Faites comme chez vous

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c'est recevant !

lundi 30 août 2010

Hommage à Marie Laberge

Retour dans le temps pour cette populaire dame de la littérature québécoise qu’est Marie Laberge. C’est une invitée d’honneur, l’hommage se respire à plein nez dans ce lieu idéal pour les retours dans le temps : Le théâtre La Marjolaine (50 ans d’existence).

Danièle Bombardier, dont c’était l’anniversaire de naissance ce jour-là, entame avec les présentations d’usage, rapidement suivies de ces chiffres nous rappelant combien l’écrivaine est lue :

* 33 ans de vie professionnelle (allez souffler sur ses bougies !)
* 22 pièces de théâtre écrites, jouées et traduites
* Écriture de 2,000 pages en moins d’un an ; premier jet Le goût du bonheur – avant les corrections et modifications
* Premier roman « Juillet » : 7,000 lectrices-teurs
* Deuxième « Quelques adieux » 14,000 lectrices (teurs) doublant ainsi la mise jusqu’aux ...
* 700,000 lectrices-teurs pour la saga « Le goût du bonheur ».
* Plus de 41,000 lectrices-teurs de Martha, roman épistolaire divisé en 26 lettres postées à chacune et chacun qui s’y abonne. Poursuite en 2011.
* Elle en est au maniement de son 10° roman (étape avancée – manuscrit *)

Encore des chiffres, et des mots
À l’approche de 50 ans, elle a quitté le milieu du théâtre, pour rester heureuse dit-elle, évitant ainsi l’apitoiement de l’âge (pas arrivé à comprendre pourquoi le théâtre ne la rendait plus heureuse). « Casser le monologue intérieur de l’esseulé », il me semble avoir entendu une déclaration semblable, mais ne me laissez pas mettre la main au feu, j’en ai trop besoin pour écrire !
Quand « Gabrielle » (tome 1- Le goût du bonheur) a connu son premier succès, 5,000 lecteurs à sa sortie, elle nous laisse imaginer l’augmentation de la pression sur ses épaules, afin que Florent tome 3 soit à la hauteur (finalement, 75,000 lectrices-teurs)

Portrait à grands traits esquissés
  • Son père a haï (entendez-la mordre dans le mot haï) sa première pièce.
  • Sa mère lui a déjà dit que pour une « fille de party », c’est effrayant d’écrire des affaires de même.
  • Elle doit s’isoler pour l’écriture – elle stationne dans une bulle.
  • Quand l’encre n’est pas encore sèche, déteste ce qu’elle vient d’écrire.
  • Elle en arrache autant que ses lecteurs quand elle écrit ; descend dans son sous-sol émotif.
  • Ce qui vaut plus qu’une récompense (médaille) ou excellente critique journalistique ; trouver dans une bibliothèque un exemplaire d’Annabelle qui tient « de peur », tellement il est abîmé par les mains de ses lectrices-teurs.
  • Elle avoue ne pas arriver à lire les lettres qu'on lui envoie en abondance suite à ses envois Martha, se dit trop bouleversée par la détresse de la solitude qu'elle y sent.

Clou de la rencontre
Marie Laberge a fait un cadeau à ses lectrices-teurs. Vraiment un cadeau, si on considère qu’il n’est pas facile de se présenter sur une scène avec son manuscrit abondamment annoté entre les mains ... et le lire ! Même élégamment vêtue, Marie Laberge s'est dénudée. Ça implique d’accepter de se montrer vulnérable, j’ai admiré ce geste.

Lui a été remis une plume artisanale en bois qu’elle a semblé bien appréciée, des fleurs, des sourires, de l’admiration qu’elle a le loisir de transformer en affection. Elle m’est apparue très reconnaissante, je dirais même affectueuse vis-à-vis ses lectrices-teurs.

Incontestablement une grande dame de notre littérature et là, j’oserai rajouter quelques mots qui me vaudront peut-être certaines escarmouches verbales ... même si elle est populaire.

vendredi 27 août 2010

Les grandes rencontres

Je ne peux pas croire que j’y suis. Enfin. À ce moment magique parce qu’inespéré. Si je devais identifier une rencontre inespérée pour moi, aux Correspondances, ce serait celle-là, parce que je n’avais pas du tout prévu voir le tangible d'une amitié entre deux écrivains, deux continents. Il y a de ces offrandes adressées à la tête mais celle-là l'était, au cœur. Je veux dire par là qu'ils n’ont pas proféré des vérités à réfléchir longuement, c'est leur complicité, offerte, comme si nous étions des amis qui m'a séduite. D’ailleurs Alain Mabanckou se targuait bien que tout ce qui se passait là sous nos yeux resterait entre nous, les Correspondances d’Eastman étant encore un événement à hauteur d’homme.

Ils nous ont raconté l’histoire de leur amitié. L’origine se situe en 1999 à un salon du livre (où ? en France, je crois) où leurs kiosques se côtoyaient. A.M. sortait un premier livre, de la poésie, et les personnes déambulaient devant lui, sans même y jeter un coup d’œil, et Dany Laferrière l’entendait persifler « Ce sont tous mes futurs lecteurs, ils ne le savent pas c'est tout ... et le plus drôle est qu’il avait raison ! Ce qui a frappé A.M. est la simplicité sans prétention de D.L., qui l’a pris en considération, le traitant comme s’il était déjà un écrivain en pleine gloire. La sympathie s’est prolongée par un échange épistolier, puisque n’habitant pas le même pays. C’est A.M. qui l’aurait amorcé et toujours Dany Laferrière de lui répliquer par de longues lettres bien senties. Un échange chargé d’humour et de réflexion, on ose bien l’imaginer. D’ailleurs, tout probable qu’un jour nous n’aurons plus à l’imaginer, nous la lirons, cette correspondance. Ils ne demandent que cela, la publier. Une question à régler avec leurs éditeurs mais pour eux, assurément, un prétexte en or de se rejoindre dans un même lieu et passer de bons moments ensemble.

Quand, mais quand commence-t-on à nommer « amitié » une relation épistolaire rajoutée au plaisir de se croiser quand la circonstance, rare, s’y prête ? D.L. a avoué que A.M. a certainement pris une longueur d’avance mais qu’un jour, il a bien dû se rendre à l’évidence, le mot « amitié » collait à leur relation. Dany a parlé de Alain M. comme étant un ami loyal et entreprenant, prenant les devants. Il ne manque pas une occasion de parler de lui dans son blogue, et même s'il le faut, il prend sa défense. Une anecdote a été relevée à ce sujet, mon souvenir est trop vague pour vous la relater. Désormais, ils se suivent de près - par la correspondance, pas physiquement! - et à ce titre, quand A.M. a lu le manuscrit « L’énigme du retour », il fut un des premiers (sinon le premier !) à dire que ce le livre en était un à part, pleinement abouti et que, dans ce sens, il comprenait tous les autres.

J’ai trouvé si tendre leur fraternité affectueuse frappée de sourires, de sous-entendus, de blagues, de taquineries, de souvenirs et, bien sûr, d’anecdotes. Parce que pour les anecdotes, vous imaginez bien qu’ils ne donnent pas leur place ! Ils nous en ont racontées, et plusieurs. On le sait, Dany Laferrière n’a pas besoin d’être grandement stimulé pour avoir de l’esprit, la répartie intelligente lui étant assez naturelle, imaginez en compagnie d’un complice ricaneur, d’une intelligence fine et généreuse ! Pour qui s’ouvre à l’invisible, devant nous, se vivait une détente provoquant ce genre d’abandon pas si courant devant une assistance. Pour vous dire bien franchement, et avec tout le respect que je dois à l’expertise de l’animatrice (Danièle Bombardier), je ne me souviens d’aucune de ses interventions. Ils se sont pour ainsi dire animés seuls. Elle a assumé une discrète présence et c’était, à mes yeux, le comportement intelligent à adopter que de les laisser se donner la réplique.

Je ne peux terminer sans parler d’une tierce personne, Ghila Sroka présente dans l’assistance. Dany L. l’a déclarée sa grande amie, rendant hommage à son action sociale acharnée, et cela même si une grande emmerdeuse notoire (sic). Avec un dynamisme de bon aloi, elle nous a distribué à chacun une invitation pour le lancement du livre « Conversations avec Dany Laferrière » - interviews menés par Ghila Sroka

Ce dernier Café a eu, pour moi, une saveur crémeuse et bien sucrée, à laisser dissoudre longuement sur les papilles de ma mémoire.

jeudi 26 août 2010

Histoires de livres

Ah, ces intermèdes vacances qui nous font nous demander par quoi REcommencer! Et encore plus quand la mer de la Gaspésie t'appelle pendant que tu es à couvrir, en différé, les Correspondances d’Eastman arrivé à sa dernière journée, le 8 août. Aujourd’hui, chaque cellule du corps aérée par le vent du large, j’y plonge. Mais avant de prendre mon élan, j’offre à qui en veut un ultra bref bilan de mes lectures de vacances. Deux livres et demi : Les Troutman volants (complété) Agaguk et Monsieur Julot. Ce peu de titres laisse imaginer que je n’ai pas donné ma place pour contempler l’eau et le temps qui coulent ! Ce qui n'empêche pas ma hâte d'être grande de partager avec vous mes commentaires de lecture dont un : « beaucoup » aimé, un « moyen » aimé et un « moyen plus » aimé (pas dans l’ordre).

Comment serait-il possible de sauter « Histoires de livres » et ces quatre auteurs : Dominique Fortier (D.F), Naïm Kattan (N.K.), Dany Laferrière (D.L.) et Yvon Rivard (Y.R.) ? L’animateur, Jacques Allard a entamé avec celle qu’il a traité de jeune auteure, Dominique Fortier, faisant probablement allusion au fait qu’elle a été l’élève d’Yvon Rivard. Monsieur Allard a été à fond dans la présentation de son deuxième roman Les larmes de st-laurent, la chose apparaissant évidente qu’il l’avait énormément aimé. Son enthousiasme l’a poussé à raconter l’histoire en en dévoilant les secrets. D.F. a réagi, et comme j’ai aimé qu’elle réagisse, étayant avec conviction, toujours de sa voix ténue à force d’être douce, que c’est son respect infini pour le lecteur qui lui faisait défendre le mystère entourant ses histoires. Bien sûr, je ne vous dirai pas ce qu’il a dévoilé, mais croyez-moi si je vous dis que c’était consistant ! Il a continué de plus bel dans le dévoilement, elle a finalement laissé échapper un « Je suis résignée » pendant qu’il a compris un "Vous êtes pardonné". Assez cocasse, merci.

Naïm Kattan et ses 41 publications inspire le respect, ne trouvez-vous pas ? S’il y a une personne chez qui on peut être tenter de croire qu’il détient une vérité, ce serait lui. Justement, parce qu’il ne se l’approprie pas. Il est un transmetteur, au plus, un veilleur. Je me souviens qu’en sa compagnie, on a parlé de l’identité, de la source originelle du texte, par exemple, La Bible. Revenir au texte, sans y projeter nos visions, nos opinions, le prendre au pied de la lettre. Faut dire que « Le veilleur » est l’histoire d’un rabbin exilé « Il sera rabbin et apportera aide, secours et réconfort non plus au corps mais à l'âme de l'autre »
Il nous a raconté l’anecdote d’une personne qui, à chaque soir, lisait le Time et y trouvait une ou des fautes et l’apportait à l’attention de la rédaction et le jour où ils n’ont plus entendu parler de lui, le veilleur de langue était mort. Pour terminer, je relève une de mes notes sans son contexte (désolé !) : Si le temps est réversible ; Kafka a influencé ses prédécesseurs.

Dany Laferrière est un inépuisable puits à anecdotes. Sa vie en serait remplie plus qu’un autre, ou bien, possède-t-il cette exceptionnelle mémoire qui photographie par les mots ? Optons pour les deux. Il nous a illustré son ardente soif de lire par ce souvenir d'avoir donné 10 centimes à sa sœur, qu’elle lui serve de bâton d’aveugle pendant l’aller-retour à l’école pour qu’il puisse lire en marchant. Sa raison principale d’écrire est pour dire que dans la vie existe les livres. Tout bouge autour de moi aurait été écrit dans l'urgence de l'instant. D’après lui, il donne seulement l’impression de parler d’Haïti quand pourtant il dit parler du monde entier sous le prétexte Haïtien. La table a été mise sur un point qui enchantait chacun des auteurs présents ; la poésie et D.L., spécialiste des déclarations imagées ; quand entend-on dire j’ai dévoré un recueil de poésie ? Jamais. On savoure et laisse infuser la poésie.

Ce que j’ai retenu d’Yvon Rivard ? Un professeur dans toute la fibre de son être ; il expose et explique. Son petit dernier Une idée simple est classé « essai littéraire ». Une personne, qui m’a semblé honnête en avouant d’emblée que son élève, Dominique Fortier, avait depuis longtemps dépassé le maître. Il exposait et admirait grandement l'approche poétique de D.F.

Aussi, un homme qui parlait non seulement de la mort mais de sa mort. Quand D.L. l’a réalisé, il l’a taquiné : « Plus une personne en parle, plus il y a de chance qu’elle nous enterre tous ! », enchaînant avec « Il faut un malheur pour écrire, mais pas obligé que ce soit le sien ! » Y.R. a rapporté ce qu’il répondait à ses étudiants qui, parfois, lui confiaient manqué d’imagination : Prenez note de vos rêves trois nuits de suite, vous allez voir que vous en avez. Y.R., une figure importante de notre littérature qui, fait surprenant, me fait dire « je devrais » le lire et non pas, « je désire » le lire.

Somme toute, un Café littéraire riche, et le plus long (2 heures), pour donner la parole à ceux qui la prennent habituellement entre les feuilles des arbres.Ah oui ... j'oubliais ! C'est notre adorable et talentueuse Sophie Cadieux qui a lu les extraits sélectionnés par l'animateur, Jacques Allard.

mercredi 18 août 2010

Intermède vacances

Première nouvelle, comme à chaque année, nous voici à notre première escale : Nouvelle, en Gaspésie. Pour la précision, nous sommes à quelques kilomètres de Nouvelle, à Escuminac au Gite Wanta-Qo-Ti, endroit idyllique. Et je ne choisis pas le mot « idyllique » pour faire beau !

Je pense qu’il est à peu près temps que je vous situe sur mes lectures ... secrètes. Mais auparavant, je rectifie le tir, je n’ai pas terminé ma couverture des Correspondances d’Eastman. Il reste une journée très importante pour moi : le dimanche. Dernière journée que j’ai avalée comme un dessert. Les deux Cafés littéraires surtout, et l’événement s’est terminé sur une note populaire, un hommage à madame Marie Laberge.

Mais je reviens à mes lectures. J’ai lu en cachette ... de vous, c'est-à-dire que je non annoncé sur le Passe-Mot : La mort attendra d’André Malavoy qui se trouve à être le grand-père du rédacteur en chef du Voir, Tristan Malavoy-Racine, et donc le père de la politicienne Marie Malavoy. C’est son histoire, l’histoire d’un Résistant français de la guerre 39-45, qui a résisté .... à la mort. Son passage dans plusieurs prisons, dont celle de Fresnes en France, avant le camp de concentration, nous fait nous demander « mais de quel bois se chauffait cet homme ?! ». On l’apprend en lisant cette nouvelle édition TYPO où « La fin heureuse » a été rajoutée par ses descendants. J’y reviendrais bientôt. Ensuite, la lecture annoncée ci-contre « Ceci est mon corps » , je ne l’ai pas apportée dans mon bagage. Elle se fait à voix haute, pour Marsi, et c’est un peu embêtant dans un gîte n’est-ce pas ?

Mais alors que diable suis-je à lire, et je rajouterais même, à achever ? Les Troutman volants de Miriam Toews (Boréal). Une Canadienne anglaise traduite par un couple québécois, Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Devons-nous considérer cette lecture comme une incartade de ma mission québécoise ? Peut-être, mais en vacances, j’ai entendu dire qu’on peut se le permettre, et de toutes manières, j’en mets la faute au blogue de la librairie Vaugeois qui en a parlé avec tant d’enthousiasme.

Pour me racheter, les autres livres emportés ne font qu’une exception à la règle, et c’est un album de bandes dessinées. Les fervents de lecture comprendront cette insécurité qui nous tombe dessus quand, sur le point de partir, on a à faire des choix. C’est pareil ou pire à une femme devant son garde-robe avant une soirée chic ; quoi apporter pour être confortable et (se) plaire.

Je vous présente donc ma garde-robe de livres :

Monsieur Julot – Marie-Christine Bernard (récemment acheté)
Quelques adieux – Marie Laberge (très récemment acheté)
Agaguk – Yves Thériault (donné par une amie)
J’ai eu peur d’un quartier autrefois – Patrick Drolet (donné par Marsi)
Tuer Lamarre – Simon Girard (en attente depuis longtemps)
Les fous de Bassan – Anne Hébert (acheté dans une bouquinerie)
Le Cristal qui pousse – Steve Proulx (jeunesse) – Très curieuse de lire ce journaliste que j’admire
Lydie – Jordi Lafebvre et Zidrou – bande dessinée pour adulte (pas québécois) – Parce que choisie, comme une grande, sans l’aide de personne. Elle attend mes vacances depuis quelques mois.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, s’y retrouvent deux classiques, lesquels j’ai moins l’occasion de lire au courant de l’année.

Il me reste 6 jours de vacances. Vais-je arriver à tout lire ? ... hum, hum ... bien sûr que non ! Mais est irremplaçable le sentiment de plénitude (de lourdeur aussi, mais ça ...), je suis certaine de ne pas en manquer, selon goût, humeur, temps et température.

Et puis, il faut le dire, on aime donc ça se casser la tête à choisir sa prochaine lecture ! J’ai donc traîné mon embarras du choix dans mes valises.

dimanche 15 août 2010

Le Proche et le lointain - Café littéraire

Me voici enfin à ce Café littéraire rafraichissant. Heureux contraste après le Café « théâtral » de figures à reconnaitre dans la rue. Ici, les trois écrivains s’exposent sous les jaquettes de roman : Max Férandon, Michèle Plomer et Hélène Rioux. Les connaissez-vous ? Personnellement, je connais les trois, mais j’ai lu que les « spécialistes » de la Chine : Michèle Plomer avec HKPQ et Max Férandon avec Monsieur Ho. C’est Hélène Rioux que je n’ai pas encore lu (à mon grand dam !).

Heureusement, Antoine Tanguay nous a mieux fait connaître la tétralogie romanesque « Fragments du monde » qu’Hélène Rioux a entrepris. Âmes en peine au paradis perdu (t.2) reprend là où nous avait laissé l'encensé Mercredi soir au bout du monde en 2007 (prix France-Québec, prix Ringuet, finaliste au Prix du Gouverneur général). Ce Mercredi soir au bout du monde me fait damner. Je joue de malchance pour mettre la main dessus. Encore cette fois, aucun exemplaire, et pendant que j’avais l’auteure sous les yeux ! En plus, j’ai appris que ce "bout du monde" est situé à deux pas où j’ai habité 18 ans, sur St-Vallier, coin St-Zotique. Ce casse-croute « Le Bout du monde » ouvert 24 sur 24 est maintenant lointain pour moi, mais il fut jadis proche ... hum, hum ...clin d’œil au thème du Café !

J’ai été frappée par plusieurs révélations de cette auteure aguerrie (14 livres au cours des 35 dernières années) mais celle que je retourne encore dans ma tête est qu’elle est incapable de commencer à écrire, même pas une ligne, avant que son titre ne soit trouvé. Elle ne prend pas ses titres à la légère, le tome 3 s’intitulera « Nuit blanche et jour de gloire », ce qui fait qu’elle se laisse imprégner par des films et des textes relatant des nuits blanches. On ne sera pas surpris qu’on dise d’elle qu’elle est une auteure d’ambiance. J’avais déjà hâte de la lire, mais depuis que je l’ai entendu dire que son obsession des derniers temps est « Comment on est lié avec le reste du monde », je suis sur les feux ardents.

J’espère que vous ne pensez pas que je vais négliger le tandem Chine. Probablement qu’ils seraient lasses de m’entendre avec ma « Chine » mais à ma défense, ce fut un thème majeur du Café pour eux. Faut dire qu’il est surprenant d’avoir devant soi un Max Férandon (à gauche) qui nous plonge en Chine, par son très fort personnage Monsieur Ho, sans jamais avoir vu le pays. Cet homme qui n’y a jamais mis les pieds nous fait voyager en Chine ! Voilà le merveilleux de la science fictive. De son côté, Michèle Plomer y a séjourné assez longtemps, et pas en touriste mais c'est elle qui s’exclame « L’imaginaire est ma seule vérité ! » Quand on s’entretient de HKPQ, on s’en sort pas, on parle poisson, traité avec dignité et mangé en entier, et poisson avec des mains ! (lisez HKPQ, si vous êtes intrigué !). Je me risque aussi à dire qu'on y parle des Chinois encore plus que la Chine. Mais il faut que vous sachiez que cette auteure, j’ai de la difficulté à en parler, je l’aime trop ! Regardez sa photo, vous ne trouvez pas qu’elle a l’air d’un ange ? Un ange avec une ferveur de passionnée ! Le plus grand hommage à lui rendre est de la lire, Jardin Sablier ou HKPQ... vous m’en donnerez des nouvelles !

Évidemment, l’envie était forte à la suite de ce très sympathique Café d’aller parler aux auteurs. Ils m’apparaissent tellement simples et disponibles, malgré une certaine timidité. C’est d’ailleurs le seul Café où je suis resté un moment à bavarder malgré le temps qui pressait. On doit une fière chandelle à l’animateur, Antoine Tanguay (ci-contre). Bien sûr, il pose des questions assez longues, là est son moindre défaut, mais le plus important à mes yeux, il fait des liens entre les auteurs. Il les amène à interagir, et je dirais même que c’est le seul animateur que j’ai vu qui réagit aux propos, ne serait-ce que par une ligne, une émotion, une interjection. Ça fait plus chaleureux que lorsque l’animateur reste cantonné dans son silence après de grosses révélations.

Question de goût, comme souvent dans la vie, passez voir ClaudeL qui a sa vision. Elle a assisté à quelques Cafés littéraires et a rédigé d'intéressants billets.

samedi 14 août 2010

L'attente de l'autre ... de la Terrasse au Théâtre

J’en suis à “L’attente de l’autre” (l’espéré), dont la popularité a été au-delà des espérances des Correspondances d’Eastman qui ont dû déménager les pénates de ce Café littéraire, de la Terrasse, au parterre et balcon du Théâtre. Tout cette file d'autos pour venir entendre des écrivains bavarder !!! Non mais ...

J’avais des appréhensions, en fait, pour tout vous dire, je manquais d’ouverture en partant. Je me voyais ailleurs. À 14 h 00, Louis Hamelin et Roméo Saganash se chuchotaient des secrets en pleine nature devant une vingtaine de personnes (finalement, 58). Je me serai bien tirer une bûche pour m’assoir à leur hauteur. "On ne peut pas tout faire dans la vie !" ; quelle mère ne l’a pas chanté sur tous les tons !

Mais le plus beau de l’histoire est que les trois écrivains sont venus me chercher là où j’étais, tellement même que je me suis levée pour poser une question. Pourtant, dans ma tête, j’ai tout de suite contesté le choix (et le conteste encore !) de la très détendue animatrice Myriam Wojcik, de donner la parole à tour de rôle. Avait-elle peur qu’ils parlent tous en même temps ?! Ça a donné comme effet qu’à certains moments, de plus en plus rares à mesure qu’avançaient les entrevues faut dire, un écrivain s’éteignait. Je veux dire qu’il semblait pas concerné, un peu ailleurs, en fait, je parle surtout de Marc Levy. Après ton tour, quand tu déposes ton micro et te croises les bras, ça donne l’impression (fausse ?) que ton travail est terminé. Mais ...mais, c’était sans compter sur l’étonnante Kim Thùy, devant qui il s'est vite penché, pour la voir, pas seulement entendre ses toujours fracassantes déclarations. Celle-ci continuait de plus belle à se diminuer, ne se prétendant pas écrivaine. Elle nous a aussi parlé du peu de temps qu’elle avait pour écrire, de sa relation accaparante avec son garçon de 8 ans, autiste. Elle revient souvent à ce séjour au Vietnam en tant qu’avocate aux côtés de grands avocats. Elle ne se sentait pas à sa place, on pourrait en conclure qu’elle ne se sent à sa place nulle part. Mais ne vous en faites surtout pas, cela lui va à ravir ! J’ai compris qu’elle voulait et appréciait cette sensation de liberté, ce pouvoir de partir sans rien emporter, lui sied. En fait, je le dis, j’ai très hâte d’en apprendre plus sur ses ressorts intérieurs à son prochain, qui donnera sur une note plus intime que son premier et excellent Ru.

Revenons sur scène, où nous attends une tendre et radieuse Louise Portal. Cette sereine sirène aime ses personnages, presque maternellement je dirais. Elle prend soin de leur détresse, après six ans dans cette suite de Cap-au-Renard, son personnage Murielle sort des cendres pour se recentrer, à l'aide de rencontres frappantes. La Promeneuse du Cap remet les pas dans ses traces par un pèlerinage en Gaspésie. Ainsi dévoilée tendrement par sa créatrice, elle fait envie de mieux la connaître, même si je la connais déjà. C’est dire qu’elle en parle bien !

Et Marc Levy ? Bon écolier, il répond respectueusement, aimablement aux questions, parle de son père, et tout à coup, une flammèche s’allume, le conteur s’éveille, et défile les anecdotes révélées sur un doux ton de confidence. Cet homme est aussi charmant que captivant. Il a du vécu, une sensibilité d'humain à humain. Si on veut pousser, et là ça adonne que je veux justement pousser, peut-être que ses visites dans un petit village contribue à le garder en contact avec les autres. Sans le faux-semblant de la gloriole. La gloire est un chapeau qu’il n’aime pas qu’on lui fasse porter. Il s’aime tête nue. Et quant à être dans ce qu'il porte ou pas, il porte des lunettes qui lui traversent le visage sans l’accrocher, porte le jeans comme un grand ado, et parle du petit-dernier (pas son bébé de 4 mois, malgré que ...) « Le voleur d’ombres » avec beaucoup de tendresse. Et quand il navigue dans les confidences, il nous avertit, sur un ton aussi amusé qu’attendri, qu’il est « surveillé » de près par les yeux et oreilles de sa femme (une Québécoise) dans la salle. Ça fait sympathique et intime. On se sent en famille.

J’en mets beaucoup n’est-ce pas ? J’sais bien. Mais il n’arrive pas à me décevoir ce Marc Levy, ni les Louise Portal et les Kim Thùy, ni les Cafés pas du tout dans un Café, ni les auteurs qui parlent à tour de rôle au lieu de s’interrompre du trop-plein à dire. Serais-je une indécrottable amoureuse de la vie ?

Je vous laisse répondre.

vendredi 13 août 2010

L'Absent - Café littéraire Correspondances d'Eastman

Nous en sommes au Café littéraire du samedi matin, L’Absent, où je m’assois devant Alain Mabanckou (A.M.), Joël Des Rosiers (J.D.R), Hélène Dorion (H.D.), Dany Laferrière (D.L.). De grosses pointures. Il y a une fraîche odeur de poésie dans l’air, deux poètes nettement identifiés comme tels (J.D.R et H.D.), Dany Laferrière la courtise mais, ce matin-là, c’est la prose imagée et poétique d’Alain Mabanckou que j’allais découvrir. Pousser certaines idées hors du raisonnable et du raisonné m’apparait poétique, comme écrire les Mémoires d’un porc-épic. J’ai trouvé bien amusant que A.M. raconte la réception de ce roman en France accueilli par des « Oh » et des « Ah » d’effarement devant ce farfelu aberrant de donner le personnage principal à un porc-épic dans un roman pour adulte. Il a osé, et récolté Le Renaudot. Ce n’est pas rien, et maintenant que j'ai entendu ce conteur débordant d’humour imaginative, c'est plus facile à comprendre.

Joël Des Rosiers n’est pas que poète, il est chirurgien et psychiatre. Essayiste aussi. En 1999, il reçoit le Prix du Festival international de poésie et le Grand Prix du livre de Montréal pour Vétiver. Il a une renommée, comme on peut l’avoir en poésie devant public réduit. Même si je ne suis pas une fervente de poésie, j’ai tout de même son recueil « Savanes » dédicacé... que j’ai peiné à lire. J’ai aussi peiné à comprendre les théories qu’il nous a exposées en ce samedi matin. Je ne suis pas surprise que cet auteur soit essayiste, il aime expliquer et il explique longuement. Un être érudit, original, mais a-t-il le don de la communication ? Je n'en suis pas sûre ! J’ai même eu l’impression (j’ai bien dit l'impression !) que l’animatrice, Danièle Bombardier hésitait à lui redonner le micro, tellement il le tenait longtemps une fois qu'il l'avait. Un homme avec une belle prestance (vous me surprenez en flagrant délit de futilité !)

Dany Laferrière me surprend toujours par la justesse de ses interventions, assez que je finis par me demander ; mais lui arrive-t-il d’être à court d’inspiration ? Il jongle vite et efficacement dans sa tête. Il saisit le présent, les autres qui l'entourent en font partie , il prends de grandes inspirations de l’autre. Je me suis plu à l’observer "regardant" et l’observer "écoutant". J’étais fasciné et me disais, que va-t-il sortir, que prépare-t-il dans sa tête en cet instant ? Par exemple, il me semblait captivé par les propos d' Hélène Dorion et là, j’avoue le comprendre tout à fait. Cette dame m’a secouée (je l’ai gardée pour le dessert comme vous voyez !), coup de cœur des Correspondances, en tant qu’auteure possiblement, ce que je pourrais dire après l'avoir lu, mais en tant qu’être humain qui regarde la vie, oui. Si ses textes sont comme elle, ils vont plus loin que la poésie ; ses notions de la vie englobent la poésie, la comprennent. C'est évident que mon coup de cœur vient d’affinités de perceptions. Une poésie spirituelle, une poésie qui donne du sens par la voie des sens. Après le Café littéraire, mystère, tous ses livres étaient disparus. J’ai hâte de la lire, j’ai été à la librairie aujourd’hui, je n’ai trouvé aucun de ses titres. Sous l’arche du temps m’intéresse pour ce qu’on en dit : « ouvrage qui regroupe des essais autour de l’écriture, de la littérature et de la place de l’art dans la société ». Ou le récit «Jours de sable » pour lequel j'ai entendu plusieurs s'exclamer. Si vous êtes comme moi et la connaissez pas ou à peine, Hélène Dorion est traduite et publiée dans plus de quinze pays, son œuvre lui a mérité plusieurs distinctions et prix littéraires, dont le Prix du Gouverneur général du Canada, le Prix Alain-Grandbois, le Prix Aliénor, le Prix International de Poésie Wallonie-Bruxelles et le Prix du Festival International de Poésie de Roumanie.

Pour terminer en beauté sur dame poésie, cette mal aimée, souvent parce qu’elle fait peur, ce que Dany Laferrière a proféré peut être pris pour une banalité, mais elle m’a donnée toutes les permissions. Je vous la déclare en mes mots : ne lisez pas la poésie de bout en bout, elle se glane, se pécore, se savoure petite bouchée par petite bouchée ...

jeudi 12 août 2010

Lettres recommandées - Correspondances d'Eastman

Collage de textes par Marc-Antoine Cyr et Claude Poissant. Extraits des missives de Yann Martel à Stephen Harper et des œuvres qu’elles engagent.

Me voici au théâtre, après une journée où j’ai passé pas loin de six heures dans les Cafés littéraires. À entendre des mots. Des mots d’auteurs pour lesquels je venais de faire une place toute chaude, le temps de voir comment je m’entendrais avec eux. Bref, dès le départ, je me suis demandé ; vais-je trouver de la place dans ma tête pour ce spectacle mettant en l’honneur l’esprit percutant et persistant de Yann Martel, celui qui s’est acharné à poster livres et lettres à notre premier ministre, sans jamais recevoir le moindre petit accusé de réception.

J’ai commencé par regarder les déplacements de corps et d’intensité, me laissant imprégner de l’ambiance, du côté légèrement british, et on a fini par me soulever de mon siège pour m’amener ailleurs. Claude Poissant *(dernière phot0), le maitre de la scène, nous a ménagé plusieurs surprises avec des comédiens tels que Catherine Vidal *(robe fleurie), Macha Limonchik (1ere photo), Alexandre Goyette, Louise Laprade (en feu cette dame, robe bleutée!), Olivier Morin, Étienne Pilon. Ne comptez pas sur moi pour vous donner le nom des auteurs qui ont été lus, de toutes manières, par son livre, ou par son blogue « Que lit Stephen Harper ? », tout y est. Et plus, bien sûr. L’idée aux Correspondances étant de présenter un collage de missives qui virevoltent dans un tourbillon d’émotions, d’idées faisant bonds et rebonds, autrement dit, de monter ces lettres savoureuses en spectacle. Mission accomplie ! Le sarcasme fusait. Je ne saurais l'affirmer avec certitude, puisque je n’avais lu que quelques lettres signées Yann Martel, mais j’ai eu l’impression de rajouts de maintes railleries servant de mortier entre les missives. Mais je suis loin d’en être sûr, Marsi, lui, ne l’a pas entendu ainsi, croyant que les textes ont été pris au pied de la lettre.

Nous n'avons pas eu droit qu'à des lectures, aussi à des chœurs de chant et à des tableaux de personnages empreints de la franche complicité qui fait sourire. N’oubliez pas, des lectures c’est exigeant pour les comédiens, car ils ont bien sûr beaucoup moins d’heures de répétition que pour une pièce, mais sur une scène, on tolère mal l’erreur, et le « on » commence souvent par les comédiens eux-mêmes. Cette fierté de donner une prestation rythmée a donné un résultat qui martelait dans ma tête : mais quel travail gigantesque ... pour un soir !

Vraiment, une excellente manière de découvrir des auteurs, la seule vraie tristesse pour moi est qu’il y ait si peu de propositions québécoises. Si peu, mais si peu ! Elles se résument à du Gabrielle Roy. Où sont nos contemporains ? Existons-nous ? ... Toujours la lancinante question.

Je réécouterais n’importe quand cet échafaudage de lettres lues, déclamés, chantées, rangées et rageuses (légère la rage), mais autant que possible, la tête plus vide !

Coproduction Les Correspondances d’Eastman et du Festival international de la littérature.
Pour ceux qui l'ont manquée, une occasion de se reprendre se présente à vous :

Cette lecture sera reprise à Montréal, le 20 septembre dans le cadre du Festival international de littérature. NB La programmation complète du FIL 2010 sera en vente à partir du 24 août.

Des chiffres qui parlent

J'ai presque eu le goût de titrer des chiffres et des hommes ... sais même pas pourquoi.

Je suis à rédiger mon billet sur le spectacle des Correspondances d'Eastman "Lettres recommandées" et puis, hop, en essayant de trouver le nom de la comédienne qui a remplacé Sophie Cadieux, j'ai trouvé plein de chiffres qui parlent ... de l'événement sur la page facebook des Correspondances. Je me suis tellement occupée des mots, ce qui ne veut pas dire que je n'aime pas les chiffres, je les adore ! Les chiffres qui mesurent, évaluent ... Marsi pourrait vous le confirmer. Bon, suffit le bavardage, je vous les donne en vrac ces chiffres compilés par plus grand que moi ...

Nombre de stylos passeport vendus : 450
Billets vendus pour les spectacles et café littéraires : 2615
Participants aux soirées et spectacles gratuits en soirée (Retrouvailles, Carlos Placeres + Caravane) :500
Spectateurs des 2 projections : 190
Atelier d'écriture Marc Levy : 40
Visiteurs pour l'exposition des cahiers d'écoliers de Mérou : 150
Visiteurs Imperfection de la langue : 150
Activités pour les enfants : 123
Lecture Dany Boudreault : 15
Rencontre Louis Hamelin et Roméo Saganash : 58
Participants Soirée Bénéfice encan : 100
Nombre de votes Concours Poste Restante : 260 (109 pour la lettre gagnante)
Nombre de lettres reçues au concours de la Poste restante :102
Souper Louise Portal-Jacques Hébert au Spa Eastman : 42
Nombre de lettres écrites : 1015
Nombre de visites des épistoliers dans les chambres d'écriture :900
Nombre de visiteurs : 3250
Dons recueillis pour Haïti : 865 $
Oups ... je viens d'en découvrir quelques autres, toujours de la page facebook des Correspondances d'Eastman :

1014 lettres à destination de 25 pays; écrites et inspirées par l'une des 10 chambres d'écriture et autant d'écritoires qui ont vu défiler 1045 personnes du 5 au 8 août. 40 lettres de plus que l'an dernier !

++++
Je retourne aux mots de Lettres recommandées ... à plus !

La filiation - Café littéraire (Les Correspondances)

Ce Café littéraire “La Filiation” avec Monique LaRue, Jean-François Beauchemin et Jean Barbe m’a laissé une forte impression et cela, toujours sans papier et sans crayon.

Danièle Bombardier avait à cœur que Monique LaRue fouille les liens de filiation de ses personnages, le père, la sœur, les deux frères si différents qu’ils se détestent, l’œil de l’immigrant juif. Et l’auteure d’expliquer chaque détail, avec plus de mots que pas assez. Ce qui me laisse conclure que rien n’est laissé au hasard dans L’œil de Marquise, chaque choix est pensé, évalué, analysé même. Son auteure a la parole facile, réfléchit beaucoup et sait quoi répondre quand on lui demande pourquoi un livre politique amenant le passé du Québec au présent. La question politique revenant souvent sur le tapis, elle finit par préciser que c’était plus un roman social que politique. Je ne me souviens pas des arguments qu’elle a apportés mais dame Bombardier a cessé de l’affubler du qualificatif « politique ». Monique LaRue a quand même déclaré trouver nécessaire d’écrire un roman « je me souviens ». Je retiens les compliments de Jean-François Beauchemin sur son style, duquel il a dit qu'il faisait penser à celui de Gabrielle Roy ... Pas à moi, pas du tout ! Mais enfin, à chacun ses opinions. Je retiens de cela la belle générosité de celui qui ne se sent pas en compétition avec l'autre.

Jean-François Beauchemin s’est fait discret ou bien mon impression vient du contraste avec les deux personnalités qui l’entouraient ? Deux personnalités, plus un chien. Je l’ai peu entendu, mais vu beaucoup. Il habite chaque instant de sa vie, comme il habite chaque virgule de ses textes. Je me souviens de peu de questions, à part celles sur le deuil de sa mère, le thème du dernier opus de la trilogie « Aujourd’hui, s’envole ma jeunesse » et celles tournant autour de la motivation à écrire de l’autobiographique. Le qualificatif « pudique » a été rajouté à deux reprises par l’auteur, qui y tient, et je le comprends, cette écriture intime qui réfléchit ses ressources intérieures n’a rien à offrir aux férus de sensationnel.

Un extrait a été lu, un très beau passage sur un chien dans un cimetière où se dégage une paix qui apaise le vague de l’âme. L’extrait tombait dans mes oreilles et je regardais le chien de Jean Barbe s’approprier de sa liberté en courant sur la pelouse.

Jean Barbe était en forme. À chaque fois qu’il a pris la parole, ses mots résonnaient forts. Il a parlé de son père, a fait des confidences sur son émotion face à l’absence du père qu’il a senti dès l’âge de cinq ans. Père remplacé par rien de moins que les livres où il a puisé du paternel. Les livres, des compagnons, ces êtres chers qui ont remplis les creux de sa vie. Il a bien sûr parlé du « Travail de l’huître » ; comment naît un personnage invisible qui donne ce roman philosophique fouillant une notion poussée dans ses extrémités ; comment vivre si on ne reçoit rien de l’extérieur ? Ce personnage invisible, en chair de vie, en fait l’expérience pour nous. Arrive-t-on à donner, quand on ne reçoit pas ? Il a parlé d’un livre instinctif où les choix n’ont pas été filtrés par le rationnel mais tout de même solidement ancrés par les fils de la technique, par exemple « faire saigner celui qui l’approche » est une astuce pour le garder coupé du monde.

Chez Jean Barbe, il y avait ces propos posés, concentrés, et il y avait son chien fier et fou, dérangé d’être confiné à s’affaler sur l’estrade, sous un toit de terrasse quand l’herbe attendait ses gambades.

Pour conclure, je n’oublierais pas de si tôt la question d’une participante du Club de lecture d’Eastman à Jean-François Beauchemin. Cette dame lui demanda sur un ton à la fois tendre et indigné « Comment se fait-il que je ne vous reconnais pas dans votre roman « Le jour des corneilles » ? Je vis alors Jean-François se pencher vers la dame, s'allumer, et lui expliquer. Beau moment.

mardi 10 août 2010

Café littéraire "La Solitude"

Exercice particulier que de plonger dans mes souvenirs pour relater ce Café littéraire nommé “La solitude” avec Edem Awumey, Dominique Fortier, Marc Séguin, toujours sans le support des mots, seulement le fugitif de mes impressions. Ce compte-rendu sera donc cent pour cent subjectif ! Et je le dis tout de go, si une personne présente à ce Café veut ajouter sa subjectivité à la mienne, elle est plus que bienvenue.

Je me souviens que c’est LE Café littéraire où l’animatrice Danièle Bombardier (D.B) a ciblé les romans, beaucoup plus que les auteurs, ce qui a dû leur faire un grand plaisir puisqu’ils m’ont semblé tous les trois d’un naturel assez discret, même solitaire. À ce titre, le thème a été abordé ! Ces auteurs sont restés sur leur terre, je n’ai pas vu de passerelle jetée entre eux. Il m’apparait clair que nous étions en présence de trois personnes qui aiment pas tant le côté public de leur métier.

J’avais lu deux des trois œuvres ; Les larmes de saint-Laurent et La foi du braconnier, « Les pieds sales » reste à découvrir pour moi. D.B a demandé à son auteur, Edem Awumey d’en lire un extrait. Il s’est exécuté de bonne grâce, d’une voix fluette et chantante. Je pense avoir écouté le son de sa voix intensément. Il m’arrive d’être fascinée par les voix que j’en perds le sens des mots. J’en suis désolée, parce qu’ici et maintenant, vous attendez des mots et j’en ai peu à vous offrir à son sujet.

Je me souviens plus facilement des mots de Marc Séguin, cet auteur connu aussi pour sa peinture, m'a semblé légèrement mal à l’aise d’être là. D.B., animatrice qui n'a pas froid aux yeux ne s’est pas laissé intimider et il a fini par se rendre à ce qu’on attendait de lui ; parler. Il a été question du respect aux bêtes, de la chasse, de la violence, de la quête et de l’amour. D.B. lui a fait remarquer qu’aucune description crue du côté macabre de la chasse n’a été esquissée. Pour Marc Séguin, c’est naturel de parler du geste de dépecer un animal encore fumant, c’est savoir regarder cette réalité en face, on tue pour manger et la majorité des gens mange de la viande. Et c’est une manière de respecter l’animal que de le manger dans ses plus infimes parties et en cela, je suis bien d’accord. Il a été jusqu’à donner la technique et la recette pour déguster à son meilleur un pis de chèvre, ce qui a beaucoup fait réagir l’assistance ! Autre moment amusant, il a rougi un peu aux paroles de l’animatrice qui l’a démasqué ; derrière le thème de la chasse, se cache un roman d’amour. Il préfère que la chose ne s’ébruite pas ...

Que j’étais contente d’entendre enfin la voix de Dominique Fortier, depuis le temps que je laisse ses mots chanter à mes oreilles ! Je suis loin de me souvenir de tout ce qu’elle a dit à ce Café (sa présence à deux Cafés me confond), mais je me rappelle m’être passé la remarque combien elle avait les mots pour situer son roman. Elle dit aimer raconter des histoires où les forces de la vie sont plus grandes que l’humain. Les lieux tiennent autant de place que les personnages. Elle aime aborder des sujets qui dépassent. À mon avis, c’est réussi, les histoires tirées de Les larmes de saint-Laurent ont une vision qui ne souffre pas de myopie ; plus on voit regarde loin, plus on voit clairement. Je me souviens tout à coup qu’elle nous a confié avoir occupé plusieurs tâches dans le milieu du livre, dont réviseure, éditrice, traductrice aussi. D’ailleurs, les traductions dans lesquelles elle plonge lui inspirent parfois certains de ses sujets de roman. Elle a une délicatesse qui fait son charme et à travers sa voix ténue on sent poindre la force de son volcan intérieur.

En espérant que les blogueuses présentes à ce Café auront le goût de rajouter leur grain de sel...