Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

lundi 28 septembre 2009

Almanach des exils - Stéphanie Filion et Isabelle Décarie

Ce n’est pas du tout un roman, pas vraiment un récit, c’est un peu une correspondance, il y du journal mais c’est surtout un genre nouveau : l’almanach. Stéphanie à Montréal, Isabelle à Sao Paulo, veulent soigner leur amitié et éviter que cet écartèlement crée une distance émotive entre elles. Cette motivation, ardente, se devine entre et sur les lignes de leur carnet tiré au jour le jour. Parce c’est ce dont il s’agit, un carnet dans lequel elles se sont promis de décrire chacune leur journée sous l’angle du vécu au quotidien. Parce que justement qu’est-ce que des amies très proches peuvent perdre quand elles sont loin physiquement ? La saveur, l’odeur, l’ambiance du journalier fait de météo, de la variation de la nature, de leurs rêves nocturnes, les visites aux uns et aux autres, les emplettes, les finesses et maladresses des enfants, bref, un partage de la routine. Ce partage s'étale sur une période de un an divisé en quatre saisons.

C’est très original comme présentation ; une semaine, on baigne dans l’univers de Stéphanie à Montréal et l’autre, on se transporte au Brésil. Qu’elles soient sur des pôles opposés rend leur échange d’autant plus intéressant. Leur caractère et leur vie sont aussi très différents. Mais si ce n’était que de cela, la lecture ne m’aurait pas autant captivée ; ces dames vouent un amour pour la langue qui n’a pas besoin d’être expliqué puisqu'elles le démontrent. Chacune de leur capsule est une petite perle de poésie. Elles savent ouvrir, développer et boucler avec art leur journée. Elles font de leur texte des morceaux de dentelle brodés avec les fils du quotidien. C’est un art et se sont des artisanes, travaillant avec de la matière essentiellement féminine. Elles sont toutes les deux mères et m'apparaît que le récit n’est pas inventé, à peine embelli.

J’ai été fascinée par leur manière de poser l'environnement immédiat, surtout Stéphanie qui a le tour d’émouvoir par son regard sur la nature. Isabelle joue un peu plus avec les émotions, c’est intéressant aussi. Somme toute, elles avaient leur spécialité. Les peurs, inquiétudes et émotions sont cachées derrière la façade des mots, effleurés et affleurées, sans jamais s'étendre sur le champ émotif, se tenant loin du défoulement. La contrainte qu’elles se sont donnée, ne serait-ce que la concision, a généré une élégante tenue textuelle ; du condensé dans son sens le plus positif ; l’extraction du meilleur.

J’ai savouré cette lecture pour tout ce qui nous est offert à deviner, même si certains s’ennuieraient de la quasi absence de tension dramatique. L'intrigue est surtout faite de leur relation exclusive. Presque jalouse. Difficile de mettre le doigt sur ce qui les aimante à ce point une vers l’autre. Mais veut-on vraiment mettre le doigt dessus ? Le mystère crierait de douleur !
Comme je suis extrêmement curieuse (ça aide d’ailleurs pour aimer fouiner le quotidien de ces deux femmes dans la trentaine), j’ai voulu deviner comment elles avaient procédé pour arriver à cet almanach. J’ai fini par comprendre qu’elles s’expédiaient leur carnet journalier à la fin du mois et cru saisir qu’entre ces envois, elles communiquaient entre elles, par téléphone ou par courriel. Dans le leur carnet, elle parle de l'écriture de leur carnet, ce qui donne une distanciation frôlant la bizarrerie. L’échange des impressions continue même quand elles vivent une journée ensemble, ce qui donne deux regards sur un même événement, j'ai beaucoup apprécié.

Un très bon moment de lecture pour moi, savoureux, mystérieux, à peine un peu trop relaxant vers la fin de la dernière saison où j’ai eu l’impression que les fils s'étaient un peu relâchés.

Un équilibre précaire à tenir ; arriver à relaxer sans ennuyer et ici, c'est gagné !

Premier roman : Almanach des exils de Stéphanie Filion et Isabelle Décarie, Marchand de feuilles, 425 pages.

jeudi 24 septembre 2009

Deuxième lancement !

Je ne veux pas vous inonder (d’une Venise, c’est tentant) de toute cette expérience, appelons-là Marsienne, ne voulant prendre aucun risque de vous enquiquiner ou de vous lasser. Mais en cette veille de deuxième lancement, je me le permets. C’est qu’il y a beaucoup à dire sur la promotion, entre autres, la couverture des médias. C’est un domaine que je connaissais sous un angle, je l'aborde sous un autre, ce qui a pour effet de me motiver encore plus à poursuivre mes comptes-rendus de lecture au Passe-Mot.

Ce n’est pas évident, mais nous avons été chanceux. Dans notre région, ça donne un résultat probant. Une personne m’écrivait ceci aujourd’hui :
J'ai cependant vu un article sur Marsi ce matin même dans le Journal de Sherbrooke. Et il me semble aussi qu'il était dans la Nouvelle et que j'en ai entendu parler ailleurs, mais je ne me souviens plus où. (La Presse?) Transmettez-lui mes félicitations pour la couverture médiatique. C'est très réussi. D'inconnu qu'il était, son nom m'est familier depuis au moins une semaine. Et avec un nom comme ça, on ne l'oubliera pas de sitôt.

Disons que ça fait plaisir à entendre ! Nos efforts sont récompensés mais il y a aussi eu une question de chance, de timing. C’est mon geste d’appeler la Biblairie GGC et demander à parler au gérant pour commander 30 albums avant la sortie qui en a été le déclencheur. Il m’a guidée vers la directrice des communications qui cherchait justement une activité pour les jeunes dans le cadre des Journées de la Culture. La Biblairie s’est occupé de préparer un carton d’invitation virtuelle qui a été envoyé à tous les médias de la région. Il ne restait qu’à répondre à la demande, dont une courte entrevue à la radio CFLX. Marc me surprend. Vraiment. Il est détendu pour répondre, à l’aise, c’est beau de le voir aller. Pour ce lancement-ci, il y aura une allocution au micro. J’ai hâte de voir et d’entendre ça !

Ce qui a été un peu plus compliqué est la participation au Salon du livre de l’Estrie, j’ai un peu abordé la question au Pigeonographe. Nous avons fini par trouver une solution qui impliquait de s’inscrire à (AAACE) l’Association des auteures et auteurs des Cantons de l’Est. Je suis contente de m’être moi aussi inscrite, cela me donne le privilège d’auditionner pour des lectures publiques. Pour le Salon, nous pensions participer à un lancement collectif seulement, puisque toutes les heures au kiosque de l’AAACE étaient prises, une annulation a libéré une séance de dédicaces la journée même de la venue des écoles primaires. Encore de la chance ! Ça me fait réfléchir combien ça tient à peu, et beaucoup en même temps, de se faire connaître.

J’espère que vous avez trouvé la photo rigolote ? Encore là, c’est de l’improvisation. Une journaliste, Amélie Boissonneau a appelé la veille de la publication de son article dans le journal La Nouvelle. Elle a fait une entrevue téléphonique avec Marsi. Et puis, elle lui a demandé une photo, par exemple, assis à sa table à dessin. Marc s’est effectivement installé à sa table à dessin mais pour dessiner ses personnages dans une position particulière (il avait sa petite idée en tête). Ensuite, il m’a demandé de prendre une photo de lui (vive le numérique !) sur le principe du photomaton. Il ne restait plus qu’à faire un photomontage, ce qui semblerait être une bagatelle pour lui. C’est amusant n’est-ce pas ?

J'espère seulement qu’il n’y ait pas trop d’enfants qui nous demandent où sont les personnages qu’ils ont vu en arrière de Marsi sur le journal :-) ...

Lancement : samedi le 26 septembre à 13 h 30 à la Biblairie GGC de Sherbrooke : 1567 rue King ouest.

lundi 21 septembre 2009

Magasin général – Loisel & Tripp

J’ai lu les quatre tomes : Marie, Serge, Les hommes, Confessions. J’espère que vous entendez mon ton de fierté ! Voilà pas si longtemps, on me parlait d’un album et j’avais des réticences.

Je vais vous en parler en toute simplicité ... je tends l’oreille et vous entends dire que c’est pas mal ce que je fais habituellement ! Je m’explique. Je ne suis pas comme l'explorateur BD de la Lucarne à Luneau qui vous décortique les séries, un album après l’autre, dans ses moindres détails, les personnages passant sous sa loupe grossissante. Il complète son analyse faite sur un ton très vivant par « Les plus grandes forces » et ce qui « l’a le plus agacé ». Je n’en reviens pas de le voir aller ! Ce n’est pas qu’un explorateur, c’est aussi un scruteur BD ! Tandis que moi, je vais vous balbutier mon laïus comme la néophyte que je suis.

Je commence par vous situer sur cette série qui remporte un gros succès au Québec. Une recette assez consistante :

• Deux dessinateurs :
- LOISEL : « met en scène l’histoire d’un crayon leste et généreux »
- TRIPP : « distille des ambiances sensibles et vibrantes par son trait et sa lumière »
• Scénario et dialogues : LOISEL & TRIPP
• Adaptation des dialogues en québécois : Jimmy Beaulieu
• Couleurs : François Lapierre

Si vous ne le saviez pas déjà, vous avez déduit que LOISEL & TRIPP sont des Français vivant maintenant au Québec. Et ils ont voulu parler du Québec rural (je dis « ils » mais il est précisé « sur un thème de Régis Loisel ») des années 1927, dans le temps où le magasin général était le centre névralgique du village, par là où les denrées vitales vont et viennent. C’est le lieu naturel de tous les rassemblements et du coup, du placotage et du commérage.

Premier tome, nous faisons connaissance avec « Marie », brave et effacée femme qui essaie de tenir le magasin général après la mort de son mari. Elle en a gros sur le cœur et sur les épaules et on l’a prend vite en sympathie. Heureusement pour moi qu’il y a eu Marie, sinon ... j’aurai manqué de motivation pour continuer. J’avoue m’être demandé ce qui avait tant accroché les lecteurs à ce premier tome qui m’est apparu comme une mise en situation avec une présentation assez lente des personnages d'où on sent du potentiel oui, mais quand même. Je salue ici la perspicacité des amateurs ! Pour ma part, la lecture n’a pas coulé de source, je trouvais le dessin sombre avec des traits effilochés qui m’embrouillaient la vue afin d'arriver à discerner et placer des personnages que je trouvais assez semblables et un peu statiques.

Le deuxième, « Serge » ; la table est mise. Ça commence à surprendre, on entre dans une histoire qui s’annonce hors du commun. Avec le troisième « Les hommes », ça se corse. La méchanceté, les oppositions, les tensions, l’étroitesse d’esprit, le mystère, on ne sait plus où donner de l’œil. Le dessin s’éclaircit, ce qui a tout pour me plaire, moins d’ombres et de ces coups de crayons qui me confondaient. À « Confessions », ce quatrième, je palpitais et les pages se tournaient vite, je devais me forcer à ralentir pour savourer et ne pas avaler comme une gloutonne. Le vent est dans les voiles, avec l'impression de voir l’histoire se pousser d’elle-même emportée par la fougue de ses personnages qui s’auto-biographient. Il y a de nombreux gros plans ; chuchotements de secret et émotions amoureuses obligent. Le crayon se tient près de l’émotion, ce que j’aime beaucoup.

Je me range donc dans la file des fans et attends patiemment le cinquième.

samedi 19 septembre 2009

Le Québec se distingue en littérature

Aussitôt que j’ai le dos tourné à l’actualité littéraire (étant si occupée ces temps-ci), il s’en passe des belles, et de vraiment belles. Quatre nominations parmi la première liste du Prix Fémina, du jamais vu, paraîtrait-il :

  • Dany Laferrière - Énigme du retour (En nomination aussi pour le Médicis)
  • Catherine Mavrikakis - Le Ciel de Bay City
  • Gil Adamson - La Veuve
  • Neil Bissoondath - Cartes postales de l’enfer

Et comme si ce n’était pas assez pour se réjouir s’ajoute une nomination pour le Prix Goncourt :
  • Edem Awumey - Les Pieds sales

Tout le monde en parle mais on ne parle pas de tout le monde ! Disons, que le Voir s’est particulièrement penché sur Dany Laferrière, ce magazine culturel Voir que l’on peut maintenant voir à Télé-Québec (mercredi à 21 h, et des reprises). Y voir la frimousse des ces journalistes que l’on suit depuis longtemps.

Aux côtés de Tristan Malavoy-Racine, nous y découvrons un Dany Laferrière confortable, détendu, grave. Grave pour parler de la gravité de son dernier roman, Énigme du retour. J’ai eu l’impression que monsieur Laferrière se transforme (ou transforme son image va savoir !), ce familier des entrevues. La quantité de romans (19 !) qu’il a écrits ayant été très bien couverts, il est inévitablement un habitué des entrevues. On l’a d’ailleurs vu se réjouir d’une question jamais posée jusqu’à date, question très directe de l’animateur, Sébastien Diaz : Êtes-vous quelqu’un de triste ? Vous pouvez voir la réponse à l’émission Voir :

Entrevue télévisuelle à Télé-Québec :
http://video.telequebec.tv/video/1635/l-enigme-du-retour-de-dany-laferriere-aux-editions-boreal

Présentation détaillée de Dany Laferrière et son dernier roman :
http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=5&section=10&article=66610

Présentation brève de Énigme du retour :
http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=5&section=10&article=66458


Au tour des autres maintenant ! Le Voir a fort affaire pour parler de cinq nominations à des Prix importants !

mardi 15 septembre 2009

La Massothérapeute - Maia Loinaz

Qui ne s’est pas déjà un jour fait donner un massage, les joues encerclées par le beignet, le dos en offrande à des mains expertes ? La table de massage et celui qui s’y allonge représentant la scène, je me suis donc avancé vers La massothérapeute pour en découvrir ses coulisses. Je les ai connues à souhait ! J’ai bien l’impression que je ne me m’abandonnerai plus jamais de la même manière. Est-que ces mains sont lasses, malades, amoureuses, coléreuses ? Mais attention, nous n’en sortons pas plus connaisseur sur la massothérapie, mais bien de cette massothérapeute, lasse de son métier, pour ne pas dire de sa vie en entier.

Avant tout, précisons que j’ai lu ce roman à haute voix. Ceci n’est pas un détail. Le monologue intérieur se veut drôle, et le ton comédie commande un rythme rapide, particulièrement ici que Martine est un être frustré, avec réflexe agressif. Elle fulmine sur tout, sur une note humoristique. Et elle a du souffle ! J’ai bien peur que je n’en ai pas suffisamment eu pour rendre hommage au ton. Ce qui fait que nous n’avons pas ri, à peine souri. Mais sans jamais s’ennuyer, ce qui indique de belles qualités à cette histoire ; la constance, et le non convenu. Où je m’attendais à du convenu, j’ai été déjoué et où je m’attendais à un non convenu, j’ai eu du convenu. Cette déroute a donné l’intrigue. Ce que nous avons beaucoup apprécié, d’autant que la recette, rébellion à l’intérieur, soumission à l’extérieur a fini par nous lasser. Comme n’importe quelle répétition à l’infini, l’infini s’arrêtant ici à 142 pages.

Je ne peux par terminer sans un mot pour les personnages secondaires ; bien typés, exagérés, presque caricaturaux, tous présentés sous un ton soutenu de drôlerie.

J’ai lu La Massothérapeute, mais je l’ai surtout vu. Une écriture qui nous amène à voir plus qu’à sentir. Qui sait, un jour, nous le verrons peut-être au cinéma ce roman !

Et quant à être dans le visuel, je rajouterai que nous adorons la couverture !
Pour des avis variés, comme à tous les 15 de chaque mois, La Recrue l'a lu ...

La Massothérapeute de Maia Loinaz, Édition Marchand de feuilles, 147 pages.

samedi 12 septembre 2009

Service à domicile



Non, ce n’est pas le titre d’un roman ! C’est l’expression qui me vient quand je nous vois Marc et moi avec notre sac de Miam miam fléau dédicacés, allant les porter aux personnes qui les attendent. C’est bien de notre faute un peu, le manque de temps pour dédicacer la journée du lancement fait en sorte qu’il y a des personnes qui les attendent encore. Mais la mission est agréable, on ne se plaint pas.

Il y a quelque chose de rigolo quand même, d’aller acheter des albums pour ensuite les vendre. Pour faciliter la vie de chacun mais surtout pour la dédicace. C’est puissant la dédicace, en tout cas, je vais oser le dire, celle que Marc offre. Prenez par exemple la mère de nos voisins « amis », en séjour au Québec pour cinq semaines, elle a commencé par commander trois albums. Quand elle a vu les dédicaces, elle en a commandé cinq autres, ces cadeaux personnalisés pour chaque membre de la famille étant réglés. Elle a même envoyé un courriel avec des spécifications pour chaque destinataire. Un défi pour l’auteur mais dont il s’acquitte avec le sourire. Il n’aime pas la routine, ennemi no 1 de l’inventivité.

Les commandes continuent de rentrer pour ce service personnalisé : pour l'anniversaire du cousin de la mère d’une amie, pour un amateur de bédé, pour un jeune homme de 11 ans. Celui-ci a pris à cœur de nous transmettre son commentaire après avoir entendu Marc souffrir du manque de réactions. Ce fameux silence d'autant plus contrastant quand il suit tant de mots d’encouragement la journée du lancement. Son commentaire : "Il l'a lu deux fois, a bien rigolé, les monstres sont « crampants » et le roi bien drôle". Nous adorons les commentaires des enfants. Ils sont directs, font rarement de comparaison, et la formulation n’a pas d’importance, c’est le fond qui compte. J’aime les allures naturelles que ça confère à la lecture, un air de quotidienneté.

Comme en ce moment, je suis à vous écrire pendant que Marc est à dédicacer pour des rédacteurs de La Recrue que nous rencontrons dans quelques heures : Jules, Lucie, Catherine, Phil, Julie Gravel-Richard. Cette dernière s’est retirée de La Recrue dernièrement mais qu’importe, elle est encore plongée dans le milieu littéraire. Et puis, nous l’aimons !

Je voulais aussi porter à votre attention, au cas où vous ne l’auriez pas encore réalisé ; la section littéraire dans La Presse paraît maintenant le vendredi. Miam miam fléau y a reçu sa première critique consistante. Comme elle est concise, je vous la transcrit, même pas besoin de cliquer ... service à domicile !

Du bon manger - collaboration spéciale : Aleksi K. Lepage
A-t-on déjà vanté ici les nobles mérites de La Pastèque? Juste au moins 144 fois... Cette maison produit depuis des années, entre autres choses, certains des plus beaux albums de bandes dessinées fabriquées ici.

Ce Miam Miam Fléau est, visuellement, un objet magnifique, et l'auteur Marsi (alias Marc Simard, venu du monde de l'animation, qui se la joue un peu Hergé pour le pseudonyme) aura raison de s'en enorgueillir.

Comment raconter les prémisses et les fins insolubles de cette histoire abracadabrante, laquelle mélange sans complexe autofiction, science-fiction, chronique sur l'air du temps, fable et conte fantastique?

Il y a du Lovecraft, du Fred et du manga dans cette bédé étrange, indescriptible, aux dessins fabuleux, au scénario vaporeux.

Mais Marsi est un artiste véritable, qui respecte les codes de la bédé traditionnelle (personnages aux traits rudimentaires, facilement reconnaissables, phylactères classiques, dessin minimaliste, mais d'une grande élégance.) Très beau travail de la part d'un auteur qui connaît la technique.

jeudi 10 septembre 2009

La foi du braconnier - Marc Séguin

Il est rare que je fasse appel au quatrième de couverture : "Marc S. Morris est un chasseur. À demi Mohawk, dans son sang coule une amertume brûlante nourrie de désillusion et, s’il tue les bêtes, c’est pour éviter de tuer les hommes. Pourtant, Marc S. Morris a la Foi, aimerait avoir la Foi. Devenir pape, par exemple. Ou aimer une femme. Dédier sa vie".

Suit deux autres paragraphes mais le premier suffit amplement pour me mettre en branle et, encore une fois, essayer de rendre le plus justement possible une lecture pour laquelle j’ai retirée peu de plaisir. Toujours par égard à tous ces potentiels lecteurs qui auraient un goût différent du mien. Ils peuvent être nombreux pour La foi du braconnier puisque les sujets étaient si loin de moi, à des lieux de mes intérêts. À commencer par la chasse, et par un braconnier. Pour les amateurs de chasse de gros gibiers, les descriptions sont détaillées et follement réalistes. Justes et pertinentes. Il est clair que l’auteur ne s’est pas fait raconter ces aventures et qu’il est lui-même un chasseur qui aime transcender les règles. D’ailleurs, le personnage principal porte le même prénom que l’auteur et la personne qu’il aime porte le même prénom que la femme à qui il dédie le roman.

J’ai trouvé au texte des allures de récit, un auteur racontant sa vie. Je soupçonne de l’autofiction non déclarée et je n’ai rien contre, ce n'est pas la première fois que je le dis ; j’aime l’autofiction. Mais cette fois, que s’en soit ou non, la rage sourde de l’homme qui chasse et « qui tue des bêtes pour ne pas tuer des hommes » avait de ce quelque chose que je n’avais pas le goût d’entendre. Qu’une personne soit imbibée de ressentiment jusqu’à l’os, s’il est parmi d’autres personnages, j’assume mieux le propos et peux l'apprécier. Ce que j'ai trouvé étouffant est le tête-à-tête avec ce Marc amer au point d'aiguiser son ressentiment aux lames de la haine : « Je ne veux pas de sourires étrangers ni de salutations polies. En général, je déteste les gens que je ne connais pas et je hais ceux que je finirai par connaître ».

C’est l’histoire de sa fuite, suivant les lettres « Fuck you » qu'il a tracées sur une carte géographique. Quand on se fuit, c’est souvent que l’on se cherche. Ici, l’être cherche un idéal, soit se faire pape ou sl’amour d’une femme. Il aima Emma dans l’instant où il l’a vit. Cependant, rien n’est simple avec les êtres torturés. Malgré cela, j’ai aimé l’entendre décrire son sentiment pour Emma, parce que Marc Séguin manie bien la langue, son écriture m’a plu et je m’y suis accroché pour les moments durs ou crus :

J'ai tiré sur la panse et les organes fumants. La dénivellation facilite l'écoulement du sang et la sortie des viscères. Un autre coup de couteau pour détacher le coeur, attaché au thorax par une toile, et aux poumons et au foie. Un autre coup pour le diaphragme, ou l'onglet, ainsi qu'on l'appelle quand c'est servi dans une assiette. Un dernier coup pour sectionner la trachée de l'intérieur. Tout sort. L'animal est vide. Il fume. C'est devenu une carcasse. Ça sent le sang.

Avis aux intéressés.

Pour une critique de Dominique Blondeau, vision différente de la mienne, c'est ici.

La Foi du braconnier est un premier roman pour Marc Séguin, LEMÉAC, 150 pages. Août 2009.

samedi 5 septembre 2009

C'est un marsien !

Il est à peu près temps que je revienne sur cette fameuse soirée “Lancement” dédicaces intensives pour Marsi ... Blue me le rappelle gentiment :-). Quelle soirée ! C’est rare que la babillarde que je suis éprouve de la difficulté à relater. C’est le trop-plein d’émotions encore dans l’air. Le spectacle de la quantité de personnes aussi heureuses que nous, de toucher, de feuilleter cet album tant attendu est imprimé dans ma tête.

De voir du plaisir dans les figures, malgré une longue file pour attendre sa dédicace avec un, deux, quatre ou même huit Miam miam fléau à la main !!! Habituellement, quand on attend en ligne, on s’impatiente, on trépigne, on s’énerve, c’est rare de voir une file de personnes qui bavardent, débordant d’une fierté pétillante. De toute beauté ! Je me faufilais, me joignant au bavardage. Avec Yvan Le Terrible, par exemple. J’étais contente de le reconnaître aussitôt vu malgré le petit tour qu’il m’a joué de laisser supposer son absence. Une belle surprise pour moi. Je tenais à le présenter à Marsi mais quand est arrivé le tour d’Yvan, le papillon que j’étais butinait ailleurs. Marc a donc complété le nom Yvan par « le Terrible, c’est ça ? ». La preuve est faite du combien je parle de mes amis derrière l’écran. Une autre amie dévoilée, Carine (c'est sa dédicace qui est photographiée !), avec son bébé de moins de deux mois et accompagnée de sa sœur descendue du ciel depuis quelques heures, arrivant de France. Autre surprise, un couple rencontré brièvement dans un gîte de la Gaspésie. Et c'est sans dire le grand plaisir d'y voir, Michel Rabagliati, le père des Paul.

La séance qui devait durer de 17 h à 20 h s’est étirée jusqu’à 21 h avec la bénédiction du libraire top-chrono, la file étant trop belle et la pile de BD trop baissée pour s’accrocher dans les tuiles du centre « cathédrale » de ce lieu lumineux qu’est la librairie Monet. C’est là où nous étions installés au cœur de cette librairie vaste et accueillante. Je vous assure qu’elle vaut le détour, ceci dit avec mon cœur impartial, c’est de l’ordre de la vérité pure et nette !

Certains jeunes se sont laissés tenter par de la lecture sur place impossible à terminer pour les « 60 pages » bien remplies, de là une réclamation à la maman. Ils ont vaillamment attendu jusqu’à 9 h, recevant la dernière dédicace. Ils ont quitté avec une dédicace marsienne et des « OH ! » hauts en joie. La surprise de tous et des libraires : Marsi n’offre jamais le même dessin, ça l’userai et abuserai l’unicité du futur lecteur. Tenez-vous le pour dit, Marsi, c’est un marsien !

Quand il s’est levé pour la première fois après 4 heures de ce marathon « glissement de mine sur une soixantaine d’albums », il m’a dit se sentir comme un astronaute au retour d’un voyage spatial, dégagé brusquement d’une apesanteur temporelle, hébété des heures égrenées sans son consentement. Il assure tous et chacun que même dans son phylactère, il a ouïe le bourdonnement, il était muet mais loin d’être sourd. Il a apprécié chaque mot, chaque rire, chaque présence, chaque intensité.

Une soirée mémorable. Pour une première de premier lancement, c’était fameux. Le lieu et l’accueil à la librairie Monet y sont pour beaucoup, les amis, la parenté et toutes ces personnes qui se sont déplacées, désireux de reconnaître ce moment important pour nous sont le cœur de l’événement.

Crédit des photos :
Les trois premières : Guillaume Simard
La dernière : Venise !


Miam miam fléau de Marsi - Éditions La Pastèque - 60 pages.

mardi 1 septembre 2009

Marsi n'est plus un drôle d'oiseau


Le bédéiste sort du sac. Ou du placard. J’expose sa figure au grand jour avant le grand jour, pas le jour J, le jour BD.

J’écrivais à un ami, lui disant combien c’est fébrile ici. Je lui disais que plus qu’un lancement de bédé, ma conviction est que c’est un lancement de bédéiste. Marc me dirait que c’est sûrement prétentieux ce que j’affirme là, puisqu’à l’heure actuelle, on ne sait pas. On ne contrôle plus.
Mais je ne peux pas m'empêcher de sentir ce que je sens pour autant !

Pour se tenir dans l’ambiance, et qui sait tromper sa nervosité, Marc invite et dédicace. Fouille Facebook aussi, lui si peu gagné à cette machine gobeuse de temps. Il fait des recherches pour dénicher des amis de longue date, des ex-collègues de travail. Et ça marche ! Ça marche en saperlipopette. Il les trouve et eux répondent. C’est assez excitant. Quant à l’album en tant que tel, il exposera sa face, on dit couverture bien sûr, demain (2 septembre) dans les librairies. Le bb de Marc, sa bd, s’y tiendra seule sans son bédéiste derrière qui la commente ou la tend avec un sourire de fierté. Elle se présentera seule, se tiendra debout si on lui donne un stand, devant des regards étrangers qui la flaireront avec indifférence, attirance ou circonspection. Plaira-t-elle ? Charmera-t-elle ? Captivera-t-elle ? Comme les enfants que l’on met au monde, elle a déjà sa vie propre et on ne sait pas où cette vie la mènera. Nous mènera. La seule chose dont on est certain présentement, en ce jour de veille du lancement, est qu’il y a plein de personnes, appelons-les, des parrains, des marraines, ou des adoptants de Miam Miam fléau qui ont très hâte de la lire.

Pour ce qui est des médias, nous tombons en plein dans l'effervescence de la rentrée où l’on sent les journalistes ensevelis sous leurs piles de livres. Les dates butoirs cognent à leur tête bourdonnante de mots. Malgré tout, Le Devoir en a fait une présentation des plus intéressantes :

Bédé - Des bulles pour magnifier les amours difficiles
Fabien Deglise – édition du 29 août – LE DEVOIR
Amour difficile? Le concept colle parfaitement pour décrire la relation qu'entretiennent Coco Météor et son cavalier indomptable, qui répandent leur douce folie et surtout construisent l'incohérence de leur univers sur les 62 pages de Miam miam fléau (La Pastèque), de Marsi. Cet objet délicieusement graphique et parfaitement éclaté vient de prendre son envol, sans savoir vraiment où il va atterrir.

Dans l'édition septembre/octobre du Libraire, on en fait une honorable mention :
Bulles créatives
Figure de proue du 9e art au Québec, La Pastèque publie cet automne une sélection de bandes dessinées haute en couleur. La saison commence en grand avec Miam miam fléau, de Marsi (acronyme de Marc Simard). Cet illustrateur issu du dessin animé ne restera pas longtemps inconnu des amateurs de 9e art car son premier album, qui met en scène une cour très particulière, celle de Taraboum 1er, roi des Gôls, montre un sens narratif hors du commun. Et dire que l’éditeur croyait que le manuscrit ne lui était pas destiné…
Tout ça exprès pour nous convaincre que nous ne sommes pas en train de rêver ...

C’est gentil hein ?