussi densément un espace. De la densité marquée par l’intensité, il y en a tant en si peu de temps, qu’il est recommandé de la déguster par petites bouchées de mots. Je l’ai vite réalisé. Au début, à essayer d'en lire beaucoup, je cherchais mon souffle, courrais après un point, une fin de chapitre, d’époque, d’ambiance, n’importe quoi qui me dirait : on est arrivé quelque part, reprend ton souffle ; ingurgite, digère, assimile. Ce texte ne peut se lire comme un roman, c'est impossible. À moins de tenir absolument à passer à côté du quotidien d’un homme prolifique, généreux, inspiré. Ce serait prétendre que la musique, c'est seulement des notes, sans sa pause, sans son silence, ces espaces où l’on puise sa réserve d’air. Dans Vacuum, il faut intercaler des silences, des réflexions, entre ces cascades effrénées de mots.
En même temps que Mistral, voyage un vent mythique et ce vent le rend plus grand, plus effrayant que nature. Dans Vacuum, l’offrande nous est faite de rencontrer sa nature d’homme qui vit et se bat, comme tout le monde, avec son quotidien : apprêter son pâté chinois, attendre ou consoler un ami, rêver à sa douce, visiter sa mère, comprendre son fils. Cependant que c’est un écrivain, pas un forgeron, nous entrons donc dans les chambres quotidiennes de l’inspiration et qu’est-ce d’autres pour un écrivain que rester à l’affût de l’actualité de la vie ? Discours, réflexions, tirades ciblent les rouages de la société, certaines fois le propos est déjà dépassé par l’histoire pour tout ce que l’actualité a d’impitoyablement passager ou, d’autres fois, les plus nombreuses, le propos est encore percutant.
Ce qui m’a le plus frappée, fascinée même, est ce regard que Christian Mistral pose sur lui-même, qu’il soit dans une situation où sa liberté lui est retirée, ou alors à essayer d'écrire (Origines, qu’il écrivait en simultané à Vacuum), ou complètement paumé, il garde toujours un espace libre entre lui et sa vie, comme si elle se vivait en différée. Et c’est le cas, puisqu’à poursuivre le but d'observer sa vie pour nous l’offrir en pâture, il devient un personnage à ses propres yeux. Un personnage qui se tient près de son auteur, aussi près que le souffle du cœur laissant échapper une longue respiration, inspirant la satisfaction, expirant la déception.
Et quand je pense que je ne vous ai même pas encore parlé du style ! Celui-ci, même s’il sert à décrire le quotidien, ne l’est assurément pas. Ce style débridé, inspiré, continue à nous pousser hors de la ligne du conventionnel et de l’attendu, nous propulse encore et toujours loin de soi, nous emportant au-delà du raisonné, pour atterrir en douceur ou en douleur, en plein cœur du senti.
Cela pourrait être le temps de vous offrir quelques extraits, mais je l’ai déjà fait dans Extraits apéritifs (oui, oui, retournez-y, ce portrait d’extraits vaut la peine !), par contre, comme j’ai commencé par les mots de l’auteur, ça me plairait de terminer avec eux. Cette fois, je tâterai de l’intrépide laissant une chance à la vie d’être accommodante, que le dit extrait soit choisi par le hasard, sans que mon « je » ne soit en cause, autre que par le bout de mes doigts qui pointe le paragraphe :
« Y a des gens, je vous jure, la liberté les fait râler (surtout la mienne). Hier, quelqu’un que je ne nommerai pas me demande de rester. À regret, j’explique que j’ai des choses à faire au Bunker. « Dans ce cas, SORS DE MA VIE !, hurle quelqu’un.
Ciel d’Afrique et pattes de gazelle ! Quelle bonne occasion de réintégrer la mienne, pensé-je. »
mercredi 24 décembre 2008
La lecture en cadeau
J'étais à emballer le dernier cadeau quand j'ai pensé aux enfants qui ne reçoivent jamais de livre en cadeau. Je me suis souvenu des deux années où j'ai participé à La lecture en cadeau. La première année où je l'ai fait, j'ai eu la surprise de réaliser que nous pouvons, si cela nous tente, écrire à l'enfant, lui exposant par exemple pourquoi avoir choisi le livre qu'il a entre les mains. Nous pouvions même lui laisser nos coordonnés. J'en ais jamais eu de nouvelles, mais qu'importe.
J'étais tout à coup désolé de ne pas l'avoir fait cette année. Je me demandais d'ailleurs pourquoi. Est-ce parce que je n'ai pas vu de boîte placé à cet effet, accompagnée de la trousse de don ? Je suis allé fureter avec le grand fureteur par excellente et j'ai appris qu'il est encore possible d'y participer par l'entremise d'une des 160 librairies dont la liste est ici. J'avoue en avoir été surprise, étant sur l'impression que le cadeau en était un de Noël. Mais non, l'enfant le reçoit au mois de mai. Je me souvenais plus de ce "détail" ...
Coudon ! Quoi de mieux que rattraper un geste manqué !
Mais là, je dois retourner à mon sucre à la crème, parce que, sinon, je risque d'en manquer, un geste !
Je vous laisse avec les infos qui justement me manquaient, mais pas avant de vous avoir souhaité un :
En novembre et décembre 2008, (pas fini à ce que je sache le mois de décembre !) la Fondation pour l’alphabétisation vous invite à acheter un livre neuf à un enfant pauvre.
Dans le cadre du 10e anniversaire du projet La lecture en cadeauMD, faites l’achat d’un livre neuf pour un enfant de 0 à 12 ans. Mettez un peu d’imaginaire dans l’ordinaire des enfants qui vivent dans des familles où le rapport aux livres est bien souvent inexistant.
En donnant envie à un enfant de lire et de découvrir, vous lui ouvrez une porte lui permettant d’échapper au décrochage scolaire. Vous donnez aussi à la Fondation l’occasion d’entrer en contact avec les parents faibles lecteurs qui voudraient un jour entreprendre une démarche d’alphabétisation dans le but de contribuer à l’éducation et à la qualité de vie de leurs enfants. La ligne Info-Alpha est là pour les soutenir : 1 800 361-9142.
Objectif de la 10e édition : amasser 30 000 livres jeunesse neufs!
COMMENT PARTICIPER
1. Achetez un livre jeunesse neuf (0 à 12 ans)
2. Demandez la trousse de don
3. Écrivez sur le signet-dédicace un mot d’encouragement à l’enfant.
4. Remplissez la carte postale pour avoir de ses nouvelles.
5. Remettez le tout dans le sac et déposez-le dans la boîte de collecte à l’effigie du projet.
6. Vous pouvez aussi faire un don dans les tirelires ou ici .
J'étais tout à coup désolé de ne pas l'avoir fait cette année. Je me demandais d'ailleurs pourquoi. Est-ce parce que je n'ai pas vu de boîte placé à cet effet, accompagnée de la trousse de don ? Je suis allé fureter avec le grand fureteur par excellente et j'ai appris qu'il est encore possible d'y participer par l'entremise d'une des 160 librairies dont la liste est ici. J'avoue en avoir été surprise, étant sur l'impression que le cadeau en était un de Noël. Mais non, l'enfant le reçoit au mois de mai. Je me souvenais plus de ce "détail" ...
Coudon ! Quoi de mieux que rattraper un geste manqué !
Mais là, je dois retourner à mon sucre à la crème, parce que, sinon, je risque d'en manquer, un geste !
Je vous laisse avec les infos qui justement me manquaient, mais pas avant de vous avoir souhaité un :
UN NOËL DES PLUS JOYEUX !
En novembre et décembre 2008, (pas fini à ce que je sache le mois de décembre !) la Fondation pour l’alphabétisation vous invite à acheter un livre neuf à un enfant pauvre.
Dans le cadre du 10e anniversaire du projet La lecture en cadeauMD, faites l’achat d’un livre neuf pour un enfant de 0 à 12 ans. Mettez un peu d’imaginaire dans l’ordinaire des enfants qui vivent dans des familles où le rapport aux livres est bien souvent inexistant.
En donnant envie à un enfant de lire et de découvrir, vous lui ouvrez une porte lui permettant d’échapper au décrochage scolaire. Vous donnez aussi à la Fondation l’occasion d’entrer en contact avec les parents faibles lecteurs qui voudraient un jour entreprendre une démarche d’alphabétisation dans le but de contribuer à l’éducation et à la qualité de vie de leurs enfants. La ligne Info-Alpha est là pour les soutenir : 1 800 361-9142.
Objectif de la 10e édition : amasser 30 000 livres jeunesse neufs!
COMMENT PARTICIPER
1. Achetez un livre jeunesse neuf (0 à 12 ans)
2. Demandez la trousse de don
3. Écrivez sur le signet-dédicace un mot d’encouragement à l’enfant.
4. Remplissez la carte postale pour avoir de ses nouvelles.
5. Remettez le tout dans le sac et déposez-le dans la boîte de collecte à l’effigie du projet.
6. Vous pouvez aussi faire un don dans les tirelires ou ici .
mardi 23 décembre 2008
Extraits apéritifs
Toute l’année, j’ai parlé d’une œuvre littéraire et ensuite, ou pendant, j’en ai relevé des extraits. Et pourquoi ne pas inverser, me suis-je dit, présenter les extraits, comme un apéritif à siroter lentement, avant le commentaire de lecture ? Et tant qu’à être dans le changement, taire le nom de l’auteur, disons, euh … jusqu’au 26 décembre ? En autant que je digère bien mes tourtières, bien évidemment !
Capturé une bibitte à patates. L’ai soigneusement transportée dehors. Quand on songe à ce que je fais subir aux scarabées et aux papillons bruns, ça soulève la question des avantages de la beauté subjective. Et la question de Dieu, tant qu’à y être, lequel, pour autant qu’on en puisse juger, fait la même chose avec nous, et pour les mêmes raisons. (p. 153)
L’humeur acide d’un ciel qui gronde s’engouffre avec violence par ma croisée béante, mouille la moitié du plancher jusqu’à mon établi, et je laisse faire, trempant mes bas. Justine m’a traité hier de conciliant, et ca m’a assez plu, et je m’en voudrais de la décevoir, mais plus encore je me plais en personne patiente, impénitent Protée que je demeure. En outre, je suis depuis longtemps d’avis qu’on obtient le meilleur du monde en l’attendant de lui, et que ça vaut pour le pire aussi. (p.155)
Depuis Augustin, qui prenait rarement le temps de se reziper, la question fait rage de savoir ce qui vaincra, de la chair ou de l’esprit. C’est pourquoi Grégoire VII a eu la brillante idée d’exiger le célibat des prêtres. Mais n’est-ce pas là un faux débat, une prémisse sophistique malsaine ? On bande autant de la tête que du mandrin, me semble-t-il, et on jouit d’une image avant de frémir au contact. Prétendre qu’il y a opposition entre la chair et l’esprit, n’est-ce pas entraîner l’homme dans une guerre sans fin avec lui-même ? (p.161)
[…] C’est la valeur de la joie légère que j’éprouve à les écrire qui m’importe, si semblable à mes premiers émois de littérateur adolescent. Ces instants se font si cruellement désirer, davantage chaque année, et c’est toujours plus difficile et moins satisfaisant de compenser le déficit de cœur qu’accusent mes pages par un surcroît de technique et de magie blanche. (p.173)
J’ai compris, alors, ce que je ne faisais que soupçonner jusque-là : c’est une erreur de concevoir un roman comme une auberge espagnole, avec de tout pour tous. Ce n’est qu’en passant par le particulier qu’on peut accéder à l’universel. Les exégètes mentent en prétendant décortiquer un texte et y retrouver les intentions de l’auteur. En analyse littéraire, on fait ainsi passer les écrivains pour bien plus intelligents qu’ils ne sont en réalité, décourageant les jeunes et protégeant la mystique. (p.215)
Tout est oralité chez moi, faut toujours que j’aie un truc aux lèvres : mot, mégot, goulot, gigot … (p.232)
[...] Celui qui prend le temps de consigner par écrit les tenants de sa vie reçoit en retour le rare privilège d’en vivre une deuxième, contiguë. (p.273)
Qui est l'oeuvre et l'auteur ? Réponse.
Capturé une bibitte à patates. L’ai soigneusement transportée dehors. Quand on songe à ce que je fais subir aux scarabées et aux papillons bruns, ça soulève la question des avantages de la beauté subjective. Et la question de Dieu, tant qu’à y être, lequel, pour autant qu’on en puisse juger, fait la même chose avec nous, et pour les mêmes raisons. (p. 153)
L’humeur acide d’un ciel qui gronde s’engouffre avec violence par ma croisée béante, mouille la moitié du plancher jusqu’à mon établi, et je laisse faire, trempant mes bas. Justine m’a traité hier de conciliant, et ca m’a assez plu, et je m’en voudrais de la décevoir, mais plus encore je me plais en personne patiente, impénitent Protée que je demeure. En outre, je suis depuis longtemps d’avis qu’on obtient le meilleur du monde en l’attendant de lui, et que ça vaut pour le pire aussi. (p.155)
Depuis Augustin, qui prenait rarement le temps de se reziper, la question fait rage de savoir ce qui vaincra, de la chair ou de l’esprit. C’est pourquoi Grégoire VII a eu la brillante idée d’exiger le célibat des prêtres. Mais n’est-ce pas là un faux débat, une prémisse sophistique malsaine ? On bande autant de la tête que du mandrin, me semble-t-il, et on jouit d’une image avant de frémir au contact. Prétendre qu’il y a opposition entre la chair et l’esprit, n’est-ce pas entraîner l’homme dans une guerre sans fin avec lui-même ? (p.161)
[…] C’est la valeur de la joie légère que j’éprouve à les écrire qui m’importe, si semblable à mes premiers émois de littérateur adolescent. Ces instants se font si cruellement désirer, davantage chaque année, et c’est toujours plus difficile et moins satisfaisant de compenser le déficit de cœur qu’accusent mes pages par un surcroît de technique et de magie blanche. (p.173)
J’ai compris, alors, ce que je ne faisais que soupçonner jusque-là : c’est une erreur de concevoir un roman comme une auberge espagnole, avec de tout pour tous. Ce n’est qu’en passant par le particulier qu’on peut accéder à l’universel. Les exégètes mentent en prétendant décortiquer un texte et y retrouver les intentions de l’auteur. En analyse littéraire, on fait ainsi passer les écrivains pour bien plus intelligents qu’ils ne sont en réalité, décourageant les jeunes et protégeant la mystique. (p.215)
Tout est oralité chez moi, faut toujours que j’aie un truc aux lèvres : mot, mégot, goulot, gigot … (p.232)
[...] Celui qui prend le temps de consigner par écrit les tenants de sa vie reçoit en retour le rare privilège d’en vivre une deuxième, contiguë. (p.273)
Qui est l'oeuvre et l'auteur ? Réponse.
dimanche 21 décembre 2008
RÉPONSES au Méli Mélo Mots
Exercice 1 (remplacez les mots en italique)
A. Pas facile de manoeuvrer cette machine (ou utiliser)
B. Prendre ce raccourci va me faire gagner du temps
C. Selon les conditions du contrat … (ou clauses)
D. J’ai dû partir à l’entracte
E. Il me faudrait passer l’aspirateur (j’ai l’impression qu’en France, ça ne colle pas !)
F. Quelles sont les conditions d’admissibilité à ce concours.
Exercice 2 (remplacez « élaboré » par le mot approprié)
A. Pourriez-vous développer davantage votre sujet de composition
B. Elle a une toilette recherchée (sophistiquée, extravagante, soignée ...!)
C. C’est un programme très compliqué
Explication :
Élaborer, c’est préparer, construire par un long travail de l’esprit.
Élaborer, au sens de développer, préciser, donner des détails, est un anglicisme.
Exercice 3 (relever l’anglicisme )
Il y en avait deux :
1 Servir un avertissement
2 Il faudrait informer les personnes impliquées
Explication :
Employé en tant que transitif direct, servir se rapporte à des personnes. Il signifie s’acquitter de certains devoirs ou donner à manger. On ne peut donc servir un avertissement, servir au sens de « donner » est alors un anglicisme.
Être impliqué, c’est se trouver compromis dans une situation fâcheuse, illégale ou être engagé dans une cause, dans une action. Impliqué au sens de concerné est un anglicisme.
Exercice 4 - Tout
A. Les gens sont tout surpris (n’avait pas à être corrigé)
B. Rachel est tout heureuse (retrait du « e »)
C. Hélène est toute surprise (n’avait pas à être corrigé)
D. Elles sont toutes honteuses (ajout de « es »)
E. L’assistance tout entière se lève (retrait du « e »)
F. Les bolides sont tout seuls sur la piste (tout au lieu de tous)
Explication :
Le mot « tout » peut être adverbe quand il est placé devant un adjectif qualificatif. Il signifie alors « tout à fait » « entièrement »
Invariable si l’adjectif est au masculin
Invariable si l’adjectif est au féminin et commençant par une voyelle ou un « h » muet
Variable si l’adjectif est au féminin commençant par une consonne ou un « h » aspiré.
Règles tirées de Ma grammaire de Jacques Laurin et Roland Jacob, Éditions de l’homme.
N.B. : Toutes les "explications" sont tirées textuellement du "Bulletin pour tout dire " par Jacques Laurin.
=====
Je suis particulièrement contente pour cette règle du "Tout". Il me semble qu'enfin, elle s'est éclaircie dans ma tête. Et c'est bien là le but de l'exercice !
Susceptible - Colérique - irritable
Ah, bien là, nous allons pas laisser Jacques Laurin ou autres maîtres de la langue en décider à notre place ! Et si ça nous tente, on peut être les trois, c'est à nos risques et périls.
Mais, bonhomme de neige, que ça doit être fatiguant !
Allez, la récréation du Temps des Fêtes maintenant !
A. Pas facile de manoeuvrer cette machine (ou utiliser)
B. Prendre ce raccourci va me faire gagner du temps
C. Selon les conditions du contrat … (ou clauses)
D. J’ai dû partir à l’entracte
E. Il me faudrait passer l’aspirateur (j’ai l’impression qu’en France, ça ne colle pas !)
F. Quelles sont les conditions d’admissibilité à ce concours.
Exercice 2 (remplacez « élaboré » par le mot approprié)
A. Pourriez-vous développer davantage votre sujet de composition
B. Elle a une toilette recherchée (sophistiquée, extravagante, soignée ...!)
C. C’est un programme très compliqué
Explication :
Élaborer, c’est préparer, construire par un long travail de l’esprit.
Élaborer, au sens de développer, préciser, donner des détails, est un anglicisme.
Exercice 3 (relever l’anglicisme )
Il y en avait deux :
1 Servir un avertissement
2 Il faudrait informer les personnes impliquées
Explication :
Employé en tant que transitif direct, servir se rapporte à des personnes. Il signifie s’acquitter de certains devoirs ou donner à manger. On ne peut donc servir un avertissement, servir au sens de « donner » est alors un anglicisme.
Être impliqué, c’est se trouver compromis dans une situation fâcheuse, illégale ou être engagé dans une cause, dans une action. Impliqué au sens de concerné est un anglicisme.
Exercice 4 - Tout
A. Les gens sont tout surpris (n’avait pas à être corrigé)
B. Rachel est tout heureuse (retrait du « e »)
C. Hélène est toute surprise (n’avait pas à être corrigé)
D. Elles sont toutes honteuses (ajout de « es »)
E. L’assistance tout entière se lève (retrait du « e »)
F. Les bolides sont tout seuls sur la piste (tout au lieu de tous)
Explication :
Le mot « tout » peut être adverbe quand il est placé devant un adjectif qualificatif. Il signifie alors « tout à fait » « entièrement »
Invariable si l’adjectif est au masculin
Invariable si l’adjectif est au féminin et commençant par une voyelle ou un « h » muet
Variable si l’adjectif est au féminin commençant par une consonne ou un « h » aspiré.
Règles tirées de Ma grammaire de Jacques Laurin et Roland Jacob, Éditions de l’homme.
N.B. : Toutes les "explications" sont tirées textuellement du "Bulletin pour tout dire " par Jacques Laurin.
=====
Je suis particulièrement contente pour cette règle du "Tout". Il me semble qu'enfin, elle s'est éclaircie dans ma tête. Et c'est bien là le but de l'exercice !
Susceptible - Colérique - irritable
Ah, bien là, nous allons pas laisser Jacques Laurin ou autres maîtres de la langue en décider à notre place ! Et si ça nous tente, on peut être les trois, c'est à nos risques et périls.
Mais, bonhomme de neige, que ça doit être fatiguant !
Allez, la récréation du Temps des Fêtes maintenant !
vendredi 19 décembre 2008
Méli Mélo Mots
Aucune odeur de tourtière, ni même de farce, l’odeur des mots seulement dans cette dernière leçon de français en 2008.
Remplacez les mots en italique
A. Pas facile d’opérer cette machine
B. Prendre ce raccourci va me faire sauver du temps
C. Selon les termes du contrat …
D. J’ai dû partir à l’intermission
E. Il me faudrait passer la balayeuse
F. Quelles sont les conditions d’éligibilité à ce concours ?
Élaborer est ajouté à toutes les sauces, remplacez-le par le mot approprié
A. Pourriez-vous élaborer davantage votre sujet de composition ?
B. Elle a une toilette élaborée
C. C’est un programme très élaborée
Relever les anglicismes (au besoin)
A. Donner un avertissement
B. Servir un avertissement
C. Je me suis trouvé impliqué dans cet accident
D. Il faudrait informer les personnes impliquées
E. Je suis impliqué dans un mouvement pour la promotion du droit des enfants
Au besoin, corrigez l'accord de l'adverbe tout dans les phrases suivantes :
A. Les gens sont tout surpris.
B. Rachel est toute heureuse.
C. Hélène est toute surprise.
D. Elles sont tout honteuses.
E. L'assistance toute entière se lève.
F. Les bolides sont tous seuls sur la piste
Êtes-vous ?
Le susceptible se vexe – affecté dans son amour-propre
Le colérique se cabre – victime d’une saute d’humeur
L’irritable craque – est le jouet de son système nerveux
Et si le latin le confirmait :
Le susceptible, dépourvu de carapace, reçoit en plein cœur tout ce qu’on lui lance, qu’il prend pour des flèches. Le mot latin susceptibilis signifie « capable de recevoir »
Le colérique est celui dont la bile s’échauffe à cause d’une iniquité ou d’une faute auxquels il n’est pas forcément lié : la colère éclate comme une libération. Colère est emprunté au latin impérial « cholera » qui veut dire « bile ». On écrivait cholère jusqu’au dix-septième siècle.
L’irritable est celui auquel on inflige reproches et revers jusqu’au moment, qui vient assez rapidement, où il se montre irrité. Ses nerfs sont vite éprouvés. Irritable est emprunté au mot latin irritabilis signifiant « qui fait réagir les nerfs ».
Pour cette dernière question, je vous offre une porte de sortie (prière de ne pas la claquer !)
Remplacez les mots en italique
A. Pas facile d’opérer cette machine
B. Prendre ce raccourci va me faire sauver du temps
C. Selon les termes du contrat …
D. J’ai dû partir à l’intermission
E. Il me faudrait passer la balayeuse
F. Quelles sont les conditions d’éligibilité à ce concours ?
Élaborer est ajouté à toutes les sauces, remplacez-le par le mot approprié
A. Pourriez-vous élaborer davantage votre sujet de composition ?
B. Elle a une toilette élaborée
C. C’est un programme très élaborée
Relever les anglicismes (au besoin)
A. Donner un avertissement
B. Servir un avertissement
C. Je me suis trouvé impliqué dans cet accident
D. Il faudrait informer les personnes impliquées
E. Je suis impliqué dans un mouvement pour la promotion du droit des enfants
Au besoin, corrigez l'accord de l'adverbe tout dans les phrases suivantes :
A. Les gens sont tout surpris.
B. Rachel est toute heureuse.
C. Hélène est toute surprise.
D. Elles sont tout honteuses.
E. L'assistance toute entière se lève.
F. Les bolides sont tous seuls sur la piste
Êtes-vous ?
- Susceptible
- Colérique
- Irritable
Le susceptible se vexe – affecté dans son amour-propre
Le colérique se cabre – victime d’une saute d’humeur
L’irritable craque – est le jouet de son système nerveux
Et si le latin le confirmait :
Le susceptible, dépourvu de carapace, reçoit en plein cœur tout ce qu’on lui lance, qu’il prend pour des flèches. Le mot latin susceptibilis signifie « capable de recevoir »
Le colérique est celui dont la bile s’échauffe à cause d’une iniquité ou d’une faute auxquels il n’est pas forcément lié : la colère éclate comme une libération. Colère est emprunté au latin impérial « cholera » qui veut dire « bile ». On écrivait cholère jusqu’au dix-septième siècle.
L’irritable est celui auquel on inflige reproches et revers jusqu’au moment, qui vient assez rapidement, où il se montre irrité. Ses nerfs sont vite éprouvés. Irritable est emprunté au mot latin irritabilis signifiant « qui fait réagir les nerfs ».
Pour cette dernière question, je vous offre une porte de sortie (prière de ne pas la claquer !)
- Aucune de ces réponses.
mercredi 17 décembre 2008
J'habite le village global
Nul n’est prophète en son village, excepté Fred Pellerin. Et on ne fera pas la Babine là-dessus. Quant à moi, j’ai réalisé que je me tiens loin du compte. J’ai reçu « Le Trait d’Union » fascicule publié par la Municipalité d’Eastman et un titre a tout de suite attiré mon attention :
À Eastman, on célèbre le livre toute l’année.
Je l’ai dit, il n’est pas question que je fasse la Babine … puisque je m’en vais voir le film (enfin !) ce soir. Et peut-être vais-je y apercevoir une laitière, une étrangement emmitouflée, qui déambule dans ce village de circonstance, tirant sur sa charrette de pintes de lait s’entrechoquant dans une neige de sel. Parce que, oui, la neige dans Babine, c’est du sel. Techniquement, économiquement, y paraît que c’était préférable. Dans un village de féérie, on croit ce que l’on nous dit.
Et quand je pense que tout à l’heure nous allons assaisonner notre neige de sel pour descendre notre côte jusqu’à notre village pas global pour deux sous. Et que je l'aime donc quand même ! Je vous en prie, chers Eastmontois, chères Eastmontoises, si vous êtes à lire ces lignes, levez-vous bien droit et annoncez-moi bien fort votre présence, que je puisse me confondre en excuses.
Il y a de ces jours où l'on aimerait se tromper.
À Eastman, on célèbre le livre toute l’année.
"Lors de la dernière enquête de la Statistique du Québec (1999) portant sur les habitudes de lectures des Québécois, deux régions seulement enregistraient des gains au niveau du lectorat : l’Estrie et la Montérégie.L’article m’a fait plaisir, le village du livre ! Ça fait ne pas regretter de l’avoir choisi. Mais j’avoue que de ne pas y lire de mention du Passe-Mot m’a fait un petit pincement. Pas douloureux, juste achalant. Il me semble qu’il manque quelque chose. Et puis, part la roulette de la réflexion : l’internet, on dirait que ce n’est pas fait pour rejoindre les proches. Y être le moindrement populaire ne veut en rien dire que tu seras connu de ton village. Le net, c’est pour rejoindre le lointain, le village global. Ce qui explique probablement que je sois moins porté à parler des activités de mon village, sachant que je suis peu suivi, peu lu par mon environnement immédiat. Ais-je tort ? Fred Pellerin, ce lutin endimanché, me clamerait un gros oui et rajouterai que c’est à moi de me faire connaître par l’oral. Qu'il a raison ! Je lui donne raison. J’aime l’oral aussi. Que les mots sautillent et s’éparpillent dans de bonnes ou boudeuses babines me plaît autant que lorsqu’ils s’allongent sur des lignes droites, toujours droites maintenant que nous n’utilisons plus le manuscrit qui les faisait danser.
Avec plus de 500 abonnés à la bibliothèque d’Eastman, Eastman n’est pas en reste. En 2008, les bénévoles de la bibliothèque ont enregistré plus de 5000 prêts de documents. Plus de 7000 ouvrages sont soigneusement répertoriés et la collection ne cesse de s’enrichir grâce aux dons des citoyens et aux acquisitions que le budget permet pour cette activité essentielle à la qualité de vie du village.
De nombreuses activités sont également proposées à la population : cercle de lecture, ateliers et cercle d’écriture, rencontres d’écrivains, causeries littéraires, animation pour la Journée mondiale du livre, vente de livres usagé, sentier des lettres, concours de la plus belle lettre des écoliers, sans oublier la grande fête des lettres des Correspondances d’Eastman, qui aura lieu du 6 au 9 août 2009.
Et suivait un avant-goût de 4 causerie ou conférence : Femmes et société dans les romans (12 février) - L'amitié avec le professeur de théologie Patrick Snyder inspirée de son livre : L'Amitié revisitée : de Platon au village global (26 février) - Écrire et lire en Amérique (19 mars) - Le roman des grands oubliés (16 avril)".
Je l’ai dit, il n’est pas question que je fasse la Babine … puisque je m’en vais voir le film (enfin !) ce soir. Et peut-être vais-je y apercevoir une laitière, une étrangement emmitouflée, qui déambule dans ce village de circonstance, tirant sur sa charrette de pintes de lait s’entrechoquant dans une neige de sel. Parce que, oui, la neige dans Babine, c’est du sel. Techniquement, économiquement, y paraît que c’était préférable. Dans un village de féérie, on croit ce que l’on nous dit.
Et quand je pense que tout à l’heure nous allons assaisonner notre neige de sel pour descendre notre côte jusqu’à notre village pas global pour deux sous. Et que je l'aime donc quand même ! Je vous en prie, chers Eastmontois, chères Eastmontoises, si vous êtes à lire ces lignes, levez-vous bien droit et annoncez-moi bien fort votre présence, que je puisse me confondre en excuses.
Il y a de ces jours où l'on aimerait se tromper.
lundi 15 décembre 2008
Du bon usage des étoiles - Dominique Fortier
Pour parler d’un roman qui touche l’immensité de la nature, la noblesse du sentiment humain, servi par un style d’une aussi rare élégance, on se sent petit. Comme ces explorateurs auraient dû se sentir s’ils avaient su combien les fers de la glace sont impitoyables pour l’homme qui se hausse de sa science. Toutes voiles d’égos déployés, ils quittent la terre ferme sans savoir s’ils la reverront un jour. Ni femme, ni enfants. La cale gonflée à bloc de victuailles, le pont débordant d’un équipage humain, ils seront les premiers, les plus forts, les découvreurs du Passage Nord-Ouest.
Deux navires, l’Erebus et le Terror, deux commandants, le fier et orgueilleux John Franklin, le franc et humble Francis Crozier : « Les montagnes de glace aux reflets d’un bleu, vert, turquoise minéral, s’élèvent dans le ciel comme des cathédrales de neige. Ces masses auprès desquelles nos navires semblent lilliputiens ont au soleil un éclat presque surnaturel ; on les dirait sorties d’une peinture représentant la surface d’une planète inconnue, ou du rêve d’un fou »
C’est à cette voix de Crozier que je me suis attachée comme à une amarre pour ne pas sombrer entre les géantes de neige. Dans son journal de bord impeccablement tenu, il ne nous fait pas seulement découvrir la splendeur de l’Arctique, il ouvre ses pages sur le doute pour les moyens employés, les décisions prises, autant d’aberrations dont la plus frappante est certes de refuser la sagesse des Esquimaux qui, de par leur manière conciliante, ont réussi à dompter les dures lois de la froidure. Une histoire de sauvetage dans l’histoire nous est racontée qui aurait dû être vue comme un dessein clairement dessiné par le Destin.
Toujours sous la plume alerte de ce Crozier, attendrissant de vulnérabilité, on découvre la douce tyrannie de son amour pour Sophia : « Je ne pars plus vers quelque chose comme je l’ai fait tant de fois, le cœur battant, l’esprit enflammé à la pensée de découvrir une partie de notre monde que personne jusque-là n’avait aperçue : je quitte quelque chose, je laisse derrière moi Sophia, dont j’aurais voulu qu’elle soit ma femme, ma maison et mon pays, et dont je sais qu’elle ne sera jamais à moi comme elle refusera toujours que je sois à elle ».
Qui est Sophia ? Il faut traverser les mers glacières pour la retrouver sur son continent, elle et sa tante Jane, épouse du héros de l’Arctique, John Franklin, commandant en chef de l’expédition. L’étrangeté et le charme de ce roman est de se promener d’un contraste à l’autre, du monde des hommes à celui des femmes. D’un côté, les hommes, et leur pseudo esprit scientifique, de l’autre, les femmes et leur fluidité intuitive. D’un côté, l’essentiel de la vie, de l’autre, la superficialité. L’attente, l’immobilité, le silence. De l’autre, le bruit, l’action, le caquètement des mots. La nuit, le jour.
Ce que j’ai tant aimé de ce roman est de découvrir l’eau vive des vérités vivant sous la glace et qui ne sont pas toujours celles que l’on croit être en surface. C’est un débusquement continuel de vérités trop ignorés de l’homme qui se prétend grand devant les lois de la nature, qu’il en devient sourd. Sourd à tous les messages que la Vie essaie de lui transmettre.
Jane sera l’active amazone qui a en elle tout, plus que son célèbre mari, pour mener à bien une expédition. Elle en mènera d’ailleurs une, courageusement et diplomatiquement, avec les moyens qu’offre la haute bourgeoisie. Sophia en femme belle est une réaction vive à la vie, fragile pour sa passivité. C’est par elle que tout le romantisme de l’histoire passe.
Le mot « romantisme » s’est imposé à moi dans le courant de ma lecture et pas seulement celui que l’on voit dans les yeux langoureux des amoureux mais surtout par le ton de Dominique Fortier. Cette escapade périlleuse entre les serres glaciaires est devenue hautement romanesque à mes yeux que j’en ai même momentanément perdu la raison. C’est ainsi que je me suis fait attraper par la fin, choquée même. Revenue brutalement à toute la dureté que peut contenir la beauté.
Ce roman contient tant qu’il est presque impossible à cerner par la concision, il a volontairement été ancré dans une réalité documentaire par l’exposition d’illustrations d’instruments magnétiques, en passant par une pièce de théâtre, un poème, un menu, une recette. J’avais entendu parler de cette diversité qui le caractérisait et je m’étais tôt fait la peur de la cassure du morcellement. Et puis, je vous l’annonce, non pas du tout.
Ce roman, plus qu’un roman pour moi, est une réflexion romanesque et en tant que telle me porte un terrible coup au cœur. Je n’en reviendrais pas.
Vite, courez lire les commentaires des rédacteurs de La Recrue, qui vous dit que je n'ai pas divagué sur des vagues gelées ?
Deux navires, l’Erebus et le Terror, deux commandants, le fier et orgueilleux John Franklin, le franc et humble Francis Crozier : « Les montagnes de glace aux reflets d’un bleu, vert, turquoise minéral, s’élèvent dans le ciel comme des cathédrales de neige. Ces masses auprès desquelles nos navires semblent lilliputiens ont au soleil un éclat presque surnaturel ; on les dirait sorties d’une peinture représentant la surface d’une planète inconnue, ou du rêve d’un fou »
C’est à cette voix de Crozier que je me suis attachée comme à une amarre pour ne pas sombrer entre les géantes de neige. Dans son journal de bord impeccablement tenu, il ne nous fait pas seulement découvrir la splendeur de l’Arctique, il ouvre ses pages sur le doute pour les moyens employés, les décisions prises, autant d’aberrations dont la plus frappante est certes de refuser la sagesse des Esquimaux qui, de par leur manière conciliante, ont réussi à dompter les dures lois de la froidure. Une histoire de sauvetage dans l’histoire nous est racontée qui aurait dû être vue comme un dessein clairement dessiné par le Destin.
Toujours sous la plume alerte de ce Crozier, attendrissant de vulnérabilité, on découvre la douce tyrannie de son amour pour Sophia : « Je ne pars plus vers quelque chose comme je l’ai fait tant de fois, le cœur battant, l’esprit enflammé à la pensée de découvrir une partie de notre monde que personne jusque-là n’avait aperçue : je quitte quelque chose, je laisse derrière moi Sophia, dont j’aurais voulu qu’elle soit ma femme, ma maison et mon pays, et dont je sais qu’elle ne sera jamais à moi comme elle refusera toujours que je sois à elle ».
Qui est Sophia ? Il faut traverser les mers glacières pour la retrouver sur son continent, elle et sa tante Jane, épouse du héros de l’Arctique, John Franklin, commandant en chef de l’expédition. L’étrangeté et le charme de ce roman est de se promener d’un contraste à l’autre, du monde des hommes à celui des femmes. D’un côté, les hommes, et leur pseudo esprit scientifique, de l’autre, les femmes et leur fluidité intuitive. D’un côté, l’essentiel de la vie, de l’autre, la superficialité. L’attente, l’immobilité, le silence. De l’autre, le bruit, l’action, le caquètement des mots. La nuit, le jour.
Ce que j’ai tant aimé de ce roman est de découvrir l’eau vive des vérités vivant sous la glace et qui ne sont pas toujours celles que l’on croit être en surface. C’est un débusquement continuel de vérités trop ignorés de l’homme qui se prétend grand devant les lois de la nature, qu’il en devient sourd. Sourd à tous les messages que la Vie essaie de lui transmettre.
Jane sera l’active amazone qui a en elle tout, plus que son célèbre mari, pour mener à bien une expédition. Elle en mènera d’ailleurs une, courageusement et diplomatiquement, avec les moyens qu’offre la haute bourgeoisie. Sophia en femme belle est une réaction vive à la vie, fragile pour sa passivité. C’est par elle que tout le romantisme de l’histoire passe.
Le mot « romantisme » s’est imposé à moi dans le courant de ma lecture et pas seulement celui que l’on voit dans les yeux langoureux des amoureux mais surtout par le ton de Dominique Fortier. Cette escapade périlleuse entre les serres glaciaires est devenue hautement romanesque à mes yeux que j’en ai même momentanément perdu la raison. C’est ainsi que je me suis fait attraper par la fin, choquée même. Revenue brutalement à toute la dureté que peut contenir la beauté.
Ce roman contient tant qu’il est presque impossible à cerner par la concision, il a volontairement été ancré dans une réalité documentaire par l’exposition d’illustrations d’instruments magnétiques, en passant par une pièce de théâtre, un poème, un menu, une recette. J’avais entendu parler de cette diversité qui le caractérisait et je m’étais tôt fait la peur de la cassure du morcellement. Et puis, je vous l’annonce, non pas du tout.
Ce roman, plus qu’un roman pour moi, est une réflexion romanesque et en tant que telle me porte un terrible coup au cœur. Je n’en reviendrais pas.
Vite, courez lire les commentaires des rédacteurs de La Recrue, qui vous dit que je n'ai pas divagué sur des vagues gelées ?
samedi 13 décembre 2008
Patchwork littéraire
Vous avez de l’humour ? Oui. Aimez avoir le dernier mot ? Oui. (ah, je ne suis pas la seule !). Vous avez une bonne résistance au stress ? Oui … Non ? Je vous laisse décider pour celle-là. Si c’est oui, la Radio de Radio-Canada nous revient une deuxième année avec le concours « Le dernier mot » Si vous êtes sélectionnés suite à la rédaction d’un court texte de maximum 200 mots, vous serez un des 5 concurrents à l’émission Vous m’en lirez tant (3 jeudis consécutifs au mois de février). Vous aurez « tout simplement » (!) à écrire en ondes et votre prestation littéraire sera jugée par un René Richard Cyr, une Catherine Trudeau et une Marie-Sissi Labrèche.
5 finalistes : Ipod Touch de Apple –
Grand gagnant (par élimination) : Portable.
Frais de transport couverts, remise du tarif SARTEC.
Crier « Libraire » !
Je viens de réaliser qu’il n’est pas nécessaire de trouver Le libraire dans une libraire indépendante pour tourner les pages de ce grand magazine ; on peut le faire virtuellement ! Et il se charge le temps de crier « Libraire ! ». En tout cas, quand on dispose de la haute vitesse, ce que nous avons maintenant. Je ne veux pas barber personne, mais nous avons dû nous y résigner. Obligation de notre fournisseur Axion qui avait commencé à nous envoyer des amendes pour surplus de consommation. C’était surfer dangereusement et comme nous ne sommes pas de bons nageurs ou planeurs (y paraît que l’on peut surfer dans les airs maintenant !), on voulait pas tomber dans le rouge à chaque mois.
Devenir un résidant « fantôme »
Je ne connaissais pas cette opportunité pour nos auteurs, je savais que ça existait pour les peintres par exemple ; la résidence.
Deux écrivains peuvent devenir résident, un du secteur jeunesse, à la bibliothèque du Plateau Mont-Royal, l’autre, à Parc-Extention. Ce projet, pour une deuxième année (l’année passée, une seule bibliothèque) est chapeauté par le Conseil des Arts de Montréal et l’UNEQ. La résidence s’étale sur six mois, septembre 2009 à février 2010, afin que l’écrivain ait le temps d'imprégner les lieux et s’imprègne des lieux, pour qu’il devienne en quelque sorte le «fantôme» de la bibliothèque (sic). Il se rend disponible 25 heures par semaine dont 10 à la bibliothèque dans un espace qu’on aura aménagé pour lui. Considérant que les bibliothèques sont ouvertes durant les week-ends, il devra couvrir une partie de cette période. Lui est donc accordé 15 heures par semaine pour travailler sur ses propres projets, soit chez lui ou à la bibliothèque. Bourse accordée = 15,000 $ - plus d'infos : ici.
Je trouve ça bien sympathique comme projet, même si la bourse est peu remplie. Mais, comme on dit si souvent dans le monde de la Culture, c’est mieux que rien !
Ma minute à moi
Bais oui, je vais vous parler de mon « pôvre pôvre de moi » (Sol de Marc Favreau), plus « pôvre » qu’avant-hier en tout cas puisque nous avons échangé des dollars contre des cadeaux. Plus riche de cadeaux à donner alors !
Nos pas nous ont évidemment menés dans deux librairies montréalaises… vides. Presque. Comment ça ? Je ne comprends pas. Allez, ceux qui sont tannés de se faire piller sur les pieds, attendre en ligne en pensant à leur compte en banque qui fond comme de la gadoue, il y a les librairies où l’on circule librement, où il y a de l’espace pour s’asseoir, respirer, s’inspirer. Chez Raffin de la place Versailles, la section québécoise est spectaculaire. Pour vrai, c’est ce que j’ai trouvé de plus complet jusqu’à date. Chez Monet, ils tiennent des exemplaires de petites maisons d’édition. Ils avaient un exemplaire de Plusieurs Excuses, édition de Ta Mère et un mini-recueil de L’oie de Cravan.
Et vous ? Est-ce que votre tournée des librairies est faite ? Y avait-il du monde ?
Quels livres recevez-vous ou donnez-vous à Noël ? Les enfants, vont-ils en recevoir ?
Une vraie fouine je suis.
5 finalistes : Ipod Touch de Apple –
Grand gagnant (par élimination) : Portable.
Frais de transport couverts, remise du tarif SARTEC.
Crier « Libraire » !
Je viens de réaliser qu’il n’est pas nécessaire de trouver Le libraire dans une libraire indépendante pour tourner les pages de ce grand magazine ; on peut le faire virtuellement ! Et il se charge le temps de crier « Libraire ! ». En tout cas, quand on dispose de la haute vitesse, ce que nous avons maintenant. Je ne veux pas barber personne, mais nous avons dû nous y résigner. Obligation de notre fournisseur Axion qui avait commencé à nous envoyer des amendes pour surplus de consommation. C’était surfer dangereusement et comme nous ne sommes pas de bons nageurs ou planeurs (y paraît que l’on peut surfer dans les airs maintenant !), on voulait pas tomber dans le rouge à chaque mois.
Devenir un résidant « fantôme »
Je ne connaissais pas cette opportunité pour nos auteurs, je savais que ça existait pour les peintres par exemple ; la résidence.
Deux écrivains peuvent devenir résident, un du secteur jeunesse, à la bibliothèque du Plateau Mont-Royal, l’autre, à Parc-Extention. Ce projet, pour une deuxième année (l’année passée, une seule bibliothèque) est chapeauté par le Conseil des Arts de Montréal et l’UNEQ. La résidence s’étale sur six mois, septembre 2009 à février 2010, afin que l’écrivain ait le temps d'imprégner les lieux et s’imprègne des lieux, pour qu’il devienne en quelque sorte le «fantôme» de la bibliothèque (sic). Il se rend disponible 25 heures par semaine dont 10 à la bibliothèque dans un espace qu’on aura aménagé pour lui. Considérant que les bibliothèques sont ouvertes durant les week-ends, il devra couvrir une partie de cette période. Lui est donc accordé 15 heures par semaine pour travailler sur ses propres projets, soit chez lui ou à la bibliothèque. Bourse accordée = 15,000 $ - plus d'infos : ici.
Je trouve ça bien sympathique comme projet, même si la bourse est peu remplie. Mais, comme on dit si souvent dans le monde de la Culture, c’est mieux que rien !
Ma minute à moi
Bais oui, je vais vous parler de mon « pôvre pôvre de moi » (Sol de Marc Favreau), plus « pôvre » qu’avant-hier en tout cas puisque nous avons échangé des dollars contre des cadeaux. Plus riche de cadeaux à donner alors !
Nos pas nous ont évidemment menés dans deux librairies montréalaises… vides. Presque. Comment ça ? Je ne comprends pas. Allez, ceux qui sont tannés de se faire piller sur les pieds, attendre en ligne en pensant à leur compte en banque qui fond comme de la gadoue, il y a les librairies où l’on circule librement, où il y a de l’espace pour s’asseoir, respirer, s’inspirer. Chez Raffin de la place Versailles, la section québécoise est spectaculaire. Pour vrai, c’est ce que j’ai trouvé de plus complet jusqu’à date. Chez Monet, ils tiennent des exemplaires de petites maisons d’édition. Ils avaient un exemplaire de Plusieurs Excuses, édition de Ta Mère et un mini-recueil de L’oie de Cravan.
Et vous ? Est-ce que votre tournée des librairies est faite ? Y avait-il du monde ?
Quels livres recevez-vous ou donnez-vous à Noël ? Les enfants, vont-ils en recevoir ?
Une vraie fouine je suis.
jeudi 11 décembre 2008
Les déliaisons de Martin Robitaille
Un premier roman dont on a peu entendu parler. Je vais tenter de le résumer, sans trop le dévoiler et j’avoue que ce ne sera pas facile car il y a peu d’histoire, alors quoi en dire ? Raphaël, le narrateur, quitte et est quitté. Il est un prof de littérature désabusé du milieu, il quitte la profession. Sa belle, désabusée de son désabusement, le quitte.
Et continue de plus bel ce qui s’amorce dès les premières pages, les réflexions du narrateur. Celui-ci a une opinion sur tout et tient mordicus à la partager avec nous, au détriment d’avancer l’histoire. J’ai eu la nette impression de suivre un chroniqueur que je n’ai absolument pas choisi, et qui se plaît à élaborer de long en large, des questions psychologiques, certains livres, des phénomènes sociaux, philosophiques, des films, des articles de revue. La durée n’est pas d’un paragraphe, durant lequel on cernerait le propos d’une manière imagée et percutante qui viendrait compléter l’histoire, non, les exposés se détachent de l’histoire pendant trois, quatre, parfois cinq pages. Si nous retirons ces opinions ; de deux-cent quarante pages, l’histoire passerait à … un maigrelet cent pages.
Mon agacement a été grand que l’on m’impose ces chroniques d’opinions, tout ce « je » s’étendant à outrance, ce qui a sûrement dérangé mon appréciation de l’histoire elle-même. J’arrive quand même à dire qu’elle est aussi intéressante que n’importe quelle histoire de séparation à laquelle suit une quête de soi (qui suis-je, que veux-je ?), la nature de cette quête impliquant l’inévitable retour au nid parental et aussi, bien sûr, la quête de l’autre, entendre par là, du sexe opposé.
C’est le regard d’un célibataire qui cherche, qui chasse. Il y a un chapitre « Gogo Galère » où nous est relaté la nuit où Raphaël se défonce avec ses amis, une nuit typique de destruction massive du « je ». J’ai tout de même apprécié, malgré le côté déconnecté de ce chapitre sur les autres. Au moins, dans un état avancé de dépravation, les chroniques m’ont été épargnées. Pourquoi déconnecté alors ? Pour la situation de l’homme qui a perdu la tête et dont je ne reconnaissais plus les principes, pour le style cru, dur, vulgaire. À mettre sur le compte du cocktail explosif drogue-alcool.
Il y a des fluctuations du langage passant de populaire à peu près comme le « chat » (clavardage) entre ados à, soudainement, celui du professeur de littérature qu’il est supposé être. D’ailleurs, l’auteur, Martin Robitaille est lui-même un professeur de littérature qui a pondu un essai sur Proust. Serez-vous surpris d’apprendre que le « personnage » nous abreuve de Proust ? Autre exemple du côté chronique de la chronique Silvio Fanti, ça vous dit quelque chose ? Un psychanalyste père de la micropsychanalyse inspiré de l’aïeul Freud ? Si ça vous chante d’en entendre parler, entre autres divers sujets d'actualité, vous savez quoi lire : Les déliaisons.
Je tiens à finir en beauté, je préfère ça ainsi, c’est mon style à moi. Sa relation avec sa grand-mère Simone est inspirée de tendresse. Le style s’en ressent et à chaque fois qu'il nous entretient de sa maminou, son style est plus inspiré :
Et continue de plus bel ce qui s’amorce dès les premières pages, les réflexions du narrateur. Celui-ci a une opinion sur tout et tient mordicus à la partager avec nous, au détriment d’avancer l’histoire. J’ai eu la nette impression de suivre un chroniqueur que je n’ai absolument pas choisi, et qui se plaît à élaborer de long en large, des questions psychologiques, certains livres, des phénomènes sociaux, philosophiques, des films, des articles de revue. La durée n’est pas d’un paragraphe, durant lequel on cernerait le propos d’une manière imagée et percutante qui viendrait compléter l’histoire, non, les exposés se détachent de l’histoire pendant trois, quatre, parfois cinq pages. Si nous retirons ces opinions ; de deux-cent quarante pages, l’histoire passerait à … un maigrelet cent pages.
Mon agacement a été grand que l’on m’impose ces chroniques d’opinions, tout ce « je » s’étendant à outrance, ce qui a sûrement dérangé mon appréciation de l’histoire elle-même. J’arrive quand même à dire qu’elle est aussi intéressante que n’importe quelle histoire de séparation à laquelle suit une quête de soi (qui suis-je, que veux-je ?), la nature de cette quête impliquant l’inévitable retour au nid parental et aussi, bien sûr, la quête de l’autre, entendre par là, du sexe opposé.
C’est le regard d’un célibataire qui cherche, qui chasse. Il y a un chapitre « Gogo Galère » où nous est relaté la nuit où Raphaël se défonce avec ses amis, une nuit typique de destruction massive du « je ». J’ai tout de même apprécié, malgré le côté déconnecté de ce chapitre sur les autres. Au moins, dans un état avancé de dépravation, les chroniques m’ont été épargnées. Pourquoi déconnecté alors ? Pour la situation de l’homme qui a perdu la tête et dont je ne reconnaissais plus les principes, pour le style cru, dur, vulgaire. À mettre sur le compte du cocktail explosif drogue-alcool.
Il y a des fluctuations du langage passant de populaire à peu près comme le « chat » (clavardage) entre ados à, soudainement, celui du professeur de littérature qu’il est supposé être. D’ailleurs, l’auteur, Martin Robitaille est lui-même un professeur de littérature qui a pondu un essai sur Proust. Serez-vous surpris d’apprendre que le « personnage » nous abreuve de Proust ? Autre exemple du côté chronique de la chronique Silvio Fanti, ça vous dit quelque chose ? Un psychanalyste père de la micropsychanalyse inspiré de l’aïeul Freud ? Si ça vous chante d’en entendre parler, entre autres divers sujets d'actualité, vous savez quoi lire : Les déliaisons.
Je tiens à finir en beauté, je préfère ça ainsi, c’est mon style à moi. Sa relation avec sa grand-mère Simone est inspirée de tendresse. Le style s’en ressent et à chaque fois qu'il nous entretient de sa maminou, son style est plus inspiré :
« Je recevais Simone aux chandelles, sur la terrasse. J’espérais qu’il n’y ait pas trop de vent. Je pouvais toujours mettre des lampes-tempête. On aurait eu l’air de deux marins d’eau douce perdus dans le ventre de la bête montréalaise, qui attendent qu’elle nous régurgite sur une île déserte. On aurait été bien, là, tous les deux, au soleil à discuter littérature et musique, tout en sirotant des drinks dans des noix de coco. On aurait refait notre vie. Ça me fait penser à un article que j’ai lu sur … (… je vous l’épargne !)" p.127Les déliaisons, premier roman de Martin Robitaille - Québec Amérique, 240 p.
mercredi 10 décembre 2008
Attention, ça déboule dans l'étendu !
C’est la première fois que je vais le faire, déplacer un de mes commentaires vers le billet d’aujourd’hui. Tout ça est de la faute à Line rouge qui m’a posée une question à laquelle j’ai eu de la difficulté à répondre brièvement, ce qui fait que j’ai répondu longuement.
Je suis contente de la question : Comment fais-tu pour lire autant de livres, les achètes-tu tous ? Une question pourtant toute simple mais qui a plongé directement dans l’étendu de ma motivation à tenir un blogue de littérature québécoise. Cette question a agi comme un déclencheur, pourquoi ? Parce que j’en avais besoin que diable ! Si vous êtes comme moi, vous avez parfois besoin de vous rappeler à l’ordre que vous vous êtes donné, un jour de grande inspiration. Et chacun sait que les grandes inspirations donnent les grandes motivations.
Alors, sans plus tarder, voici ma réponse, vous comprendrez mieux ce que je suis à tenter de vous faire comprendre en tournant autour du pot, assez pour m’étourdir jusqu’à ma prochaine coupe de vin.
"Au départ, je les achetais tous, dans une proportion de 80% neufs et de 20% usagés. Maintenant, ça ressemble à des achats de 85 % (usagé et neuf confondus) et environ 15 % donnés ou prêtés. Comme tu vois, c'est une passion qui va jusqu'à l'achat. Elle a commencé très exactement le jour où Marc a gagné 2500 $ de certificats-cadeau chez Renaud-Bray en gagnant un concours de nouvelles. J'ai réalisé jusqu'à quel point ça me rendait heureuse d'acheter des livres. Je me suis alors promis que ça serait dorénavant une priorité dans ma vie.
Je partage cette passion avec Marc qui peut porter des bas troués mais qui possède de beaux livres (mon dieu, va-t-il m'en vouloir que je dévoile l'intimité de ses doigts de pied !). Comme à nos anniversaires, ou dans le temps des Fêtes, nous nous donnons (ou demandons !) des livres, des livres et des livres.
Quand j'achète un livre, j'éprouve toujours de fortes émotions : de la fierté, de la joie, de l'admiration, de la hâte. La fierté me vient de la conviction de poser un geste pour alimenter la richesse de notre Culture, d'autant plus (l'as-tu remarqué ?) que je n'achète que Québécois. Ça contribue à amplifier cette sensation quand je sais jusqu'à quel point les auteurs d'ici ont de la difficulté. Le jour où j'ai entendu dire par un éditeur reconnu que c'est à partir de 500 romans vendus que l'on parle de rééditer un deuxième et cela, talent ou pas. À 1,000, romans vendus, on parle de succès ! Ça m'a frappé, vraiment. J'ai alors poussé ma réflexion jusque là : j'ai à coeur d'acheter les bougies, les vêtements, les aliments du terroir mais je ne fais aucune différence entre un roman d'une maison d'édition québécoise ou non.
De son côté, Marc a présenté sa BD à une maison d'édition québécoise afin que ce soit par une maison de chez nous que le succès arrive, s’il y a succès à y avoir.
Tu as maintenant l’explication pourquoi, après six mois d'existence, le Passe-Mot s'est concentré sur la littérature québécoise exclusivement délaissant la littérature d'ailleurs. Je me prive, oui, je sais que je me prive d'excellentes lectures, à cause de ces limites, parce que nous en avons tous des limites. J'aimerais faire quelques exceptions pour certains romans français que l'on me recommande chaudement, en les empruntant par exemple, mais c'est la limite temps qui vient s'imposer entre moi et ce louable projet. J’imagine qu’un jour je me reprendrai quand je ne tiendrais plus ce blogue à bout de bras, et de doigts sur le clavier.
Réponse longue, je sais, mais tu as ciblé le point qui me donne des ailes pour porter Le Passe-Mot le plus haut possible".
N.B. : Je n’ai pas pu m’empêcher d’ajouter mon grain de sel à mon propre commentaire ! J’imagine que la Venise me le pardonnera.
Je suis contente de la question : Comment fais-tu pour lire autant de livres, les achètes-tu tous ? Une question pourtant toute simple mais qui a plongé directement dans l’étendu de ma motivation à tenir un blogue de littérature québécoise. Cette question a agi comme un déclencheur, pourquoi ? Parce que j’en avais besoin que diable ! Si vous êtes comme moi, vous avez parfois besoin de vous rappeler à l’ordre que vous vous êtes donné, un jour de grande inspiration. Et chacun sait que les grandes inspirations donnent les grandes motivations.
Alors, sans plus tarder, voici ma réponse, vous comprendrez mieux ce que je suis à tenter de vous faire comprendre en tournant autour du pot, assez pour m’étourdir jusqu’à ma prochaine coupe de vin.
"Au départ, je les achetais tous, dans une proportion de 80% neufs et de 20% usagés. Maintenant, ça ressemble à des achats de 85 % (usagé et neuf confondus) et environ 15 % donnés ou prêtés. Comme tu vois, c'est une passion qui va jusqu'à l'achat. Elle a commencé très exactement le jour où Marc a gagné 2500 $ de certificats-cadeau chez Renaud-Bray en gagnant un concours de nouvelles. J'ai réalisé jusqu'à quel point ça me rendait heureuse d'acheter des livres. Je me suis alors promis que ça serait dorénavant une priorité dans ma vie.
Je partage cette passion avec Marc qui peut porter des bas troués mais qui possède de beaux livres (mon dieu, va-t-il m'en vouloir que je dévoile l'intimité de ses doigts de pied !). Comme à nos anniversaires, ou dans le temps des Fêtes, nous nous donnons (ou demandons !) des livres, des livres et des livres.
Quand j'achète un livre, j'éprouve toujours de fortes émotions : de la fierté, de la joie, de l'admiration, de la hâte. La fierté me vient de la conviction de poser un geste pour alimenter la richesse de notre Culture, d'autant plus (l'as-tu remarqué ?) que je n'achète que Québécois. Ça contribue à amplifier cette sensation quand je sais jusqu'à quel point les auteurs d'ici ont de la difficulté. Le jour où j'ai entendu dire par un éditeur reconnu que c'est à partir de 500 romans vendus que l'on parle de rééditer un deuxième et cela, talent ou pas. À 1,000, romans vendus, on parle de succès ! Ça m'a frappé, vraiment. J'ai alors poussé ma réflexion jusque là : j'ai à coeur d'acheter les bougies, les vêtements, les aliments du terroir mais je ne fais aucune différence entre un roman d'une maison d'édition québécoise ou non.
De son côté, Marc a présenté sa BD à une maison d'édition québécoise afin que ce soit par une maison de chez nous que le succès arrive, s’il y a succès à y avoir.
Tu as maintenant l’explication pourquoi, après six mois d'existence, le Passe-Mot s'est concentré sur la littérature québécoise exclusivement délaissant la littérature d'ailleurs. Je me prive, oui, je sais que je me prive d'excellentes lectures, à cause de ces limites, parce que nous en avons tous des limites. J'aimerais faire quelques exceptions pour certains romans français que l'on me recommande chaudement, en les empruntant par exemple, mais c'est la limite temps qui vient s'imposer entre moi et ce louable projet. J’imagine qu’un jour je me reprendrai quand je ne tiendrais plus ce blogue à bout de bras, et de doigts sur le clavier.
Réponse longue, je sais, mais tu as ciblé le point qui me donne des ailes pour porter Le Passe-Mot le plus haut possible".
N.B. : Je n’ai pas pu m’empêcher d’ajouter mon grain de sel à mon propre commentaire ! J’imagine que la Venise me le pardonnera.
lundi 8 décembre 2008
Ainsi tournent les moulins à paroles
Je vous retourne au Salon parce que hier, je ne vous ai pas tout dit. Je n’étais pas à court de mots, mais à court de souffle. Samedi et dimanche, on entrait donc dans l’Église St-Édouard de Eastman comme dans un moulin. Un moulin à paroles !
Dans un village, à force de les croiser, on connaît des visages. Cela peut devenir troublant, dans un Salon où tout à coup, ces visages deviennent des êtres humains à part entière avec le corps et la gestuelle qui va avec. Tu te dis, il me semble que j’ai déjà vu ce visage, mais où ? Et si la personne s’adresse à toi comme à une vieille connaissance, alors là, tu es faite ! Le trouble gonfle dans ta poitrine et tu dois absolument tout faire pour que ne pas trahir ce gonflement. Tu ajustes le ton, en prend un de « entre connaissances » tout en te sentant perdre connaissance par en-dedans. Feeling vécu quelques fois hier alors vous comprenez pourquoi j’arrive fatiguée !
Bon, le quotidien maintenant. La plupart du temps, je guettais d’un œil l’achalandage et de l’autre, je tentais de m’intéresser au roman « Les déliaisons » de Martin Robitaille. Tout le monde connaît le principe du « soit qu’il y ait personne ou soit qu’il y ait attroupement. Une personne achète, l’autre achète. Une personne n’achète pas, personne n’achète ». Le principal de l’art de la vente consiste donc à savoir gérer efficacement, et lucrativement, ce trafic. J’ai constaté à quelques reprises que j’ai à parfaire cet art. Mais je me console rapidement par un « Que ferais-je sur la terre si je n’avais pas tout à parfaire ?! »
Le Salon a bien commencé, je venais à peine d’installer la marchandise essayant qu’elle ait l’air de sourire à la clientèle, d’une manière détachée, quand un homme âgé approche d’un pas décidé et demande haut et fort : C’est la table de Marc Simard ? » (en me voyant, il avait toutes les raisons d’en douter !). Oui, répondis-je d’un ton se voulant aussi ferme mais camouflant cette interrogation galopante : est-ce que Marc, mon chum, mon camouflé Marc serait maintenant connu pour ne pas dire reconnu ? « Où sont les cartes ? demande-t-il. Quelles cartes ? Marc n’a pas fait de cartes cette année. Eh bien, dit-il un peu de mauvaise humeur, à l’entrée, il y a le mot « cartes » à côté de son nom ! Ah ?
Ah (soupir)... mon chum serait encore un homme camouflé.
Qu’est-ce que l’on fait dans un Salon d’Art quand il y a peu de clients et qu’on se lasse de s’obliger à lire ? On se promène devant les tables des autres, on jette des œillades discrètes surtout à celles garnies de bijoux quand on aime les bijoux, et parfois, comme une abeille devant quelques fleurs affriolantes, on finit par butiner. Il y avait là trois talles de fleurs. J’en ai rapidement élue une, me faisant accroire que la raison étant que les profits iraient à une cause humanitaire. Je suis généreuse, ou crédule, choisissez. Je n’éprouvais cependant aucun coup de cœur. Mais l’amour est aveugle, vous allez comprendre pourquoi. En fin de journée dimanche, je retourne à ma talle de fleurs mais cette fois accompagnée de mon monarque Marc, l’encourageant à voler jusqu’à cette bonne œuvre. Et tout à coup, je LE vois. Ce pendentif aux verres chatoyants, de cette élégance joyeuse, non flamboyante, qui me va droit au cou. On s’informe de ses origines, il est en verreries de Murano. Les verres Murano … fabriqués à Venise !
Alors, à Venise il sera, et le 25 décembre se déballera.
J’ai manqué d’albums pour enfants, comme toujours d’ailleurs, et que j’aie manqué de calendriers, ça, tout le monde le sait. Mais quand en ai-je manqué, là, est une toute autre question. J’attendais une couple de calendriers apportés des mains propres de l’artiste quand le maire et la mairesse se sont présentés devant ma table. Hum … hum… pourriez-vous revenir plus tard ? , cela ne se demande pas à un maire et à une mairesse, nous avons donc bavardé. C’était très intéressant et ils sont partis avec un signet « Le Passe-Mot » … On vend ce que l’on a, n’est-ce pas ?
À d’autres moments, c’est surprenant. Une dame âgée, que je sais faire partie du Club de lecture de Eastman, approche et nous bavardons de quoi vous pensez ? On découvre que nous partageons la même récente lecture « Le travail de l’huître » de Jean Barbe. Je brûle de savoir si elle a aimé, elle commence ainsi « Au début, j’étais déçue, le personnage devient invisible, si on ne le voit pas, déclare-t-elle un peu indignée, comment vais-je m’y intéresser ? Et puis, j’ai persisté dans ma lecture et finalement j’ai beaucoup aimé ». Elle ne m’a pas vraiment expliqué pourquoi mais j’ai compris. Pour ceux qui ne comprennent pas, pourquoi j'ai compris, passez par ici.
Bon, ça y est, mon blabla sur les Salons se termine ici, j’ai une urgence, terminer Les déliaisons pour commencer « Le bon usage des étoiles ». Et je ne peux même pas compter sur une attente en ligne pour lire parce que ça me surprendrait qu’il y ait foule aux urnes !
Parce qu’en plus de geler sous la botte, ça gèle dans la tête.
Dans un village, à force de les croiser, on connaît des visages. Cela peut devenir troublant, dans un Salon où tout à coup, ces visages deviennent des êtres humains à part entière avec le corps et la gestuelle qui va avec. Tu te dis, il me semble que j’ai déjà vu ce visage, mais où ? Et si la personne s’adresse à toi comme à une vieille connaissance, alors là, tu es faite ! Le trouble gonfle dans ta poitrine et tu dois absolument tout faire pour que ne pas trahir ce gonflement. Tu ajustes le ton, en prend un de « entre connaissances » tout en te sentant perdre connaissance par en-dedans. Feeling vécu quelques fois hier alors vous comprenez pourquoi j’arrive fatiguée !
Bon, le quotidien maintenant. La plupart du temps, je guettais d’un œil l’achalandage et de l’autre, je tentais de m’intéresser au roman « Les déliaisons » de Martin Robitaille. Tout le monde connaît le principe du « soit qu’il y ait personne ou soit qu’il y ait attroupement. Une personne achète, l’autre achète. Une personne n’achète pas, personne n’achète ». Le principal de l’art de la vente consiste donc à savoir gérer efficacement, et lucrativement, ce trafic. J’ai constaté à quelques reprises que j’ai à parfaire cet art. Mais je me console rapidement par un « Que ferais-je sur la terre si je n’avais pas tout à parfaire ?! »
Le Salon a bien commencé, je venais à peine d’installer la marchandise essayant qu’elle ait l’air de sourire à la clientèle, d’une manière détachée, quand un homme âgé approche d’un pas décidé et demande haut et fort : C’est la table de Marc Simard ? » (en me voyant, il avait toutes les raisons d’en douter !). Oui, répondis-je d’un ton se voulant aussi ferme mais camouflant cette interrogation galopante : est-ce que Marc, mon chum, mon camouflé Marc serait maintenant connu pour ne pas dire reconnu ? « Où sont les cartes ? demande-t-il. Quelles cartes ? Marc n’a pas fait de cartes cette année. Eh bien, dit-il un peu de mauvaise humeur, à l’entrée, il y a le mot « cartes » à côté de son nom ! Ah ?
Ah (soupir)... mon chum serait encore un homme camouflé.
Qu’est-ce que l’on fait dans un Salon d’Art quand il y a peu de clients et qu’on se lasse de s’obliger à lire ? On se promène devant les tables des autres, on jette des œillades discrètes surtout à celles garnies de bijoux quand on aime les bijoux, et parfois, comme une abeille devant quelques fleurs affriolantes, on finit par butiner. Il y avait là trois talles de fleurs. J’en ai rapidement élue une, me faisant accroire que la raison étant que les profits iraient à une cause humanitaire. Je suis généreuse, ou crédule, choisissez. Je n’éprouvais cependant aucun coup de cœur. Mais l’amour est aveugle, vous allez comprendre pourquoi. En fin de journée dimanche, je retourne à ma talle de fleurs mais cette fois accompagnée de mon monarque Marc, l’encourageant à voler jusqu’à cette bonne œuvre. Et tout à coup, je LE vois. Ce pendentif aux verres chatoyants, de cette élégance joyeuse, non flamboyante, qui me va droit au cou. On s’informe de ses origines, il est en verreries de Murano. Les verres Murano … fabriqués à Venise !
Alors, à Venise il sera, et le 25 décembre se déballera.
J’ai manqué d’albums pour enfants, comme toujours d’ailleurs, et que j’aie manqué de calendriers, ça, tout le monde le sait. Mais quand en ai-je manqué, là, est une toute autre question. J’attendais une couple de calendriers apportés des mains propres de l’artiste quand le maire et la mairesse se sont présentés devant ma table. Hum … hum… pourriez-vous revenir plus tard ? , cela ne se demande pas à un maire et à une mairesse, nous avons donc bavardé. C’était très intéressant et ils sont partis avec un signet « Le Passe-Mot » … On vend ce que l’on a, n’est-ce pas ?
À d’autres moments, c’est surprenant. Une dame âgée, que je sais faire partie du Club de lecture de Eastman, approche et nous bavardons de quoi vous pensez ? On découvre que nous partageons la même récente lecture « Le travail de l’huître » de Jean Barbe. Je brûle de savoir si elle a aimé, elle commence ainsi « Au début, j’étais déçue, le personnage devient invisible, si on ne le voit pas, déclare-t-elle un peu indignée, comment vais-je m’y intéresser ? Et puis, j’ai persisté dans ma lecture et finalement j’ai beaucoup aimé ». Elle ne m’a pas vraiment expliqué pourquoi mais j’ai compris. Pour ceux qui ne comprennent pas, pourquoi j'ai compris, passez par ici.
Bon, ça y est, mon blabla sur les Salons se termine ici, j’ai une urgence, terminer Les déliaisons pour commencer « Le bon usage des étoiles ». Et je ne peux même pas compter sur une attente en ligne pour lire parce que ça me surprendrait qu’il y ait foule aux urnes !
Parce qu’en plus de geler sous la botte, ça gèle dans la tête.
dimanche 7 décembre 2008
Exit les Salons !
Je sors de mon dernier Salon pour la 2008. Un Salon derrière le comptoir, pas devant. À offrir, avec le sourire et un bagout naturel, un calendrier, dit perpétuel. À chacun et chacune, j’expliquais le code pour que ce calendrier de table du citoyen Jean-Baptiste Moincard (un rappel au temps) se prolonge jusqu’en 2038. Certains me disaient, à la blague ou très sérieusement, qu’ils le lègueraient à leur descendance. Que répond-on à ça ? Ah, madame, monsieur, il faut être optimistes, nous traverserons gagnant l’épreuve du temps ! Le calendrier, lui, je ne sais pas, traversera-t-il cette épreuve ? Ce n'est pas qu'il ne soit pas fait solidement, avec sa spirale métallique et son papier cartonné, mais quelle figure aura Marie Saint-Cro dans 30 ans ? (illustration ci-dessus - Copyright 2008 - MARSI )
Aujourd’hui, j’ai manqué de « petits pains chauds ». Marc les confectionnait un à un à la maison (une heure de découpage et assemblage pour chacun) et dans le mieux du possible il arrivait avec deux exemplaires et se sauvait aussitôt pour en bricoler d’autres.
Toute la fin de semaine, les gens de mon patelin ont défilé à ma table, occasion idéale de rencontrer un environnement humain à qui j’ai rarement l’occasion de parler. J’emballais une famille de coccinelles, et ce fameux calendrier, et pendant ce temps l'homme devant moi m'apprends qu'il est mon voisin immédiat sur le chemin du Théâtre. Je ne le reconnaissais pas, faut dire qu'un échange de salut de la main, c'est un moment fugitif.
Ce Salon a donc été une occasion de faire ou parfaire connaissance. Et de donner des signets « carte d’affaires » ! Quelle est tant cette affaire que je brasse à tour de mots, jour après jour ? J’espère que vous répondez tous en chœur « Le Passe-Mot ». J’ai donc distribué mon adresse sur le net, celle-là où je suis toujours, à toute heure du jour et de la nuit. Jamais moyen de me déranger, c’est perpétuellement que j’y attends les visiteurs !
Ce soir, je suis contente, satisfaite, comblée. Emplie à ras bord d’un flot de chaleur humaine, de solidarité, d’admiration, de surprise même, pour tout le potentiel créateur en chacun de nous. Il s’agit de trouver le filon. Il y en a pour qui c’est le papier, d’autres le bois, certains les pierres précieuses, le tissu, les fleurs, le métal, la poterie, la broderie ! Pour d’autres, ce sont les mots.
Merci de lire les miens !
Aujourd’hui, j’ai manqué de « petits pains chauds ». Marc les confectionnait un à un à la maison (une heure de découpage et assemblage pour chacun) et dans le mieux du possible il arrivait avec deux exemplaires et se sauvait aussitôt pour en bricoler d’autres.
Toute la fin de semaine, les gens de mon patelin ont défilé à ma table, occasion idéale de rencontrer un environnement humain à qui j’ai rarement l’occasion de parler. J’emballais une famille de coccinelles, et ce fameux calendrier, et pendant ce temps l'homme devant moi m'apprends qu'il est mon voisin immédiat sur le chemin du Théâtre. Je ne le reconnaissais pas, faut dire qu'un échange de salut de la main, c'est un moment fugitif.
Ce Salon a donc été une occasion de faire ou parfaire connaissance. Et de donner des signets « carte d’affaires » ! Quelle est tant cette affaire que je brasse à tour de mots, jour après jour ? J’espère que vous répondez tous en chœur « Le Passe-Mot ». J’ai donc distribué mon adresse sur le net, celle-là où je suis toujours, à toute heure du jour et de la nuit. Jamais moyen de me déranger, c’est perpétuellement que j’y attends les visiteurs !
Ce soir, je suis contente, satisfaite, comblée. Emplie à ras bord d’un flot de chaleur humaine, de solidarité, d’admiration, de surprise même, pour tout le potentiel créateur en chacun de nous. Il s’agit de trouver le filon. Il y en a pour qui c’est le papier, d’autres le bois, certains les pierres précieuses, le tissu, les fleurs, le métal, la poterie, la broderie ! Pour d’autres, ce sont les mots.
Merci de lire les miens !
jeudi 4 décembre 2008
Le travail de l'huître - Jean Barbe
Une histoire, ou une initiation ? Une histoire, ou une expérience de lucidité ? En suivant un homme désincarné, l’invite nous est faite de l’accompagner dans une palpitante odyssée : Sommes-nous plus notre corps que notre esprit ? À quel entité nous identifions-nous le plus ?
L’homme, c’est Andreï, un russe ou rustre paysan et l’auteur lui a prêté la situation « idéale » pour expérimenter ces questions existentielles. À la suite d’un mystérieux incident, le voilà invisible aux yeux des autres, tout en restant visible à ses propres yeux. Attention, nous sommes loin de l’être éthéré, l’habituel fantôme qui erre en ne sentant plus la douleur. L’homme invisible souffre plus que jamais dans ce face à face avec son esprit. Sans son corps, tout en continuant d’habiter la Terre, son esprit se sent atrocement isolé. Impossible de communiquer avec les autres dans la situation cruelle où tu vis sans être vu.
Il réagira comme n’importe qui réagit à la perte de ses points de repère, il voudra les retrouver. Il cherchera frénétiquement, par tout le globe, ce regard de l’autre posé sur lui, ne serait-ce qu’un bref instant. Pourquoi ce regard est si vital ? Si Andreï ne s’est pas posé la question, y réagissant surtout, moi je me la suis posée.
L’expérience d’Andreï avec une femme m’a permis de pousser le sens de l’amour. L’amoureux ou l’ami qui pose son regard sur nous, nous voyant beau, bon, généreux, intelligent, jusqu’à quel point ce regard nous donne l’impression de vivre ? Ce regard est essentiel mais, si on y pense bien - et le roman nous y aide ! – n’est-ce pas le reflet de soi que nous cherchons à travers l’autre ?
Andreï, lui, sera placé dans la situation d’aimer, de donner, sans rien attendre en retour, même pas le regard de l’autre, en l’occurrence une femme. Ne pas pouvoir se hausser dans son estime se disant, je fais tout pour l’autre, je suis serviable, bon, aimant. Je m’aime dans cette image parce que l’autre voit cette image. Sans cette possibilité, est-ce qu’il s’agirait d’amour pur ? Et quant à y être l’ultime question : est-ce possible dans la vraie vie ? Ma tendance est de répondre « non », tout en continuant de caresser l’idée de tendre vers cet idéal, le plus possible, en s’éloignant de son contraire, le besoin vital du regard de l’autre pour s’aimer soi-même.
Vous voyez combien cette histoire questionne les fondements de la vie ! Mais pour s’y attacher autant, pour que ça remue et nous démange par en-dedans, il faut que le style soit efficace. Il faut absolument que l’on croît à la situation proposée, d’autant plus qu’elle n’est pas des plus rationnelles. J’ai tout de suite été embarquée, happée même, par le sentiment d’urgence. J’ai été aspirée dans un tunnel qui traversait les frontières du tangible. Je me suis faufilée dans le rêve d’une personne excessivement habile à le faire vivre sous mes yeux dans ses moindres détails. Et je crois m’y être aussi facilement abandonnée pour la bonne raison que le rêveur (Jean Barbe) s’y est lui-même abandonné.
Le fond du décor est dur, la révolte gronde, le danger rôde. C’est violent, cruel, couleur sang. Même si le peintre de ces mœurs Staliniens brosse le tableau à grands coups de souffrance, de cruauté et de pauvreté, j’en ai été peu incommodée. J’y ai gardé son côté accessoire, mon regard n’a jamais dévié du principal, l’évolution de l’homme invisible. C’était la scène plantée avec efficacité, et talent, pour qu’Andreï devienne sous nos yeux un être d’exception.
Oui, sous nos yeux. C’est ce que je suis le plus fière de lui avoir offert, mon regard. Il l’a tant cherché, ce regard de l’autre, tandis qu’il était si près de lui, le suivant pas à pas, pensée par pensée : Andreï a été regardé, scruté, chéri par moi dans ses moindres composantes.
Et pour conclure, je pousse jusque là : peut-être y a-t-il des lecteurs qui lisent notre livre de vie de quelque lieu désincarné !?
Brrrrr … froid dans le dos ?
L’homme, c’est Andreï, un russe ou rustre paysan et l’auteur lui a prêté la situation « idéale » pour expérimenter ces questions existentielles. À la suite d’un mystérieux incident, le voilà invisible aux yeux des autres, tout en restant visible à ses propres yeux. Attention, nous sommes loin de l’être éthéré, l’habituel fantôme qui erre en ne sentant plus la douleur. L’homme invisible souffre plus que jamais dans ce face à face avec son esprit. Sans son corps, tout en continuant d’habiter la Terre, son esprit se sent atrocement isolé. Impossible de communiquer avec les autres dans la situation cruelle où tu vis sans être vu.
Il réagira comme n’importe qui réagit à la perte de ses points de repère, il voudra les retrouver. Il cherchera frénétiquement, par tout le globe, ce regard de l’autre posé sur lui, ne serait-ce qu’un bref instant. Pourquoi ce regard est si vital ? Si Andreï ne s’est pas posé la question, y réagissant surtout, moi je me la suis posée.
L’expérience d’Andreï avec une femme m’a permis de pousser le sens de l’amour. L’amoureux ou l’ami qui pose son regard sur nous, nous voyant beau, bon, généreux, intelligent, jusqu’à quel point ce regard nous donne l’impression de vivre ? Ce regard est essentiel mais, si on y pense bien - et le roman nous y aide ! – n’est-ce pas le reflet de soi que nous cherchons à travers l’autre ?
Andreï, lui, sera placé dans la situation d’aimer, de donner, sans rien attendre en retour, même pas le regard de l’autre, en l’occurrence une femme. Ne pas pouvoir se hausser dans son estime se disant, je fais tout pour l’autre, je suis serviable, bon, aimant. Je m’aime dans cette image parce que l’autre voit cette image. Sans cette possibilité, est-ce qu’il s’agirait d’amour pur ? Et quant à y être l’ultime question : est-ce possible dans la vraie vie ? Ma tendance est de répondre « non », tout en continuant de caresser l’idée de tendre vers cet idéal, le plus possible, en s’éloignant de son contraire, le besoin vital du regard de l’autre pour s’aimer soi-même.
Vous voyez combien cette histoire questionne les fondements de la vie ! Mais pour s’y attacher autant, pour que ça remue et nous démange par en-dedans, il faut que le style soit efficace. Il faut absolument que l’on croît à la situation proposée, d’autant plus qu’elle n’est pas des plus rationnelles. J’ai tout de suite été embarquée, happée même, par le sentiment d’urgence. J’ai été aspirée dans un tunnel qui traversait les frontières du tangible. Je me suis faufilée dans le rêve d’une personne excessivement habile à le faire vivre sous mes yeux dans ses moindres détails. Et je crois m’y être aussi facilement abandonnée pour la bonne raison que le rêveur (Jean Barbe) s’y est lui-même abandonné.
Le fond du décor est dur, la révolte gronde, le danger rôde. C’est violent, cruel, couleur sang. Même si le peintre de ces mœurs Staliniens brosse le tableau à grands coups de souffrance, de cruauté et de pauvreté, j’en ai été peu incommodée. J’y ai gardé son côté accessoire, mon regard n’a jamais dévié du principal, l’évolution de l’homme invisible. C’était la scène plantée avec efficacité, et talent, pour qu’Andreï devienne sous nos yeux un être d’exception.
Oui, sous nos yeux. C’est ce que je suis le plus fière de lui avoir offert, mon regard. Il l’a tant cherché, ce regard de l’autre, tandis qu’il était si près de lui, le suivant pas à pas, pensée par pensée : Andreï a été regardé, scruté, chéri par moi dans ses moindres composantes.
Et pour conclure, je pousse jusque là : peut-être y a-t-il des lecteurs qui lisent notre livre de vie de quelque lieu désincarné !?
Brrrrr … froid dans le dos ?
mercredi 3 décembre 2008
La politicaillerie
Le mot existe, j’en doutais un peu. Il s’invente des mots parfois, à cause des réalités qui, elles, ne s’inventent pas.
Politicaillerie, j’aime que le mot sonne en « raillerie » parce que c’est ce que je m’apprête à faire ici, de la raillerie de politique. De la basse politique, pas de la haute. Attention longue parenthèse : (Le problème en ce moment est que tout le monde doute qu’il y en ait de la haute, mais pour cette question épineuse, je vous dirige plutôt vers les blogues de Joseph Facal et Chantal Hébert, ces cerveaux lanternes qui nous allument et nous illuminent).
Je continue sur ma lancée « politicaillerie » pour l’expérience que j’en ai vécue dimanche au Salon des Arts de Brompton. Voilà l’histoire :
La tête penchée sur mon livre, je n’ai pas vu entrer deux hommes qui n’avaient pas le profil du visiteur de salons de cadeaux. Ceux-ci arrivent habituellement la tête haute, l’œil allumé, du rire et de la nervosité plein le corps. Tandis que là, sous mes yeux, deux vautours s'avancent, enveloppés de manteaux gris, le dos courbe et fourbe. Un des hommes découvre mon regard, fonce vers moi, me tend la main. Me tend la main ? Geste traître. Dans un tel Salon, qui te tend la main avant de regarder ce que tu as sur ta table ? Plutôt habituée aux œillades pour cette peur que les gens ont de se faire happer par la gentillesse de l’artiste et ensuite se sentir obligés de l’encourager quand c’est seulement acheter qu’ils veulent.
L’homme me décline son nom anglophone, enchaîne rapidement d’un « Je suis votre député dans la circonscription de …. » La surprise doublée d’étonnement devait détonner dans ma figure car il me demanda aussitôt : « D’où venez-vous ? » j’ai pensé lui répondre de Vénus, mais je répondis plus sobrement « De Eastman ». « Je ne suis pas votre député ». Derechef, je déclare : « Même pas besoin de me parler alors ! » accompagné d’un air aussi joyeux qu’un pinson découvrant une talle de graines de tournesol en plein hiver. Il recula. Ébloui par tant de joie peut-être ? Non, la mâchoire est trop serrée, l’œil trop mauvais pour en présumer. Il arrive à articuler un indigné « Voyons donc, madame, vous ne pensez pas ce que vous dites ! » Mais mon cher monsieur, je vous taquinais. Vous avouerez que c’était tentant !
Il déguerpit rapidement, sans demander son reste (quel reste d’ailleurs ?) vers des proies plus faciles mais surtout plus payantes. Son acolyte, lui, avait comme fonction de préparer le terrain en achetant de l’artiste (prière de ne pas retirer le de). Ma voisine de table, elle, habitant la circonscription a eu le bonheur de se faire acheter un agenda d’anniversaire à 12 $. Elle regrette encore de ne pas avoir poussé une vente plus lucrative. Quant à faire, me dit-elle après coup, car c’était peut-être pigé à même l’argent du parti !
Mais trêve de raillerie de la politique et revenons plus dignement au livre. Au temps du livre. Au temps qu’il faut prendre pour lire un livre. La courbe du temps, la dernière chronique de Nicolas Dickner est succulente, dégustez cette phrase en apéro :
Voilà qui était pour ma chronique d’aujourd’hui, qui n’y a pas été par quatre chemins de politique raillerie.
Ça a fait du bien à mon cœur de rockeuse … euh, de "voteuse".
Politicaillerie, j’aime que le mot sonne en « raillerie » parce que c’est ce que je m’apprête à faire ici, de la raillerie de politique. De la basse politique, pas de la haute. Attention longue parenthèse : (Le problème en ce moment est que tout le monde doute qu’il y en ait de la haute, mais pour cette question épineuse, je vous dirige plutôt vers les blogues de Joseph Facal et Chantal Hébert, ces cerveaux lanternes qui nous allument et nous illuminent).
Je continue sur ma lancée « politicaillerie » pour l’expérience que j’en ai vécue dimanche au Salon des Arts de Brompton. Voilà l’histoire :
La tête penchée sur mon livre, je n’ai pas vu entrer deux hommes qui n’avaient pas le profil du visiteur de salons de cadeaux. Ceux-ci arrivent habituellement la tête haute, l’œil allumé, du rire et de la nervosité plein le corps. Tandis que là, sous mes yeux, deux vautours s'avancent, enveloppés de manteaux gris, le dos courbe et fourbe. Un des hommes découvre mon regard, fonce vers moi, me tend la main. Me tend la main ? Geste traître. Dans un tel Salon, qui te tend la main avant de regarder ce que tu as sur ta table ? Plutôt habituée aux œillades pour cette peur que les gens ont de se faire happer par la gentillesse de l’artiste et ensuite se sentir obligés de l’encourager quand c’est seulement acheter qu’ils veulent.
L’homme me décline son nom anglophone, enchaîne rapidement d’un « Je suis votre député dans la circonscription de …. » La surprise doublée d’étonnement devait détonner dans ma figure car il me demanda aussitôt : « D’où venez-vous ? » j’ai pensé lui répondre de Vénus, mais je répondis plus sobrement « De Eastman ». « Je ne suis pas votre député ». Derechef, je déclare : « Même pas besoin de me parler alors ! » accompagné d’un air aussi joyeux qu’un pinson découvrant une talle de graines de tournesol en plein hiver. Il recula. Ébloui par tant de joie peut-être ? Non, la mâchoire est trop serrée, l’œil trop mauvais pour en présumer. Il arrive à articuler un indigné « Voyons donc, madame, vous ne pensez pas ce que vous dites ! » Mais mon cher monsieur, je vous taquinais. Vous avouerez que c’était tentant !
Il déguerpit rapidement, sans demander son reste (quel reste d’ailleurs ?) vers des proies plus faciles mais surtout plus payantes. Son acolyte, lui, avait comme fonction de préparer le terrain en achetant de l’artiste (prière de ne pas retirer le de). Ma voisine de table, elle, habitant la circonscription a eu le bonheur de se faire acheter un agenda d’anniversaire à 12 $. Elle regrette encore de ne pas avoir poussé une vente plus lucrative. Quant à faire, me dit-elle après coup, car c’était peut-être pigé à même l’argent du parti !
Mais trêve de raillerie de la politique et revenons plus dignement au livre. Au temps du livre. Au temps qu’il faut prendre pour lire un livre. La courbe du temps, la dernière chronique de Nicolas Dickner est succulente, dégustez cette phrase en apéro :
Le livre, en revanche, demeure l'un des seuls objets culturels qui exigent de tout arrêter.Je vous envoie aussi, si vous aimez l’homme qui arpente la vie par quatre chemins et cela depuis quelques décennies : Jacques Languirand et son nouveau site « Les repères de Languirand ». Si ça vous tente de le voir, autant que l’entendre, le sol de son repère est jonché de vidéos. Personnellement, j’ai préféré son boudoir où des livres parchemin s’ouvrent. Comme des miroirs, on y puise des sentences qui font réfléchir.
Voilà qui était pour ma chronique d’aujourd’hui, qui n’y a pas été par quatre chemins de politique raillerie.
Ça a fait du bien à mon cœur de rockeuse … euh, de "voteuse".
lundi 1 décembre 2008
Prix des libraires : le premier jalon
Bon, ça y est, la saga Prix des libraires a posé son premier jalon, sa liste préliminaire de 12 romans Québec et 12 Hors Québec est fraîchement sortie.
Je lisais le communiqué de presse et apprenait qu’il peut se rajouter des œuvres jusqu’au 31 décembre. Curieux quand même, ça veut dire que ça pourrait faire un 13 à la douzaine. Ou un quatorze à la douzaine. Je ne sais pas si une telle chose est déjà arrivée par les années passées. Je ne peux pas m’empêcher de penser que les romans qui sortent tardivement, genre à la mi-décembre peuvent être désavantagés. Est-ce que c'est possible de les reporter à l’année suivante ? Semblerait pas, mais j’ai le goût de poser la question, ce que je ferais demain. Mais j'y pense, s'ils rajoutent un titre, probablement qu'ils en retirent un. Imaginez la faux espoir né dans le coeur de l'auteur. Une autre question à poser.
En attendant, voici ces fameux titres, comme ils m’ont été présentés, par ordre alphabétique :
Romans Québécois
Bestiaire – Éric Dupont Marchand de feuilles
Du bon usage des étoiles – Dominique Fortier Alto
Et je te demanderai la mer – Stéphani Meunier Boréal
La deuxième vie de Clara Onyx – Sinclair Dumontais Hamac
La machine à orgueil – Michel Vézina Québec Amérique
Le ciel de Bay City – Catherine Mavrikakis Heliotrope
Matamore no 29 – Alain Farah Le Quartanier
Sortie côté jardin – Patrick Servant Amérik Média
Tout m’accuse – Véronique Marcotte Québec Amérique
Uns – Marie-Andrée Lamontagne et Philippe Borne Leméac
Vue d’ici – Mathieu Arsenault Tryptique
Zakuro - Aki Shimazaki Acte Sud
Hors Québec
Chaos calme - Sandro Véronesi Grasset et Fasquelle
Effigie - Alissa York Alto
Journée d’un opritchnik - Vladimir Sorokine de l’Olivier
Là où les tigres sont chez eux- Jean-Marie Blas de Robles Zulma
La route - Cornac McCarthy de l’Olivier
Le bonhomme de neige - Jo Nesbo Gallimard
Les années - Annie Ernaux Gallimard
Nous sommes tous Kafka - Amat Nuria Allia
Seul le silence - Ellory R.J. Sonatine
Suicide - Edouard Levé P.O.L.
Syngué sabour (Pierre de patience) - Atiq Rahimi P.O.L.
Toute la nuit devant nous - Marcus Malte Zulma
Ouvrons nos yeux et faisons nos jeux, comme on peut !
Avec ce que l’on a lu ou entendu (pourquoi pas !)
Allons-y de notre flair, rêve, clairvoyance …
Prenons nos désirs pour des réalités
Je lisais le communiqué de presse et apprenait qu’il peut se rajouter des œuvres jusqu’au 31 décembre. Curieux quand même, ça veut dire que ça pourrait faire un 13 à la douzaine. Ou un quatorze à la douzaine. Je ne sais pas si une telle chose est déjà arrivée par les années passées. Je ne peux pas m’empêcher de penser que les romans qui sortent tardivement, genre à la mi-décembre peuvent être désavantagés. Est-ce que c'est possible de les reporter à l’année suivante ? Semblerait pas, mais j’ai le goût de poser la question, ce que je ferais demain. Mais j'y pense, s'ils rajoutent un titre, probablement qu'ils en retirent un. Imaginez la faux espoir né dans le coeur de l'auteur. Une autre question à poser.
En attendant, voici ces fameux titres, comme ils m’ont été présentés, par ordre alphabétique :
Romans Québécois
Bestiaire – Éric Dupont Marchand de feuilles
Du bon usage des étoiles – Dominique Fortier Alto
Et je te demanderai la mer – Stéphani Meunier Boréal
La deuxième vie de Clara Onyx – Sinclair Dumontais Hamac
La machine à orgueil – Michel Vézina Québec Amérique
Le ciel de Bay City – Catherine Mavrikakis Heliotrope
Matamore no 29 – Alain Farah Le Quartanier
Sortie côté jardin – Patrick Servant Amérik Média
Tout m’accuse – Véronique Marcotte Québec Amérique
Uns – Marie-Andrée Lamontagne et Philippe Borne Leméac
Vue d’ici – Mathieu Arsenault Tryptique
Zakuro - Aki Shimazaki Acte Sud
Hors Québec
Chaos calme - Sandro Véronesi Grasset et Fasquelle
Effigie - Alissa York Alto
Journée d’un opritchnik - Vladimir Sorokine de l’Olivier
Là où les tigres sont chez eux- Jean-Marie Blas de Robles Zulma
La route - Cornac McCarthy de l’Olivier
Le bonhomme de neige - Jo Nesbo Gallimard
Les années - Annie Ernaux Gallimard
Nous sommes tous Kafka - Amat Nuria Allia
Seul le silence - Ellory R.J. Sonatine
Suicide - Edouard Levé P.O.L.
Syngué sabour (Pierre de patience) - Atiq Rahimi P.O.L.
Toute la nuit devant nous - Marcus Malte Zulma
Ouvrons nos yeux et faisons nos jeux, comme on peut !
Avec ce que l’on a lu ou entendu (pourquoi pas !)
Allons-y de notre flair, rêve, clairvoyance …
Prenons nos désirs pour des réalités
dimanche 30 novembre 2008
Je fais ouf !
Depuis vendredi, je suis dans un Salon d’Art, derrière la table, pas devant. Quelle expérience ! Ma première journée a été catastrophique, un genre de malstrom émotif. Premièrement, ce que je devais vendre, je ne l’avais pas. Ça part mal un bal, sans sa robe finalement.
Ma première motivation pour m’y inscrire était de vendre un calendrier conçu et dessiné par Marc. C’est la deuxième année que nous tentons l’expérience et jaugeant un peu le genre de clientèle de Salon de Noël, j’ai suggéré à Marc de concevoir un calendrier un peu commercial, dans le but de plaire à cette majorité, pas silencieuse du tout quand elle détient le gros bout du portemonnaie. Il a fini par accepter, même si ça semblait l’emballer plus ou moins (j’aurais dû me méfier !). Pour moi,
ça s’appelle faire des concessions pour gagner sa croûte, pour pas seulement en manger.
Ce que je n’avais pas prévu, et il n’a aucunement aidé à ce que je le prévois, c'est que la nature de mon chum prenne le dessus. Le calendrier en est un, littéraire, il y a d’inclus une petite histoire, poétiquement vôtre, sur le temps. Elle est tout simplement adorable l’histoire, mais c'est un peu surprenant sur un calendrier. En plus, il s’est arrangé pour que je ne lui demande pas d’en faire un autre l’année prochaine (!) puisqu’il couvre 30 ans. Il est spécial, et je parle pas seulement du calendrier ! Je ne saurais pas cette fin de semaine si, malgré sa spécificité, il trouvera preneur puisque Marc est arrivé avec un seul exemplaire vingt minutes avant la fin du Salon. Au moment exact où les gens se remballent, et leurs affaires aussi.
Comment lui en vouloir ? Il a travaillé aussi fort que pour être à temps. Sur un calendrier sur le temps. Tiens, tiens, je commence à comprendre le message, les calendriers devraient toujours avoir 30 ans avec mon chum d’artiste. Le message est clair.
Mais c’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce que j’ai vendu en lieu et place ? J’avais les galets de mer de ma belle-sœur transformés en famille de coccinelles de toutes les formes et couleurs. Des sacs en tissus cousus par ma toujours belle-sœur enceinte jusqu’aux yeux, idéal pour transporter des livres. Quels livres ? Un album pour enfants « Un morceau d’étoile filante » et un recueil de poésie « Éventail & Motif » illustration de Marc et mots de Venise. Mais ce n’est pas facile à vendre des livres artisanaux d’auteur et illustrateur inconnus. Alors, le samedi, quand une dame m’a tendu le recueil de poésie en déclarant « Je le prends" j’ai répliqué « Vous êtes sûre ? », ce à quoi elle m’a répondu « Je n’ai peut-être pas l’air profonde comme ça, mais … ».
Ne vous en faites pas, je me suis racheté et elle l’a acheté. Elle est même revenue me voir deux heures plus tard me disant, je l’ai presque fini (elle l’a lu sur place dans un genre de petit café du Salon). J’espère qu’elle et moi partageons la même définition de la profondeur. Je porte une étiquette « femme lumineuse » mais la profondeur fait parfois descendre dans les bas-fonds.
Je ne vous l’ai pas encore dit mais samedi, j’étais franchement déprimée en sortant de là. J’avais l’impression que la famille de coccinelles s’était agrandie, au lieu du contraire, ce pourquoi j’étais là. Et tout le monde autour avait assez bien vendu. Évidemment, qu’à ce moment-là, on se demande : est-ce qu’il y a quelque chose que je fais de trop ou de pas assez ?
Le lendemain (aujourd’hui), je suis arrivée avec une énergie neuve, j’avais même demandé à mes anges de m’accompagner, vous savez, ceux-là qui n’ont pas besoin de tabouret. Et ça s’est beaucoup mieux passé. La famille coccinelle a perdu des petits de sa portée, j’ai vendu un sac et des albums. Ma technique pour les albums ? Je me suis mise à raconter l’histoire aux adultes, quitte à risquer l’attroupement … j’allais chercher leur cœur d'enfant en ouvrant le mien. Gens timides, prière de s'abstenir.
À la fermeture du Salon, il y a eu un tirage parmi les « vendeurs ». J’ai gagné un mini massage.
Je l’ai pris comme un message.
Ma première motivation pour m’y inscrire était de vendre un calendrier conçu et dessiné par Marc. C’est la deuxième année que nous tentons l’expérience et jaugeant un peu le genre de clientèle de Salon de Noël, j’ai suggéré à Marc de concevoir un calendrier un peu commercial, dans le but de plaire à cette majorité, pas silencieuse du tout quand elle détient le gros bout du portemonnaie. Il a fini par accepter, même si ça semblait l’emballer plus ou moins (j’aurais dû me méfier !). Pour moi,
ça s’appelle faire des concessions pour gagner sa croûte, pour pas seulement en manger.
Ce que je n’avais pas prévu, et il n’a aucunement aidé à ce que je le prévois, c'est que la nature de mon chum prenne le dessus. Le calendrier en est un, littéraire, il y a d’inclus une petite histoire, poétiquement vôtre, sur le temps. Elle est tout simplement adorable l’histoire, mais c'est un peu surprenant sur un calendrier. En plus, il s’est arrangé pour que je ne lui demande pas d’en faire un autre l’année prochaine (!) puisqu’il couvre 30 ans. Il est spécial, et je parle pas seulement du calendrier ! Je ne saurais pas cette fin de semaine si, malgré sa spécificité, il trouvera preneur puisque Marc est arrivé avec un seul exemplaire vingt minutes avant la fin du Salon. Au moment exact où les gens se remballent, et leurs affaires aussi.
Comment lui en vouloir ? Il a travaillé aussi fort que pour être à temps. Sur un calendrier sur le temps. Tiens, tiens, je commence à comprendre le message, les calendriers devraient toujours avoir 30 ans avec mon chum d’artiste. Le message est clair.
Mais c’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce que j’ai vendu en lieu et place ? J’avais les galets de mer de ma belle-sœur transformés en famille de coccinelles de toutes les formes et couleurs. Des sacs en tissus cousus par ma toujours belle-sœur enceinte jusqu’aux yeux, idéal pour transporter des livres. Quels livres ? Un album pour enfants « Un morceau d’étoile filante » et un recueil de poésie « Éventail & Motif » illustration de Marc et mots de Venise. Mais ce n’est pas facile à vendre des livres artisanaux d’auteur et illustrateur inconnus. Alors, le samedi, quand une dame m’a tendu le recueil de poésie en déclarant « Je le prends" j’ai répliqué « Vous êtes sûre ? », ce à quoi elle m’a répondu « Je n’ai peut-être pas l’air profonde comme ça, mais … ».
Ne vous en faites pas, je me suis racheté et elle l’a acheté. Elle est même revenue me voir deux heures plus tard me disant, je l’ai presque fini (elle l’a lu sur place dans un genre de petit café du Salon). J’espère qu’elle et moi partageons la même définition de la profondeur. Je porte une étiquette « femme lumineuse » mais la profondeur fait parfois descendre dans les bas-fonds.
Je ne vous l’ai pas encore dit mais samedi, j’étais franchement déprimée en sortant de là. J’avais l’impression que la famille de coccinelles s’était agrandie, au lieu du contraire, ce pourquoi j’étais là. Et tout le monde autour avait assez bien vendu. Évidemment, qu’à ce moment-là, on se demande : est-ce qu’il y a quelque chose que je fais de trop ou de pas assez ?
Le lendemain (aujourd’hui), je suis arrivée avec une énergie neuve, j’avais même demandé à mes anges de m’accompagner, vous savez, ceux-là qui n’ont pas besoin de tabouret. Et ça s’est beaucoup mieux passé. La famille coccinelle a perdu des petits de sa portée, j’ai vendu un sac et des albums. Ma technique pour les albums ? Je me suis mise à raconter l’histoire aux adultes, quitte à risquer l’attroupement … j’allais chercher leur cœur d'enfant en ouvrant le mien. Gens timides, prière de s'abstenir.
À la fermeture du Salon, il y a eu un tirage parmi les « vendeurs ». J’ai gagné un mini massage.
Je l’ai pris comme un message.
vendredi 28 novembre 2008
Le public prend la parole ...
Michel Tremblay la prend aussi.
Avant de la lui donner (le lien) pour un discours bien senti sur la culture avec son grand C s’il vous plaît, on dit … y paraît, qu’il est le préféré du Salon du livre de Montréal. Premièrement, il y est à chaque année, et la file de fans est longue, et patiente, Ensuite, il engloutit les Prix, année après année. Cette année, c’est le Prix du Grand Public (du Salon) pour La traversée du continent. Quel auteur prolifique quand même ! Et mon « quand même » est pour tout le côté tendance à le prendre pour acquis. J’ai tellement l’impression que malgré toute la reconnaissance qui lui est accordée, à sa disparition, le peuple va se déchaîner. Il deviendra un emblème et ses paroles porteront loin, feront la traversée du continent, sans chaloupe et aviron, en glissant seulement sur l’ère du temps. Mais en attendant, lisons-le, écoutons-le, touchons-le …ici, il nous parle Culture.
Pour toute la logique prescrite de l'équation, on retrouve deux écrivains dans deux catégories :
Grand Prix littéraire, prix du public (9e édition)
Grand Prix de la relève – Prix du jury (6e édition).
Les écrivains qui cumulent deux catégories, donc deux chances, sont :
Pierre Szalowski pour Le froid modifie la trajectoire des poissons
Véronique Papineau pour Petites histoires avec un chat dedans (sauf une)
Avez-vous remarqué ? Les chats … les poissons, c’est gagnant …
Bien oui, je dis n’importe quoi mais c’est permis, c’est un blogue (sourire, soupir, sourire)
Encore des chiffres ?
10,000 $ au gagnant de chaque catégorie + 2,000 $ à la maison d’édition
23 avril = Dévoilement du gagnant - journée mondiale du livre et plus important encore l’anniversaire du Passe-Mot (hum … hum).
Et qui décide du Prix du public (attention, la pas lisse va parler) : le public pardi !
Comment ? En votant, sur le site Archambault, bien sûr. Même si j’en ai lu seulement 5 sur 10, j’ai voté hier, pour le fun, pour vérifier la fréquence du vote et c’est bien 1 fois par jour N’empêche que … et là, je baisse la voix, approchez-vous l’oreille très près, je ne voudrais surtout, mais surtout pas, repartir un débat mais, entre nous, pour gagner, ça aide d’avoir beaucoup, beaucoup d’amis, de connaissances, de relations, de liens …
Chut ! J’ai rien dit, ce n’est pas grave, c’est comme ça, c’est l’auto justice du Prix du public. Et le plus important n’est-il pas de féliciter les 20 finalistes (liste complète) :
Avant de la lui donner (le lien) pour un discours bien senti sur la culture avec son grand C s’il vous plaît, on dit … y paraît, qu’il est le préféré du Salon du livre de Montréal. Premièrement, il y est à chaque année, et la file de fans est longue, et patiente, Ensuite, il engloutit les Prix, année après année. Cette année, c’est le Prix du Grand Public (du Salon) pour La traversée du continent. Quel auteur prolifique quand même ! Et mon « quand même » est pour tout le côté tendance à le prendre pour acquis. J’ai tellement l’impression que malgré toute la reconnaissance qui lui est accordée, à sa disparition, le peuple va se déchaîner. Il deviendra un emblème et ses paroles porteront loin, feront la traversée du continent, sans chaloupe et aviron, en glissant seulement sur l’ère du temps. Mais en attendant, lisons-le, écoutons-le, touchons-le …ici, il nous parle Culture.
L’équation mathématique du Grand Prix Archambault :
20 finalistes – 22 oeuvres
20 finalistes – 22 oeuvres
Pour toute la logique prescrite de l'équation, on retrouve deux écrivains dans deux catégories :
Grand Prix littéraire, prix du public (9e édition)
Grand Prix de la relève – Prix du jury (6e édition).
Les écrivains qui cumulent deux catégories, donc deux chances, sont :
Pierre Szalowski pour Le froid modifie la trajectoire des poissons
Véronique Papineau pour Petites histoires avec un chat dedans (sauf une)
Avez-vous remarqué ? Les chats … les poissons, c’est gagnant …
Bien oui, je dis n’importe quoi mais c’est permis, c’est un blogue (sourire, soupir, sourire)
Encore des chiffres ?
10,000 $ au gagnant de chaque catégorie + 2,000 $ à la maison d’édition
23 avril = Dévoilement du gagnant - journée mondiale du livre et plus important encore l’anniversaire du Passe-Mot (hum … hum).
Et qui décide du Prix du public (attention, la pas lisse va parler) : le public pardi !
Comment ? En votant, sur le site Archambault, bien sûr. Même si j’en ai lu seulement 5 sur 10, j’ai voté hier, pour le fun, pour vérifier la fréquence du vote et c’est bien 1 fois par jour N’empêche que … et là, je baisse la voix, approchez-vous l’oreille très près, je ne voudrais surtout, mais surtout pas, repartir un débat mais, entre nous, pour gagner, ça aide d’avoir beaucoup, beaucoup d’amis, de connaissances, de relations, de liens …
Chut ! J’ai rien dit, ce n’est pas grave, c’est comme ça, c’est l’auto justice du Prix du public. Et le plus important n’est-il pas de féliciter les 20 finalistes (liste complète) :
BRAVO et bonne chance à tous !
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