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dimanche 25 novembre 2018

Madonna en 30 secondes de Billy Robinson

Aimez-vous Madonna ? J’imagine que la plupart des personnes qui tendront la main vers ce très bel album, répondront « oui ». Pour ma part, je ne l’aimais pas particulièrement, par contre, j’étais, et je le suis encore plus, consciente de son apport en ce bas monde.

Cet album est vraiment attrayant pour les yeux, et même pour le toucher avec son cartonné rigide, im
itation papier Kraft.  Vous aurez du plaisir à feuilleter les épaisses pages glacées garnies de moult images colorées. Le visuel est vif et saisissant. Tout est en place pour donner le goût de lire.

Après la forme, le fond maintenant. Disons d’emblée que c’est un album hautement formaté. Je vais tenter de clarifier les divisions.  Quand vous ouvrez l’album, vous avez à gauche : du texte, et à droite : une image. Le texte de droite est divisé en trois parties :
« Aperçu en 30 secondes » : La plus longue partie qui étale le sujet.
« Condensé en 3 secondes » : Un résumé de la partie ci-dessus
« Réflexion en 3 minutes » : Un aspect connexe qui mérite de s’y arrêter 

On trouve également de temps en temps dans le coin droit un « Saviez-vous? » , puis s’ajoutent dans la marge : une fiche technique et une énumération des sujets connexes et à quelles pages.

Il y aurait sept chapitres. Je dis « aurait », comme si je n’en étais point sûre (!), c’est que je n’ai pas eu l’impression qu’il n’y avait que sept. L’album se présente en tellement de divisions que j’en ai perdu la vue d’ensemble. Faut dire que Madonna est une personne complexe, qui porte plusieurs chapeaux,  ce qui rend difficile d’isoler un thème. C’est ce qu’il m’a semblé. Et puis, après tout, englober 35 années d’une carrière remplie et tumultueuse, et cela en 150 pages, c’est carrément un exploit.

J’ai évidemment beaucoup, et encore plus que beaucoup, appris sur Madonna. N’oubliez pas que je partais de rien, ou à peu près. Pour tout vous dire, je ne savais même pas que Madonna est son vrai prénom, le même qu'a porté sa mère. Bien sûr, je me suis demandé si une personne qui a suivi de près cette incroyable carrière en apprendra pour la peine. Je risque un « oui ». Les « saviez-vous » et les « réflexions en 3 minutes » nous réservent des détails qui frappent, qui m'apparaissent précis et pointus.

Madonna n’est pas qu’une artiste hyper performante sur scène, elle est un être qui s’investit et qui investit de sa fortune dans des œuvres caritatives, ainsi que dans l’enfance puisqu’elle a adopté plusieurs enfants. Une femme avec des valeurs, des principes, capable de pousser les extrêmes toujours plus loin. On l’a régulièrement traitée de provocatrice à vide, cet album nous montre la réflexion derrière la plupart de ses extravagances. Faut dire que l’auteur du volume, et il est à peu près temps que j’en parle, est un fan irrémédiable de la carrière fulgurante de Madonna.  Il y a consacré temps et énergie depuis 1985, et si vous voulez en avoir une idée cliquer sur "fan phénoménal" et vous aurez droit à un vidéo de sa Madonnathèque. Cette passion le rend digne de confiance dans les affirmations qu’il avance. Il est à noter que Billy Robinson a fondé en 1996 le premier site web francophone consacré à cette illustre star de la Pop.

Autant les divisions et subdivisions sont intéressantes, étayant les compartiments de la vie de la star, autant elles morcèlent l’idée globale que l’on peut tirer du personnage Madonna. Faut dire que je suis une habituée des biographies où l’on entre dans la vie qui déboule en un fil continu comme si c’était un roman. Il faut s’attendre à autre chose de cet album qui compile et divise. Encore là, les vrais adeptes de Madonna sauront mieux que moi enchaîner les faits sa vie et en faire un tout homogène, parce que moi lorsque j’ai fermé le couvercle sur ces données, j’ai vu et je vois encore Madonna en mille et un morceaux.  D’ailleurs, par certaines divisions qui se chevauchent, on évite mal certaines informations qui se dédoublent. Mais qu’importe, ce n’est pas très dérangeant, ça confirme et aide à mémoriser les moments forts de sa vie.

Pour terminer en images, les montages d’illustrations et de photos prennent d’assaut la moitié gauche de l’album et, pourtant, aucune mention autre que celles que l’on retrouve habituellement en petits caractères sous la couverture. J’y ai repéré que la direction artistique a été commise par René St-Amant et le défi Maquette et illustrations a été relevé par Nathalie Duperré. Sans ces images excitantes, ce livre sortirait amoindri, ses artisans méritent à mon avis une attention particulière. D'ailleurs, si Billy Robinson, par sa Madonnathèque a participé à nourrir ces images, il aurait été intéressant de l'apprendre d'une manière ou d'une autre.

Je sors heureuse de mon initiation, je saisis maintenant l'ampleur du phénomène Madonna. L’album est si attrayant, je n’hésite pas à le classer parmi les « beaux livres » et, fait rare, à un prix abordable : 22.95$. C’est la première fois que je souligne un prix, parce que je considère que pour un album de cette qualité, qu’on se plait à feuilleter de nouveau et à conserver précieusement, le prix est franchement modique.

J’espère que Le Père Noël n’oubliera pas de le déposer au pied du sapin, pour éviter des représailles des fans de Madonna !

vendredi 9 novembre 2018

Turbulences du coeur de Nathalie Roy

Nathalie Roy se définit comme une romancière d’histoires au féminin.  Turbulences du cœur est son dixième roman et, au lieu, d’y aller avec du familier, du connu, du confortable la "femme", elle s’est lancée avec un protagoniste principal masculin : Louis-Philippe Rousseau.

J’avais une toute petite crainte en commençant à lire, car franchement Nathalie Roy connait la femme sur le bouts de ses doigts : son sens du détail, son habilité à se dévouer, ses goûts, ses habitudes et ses attirances. Je me demandais si son homme serait aussi crédible. Le test est passé, j’ai cru à ce bon diable en mal de changer de vie !

On surprend ce grand avocat à l’orée de la quarantaine, et si on fait le calcul, il engendré son ado de 15 ans à l’âge de 24 ans. On se doute bien que sa fille, Romy a été, jusqu’à date, une empêcheuse de tourner en rond dans sa vie de « quasi » célibataire. Jusqu’à date, Romy était la fille à sa maman, Louis-Philippe devenant père de fin de semaine uniquement. C’est que monsieur est un avocat ambitieux dans un grand bureau où on carbure au travail. 

Les premiers chapitres nous exposent cette vie réglée au quart de tour, avec parfois des éclaircies dans le cerveau de l’homme où s’infiltrent ces questions ; est-ce que j’aurais laissé passer la femme de ma vie ? Suis-je en train de négliger ma fille ? Est-ce que mon précieux assistant, William a raison de se plaindre d’une surcharge de travail ?

Nathalie Roy joue des relations homme-femme, comme un chat avec une souris, habilement et dans le plaisir de la capture. Sa force est indéniable : lorsque le personnage est convaincu d’aimer pour la vie, le lecteur l’est tout autant. Pour mon plus grand plaisir, je me suis fait prendre dans la souricière à quelques reprises, je n’avais pas vu venir le dénouement et tant mieux ! J’aime être déjouée.

Le roman commence lentement, comme un lourd véhicule qui doit réchauffer son moteur avant de s’élancer à bonne vitesse. La peur de m’ennuyer dans du convenu m’a effleuré et puis, hop, on change de continent, le rythme change, la routine casse. On a un condo et des plages à visiter en Floride. J’ai senti l’auteure bien connaître les lieux et son plaisir d’y séjourner était palpable.

Tout en défilant l’histoire principale, différents thèmes sont abordés : le transgenre, l’homosexualité féminine, la filiation reniée. Évidemment, ce n’est pas un drame psychologique mais si on veut s’y arrêter, il y a une amorce de réflexion.

Pour être honnête, ma relation préférée est la progressive prise en charge de l’adolescente par le père. L’adolescente est bien campée, le casting est excellent ! Le père y met du sien pour rattraper le temps perdu et l’ensemble parait plausible. C’est une lecture qui peut faire du bien à des pères qui ont perdu la foi en leur capacité paternelle. L’auteure donne le droit de croire qu’il est possible de renouer avec notre enfant si on est motivé.

Je dois m’en confesser, j’ai eu de la difficulté avec la personne de mon âge qui pourrait être mon amie et je nomme ici : Marguerite, la mère du protagoniste. Avec son « je sais tout et je te connais tellement, et ces incessants lapineau », elle avait de quoi m’énerver. En fait, je trouvais Louis-Philippe bien bon de la trouver charmante. Peut-être est-cela la plus grosse différence entre un homme et une femme dans la relation à sa mère, l’homme est plus clément. Tant mieux pour lui, s’il roulait les yeux d’agacement et finissait par sourire d’indulgence ! Pour moi, le charme n’a pas passé la rampe. Trop d’amour et d’attention, c’est aussi pire que pas assez ! Je lui accorde cependant qu’elle est une femme déterminée car elle aura gain de cause (un secret à découvrir).

Est-ce que l’on peut conclure pour autant que je suis allergique aux portraits de femmes fortes, se tenant près d’une femme idéalisée ? Non, car il y a une femme fascinante dans cette histoire et celle-ci, je fais plus que l’endosser, je veux la voir vivre sous mes yeux. Et je risque d’être exaucée … en dire plus serait trop en dire.

Allez, faites comme l’auteure, n’ayez pas peur de l’homme, et plongez dans son cœur, malgré les turbulences.

Turbulences du coeur
Nathalie Roy
Libre Expression
344 pages
Sortie en octobre 2018