Faites comme chez vous

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c'est recevant !

vendredi 26 février 2010

Le vrac d'un vendredi

Les conseils d'une lectrice aux écrivains
Je picorais les sujets « vrac » quand tout à coup, la très inventive Chantal Guy a lancé un « jeu » de lecteur. Ce n'est pas ainsi qu’elle le présente, plutôt comme 10 conseils de lectrice aux écrivains, ensuite, elle nous lance la balle. Ses conseils sont tellement pertinents que j’en avais presque pas à rajouter. Malgré qu'un esprit critique trouve toujours ! Mon premier est dans l’ordre du détail, le deuxième ... pas mal moins :

1. Je sais que c’est tentant de vouloir nous mettre de la couleur plein les yeux, mais il y a des manières plus subtiles, ou originales, ou précises que donner la couleur de chaque chose. Et en passant, on en peut plus des yeux verts (quand tu lis à haute voix pour quelqu’un tu remarques tout tics de langage). On s’entend que c’est beau des yeux verts, mais attention, rares. J’ai vu jusqu’à deux ou trois paires par roman …

2. Vous n’êtes pas notre ami, mais un écrivain. On ne désire pas nécessairement avoir votre opinion sur chaque sujet, même si vous pensez être déguisé (mal parfois) en personnage, ça se voit que c’est vous. Le gros indice est quand certains personnages se ressemblent un peu trop …

* * *
Il est évident que l’on a tous des petits conseils sur le bord de la bouche comme lecteur, en restant conscient qu’en grande majorité, on n’a pas réussi le tour de force de mener un roman à terme. Bravo pour cette détermination et bravo pour accepter de s’exposer ... aux conseils !

- - - Ne vous gênez surtout pas de vous répandre en conseils - - -

Des liens qui se tendent pour se donner la main
Cuneipage, une blogueuse de France, a eu une idée du tonnerre et ces coups de tonnerre ont été entendus par toute la blogosphère. Elle a décidé un de ces jours, et de son seul accord, de parcourir le monde virtuel francophone et relever tout blogue qui parlemente de littérature. J’imagine qu’elle n’avait absolument aucune idée de l’ampleur que ça prendrait.

Elle a publié sa première liste de blogues le 27 novembre 2009 et encore hier elle reçoit ce genre de commentaire « Super, époustouflant, quel travail ... mais snif, snif, mon blogue n’y est pas ». 592 blogues de littérature sont fiers d’y être, et 328 commentaires en témoignent. Cuné conclut en disant qu’on ne viendra pas lui dire qu’on ne lit plus.

Je conclus en disant qu’on ne viendra pas me dire qu’on écrit plus ! On a jamais autant écrit sur ce qu’on lit, en se passant des sacro saints critiques détenteur de la vérité infuse.

Lire, quel jeu fabuleux !
Est le slogan du Salon du livre de l’outaouais qui bat son plein en fin de semaine. Je connais plein de blogueurs, écrivains, éditeurs qui y sont présentement. Je les vois par le gigantesque trou de serrure qu’est Facebook. Bon Salon !

Mes lectures
Je n’ai pas été bien loin pour aller quérir cet item de vrac ! Je veux vous en parler parce que je suis prise sous une brique de presque 700 pages. Le saviez-vous que cette Canicule des pauvres, vedette de La Recrue était un univers de personnages ? C’est la première fois que l’on choisit un roman aussi consistant en nombre de pages, alors Dérives qui fait lilliputien à côté de Goliath, attend. Et moi aussi j’attends. Et vous aussi vous attendrez mon commentaire de lecture ... Heureusement que la lecture à haute voix prend les devants qu’importe les David ou les Goliath. Donc, Passion Japon avance joyeusement, parce que voyager avant de s’endormir, ça fait bien rêver.

mardi 23 février 2010

L'oeil de Marquise - Monique LaRue

Il est pas mal temps que je vous parle de ce roman que j’ai été longue à lire. Il y a des styles qui coulent en nous, familiers, comme si on en connaissait l’auteur. Monique LaRue, malgré que je l’aie trouvé extrêmement sympathique au Salon du livre, n’a pas eu cet effet sur moi. Son œil ne se plait pas à regarder les mêmes personnes ou événements que moi.

Pour rester dans l’œil de l’objectif, Marquise observe ce qui l’entoure et, ensuite, le décrit. Elle relate la vie à Montréal à partir du deuxième référendum jusqu’à aujourd’hui, par la personnalité de ses frères dont l’ainé Louis, chirurgien, incarne un « oui » extrémiste et le cadet, un artiste inhibé parce que mal aimé, un « non » catégorique. Osler est l’étranger, un autre mal-aimé, qui s’est greffé à cette famille exerçant une influence qui frôle le contrôle. Plusieurs autres personnages sont observés, c’est une saga familiale circonscrite dans le temps de 1995 à 2008.

L’histoire du Québec avance dans ses faits divers, quotidiens, le ton est naturel, la réalité se confond au fictif et vice et versa. C’est habile. Il y a de belles qualités à ce roman pour quelqu’un qui a le goût de voir, sous forme romancée, le Québec sous l’angle de l’identité d’un peuple, s’arrêtant à la présence grandissante des étrangers. On fouille la notion du racisme en profondeur et je dis bravo à cette incursion bien fouillée.

J’ai été dérangée de rester prisonnière de l’œil de Marquise, j’étouffais ou m’ennuyais, ou me réjouissais selon les passages. J’y reviens, c’est que l’angle social, pour ne pas dire politique, m’a peu captivé. Je n’ai aucun appétit pour cette approche, bien au contraire, j’en suis rassasiée. Et comme la nostalgie n’est pas une émotion qui s’éveille facilement en moi, je laisserais les autres palpiter à cette histoire. Et quand je dis les autres, ils sont nombreux, à commencer par La Libraire Vaugeois qui a beaucoup apprécié, les libraires du Prix des libraires aussi, et les personnes qui décident du Prix des collégiens pour les collégiens.

Marquise ne s'implique pas, ne raconte pas, elle observe et relate. Ce n'est même pas qu'elle ne relate pas bien mais je ne suis pas arrivée à m’ajuster à sa quasi absence ou quasi présence, écartelée qu’elle est entre ses frères. Son mari, Salomon diffuse une présence constante, il est l’aimant de la vie sous toutes ses formes, mais on le connaîtra pas, ou seulement à la toute fin.
C’est une fresque de personnages, je n’ai rien contre, j’aime les portraits, mais ici l’abondance du détail m’a mélangé ou lassé. Je vous en donne un exemple :
Nicole Tremblay avait seulement été dans la même classe que Marco de la maternelle jusqu’au Cegep Saint-Jean-sur-le-Richelieu. Avocate, avenante, en ménage avec un divorcé du ministère des Relations internationales du Québec plus vieux qu’elle, un homme qui avait été en pose à Milan, à Tokyo, à Santiago du Chili, où il avait connu le père Labelle, lequel était né, selon lui, à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville et non à Marieville. Cet homme avait surtout connu et fréquenté le grand René Lévesque et sa seconde épouse, Corinne, et le grand poète Gaston Miron, et les poètes Gérald Godin et Paul Chamberland, et les députés Claude Charron et Camille Laurin, le père de la loi 101, et le romancier Yves Beauchemin, et tant d’autres artisans de l’indépendance du Québec dont ont longuement parlé, ce soir-là, mon frère Louis et la famille adoptive de Marco.
Tout ça pour parler de Marco, un personnage pourtant assez secondaire. À noter que Nicole Tremblay ne reviendra jamais dans l’histoire, encore moins son mari. Ne pensez pas que c’est ainsi tout au long, j’ai pris un exemple extrême, mais je retiens quand même ce trop-plein de détails, de nomenclatures, d’énumérations. Certains me répliqueraient de passer rapidement ces paragraphes ... désolé mais j’en suis incapable ! C’est le défaut de ma qualité.

Un bon roman pour personnes averties.

mardi 16 février 2010

Maleficium - Martine Desjardins

J’ai mis la main sur un roman qui me dépasse et pour lequel j’arrive difficilement à faire le tour avec mon esprit. Projetée loin de mon univers, au fur et à mesure que je traversais les voyages de ces sept hommes mutilés, mon esprit effaçait certaines traces de cette histoire étrangement inquiétante, particulièrement pour moi qui ne cours pas le fantastique. Une émotion persistait, l’étonnement, pas la surprise qui arrive comme un assaut mais la permanence de l’étonnement.

Le lecteur entre au confessionnal, accompagne un être affligé d’une anomalie qui se présente au Père comme un paumé malchanceux, lui raconte son aventure abracadabrante. Je n’ai pas visualisé le père, ni le confessionnel, qui me sont apparus comme un décor planté pour installer l’ambiance de la culpabilité, du mystère, de la faute. Y défile huit visiteurs prenant à témoin le Père qu’on suppose écouter autant que le lecteur.

Des confessions, ça se chuchotent habituellement, imaginez un peu la bizarrerie de proclamer ces confessions à voix haute comme je l’ai fait. Cette approche a accentué l’étrangeté pourtant déjà dense. Susurrer des mots à l’intérieur de soi, les escamoter quand l’ambiance est trop glauque, ou nous repousse, est complètement différent que se voir mordre dans chaque mot.

Ces hommes partent tous à la conquête d’un « presque pas possible », poussés par la bourrasque de leur ambition qui les projette dans des endroits incongrus pour quérir le plus que rarissime. Une belle démonstration que l’ambition périt son maître ! Ces histoires se présentent avec plusieurs sens que je n’ai pas toujours su démystifier tellement j'étais captée par mes sens aux abois.

Après trois ou quatre confessions, à raison d'une par chapitre, nous réalisons que le squelette de l’histoire est similaire. Marc et moi avons ressenti une certaine lassitude en le réalisant. Mais la chair sur le squelette est si grasse de curiosités disjonctées que l’attention atteinte, avance passant outre le malaise. Question malaise, c'est la première fois que je n’arrive pas à lire un passage à haute voix, que je laisse Marc le continuer à voix basse. J'étais trop dégoutée ! Heureusement, c’est arrivé une seule fois et c'est une question de sensibilité personnelle !

Le style de l’auteure avec son vocabulaire riche, précis, dégage ce quelque chose du poli du lustre de la perfection, comme si le texte avait déjà traversé les âges, que cette histoire avait été composée depuis des décennies. Et ça ne sent même pas le travail ! Assurément, un tour de force. Et la fin ne m’a pas déçue, bien au contraire, elle a tout pour me plaire : une réponse à certains questions et une meilleure compréhension des fragments. Elle rassemble, elle homogénéifie.

La couverture de Maleficium frappe, avec une telle « étiquette », s’il avait fallu que l’intérieur ne soit pas à la hauteur ! Mais les qualités exceptionnelles de l’histoire sont elles aussi frappantes et la font se démarquer. Il ne faut pas se surprendre que ce titre soit en liste pour le Prix des libraires et en processus d’une troisième impression chez Alto.

Deux critiques très édifiantes :
Tristan Malavoy-Racine - Voir
Elsa Pepin – La Presse

Pour en lire quelques pages :
L'Actualité

lundi 15 février 2010

Les révolutions de Marina - Bïa Krieger

De ses origines, elle nous parle abondamment dans ce roman récit de vie, et j'ai trouvé que ce n'est jamais de trop. Le propos est intelligemment intégré à sa vie d'enfant qui suit ses parents subversifs, d'un pays à l'autre : Brésil, Chili, Pérou, Portugal. L'intérêt du récit ne vient pas seulement de cette enfance qui n'est pas ordinaire de l'extérieur, mais aussi et autant de l'intérieur, pour entre autres son désir ardant d'être aimé par son père. Le jeu de séducteur entre le père et la fille est franchement abordé, tandis qu'avec la mère, c'est plutôt le calme propre à la reconnaissance.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce récit de vie. Une lecture lente s’est imposée, afin de mieux savourer oui, mais surtout parce que j’aimais entendre les phrases danser dans ma tête. Je me suis surprise à en relire quelques unes, intriguée par leur charme. Je cherche encore les mots pour les décrire, mais est-ce que le charme s'explique ? Ces mots, ces phrases, ces chapitres, je les suppose très près de la personne qui les énonce, pour la spontanéité et la fraîcheur d'un phrasée différent. Est-ce l'influence d'une auteure qui connaît d'autres langues ? Je n'oserais m'aventurer à l'affirmer, gardant le cap sur l'essentiel ; le chant à mes oreilles !

Je me suis rapidement centrée sur Marina, et heureusement ! J'ai dû m'y accrocher, et très fortement, car la structure du roman m’a malmenée. Les allers-retours temporels, sans logique évidente pour moi, pour mon cerveau de lectrice subjuguée qui ne nourrissait qu’un désir ; s’abandonner à une histoire. De passer d’une époque à l’autre, d’une génération à l’autre, d'une personne à l'autre, d’un pays à l’autre, sans crier gare, a morcelé dangereusement ma compréhension. Ce puzzle, comme tout puzzle, m’a cassé la nénette. Ça m’a certainement dérangée mais je m’y suis résignée, si c’était le prix à payer pour suivre Marina, et danser avec les mots, le prix n’était pas trop élevé.

J’ai pris connaissance que l’auteure pensait à une suite, sans conteste, je serai de cette autre aventure de Marina.

Un conseil : Commencez par la fin !!! Bïa y fait un résumé des aléas de son pays par un chapitre intitulé "Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est le bordel" - 1500-1964 - Personnellement, de l'avoir lu au début m'aurait fait apprécier encore plus l'histoire. À mon sens, de l'offrir en dernière instance, équivaut à planter le décor d'une scène après que la pièce de théâtre ait été jouée !

Un autre conseil, mensuel celui-là ! - plusieurs regards se sont posés sur ce livre, nous sommes le 15, c'est La Recrue du mois.

jeudi 11 février 2010

Je donne l'exemple

Si vous retournez à Pas d'allergie à ces plumes, vous y verrez un questionnaire. J'ai posé la question ; à quelle plume aimeriez-vous poser ces questions, helenablue a tout d'abord répondu : moi. Ensuite, Marsi. Il existerait un grand principe quand on veut que l'on nous suive et c'est de donner l'exemple.


1 Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle ?
Embêtante.
Avez-vous une méthode de classement ? Oui. Une volumineuse bibliothèque pour les livres lus, une petite étagère pour les impatients qui attendent de passer entre mes mains. Ça évite toute jalousie. Ma bibliothèque du « lu » a d’énormes carreaux (mes chats la prennent pour un échiquier) et les romans québécois occupent leur propre territoire.

2 Quel est le premier livre que vous vous souvenez vous être procuré ? J’ai le souvenir clair du premier livre que l’on m’a offert en cadeau. Mon frère et ma mère étaient de connivence, j’avais aux alentours de 12 ans, et c’était un genre de Guide pour la parfaite ado en devenir. Je vois encore leurs visages inquiets ; est-ce que ce cadeau allait plaire à une demoiselle qui ne lisait que des romans. J’ai tellement lu et épluché ce livre, qu’il s’en est démantibulé !

3 Avez-vous un plaisir de lecture coupable ? Oui. Je me sens toujours un peu honteuse quand je lis une revue, genre 7-jours, tout au long de ma lecture, je me dis, « je perds mon temps, je perds mon temps ». C’est de plus en plus rare, mais je suis nerveuse et je dois me raisonner : j’ai le droit.

4 Comment êtes-vous devenu auteur ? Euh, rédactrice ? Tout le monde le sait, je crois, ce sont les Correspondances d’Eastman qui m’ont fait la grande demande de tenir un blogue. La vie et la vigueur de ma verve ont fait le reste.

5 Comment faites-vous votre recherche, s’il y a lieu ? En lisant des romans ! Et en lisant plein d’autres choses sur la littérature québécoise. Il m’arrive d’être gourmande et de manger plus que ma panse ... pensée peut contenir.

6 Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent ? Oui ! Qu’une opinion de lecture n’est pas la vérité infuse. Qu’une opinion découle d’une vision qui, elle, découle d’un vécu qui, lui découle d’une éducation et s’enchaînent ainsi toutes les prismes de la conscience humaine.

7 Avez-vous des projets en cours ? Qui n’en a pas se meurt à petits feux, non ? Un projet d’écriture à long terme est dans la marmite, et mijote. Le rond n’est pas rouge mais la chaleur diffusée est régulière.

8 Quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer ? Que lui diriez-vous ? Je pourrais vous parler de plusieurs personnages féminins que j’aimerais voir debout, au lieu d’à genoux, cela doit être pour cela que mon subconscient a remonté à la surface la Donalda de Séraphin. Je lui dirais bien sûr d’aller manger de la galette avec de l’œuf et de la mélasse avec Alexis.

9 Ce qui vous fait sourire ? Les perles d’enfants. Ce sont des innocents qui s’ignorent. Ils en sortent des bonnes. J’ai un agenda qui m’en sort une par jour. J’en partage quelques unes :
« Si tu veux, mon nouveau pantalon, quand il sera grand, je te le prêterai » : C’était Luna et son absurdité à l’état pur. Tu es très beau, tu vas faire courir les filles. –Je m’en fiche, je cours plus vite qu’elles. C’était Maxime pour qui la compétition a bien meilleur goût. « Le yogourt, ça aide à lutter contre les bacterribles ». C’était Valentin qui entend ce qu’il veut bien entendre.

10 Ce qui vous préoccupe au quotidien ? Arriver à dresser la liste des choses à faire !

11 Y a-t-il une cause qui vous tient à cœur ? Si je vous dis la littérature québécoise, vous ne me croirez pas ;-), alors je vous dis la cause de l’Association du Syndrome Gilles de la Tourette qui, c’est le moins que l’on puisse dire, travaille dans l’ombre.

12 Que rêviez-vous de faire, enfant ? M’occuper des enfants ! Je voulais « enseigner » la maternelle. C’était avant les garderies. Ma mère m’a un peu découragée ; « c’est parce que tu es encore un enfant que tu dis ça, tu veux aller t’amuser avec eux ».

mardi 9 février 2010

Pas d'allergie à ces plumes

Je viens d’apprendre officiellement que je suis allergique à la poussière, plus justement dit, aux acariens. Ils deviennent à partir d’aujourd’hui mes ennemis jurés. J’ai appris qu’il y a deux sortes d’acariens, ne me demandez pas comment ils s'appellent, l’ORL n’a pas daigné me transmettre le nom scientifique de mes ennemis. Je saurai quand même les retrouver là où ils se cachent et je serai sans pitié ! Mais ce n’est pas pour vous parler de mes petites, infiniment petites bibittes que je m'amène ici, mais pour vous parler de ceux qui tiennent la plume. Je suis allergique à celles qui bourrent une couette, mais pas à celles tenues par nos écrivains.

J’ai quatre lectures québécoises à dévoiler pour ne pas regarder passer le train de Suzanne, mais y être une passagère. À l'intérieur du défi, je me suis lancé le défi de lire des auteurs québécois connus mais jamais lus ... de mes yeux. Il y en a plus que je suis capable d’en compter et j’ai l’impression qu’il en sort de par toutes les tribunes, à tous les jours, juste pour me faire réaliser que je suis loin du compte. Je viens d’en entamer une : Monique LaRue et L’œil de Marquise. Pendant que je parcours les pages où Marquise s'exprime, je n’ai de cesse de penser à ce que l’auteure m’a révélée au Salon du livre de Montréal ; « Avoir su que le prénom Venise existait, j’aurais appelé mon roman « L’œil de Venise ». Écoutez, ça frappe une Venise ça !

Et Le Délivré vient de m’en livrer un autre ; « Normand de Bellefeuille. Je ne le connaissais pas du tout, il devient un candidat pour mon défi. Afin de mieux connaître un auteur, la meilleure manière est de le lire, mais il y a aussi de lui poser des questions. Un hors d’œuvre qui ouvre l’appétit. Le Délivré suggère d’en relever 10 sur 35 qui nous frappaient. J’en ai relevé douze.


1 Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle ? Anarchique. Avez-vous une méthode de classement ? De moins en moins… Je privilégie de plus en plus « la théorie de la pile », dite aussi « le syndrome des stalagmites »…
2 Quel est le premier livre que vous vous souvenez vous être procuré ?
C’était un Marabout Université, je trouvais ça chic à treize ans… C’était un livre sur les grandes batailles navales… Je l’avais volé (oui, oui) chez Pineault sur Mont-Royal coin Bordeaux… Je vole plus, juré.
3 Avez-vous un plaisir de lecture coupable ?
Aucun, de toute façon j’ai pas grand talent pour la culpabilité.
4 Comment êtes-vous devenu auteur ?
Par hasard… presque… Un chum, Gilles Racette, et moi avions décidé comme ça d’écrire un roman à deux… pour s’amuser… Puis les Éditions de l’Actuelle (volet littéraire des Éditions de l’Homme, à l’époque, 1973…) l’ont accepté et nous ont confié, pour la correction, aux bons soins de Réginald Martel… Il y a pire début dans la vie, non ?
5 Comment faites-vous votre recherche, s’il y a lieu ?
Je lis. Je lis toujours beaucoup en période d’écriture intense. Pour moi les deux activités sont indissociables.
6 Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent ?
L’enfance. La mort. La douleur.
7 Avez-vous des projets en cours ?
Trois. Un roman : Au moment de ma disparition. Un livre de poésie : Mon visage, Chroniques de l’effroi II. Un texte-jeunesse (oui,oui) : Les gens d’en-bas.
8 Quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer ? Que lui diriez-vous ?
Joseph K. du Procès de Kafka. Je lui dirais sans doute de ne plus essayer de comprendre. Que le non-sens existe.
9 Ce qui vous fait sourire ?
Le visage de ma blonde, le matin.
10 Ce qui vous préoccupe au quotidien ?
Ce qu’on va manger au souper.
11 Y a-t-il une cause qui vous tient à cœur ?
La faim des enfants.
12 Que rêviez-vous de faire, enfant ?
Archéologue… pour trouver des momies. Quand j’ai compris que je risquais de passer ma vie à épousseter de vieux morceaux de poteries… bof… j’ai commencé à lire…

Ma dernière question est pour vous ... à quelle auteure québécoise - ou auteur - vivant (!) aimeriez-vous poser ces questions ?

vendredi 5 février 2010

Est-ce que vous me permettez de parler de Marsi ?

Il me semble que ça fait longtemps. Je voulais vous laisser le temps de souffler un peu, je vous ai inondé à un certain moment. C’est « autour » de la sortie d’une publication que c’est le paroxysme de l’émotif. Les motifs pour être émotif sont abondants.

Marsi est passé à autre chose, mais pas tant que ça. Laissez-moi vous raconter. Il a pondu une amorce de projet en noir et blanc qui sommeille sur une tablette, ne m’en demandez pas plus, c’est pour le moment top secret. Cette semaine, il prépare les deux premières planches pour participer à un concours pour bédéistes qui s’échelonnent sur quelques mois. Le prix, serait d’être publié dans un album collectif chez Hachette - Glénat Québec. C’est la troisième édition du concours, le premier album est titré « Contes et légendes du Québec », le deuxième Histoires d'hiver. Le libraire a parlé de cette opportunité, à partir de là j’ai filé l’info à monsieur Marsi qui a décidé de plonger.

Entre ces projets personnels, il a eu des commandes qu’il aime exécuter, parce que c’est de l’image, toujours de l’image : quelques logos, étiquettes de bouteilles, un site Internet (pas encore en ligne). Il a aussi participé au concours Communications Arts (si vous voulez voir des illustrations hors du commun !!) une revue annuelle à portée mondiale. Quand une de tes illustrations est choisie, ce serait, paraîtrait-il, une avalanche de contrats en provenance de tous les pays. Bon. Nous n’avons pas encore de réponse, restons calmes ! Voici deux semaines, un encouragement s’est pointé la ligne : une superbe, sublime, mirifique critique dans la revue Lurelu. Une nourriture gastronomique pour le bédéiste (je la rajouterai à La Babillarde). Et puis, mine de rien, il mijote le tome 2. Non officiellement. N’ébruitez pas, mais tenez-vous le pour dit.

Nous attendons la sortie de Marsi en France en avril. Il y a eu un délai pour la sortie de l’album, à cause d’un changement de distributeur chez La Pastèque. En avril, nous sommes invités au Livre en fête à Nouvelle en Gaspésie. Ça nous enthousiasme, nous comble, nous transporte, les fidèles le savent, on adore ce bout de pays. Promesse de chaleur humaine, même l’hiver. Marc visitera les jeunes dans les écoles, il y aura des activités la fin de semaine aussi. Je pourrais vous en dire plus long quand j’en saurais plus long !

Et bien évidemment le Salon du livre de Québec, du 7 au 11 avril (dates pour Marsi à venir). Je vous avoue que nous avons très hâtes au Salon de Québec, séjour que nous abordons comme des vacances. Et entre ça, j’ai poussé un peu dans le dos de mon curieux, de mon extrêmement curieux Marsi, mon fin connaisseur de tous les sujets qui demandent à être connus. Il a donc accepté de passer deux auditions, une téléphonique et l’autre d’une durée de 3 heures à Radio-Canada et a finalement été retenu comme participant à l’émission Pyramide. Quand ? On ne le sait pas encore. Entre janvier et avril, les recherchistes l’ont assuré. Si vous insistez, je vous ferai suivre le dossier !

Avec tout ça, il ne pense pas souvent à envoyer de nouvelles illustrations sur Le Pigeonographe mais, personnellement, je continue à nourrir La Babillarde. Ma dernière chronique traitera (je vais mettre en ligne bientôt), de la demande de mon fils, Rémi à Marsi à la suite de sa lecture de Miam miam fléau. J’ai été extrêmement surprise de la question de Rémi, j’aurais gagé sur bien des questions mais pas celle-là !! Il est d’ailleurs le seul à l’avoir posée. Marsi lui a bien sûr répondu, pour les curieux, c'est ici.

Illustration ci-dessus : Mère Crapette - Marsi.

mercredi 3 février 2010

La traversée des sentiments - Michel Tremblay

On dirait que je trouve, et même cours, après tous les prétextes du monde pour ne pas vous parler de La traversée des sentiments. Pourquoi ? Parce que ... parce que ... pas facile à dire, mais je suis déçue pour des raisons autres que purement littéraires. Mais je vais commencer par le littéraire.

Ce troisième tome est un prolongement qui suit de très près le deuxième La Traversée de la ville par Rhéauna, enfant de 11 ans. Lorsque l’on s’est ancré à des personnages, la hâte de renouer avec eux nous rend souvent exigeant, est-ce parce que mes attentes étaient élevées mais j’ai trouvé cette fin d’histoire bien tranquille, elle aurait pu tout aussi bien se nommer la Traversée de la tranquillité.

J’aborde plus ce troisième tome comme un prolongement qu’une suite ; deux ans plus tard, on retrouve les mêmes personnages, ils n’ont pas évolués. La mère veut partir une semaine en vacances avec ses deux sœurs, sans ses enfants : Rhéauna (Nana) et Théo. N’oublions pas que Rhéauna, 13 ans, prend soin de Théo à l'année, je dirais plus maternellement que sa propre mère. Par une entourloupette du destin, la mère partira obligatoirement avec ses enfants. Les trois sœurs en vacances, Maria (la mère), Teena, Tititte seront hébergées dans les Laurentides, dans un village éloigné, dans la maison dite suspendue d’une cousine, Rose, mariée à un amérindien, virilement beau et porté sur la bouteille. Rose est cette femme sensée à qui Teena a confié son fils de 7 ans pour qu’elle en prenne soin dans cette maison qu’elle a elle-même achetée.

Juste pour vous donner une idée de la lenteur de l’action, la moitié du roman se déroule avant le départ, relatant principalement la question d'amener ou pas les enfants, les inquiétudes, les préparatifs. Ça m’a fait penser au peintre qui devant son tableau déjà complété rajoute de petites touches, de ces détails qui peaufinent l’oeuvre. Ce roman nous offre une fin d’histoire approfondie et bien fignolée, mais en même temps la trame se trouve comme figée dans le temps, on s’enfonce dans les détails. Cette escapade dans le bois, Rhéauna, celle qui a décidé qu'un jour elle deviendrait écrivaine y tenait mordicus, malgré le prix à payer de prendre complètement en charge son frère. Elle a dû promettre à sa mère qu’elle n’entendrait pas son frérot de deux ans de toutes les vacances. Vous imaginez, quasiment un cas de DPJ maintenant ! À ce compte-là, l’insouciance de sa mère peut bien taper sur les nerfs de Rhéauna, même si elle l'adore.

Vers la fin de cette fin de roman, l’auteur se permet la fantaisie d’introduire généreusement son prochain roman « Les contes de Josaphat-le-violon ».

Ma déception ne vient pas à proprement parler de l’histoire elle-même. Quand je suis attachée aux personnages, j'apprécie la lenteur d’action et le fait d’entrer dans le pointu des détails des caractères, d'autant plus que Tremblay fait montre d'une habileté incontestable pour le faire. C’est plutôt un certain abus qui m'a fait réfléchir. Je ne rechigne habituellement pas à la dépense pour m’offrir des romans, vous vous en doutez bien, mais cette fois, j'ai pensé au lecteur qui débourse 25.95 $ (+ taxe) pour son exemplaire qui aurait pu tout au bien se retrouver en DEUXIÈME PARTIE de la Traversée de la ville. Ça ferait peut-être moins concept, c’est vrai, et un peu moins lucratif pour l’auteur, mais d’un autre côté, j’ai eu conscience d’avoir sorti 75 $ de ma poche pour acquérir ces trois romans qui auraient pu facilement en être deux.

Monsieur Michel Tremblay continuera sûrement à faire comme il l’entend, il dispose de cette latitude, mais personnellement, à l’avenir, j’emprunterai ses trilogies ou quadrilogies à la Bibliothèque, préférant réserver ce montant pour de jeunes auteurs non établis.

lundi 1 février 2010

Du jamais vu pour un bédéiste de chez nous !

J’avais dans l’idée aujourd'hui d’enfin pondre mon commentaire sur La traversée des sentiments de Michel Tremblay et puis voilà que l’actualité s’impose dans toute sa splendeur. Je ne vais pas m’obstiner plus longtemps avec elle, je lui laisse l’antenne, surtout quand la nouvelle est aussi bonne.

J’aime la façon dont le libraire Éric Bouchard en fait mention dans Le délivré de la Librairie Monet :

Le miracle Rabagliati

Alléluïa ! Notre Paul national a remporté le Prix du Public FNAC-SNCF pour ses aventures à Québec ! Mais l’événement prend des allures de miracle, car le livre n’avait même pas encore été mis en marché en France… On sent la grogne et la perplexité chez certains bédéphiles français qui tempêtent sur les forums. Mais qu’à cela ne tienne : le Prix du public est le résultat d’un vote populaire réalisé sur Internet ; cependant, son pouvoir s’arrête au décret des cinq finalistes, le gagnant étant élu par le jury.
Bien sûr, les votes populaires se prêteront toujours aux critiques (ne songeons qu’au MétroStar ou aux Jutra, qui ramènent chaque année les mêmes discussions) Mais ce qu’il sera intéressant de remarquer, c’est la «nouvelle» influence d’Internet et des réseaux sociaux. En effet, la sollicitation rapide des internautes-fans au vote peut peser lourd dans la balance pour la détermination des finalistes.

Mais chipoterons-nous sur cette reconnaissance ?

* * *

Faut se lever de bonne heure ...


... pour répondre aux questions de René Homier-Roy à C’est bien meilleur le matin. « C'est le plus gros prix de la bande dessinée francophone, c'est les Oscar. » déclare sur un ton fébrile, Michel Rabagliati. Monsieur Homier-Roy a une idée pour un album à venir : Paul à Paris. Le bédéiste ne dit pas non, mais il devra auparavant s’occuper de sa peur de voyager en avion. Il risque donc d’avoir auparavant un album « Paul, j’ai phobie zéro » ! Tout ça, bien sûr, ayant été dit sur le ton de la blague. Mais qui sait ...
Si vous voulez entendre l’échange, il ne dure même pas 3 minutes.

Une première dans l'histoire de la bande dessinée au Québec!
Pour ceux et celles qui s’interrogent encore sur le côté vraiment surprenant qu’un album du Québec gagne un prix sans même être sorti en France, peut-être que ce dialogue relevé chez Facebook, sous la page de La Pastèque pourrait vous aider à mieux comprendre.

Klare Lijn :
Félicitations à Michel Rabagliati et à ses éditeurs. Il y a quand même une bizarrerie dans cette récompense ô combien méritée. Elle vient saluer une bande dessinée qui n'est pas encore diffusée en France ! Est-ce donc un public québecois qui se serait manifesté en masse dans cette consultation ? Mystère !

La Pastèque
Oui ça peut paraître étrange, mais nous savons que des passionnées de Paul en France ont voté pour ce titre en se basant sur la série. Et il faut dire que ce n'est pas le vote seul qui a fait la différence, puisque au final un jury choisissait parmi les 5 finalistes (eux ayant obtenus le plus de votes). Aussi, à noter que le vote avait aussi lieu dans l'espace FNAC du festival ou le livre était disponible à la lecture.

Maël Rannou
Salut à vous ! J'ai eu la chance de faire partie des 7 jurés qui, après les votes, ont départagé les 5 albums en tête des votes internet. J'en parlerai plus en détail dans un article à venir mais sachez que le vote pour Paul a été fait à 6 voix contre une, et encore une dernière voix contente quand même. Autant dire une belle unanimité. Je raconterai plus de détails bientôt sur Du9 mais vraiment bravo, ça m'a fait tellement plaisir ! Dommage que vous n'ayez pas été là.

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Toutes nos Félicitations à Michel Rabagliati et à la maison d’édition La Pastèque ; nous sommes vraiment très fiers !