Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

vendredi 23 décembre 2011

Récréation "Noël" !



C'est pas croyable !
Cette chanson date de 1974 et on se la chante encore !

La bonne nouvelle ?
Ce n'est pas un message subliminal
Je vais revenir avant le 7 janvier !



Ça, _ _ _ _ _ _ , rassemblons-nous
autour du pain de l'amitié
dans un esprit d'entente
... ouvert sur l'autre

Je vous souhaite un joyeux JOYEUX NOËL !


J'ai ouvert ma fenêtre de bureau pour que vous voyez ce que je vois...

N'est-ce pas féérique ?

lundi 19 décembre 2011

Je m'emballe

Je m’emballe à écrire des cartes de Noël, alors j’écris moins au Passe-Mot .... Hon ! J’emballe également des cadeaux, dont des livres bien sûr. Et je pense. Et là, je m’arrête parce que je pense trop. Il faut que ça sorte ! Je pense aux centaines d’achats de livres qui se feront à Noël, et surtout OÙ ils se feront.

La fête de Noël est importante pour les commerçants, ça nous le savons tous. Particulièrement pour les boutiques, les artisans, les magasins qui ne sont pas des chaînes et évidemment donc, pour les librairies de quartier.

Préférablement acheter vos livres dans une librairie, au lieu du Wall-Mart ou du Costco, malgré les rabais, peut sembler masochiste, mais c’est un geste consciencieux et intelligent. Ces magasins-là, pour ne nommer qu'eux, vont chercher ce fameux profit dans lequel les librairies puisent pour subsister le restant de l’année. En tenant compte aussi qu’avec les livres numériques, les librairies deviennent encore plus vulnérables.

Se laisser tenter par la facilité des choix qui s’offrent sous nos yeux signifie qu’une quantité effarante de best-sellers se retrouveront sous les sapins. Avez-vous pensé que nous lirons tous les mêmes titres ? Ça ne fait pas des individualités bien fortes ! Pourtant, tout au long de l’année, nous ne manquons pas une occasion de claironner que nous sommes des êtres uniques et créatifs.

Les libraires conseillent, guident, c’est un métier, c’est une passion. Penser à visiter cette librairie près de chez vous, de préférence une librairie indépendante, où vous serez accueillis et où vous ferez des trouvailles fait toute la différence. La personne à qui vous l’offrirez risque d’être d’autant plus touchée que le titre sera particulier. Et en plus du service personnalité, vous risquez d'échanger des sourires et des suggestions pour vos prochaines lectures ! D’après moi, ce qui risque le plus d’arriver est que vous y preniez goût.

En vous approvisionnant dans une librairie, vous ne faites pas que vous contentez sur le moment, vous contribuez à ce qu'un service de qualité demeure le restant de l’année. Je pense à nos jeunes, les étudiants par exemple. Quand ils ont besoin de conseils pour une recherche, c’est le libraire qui va l’aider à trouver, ou qui va commander le livre dont il a besoin. Ce n’est pas Wall-Mart ou Costco qui vont faire ça pour lui ! L’idée derrière ceci, pour ne pas dire le principe, est de ne pas penser aux librairies seulement quand on en a besoin mais aussi quand ils ont besoin de nous. Se rappeler que la revue Le libraire et le site nous éclairent 365 jours par année par leurs commentaires et informations. Ils nous en donnent pour notre argent, sans qu'on ait un sou à débourser :-) !

Ce serait triste de voir nos librairies s’éteindre une à une à cause du manque à gagner, parce qu’on achète tous nos best-sellers ailleurs (et le ailleurs est vaste) dans le temps des fêtes ! Qu’est-ce que vous diriez que l’on se retrouve avec uniquement des grandes surfaces qui tiennent un inventaire qui oscille entre 400 et 600 livres !

On se retrouverait devant une culture étroite comme une allée de supermarché.

Ouf... ça m’a fait du bien ! Je peux maintenant continuer à emballer, l’esprit un peu plus en paix.

mercredi 14 décembre 2011

Vrac Varia

Le Top 10 de La Presse - roman québécois
1. Il pleuvait des oiseaux Jocelyne Saucier (XYZ)
Une des grandes réussites de l'année récompensée par le prix des Cinq continents de la francophonie au mois d'octobre, ce roman touchant sans être pathos parle d'amour, de vieillesse et d'amitié sur fond de grands espaces abitibiens. Parce que tout le monde a
droit à une deuxième chance. (Josée Lapointe)
2. Et au pire, on se mariera Sophie Bienvenu (La Mèche)
Puissant premier roman, sous la forme d'une confession brutale, maladroite et touchante, celle d'une fillette de 13 ans qui aime trop quelqu'un qu'elle ne devrait pas aimer. Ce livre, on ne peut plu
s le lâcher, jusqu'à sa finale crève-coeur. (Chantal Guy)
3. Guyana Élise Turcotte (Leméac)
La douleur tisse un lien fusionnel entre Ana, son fil
s Philippe et leur coiffeuse Kimi. C'est la tendre solidarité des survivants, et dans ce roman, déjà couronné du Grand Prix du livre de Montréal, Élise Turcotte redéfinit de façon magnifique la notion d'âmes soeurs. (C.G.)
4. La patience des fantômes Rachel Leclerc (Boréal)
Cette saga familiale hors norme qui se déroule en Gaspésie sur 100 ans est d'une puissance foudroyante, tant par sa construction narrative que par son écriture maîtrisée et limpide. Joachim Levasseur, héros plus grand que nature, est à classer parmi les figures mythiques de la littérature qué
bécoise. (J.L.)
5. Le sablier des solitudes Jean-Simon DesRochers (Les Herbes Rouges)
Un jour de tempête de neige, un carambolage monstre fait se fracasser les destins de plusieurs personnages et c'est comme si vous y étie
z, dans chacune des voitures, dans tous les esprits. Pour son deuxième roman, Jean-Simon DesRochers confirme son talent et son style, celui d'un rare écrivain qui a le souci de plaire par l'expérimentation. (C.G.)
6. Arvida Samuel Archibald (Le Quartanier)

Jouissif, ludique et écrit avec verve, Arvida est le faux-vrai récit d'une ville, de ses histoires épeurantes ou rocambolesques et de ses personnages. Le livre d'un conteur-né, qui a su créer une mythologie sans se prendre au sérieux. (J.L.)
7. Polynie Mélanie Vincelette (Robert Laffont)

On ne voit plus le Grand Nord de la même façon après avoir lu ce roman, sorte de pol
ar polaire, dans lequel Ambroise tente de savoir pourquoi son frère Rosaire est mort. Vincelette séduit par son originalité, son érudition et sa sensibilité, offrant du coup une vision moderne d'un territoire trop souvent folklorisé. (C. G.)
8. Au beau milieu, la fin Denise Boucher (Leméac)

Premier roman d'une i
ndignée de 75 ans, Au beau milieu, la fin parle de la vieillesse, mais surtout de la vie qui va et du coeur qui continue à battre, toujours. Assurément le succès-surprise de la rentrée d'automne, rempli d'humour et d'humanité. (J.L.)
9. Atavismes Raymond Bock (Le Quartan
ier)
Dans ce recueil d'histoires, Raymond Bock s'intéresse à l'Histoire, notre histoire. À une filiation tragique depuis les origines sanglantes de la colonie jusqu'à son abandon devant la télévision, c'est à la fois épique et pathétique, e
t le regard, lui, est impitoyable.
10. (C.G.) La chorale du diable Martin Michaud (La Goélette)
À Montréal, les corps d'une mère et de ses trois enfants sont retrouvés gisant dans
leur sang, tués à la hache. Le mari s'est suicidé après s'être tranché la langue. Victor Lessard mènera l'enquête. Un an après la parution de son premier polar, Martin Michaud revient en lion dans ce suspense ultra-complexe mais parfaitement maîtrisé.

  • appréciable diversification des maisons d’édition (autrement dit, un seul titre Boréal)
  • auteurs : Féminin 6 Masculin 4
  • Quartanier et Leméac ont chacun 2 titres sur 10
  • journalistes de La Presse qui ont fait ces choix : Josée Lapointe, Chantal Guy.
  • #10 est non identifié (je gage que c’est CG)
  • j’en ai lu 2 sur 10 : #1 #7
  • j’en lirai 3 autres : #2 #3 #8 (puisque je les ai en tablette !)
  • j’ai souvent failli acheter #4
  • auteurs que je ne connais pas : #6 #9
Trésor à images – top 5 – BD/Roman graphique
Mettons à l’honneur les couvertures et si elles vous intriguent ou attirent, Alexandre Vigneault de la Presse explique pourquoi il vous conseille la lecture de ces cinq titres. À noter que 2 de ces titres, Chroniques de Jérusalem et Habibi se retrouvent également parmi le top 5 des libraires de la librairie Monet, assez ferrés en bandes dessinées, soit dit en passant.

Paul au Parc ? Allez, pour les enfants !
À propos de l'album graphique Paul au Parc de Michel Rabagliati, j’ai eu la surprise d'apprendre que l’album sera catalogué "jeunesse" dans le cadre du Festival d’Angoulême. J’ai lu l’article dans lequel l'organisation se justifie et sincèrement il faudrait que je le relise, je continue à trouver les raisons nébuleuses pour ne pas dire louches.

Pour la collectionneuse que je suis
En décembre est sorti un numéro du Librairie Hors série qui traite seulement de Littérature québécoise. IL fallait être au bon endroit au bon moment pour mettre la main sur un exemplaire papier. Je n’ai pas été au bon endroit au bon moment. Mais ...mais... une âme charitable m’en a gardé une copie ! Je l’aurai donc à notre prochain voyage à Québec, en espérant que ça ne saurait tarder. Mais si vous n’êtes pas un collectionneur, comme moi, des exemplaires papier du Libraire, allez-y gaiement, téléchargez votre copie.

Le Matou oui, mais bien plus
Yves Beauchemin a remporté le Prix Ludger Duvernay pour l’ensemble de son œuvre. Il n’est pas aussi couramment cité que Michel Tremblay mais il reste un auteur prolifique au Québec. Il a été marqué par sa première œuvre Le Matou, un peu comme Gabrielle Roy et son Bonheur d’occasion. Il écrit également pour la Jeunesse et est porté à sortir ses histoires en plusieurs tomes.

La rue des libraires
Là, franchement, j’aurais dû vous en parler avant ! Je ne sais pas où j’ai la tête parfois !Il a fallu que je commande un livre pour Marsi pour Noël pour réaliser combien ce site est pratique (pour commander un livre en ligne d’une libraire indépendante), instructif (compilation de ce qui se passe dans plusieurs librairies), amusant, convivial, coloré et ... québécois ! Allez vous promenez sur la rue des libraires, c’est pas fatiguant (!) et c’est gratuit ... comme toutes les promenades ! Faites du lèche-vitrine, vous allez finir par entrer, je gagerais le mille-feuille qui m’attend dans le frigo.


Ouf... je voulais en dire bien plus, mais bon on se reprendra, vous avez plein de liens à cliquer, et des livres à lire, et des cadeaux à envelopper !

dimanche 11 décembre 2011

La Solde d'Éric McComber

Je mentionnerai que je suis une assidue du blogue de cyclo-nomade Roule, Rosie, Roule d’Éric McComber. J’admire son style. Je ne compte plus les fois où j’ai été suspendu à ses lignes pour son art de garder le suspense. Son style ouvert à tout vent surprend. Un style à la personnalité forte et marginale d’un auteur détendu qui rallie le sarcasme à la bonhommie de belle façon.

Ceci étant dit, jetez un coup d’œil sur le livre objet « La Solde ». Vous vous arrêtez. Les étiquettes fluo sont là pour que l’on ne passe pas à côté. Cette apparence m’amène à penser "Voilà une couverture qui, plus que suspendre l’attention veut la surprendre et à la limite, la secouer". En cela, le livre est bien étiqueté ! Tout au long de cette rencontre avec Émile Duncan, je me suis arrêtée, surprise, et secouée.

Mais commençons par le commencement. Sur la quatrième de couverture, on fait allusion à un bluesman dérouté qui accepte un travail qui le rebute, la correction d’agendas scolaires, jusqu’au jour où le manuscrit qu’il a écrit en secret est édité.

J’ai divisé le roman en deux parties. La première est la rencontre de l’homme qui baisse pavillon devant sa vie. Elle est moche, sa vie, tellement moche qu’il la rend encore plus moche en faisant un travail auquel il ne croit pas. On apprend au fil des chapitres, divisés en mois suggérant la l'agenda scolaire, qu’il est hanté par le fantôme d’une femme qu’il a aimée. Jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Mais l’homme, et l’auteur derrière l’homme, a décidé de partager avec nous le plus infime détail de sa vie intime, comme le récurage de son nez, ou l’observation du fruit de son labeur intestinal. Je n’ai jamais été aussi loin dans l’intimité d'une personne, même pas avec l’homme de ma vie, alors imaginez combien c’est peu tentant avec un pur étranger déprimé ! Intrinsèquement, ça se défend, quand les cloisons de ta vie se referment sur toi, la première prison est ton corps. On confine le lecteur à cet espace clos, un corps en fonction (et en érection), ce contenant d’un esprit désabusé. C’est manifestement étouffant, presque que puant. Claustrophobe s’abstenir.

J’ai senti de la fraicheur quand est entré dans la vie d’Émile Duncan des relations, et donc des dialogues, avec tout autre personne que lui-même. Tout d’abord avec ses parents, et ensuite avec une panoplie de femmes qui lui tombent dessus. Des femmes, encore des femmes et toujours des femmes se présentent à lui, de tout acabit, ayant comme point en commun d’être belles et sexy. La cause serait ce manuscrit qui, à sa grande surprise, est publié et lui amène cette belle palette de femmes qui ne désirent qu’une chose : vérifier sa virilité. J’ai pris plus de plaisir à la lecture de cette deuxième partie, ne serait-ce que parce que le personnage est plus appétissant en relation que seul avec lui-même.

Mais n’empêche que l’histoire, toutes parties confondues, m’a laissée sur une note d’insatisfaction. Je m’attendais à plus de ce roman qui m’est apparu futile par son absence de subtilité. Tout d’abord, le personnage Émile Duncan est présenté en surface. Quant à en apprendre autant sur ses habitudes d’hygiène, et de baise, j’aurais également aimé toucher son esprit. Le personnage est un musicien, il faut se contenter de le croire sur parole. J’aurais aimé sentir sa passion en berne, cela m’aurait évité de croire qu’il s’agit, par exemple, d’un dentiste en dépression. Ses tendres pensées pour Celle qu’il a aimée sont à peine esquissées. Cet amour vibrant qui marque la cassure avec sa vie passée aurait pu être un filon à exploiter pour donner plus de chair à Émile Duncan.

La révolte du personnage, plus évidente à la première partie, passe par la facilité : les favorisés d’un côté (bourreaux) et les défavorisés de l’autre (victimes), une mince démarcation les sépare dans l’usine. Les exploités, les correcteurs d’agendas sont maltraités, pendant que l’exploitant se prélasse dans des bureaux luxueux avec de belles salles de bain. J’ai également eu de la difficulté à croire à l’abrutissement de son travail de correcteur, j’exercerais le métier de correctrice d’agendas scolaires n’importe quand ! Faut dire que je n’ai pas adhéré aux sarcasmes de la méchante société qui sert des inepties aux jeunes dans les agendas, sous-entendu que le « Système » est pourri jusqu’à l’os.

Mais mon insatisfaction a atteint son point culminant à la fin, ce point final à mes attentes. J’ai espéré page après page le dénouement, c'est-à-dire la teneur du roman qui contient de quoi changer la vie de l’écrivain du tout ou tout. Je me suis retrouvé devant rien, à moins qu’il soit question d’une entourloupette et que nous ayons entre les mains le roman dont on fait allusion dans le roman. C’est mon hypothèse et elle est hasardeuse. Sans ce fondement, il devient tentant de croire à une démonstration franche et fière d’une élucubration masculine parce que, croyez-le ou non, ce personnage extrêmement passif, reçoit tout de ces dames. N’est-ce pas là agréable fantasme !

Un roman qui a le mérite de ne pas se prendre au sérieux, les surprenants dessins qui y sont glissés nous mettant sur cette piste. Cependant, à mon avis, le fort sarcasme entre ses pages tombe à plat. De là un certain malaise, comme celui éprouvé devant la blague que personne ne rit.

La Solde, Éric McComber, Édition La mèche, 232 pages, parution 0ctobre 2011.

mercredi 7 décembre 2011

Les coeurs tigrés - Yves Morin

Un titre qui m’attirait sans que je comprenne exactement pourquoi. J’aurais pu me contenter de l’émission « Tout le monde en parlait », où l’on s’est souvenu collectivement de la bière qui tue. Cette période de huit mois durant les années 1965-66 où des patients se présentaient à l’Hôtel-Dieu de Québec avec tous les mêmes symptômes et la même position. Quoi de plus mystérieux que 48 cas de maladie cardiaque, dont 20 morts (44%), en un si court laps de temps, dans la ville de Québec, chez de gros buveurs de bière d'une marque en particulier. Une voix me poussait à lire ce roman signé de la main même du cardiologue qui a traité ces cas. Je sentais que j’y découvrirais les dessous de cette affaire qui m'apparaissait encore nébuleuse. Je m’en félicite aujourd’hui ! J’ai trouvé ce livre pas moins que passionnant. Le médecin qui a soigné « Les cœurs tigrés » en avait long dire, il en avait gros sur le cœur.

Tout l’intérêt vient que le cardiologue Yves Morin a su présenter cette histoire, basée sur des faits vérifiables, sous l’angle du roman. Ce qui n’empêche pas que le texte soit parfois parsemé d’explications médicales assez pointues, mais toutes accessibles de la bouche de ce médecin habitué d’expliquer en langue simple. Ça laisse aussi supposer qu’il a assimilé, songé, mijoté sa matière à un point qui laisse entendre que cet empoissonnement collectif a hanté ses jours et ses nuits. Le fait qu’il connaisse l’histoire sur le bout de ses doigts a élevé son art de la raconter aussi haut qu'un conteur à la langue déliée, y ajoutant des rasades de mauvais sang qu’il s’est fait à cette époque. En tous les cas, si vous ne comprenez pas instantanément les explications médicales, elles reviendront, soyez-en certains. On pourrait reprocher les répétitions. À certains moments, on aurait pu ne pas exposer de nouveau au lecteur ce qu’il savait déjà parce qu’un nouveau personnage avait besoin d’explications. Personnellement, j’ai pris le parti de lire rapidement à ce moment-là.

En fermant cette couverture, vous saurez toute, toute la vérité, et plus encore. Le « plus encore » est tout aussi intéressant et est tiré de 1665, cette année où un premier médecin, Jean de Bonamour, a mis les pieds en Nouvelle-France, accueilli par l’intendant Jean Talon. Ce dernier aurait inauguré une brasserie à laquelle il tenait beaucoup. La consommation de la bière évitait celle de l’eau-de-vie qui faisait des ravages chez les hommes qui s’y adonnaient alors. Un parallèle est ingénieusement tiré et le phénomène de la bière qui tue éclipse « trois siècles » sous notre nez. Une manière habile de mettre l’emphase sur le fait qu’une erreur non élucidée a tendance à se perpétuer.

Nous nous promenons donc de l’an 1965 à l’an 1665, accomplissant ce gigantesque bond à l’intérieur du petit bureau de la sœur Augustine en chef, sœur Ste-Geneviève de l’Hôtel-Dieu. Des bilans sporadiques (chapitres nommés « petit entretien) entre le cardiologue et la clairvoyante sœur Ste-Geneviève serviront de prétextes pour nous raconter l’histoire du docteur Jean de Bonamour, encore plus isolé dans son combat contre l’ignorance, que ne le fut le docteur Yves Morin.

Me voici maintenant plus savante sur les mœurs médicales du 17e siècle, de l’usage des herbes cultivées dans un jardin attenant à l’hôpital L’Hôtel-Dieu ou sur la côte Sillery, par exemple. Comme cette histoire occupe pas loin de la moitié du roman, j’ai été heureuse de m’y intéresser autant qu’aux années 1965. Bien sûr, la lectrice n’était pas dupe, il est peu plausible que la religieuse ait raconté cette longue et détaillée histoire durant de tels entretiens, mais la matière est si captivante que l’on se prête volontiers à cette astuce d’auteur.

Sur la quatrième de couverture, on parle d’un « roman historique aux allures de thriller médical » et je ne trouve pas l’assertion trop forte. Le suspense est précieusement conservé, l’auteur nous tient en haleine. Chaque voile occultant la réalité est soulevé progressivement par d’honnêtes et consciencieux hommes de science. Ils forment un petit escadron isolé puisqu’ils doivent garder secrète leur découverte, jusqu’à ce que les preuves soient irréfutables. Une nouvelle maladie qui, soit dit en passant, sera nommé cardiomyopathie des buveurs de bière québécois, ne nait pas officiellement en criant seulement « bistouri » !

Visitez ce site pour documents d'archives, photos et illustrations, cartes et plans, références et plus encore. Notez bien que 42 documents ont été consultés pour la rédaction de ce roman.

Je découvre à l'instant que la Librairie Vaugeois a sorti son commentaire pour ainsi dire en même temps que le mien. Ça vaut la mention !

lundi 5 décembre 2011

Récréation vidéographique

Attention ... message d'intérêt général ! J'ai vainement essayé d'installer les photos, et comme blogger n'a jamais voulu collaborer, j'ai décidé, après la rédaction du texte ci-dessous, de me rabattre sur une vidéo. C'est ma première vidéo à vie ... soyez indulgents !

Malgré que j’aie hâte de vous entretenir du roman basé sur une histoire des plus véridiques et des plus vérifiables “Les coeurs tigrés”, je nous donne une récréation (catégorie à part entière du Passe-Mot). Parce qu’il en faut, des récréations, surtout quand on vient de travailler fort et, bien sûr, quand on commence à entendre les clochettes des lutins. Ça se prépare Noël, surtout quand on aime déposer sous le sapin des créations littéraires ou artisanales.

Je vous invite à retourner dans le passé pour nous accompagner, Marsi et moi, vendredi dernier où avait lieu le lancement de La féérie de Noël à la Savonnerie des Diligences d’Eastman. Je ne sais pas si vous l’avez appris à travers les branches de sapin, mais toute l’année durant, la savonnerie de notre village a sorti des savons spécialement conçus pour s’agencer avec des étiquettes « personnages » de l’album Miam Miam Fléau de Marsi.

Nous avons donc participé à ce lancement de cette première initiative d’exposer, durant décembre, des artisans afin que les visiteurs de la Savonnerie des Diligences puissent découvrir des talents de la région et avoir l’occasion d’acheter leurs cadeaux localement. À l’honneur, il n’y avait pas que des savons édition spéciale « Miam miam », on découvrait des styles originaux de bijoux, des étuis à crayons, à maquillage, d’ingénieux agencements d’épices, des poupées Kokeshi, des coffrets ou divers savonniers en bois... euh, mais qu’est-ce que je fais là moi, conjointe de bédéiste, de ne pas mettre en pratique la maxime « Une image vaut mille mots ».

Hum... hum, et une vidéo vaut mille images ...

lundi 28 novembre 2011

Bureau universel des copyrights - Bertrand Laverdure

“Avec ce quatrième roman, Bertrand Laverdure crée l’étonnement” . J'ai relevé cette sentence du quatrième de couverture. Une personne avertie en vaut deux !

Il y a être étonné et il y a être dépassé. Personnellement, totalement dépassée j’ai été face à ce texte. Remarquez que j’ai choisi le mot « texte », non pas « histoire », parce que s’il y a une histoire, je suis passée à côté.

Essayons tout de même de situer un peu de quoi il s’agit, au meilleur de ce que j’en ai compris, c'est-à-dire pas grand-chose. Un être difficile à cerner, le narrateur, rebondit dans des histoires qui ressemblent à des parties de rêve. Vous savez quand on se retrouve à un endroit, puis à un autre, libre des contraintes de l’espace, du temps et de la matière ? Avec la présence d’une part de matière d’accord, mais dont les contours sont flous et flexibles, variant au gré de ... je ne sais trop quoi. Les règles de la vie connue sont abolies, exercice ardu pour mon petit cerveau qui essayait de comprendre. Quoi de mieux à faire à ce moment-là que d’abandonner là son cerveau, me direz-vous, et de se laisser voguer. J’ai tenté de le faire, ne serait-ce que pour soulager ma souffrance ! J’y suis arrivé de manière sporadique, en me repaissant du style que je ne pouvais m’empêcher d’admirer. Le mot juste qui tombe au bon moment, le vocabulaire rebondissant, son rythme propre, son dynamisme saccadé.

Je m’interroge encore sur le pourquoi du comment ai-je fini par m’irriter de cet être se promenant dans un monde sans loi ? J’aurais pu le prendre pour ce qu’il était un être de mots qui m’amène à vivre des sensations fortes ou fluides, des ambiances surréalistes ou vaporeuses. Je crois que le nombrilisme du narrateur m’a perturbé. Dans un monde si vaste, sans règle, où le regard aurait pu enrober largement l’univers, l’action revenait inlassablement à son lui. Son petit lui à lui. Pareil aux rêves finalement où, les actions sans fondement logique et les personnages incohérents sont au seul service du « moi » qui règne, le rêveur.

Et ce rêve titré « Bureau universel des copyrights » est angoissant. À répétition, des éléments destructeurs extérieurs « X » secouent cette forme fluctuante et lui fait des misères. Il tombe, s’effondre, se relève, repart à zéro et ainsi de suite. Ce refrain redondant parcourant cette folle symphonie m’a eue à l’usure.

Cependant, jusqu’à la dernière ligne, j’ai salué la maîtrise du langage. C’est malheureux que la forme si belle n’ait pas arrivé à me faire apprécier le fond. J’ai mes limites de lectrice, je pourrais même dire de voyageuse, surtout sans guide ni repère dans l’univers disjoncté des autres.

Bureau universel des copyrights de Bertrand Laverdure, Édition La Peuplade, oeuvre en couverture de Lino

Jugeant que j'ai éprouvé une difficulté certaine à recenser ce roman, il me fait un grand plaisir de rajouter un lien. Ma mère était hipster en fait un recensement complet et, à mon avis, juste.

jeudi 24 novembre 2011

Le pays insoumis d'Anne-Marie Sicotte

Anne-Marie Sicotte m’a marquée avec les trois tomes des Accoucheuses, pour ainsi dire mon initiation au genre historique. J’y ai appris l’histoire des sages-femmes à travers les âges en m’attachant à des personnages dont je conserve un net souvenir. Une fois qu’une auteure nous a procuré une telle expérience, on tend la main vers le prochain les yeux fermés. Eh bien, cette fois, j’ai abandonné ma lecture à la moitié du bouquin (p. 245).

Le passé nous arrive transformé selon le regard qui l’interprète : « Notre histoire a été en grande partie écrite et transmise par le clergé qui avait très peu d’affinités avec les Patriotes, pour la plupart anticléricaux » indique la romancière dans une entrevue. Pendant trois ans, elle a approfondi les faits historiques des années 1827, cette période de résistance préparant la rébellion des Patriotes. C’est la trame de fond du quotidien de Vitaline et de sa famille immédiate : son père, maître potier considéré, sa grand-mère, judicieuse maîtresse de maison remplaçant sa fille affublée d’une lassitude extrême et son jeune frère étudiant au Collège de Montréal. Ils sont tous impliqués jusqu'au cou par la question politique, l’entourage et le voisinage également.

Qu’est-ce qui a fait que ma patience a atteint ses limites ? La complexité de la situation politique, ses infimes rouages, sa palette de politiciens hiérarchisés, m’ont embrouillée par mon manque de connaissance de la répartition du pouvoir à cette époque. Le pointilleux de l’histoire a fini par éclipser la pertinence des personnages. J’aime les dialogues touffus, mais l’impression que l’on me donne une leçon d’histoire plus que l’on me raconte une histoire s’est accentuée au fil des pages. Les personnages ont fini par m’apparaître comme des marionnettes mises au service de la vérité historique. J’ouvre au hasard pour vous, lisez cette réplique adressée à Gilbert, 12 ans :

« Rentre-toi une chose dans le cabochon, p’tit... je veux dire, Gilbert. Les Canadiens qui nous ont précédés, pis ceux qui avaient le moindrement d’instruction, y ont compris que la Conquête par les Anglais leur faisait un cadeau sans prix. Lequel ? Celui d’une Constitution qui offrait la liberté à chacun de ses citoyens. Cette Constitution, elle les a fait passer de sujets, victimes de l’arbitraire, à citoyens anglais protégés par l’éventail des lois les plus justes et les plus avancées de toute la planète. Et Gilbert, de répliquer : « C’est à la chambre d’Assemblée que le pays doit ce régime libéral !

Voilà qui était une parcelle des innombrables dialogues échangés à toute heure du jour.

D'un vif désir de mettre au présent la vérité du passé est né ce texte chargé où j’ai fini par me demander si je lisais un traité d’histoire déguisé en roman. Ça m’énervait d’autant plus que je me suis spontanément attachée à cette Vitaline, jeune femme forte et ambitieuse comme dans Les Accoucheuses. Que j’étais intriguée par les relations entre les membres de cette famille. Que j’aimais leur langage typé, très « Nouvelle-France ». A.M. Sicotte confie avoir voulu refléter le rythme d’antan. L’intention est louable et en présence de scènes quotidiennes, c’est assez réussi, mais aussitôt que se lève le vent politique, et il souffle fort et fréquemment croyez-moi, le rythme s’alourdit par un trop-plein d’informations glissées dans n’importe quelle bouche même de bas âge. Tout en considérant la maturité des jeunes de l’époque, leur crédibilité est ébranlé. Ils échangent entre eux, et même dans la banalité du quotidien, un langage aussi savant que le plus averti des politiciens. Quand il s'est agit de doyens s’entretenant entre eux, ou de politiciens, j’arrivais à y voir plus de naturel.

C’est cependant l’histoire idéale pour réaliser que ce soit au 19e siècle ou maintenant, la nature humaine au pouvoir, c’est facile à corrompre comme de la ferraille au dépotoir. Ce roman a pêché par un trop grand souci de vérité historique, à mon avis. Il est à mettre, soit entre les mains de personnes férues du temps des Patriotes ou de celles qui ont, et le goût et le temps de s’informer sur l’histoire, simultanément à leur lecture. Comme je n’ai jamais étudié, à ce point, les rouages pointus de notre politique actuelle, je ne suis pas la clientèle cible.

Je vous laisse sur ces mots d’Anne-Marie Sicotte :
Mais moi, je m’en tiens aux faits. Personne ne peut me dire que je dis des médisances et que ce n’est pas fondé. Dans ce cas, je répondrais que telle chose est écrite dans la Montréal Gazette de 1831, et telle autre aussi»

Le pays insoumis - tome 1 : Les chevaliers de la croix, Anne-Marie Sicotte, VLB Éditeur, 587 p.

vendredi 18 novembre 2011

Allez, encore, on se fait rire !

Encore moi ! Et encore une fois, sans commentaire de lecture. Je lis trop, c'est pour ça.

Je ne lis pas que des livres, entendons-nous. Pendant un Salon du livre, on lit ce qui a trait au Salon du livre et ça, eh bien, ça prend du temps. On écoute aussi. Ce matin, l'écrivain Stéphane Dompierre, à qui l'on posait la question "Quel est le titre qui vous a le plus frappé au Salon" a répondu "Et au pire, on se mariera". Il a fait remarquer qu'il y avait déjà une histoire dans le titre. C'est vrai. Mais il n'a pas mentionné l'auteure, Sophie Bienvenu, ce que je m'empresse de corriger. On a posé la même question à Georges-Hébert Germain (président d'honneur) qui a répondu "Au beau milieu, la fin". Me semble qu'il n'a pas mentionné l'auteure, Denise Boucher (quoiqu'elle soit passé à Tout le monde en parle !) je m'empresse tout de même de compléter. J'ai les deux livres, ils m'attendent.

Mes lectures sur le Salon valent la peine. Je viens de lire un texte qui m'a fait rire. Je dois avoir besoin de rire, deux billets en ligne sont supposés vous faire ... rire ou sourire, ça dépend de votre indice personnel d'hilarité. Le même Stéphane Dompierre a rédigé un billet "Fâché noir contre le Salon" qui m'a fait éclater de rire (mon indice personnel d'hilarité est au plafond). J'y ai tellement reconnu mon Marsi ! D'autres écrivains s'y reconnaîtront. Et des lecteurs, c'est sûr, des lecteurs.

Ne boudez pas vos rires, faites des réserves.

jeudi 17 novembre 2011

Ouvrez-vous au livre


Je vous garantis un rire. Au moins.
Pour ceux et celles qui ont les mâchoires serrées, un sourire.

En cette deuxième journée du Salon du livre de Montréal, le deuxième en importance après celui de Paris, il est de mise de s'ouvrir au livre.




:-D

Un lien bonus pour ceux qui ont raté Le Devoir des écrivains :

Q . Qu'est-ce que le Devoir des écrivains ?

R . Mardi, le 15 novembre, ce sont des écrivains qui s'emparent du journal Le Devoir et qui mène les nouvelles à bon port). Au Devoir, on nous laisse regarder par le trou de la serrure le déroulement de cette journée très spéciale, par des commentaires et vidéos à l'appui. Voyez nos écrivains à l'oeuvre !

mardi 15 novembre 2011

Le temps des Prix

Ça déboule ! Ne pas en parler serait l’équivalent de sauter l'étape de la récolte. Le temps des récompenses pour nos auteurs bat son plein depuis le 11 novembre.

Commençons par aujourd’hui, le 15 novembre. En après-midi, a eu lieu la remise de Prix du Gouverneurs général. De la fierté heureuse sur les visages à Toronto où les Prix ont été décernés.

  • Perrine Leblanc est lauréate dans la catégorie « Romans et nouvelles » pour L’homme blanc publié chez Le Quartanier.
  • Georges Leroux est lauréat dans la catégorie Essais pour Wanderer. Essai sur le Voyage d'hiver de Franz Schubert publié chez Nota bene.
  • Normand Chaurette est lauréat dans la catégorie Théâtre pour Ce qui meurt en dernier publié chez Leméac.
  • Louise Dupré est lauréate dans la catégorie Poésie pour Plus haut que les flammes publié chez Le Noroît.
  • Maryse Warda est lauréate dans la catégorie Traduction pour Toxique ou l'incident dans l'autobus publié chez Dramaturges Éditeur.
  • Martin Fournier est lauréat dans la catégorie Littérature jeunesse – texte pour Les aventures de Radisson : 1. L’enfer ne brûle pas publié chez Septentrion.
  • Caroline Merola est lauréate dans la catégorie Littérature jeunesse – illustrations pour Lili et les poilus, publié chez Dominique et compagnie.
Un tonitruant « Yé ! » à tout ce beau monde qui, je l’espère, fêtent comme il se doit et utilisent ce tremplin pour se donner l’élan pour continuer.

Passons maintenant à hier, le 14 novembre, où le Grand Prix du livre de la ville de Montréal a été décerné parmi ces finalistes ::
  • France Daigle (Pour sûr, Boréal)
  • Louise Dupré (Plus haut que les flammes, Noroît)
  • Gail Scott (The Obituary, Coach House Books)
  • Jocelyne Saucier (Il pleuvait des oiseaux, XYZ)
...
C’est Élise Turcotte avec Guyana (Leméac) qui se mérite le Prix. Je n’ai qu’une seule chose à dire, j’ai hâte de le lire ! Il est en haut sur mes tablettes.

Profitez-en pour mieux connaître cette auteure par ces deux entrevues, une à la Presse (Chantal Guy) et l’autre au Devoir (Catherine Lalonde). C’est son heure de gloire ... méritée.


Reculons de quelques jours pour s’arrêter au jour du souvenir, le 11 novembre où les finalistes du Prix des Collégiens ont été dévoilés. Cinq titres ont été choisis pour les Collégiens par Jean-François Nadeau, directeur des pages culturelles du Devoir, de Stanley Péan, écrivain, critique, animateur culturel et porte-parole du Prix littéraire des collégiens, d’un professeur-chercheur associé au CRILCQ, d’un journaliste des pages littéraires du Devoir et d’un critique littéraire.

À noter que l’on se pose encore et toujours la question : pourquoi les titres ne sont pas choisis par les Collégiens ?
  • Arvida, Samuel Archibald (Le Quartanier)
  • Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier (XYZ)
  • Le Sablier des solitudes, Jean-Simon DesRochers (Herbes rouges)
  • Les Derniers Jours de Smokey Nelson, Catherine Mavrikakis (Héliotrope)
  • Polynie, Mélanie Vincelette (Robert Laffont)
Et puis demain, le 16 novembre, l’ouverture du Salon du livre de Montréal, où il y aura quelques autres prix qui seront décernés. Sur facebook, maisons d'éditions et auteurs exhibaient fièrement leur stand prêt à accueillir les mains tendues.

Pour un sourire, je saupoudre ce plat de Prix d’une épice à peine piquante, disons du paprika doux...

"Un jour au lieu de lire un livre, on se contentera de voir l'écrivain". Dany Laferrière

* photo en-tête, au Salon du livre de Montréal, kiosque de la revue Entre les lignes. C'est accueillant !

jeudi 10 novembre 2011

VLB sort VL de son antre !

Je casse la glace. Oui, il y en a une, malgré la chaude température de ces jours-ci. Je réalise que lorsqu’on interrompt le fil des billets d’un blogue, il se crée une épaisseur de quelque chose que j’appelle glace. Surtout, oui surtout, quand on lâche le fil, pas que le sien qui nous retient mais celui qui relie au voisinage bloguesque. Je suis dans une période occupée où le vent du changement souffle fort. Bien sûr, je vous en reparlerai mais en attendant, je ressens le besoin de glisser un mot sur ces espaces de plus en plus longs entre chaque billet. Un rythme plus régulier devrait reprendre bientôt. Je le souhaite en tout cas !

En attendant mon prochain commentaire de lecture, il était impossible de passer sous silence ce qui arrive à Victor Lévy Beaulieu. J’en ai pris connaissance à la radio de Radio-Canada mardi. Il s’entretenait avec Pierre Maisonneuve (En direct) à son émission d’actualité où faits politiques et sociaux sont à l’honneur. Cette fois, VLB ne parlait pas de politique, ni d’une épineuse question sociale, il parlait de lui. Ça m’a fait plaisir de l’entendre de si joyeuse humeur.

Le ciel, un jury et un mécène décédé, Gilles Corbeil ont fait tomber entre ses mains un Prix pour l’entièreté de son œuvre. Pas seulement pour ces quelques 50,000 pages rassemblées en 76 livres (la revue Croc l'avait déclaré «Menace pour la forêt québécoise»!) mais pour l’œuvre complète d’un homme debout. Mais il n’y a pas que les pages écrites à relever, il y a les pages jouées, les pages essayés, les pages criées. Et les milliers de milliers de pages publiées. Le grand livre des livres des autres, la maison d'édition qu'il a tenu au bout de ses bras.

Cet hommage est une vibrante revanche pour ce Grand Prix de l'Académie du cinéma et de la télévision que le Gala des Gémeaux a voulu lui remettre au bout d’une perche de peur de toucher à sa main gauche. Cette fois, en tout seigneur, tout honneur, le prix Gilles-Corbeil de la Fondation Émile Nelligan, et sa bourse de 100,000 $ qui lui donne son poids, lui a été remis en mains propres croisées sur le flamboyant d’une scène.

VLB qui s’éreinte depuis des lustres à mettre en mots de grands personnages sur la sellette : Hugo, Joyce, Melville, Tolstoï, Voltaire, Foucault, Ferron, Thériault, Kerouac méritait plus que quiconque sa sellette. Cette nouvelle me fait un grand plaisir, une douce caresse sur le flanc de la cuisse de Jupiter. Il va pouvoir s’en donner à cœur joie d’éreinter les archives pour en extraire du sang de philosophe, puisque cette fois, il a jeté son dévolu sur Friedrich Nietzsche.

Si on pense que ce grand parmi les grands n’avait pas reçu de récompense significative depuis 1976, année où il avait remporté le Prix du gouverneur général du Canada pour Don Quichotte de la démanche, on s’interroge sur la Race de monde dans laquelle on vit !

Comme vous n’étiez pas à la cérémonie de remise du Prix et que certains privilégiés y étaient, je vous laisse la clé, vous n’avez qu’à l'enfiler par le trou de la serrure et y pénétrer. Longez un corridor éclairé de lanternes au feu ardent, vous trouverez à son extrémité le discours de VLB. Repaissez-vous de l'aura de quiétude qu'il fait bon respirer chez un être en état de constante effervescence.

Crédit de la photo : Ghislain Mailloux

jeudi 3 novembre 2011

L'heure est au VRAC

Ça fait pas seulement du bien à l’égo !
Joël Des Rosiers remporte le prix Athanase-David 2011 pour l’ensemble de son œuvre. Ce prix est la plus prestigieuse distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine des lettres. Le prix est accompagné d’une bourse de 30 000$. Joël Des Rosiers succède à la dramaturge Suzanne Lebeau, lauréate du prix en 2010.

« Le français au Québec, j’y contribue »
Si vous avez des idées qui trainent dans vos tiroirs, pourquoi ne pas participer au concours en envoyant au Conseil supérieur de la langue française un scénario de 500 mots maximum qui illustre de façon originale comment VOUS favorisez une plus grande utilisation de la langue française au Québec (Oups ... date limite 9 novembre).

La récompense : « Si votre scénario est sélectionné, vous remporterez un iPad de deuxième génération en plus de voir votre scénario adapté, produit et diffusé sur le Web.

Les conseils : "Soyez créatif, drôle, émouvant, optimiste, constructif! Vous contribuerez ainsi, vous aussi, à l'épanouissement de la langue française au Québec ».

Bienvenue « chez vous »
Depuis 2005, un petit appartement héberge les écrivains reçus à Québec le temps d'une résidence de création de quelques mois. On y trouve en plus, au rez-de-chaussée, la bibliothèque du Vieux-Québec.

Quand tout un étage est inoccupé, des idées prennent leur essor ! Cet espace sera bientôt exploité dans le bon sens du terme : Un bistro littéraire, des studios de création, des salons de lecture, un espace Web, un atelier pour bédéistes et des bureaux pour les organismes littéraires.
«Cette maison va positionner Québec comme la capitale littéraire du pays», a lancé jeudi Julie Lemieux, conseillère responsable de la culture à la Ville de Québec.

Je dis wow ! ... je déménage à Québec !

Smala signifie famille nombreuse
Une autre nouvelle maison d’édition dans le paysage de l’édition au Québec, les éditions de la Smala. Levons notre verre d’orangeade à leur percée sur le marché ! Un peu avant les fêtes, ça donne un petit coup de pouce dans le cas d’une maison d’édition jeunesse. Combien d’albums se donnent en cadeau par le père Noël ou la fée des étoiles.

Avis aux intéressés, c’est le temps ou jamais d’envoyer vos manuscrits à La Smala : ils cherchent des auteurs et/ou des illustrateurs

Lecture en cadeau
Cette initiative revient à chaque année de donner un livre neuf en cadeau à un enfant qui n’en reçoit pas habituellement. Si vous n’avez pas encore tenté l’expérience de remplir le formulaire et laisser un mot à l’enfant qui recevra un album de votre part, c’est tout un feeling. C’est optionnel sur le formulaire mais on vous invite à dire pourquoi cet album vous a attiré. Quand on pense que c’est peut-être la première fois de sa vie qu’il en reçoit, le livre prend une toute autre allure. Je ne le fais pas à chaque année, mais cette année, je n’y manquerai pas.

lundi 31 octobre 2011

Voyeurs s'abstenir - François Gravel

François Gravel est un écrivain prolifique, un roman n’attend pas l’autre. Le premier titre que j’ai lu de sa plume est « Vous êtes ici » . Je me souviens qu'il m’avait laissé plutôt tiède. Par contre, une saine discussion sur le style, dit plus léger donc populaire, et implicitement moins « littéraire » (le sempiternelle débat !) avait suivi ma critique. Je tenais donc à revisiter cet auteur. Je continue de m’étudier comme lectrice. Il est important d’après moi de bien identifier mes goûts pour tendre à pondre des commentaires plus justes. Une bonne manière est de lire des styles différents.

Voyeurs s’abstenir est un sacré défi que l’auteur s’est donné. Sa présentation de personnages m’a fait penser à des vases communicants, ou des poupées russes, en tout cas, un procédé à déconseiller à un auteur qui ne maîtrise pas parfaitement les voix narratives.

Une biographie a été écrite sur un homme, Carl Vaillancourt qui, parti de rien (ou seulement de lui !) devient riche, puissant et donc célèbre. Après son décès, la sortie de sa biographie soulève un tollé de réactions chez la population. À tel point que l’auteur de la biographie, enseveli sous une montagne de courrier, décide qu’il y a matière à écrire un second livre, y incluant les lettres les plus percutantes. Plusieurs signataires attaquent le biographe, l’accusent de ne pas avoir dit la vérité, toute la vérité et que, bien entendu, ce sont eux qui la détiennent cette vérité.

Entre chaque missive, l’auteur de la biographie et du roman, commente. Il se défend, acquiesce ou renchérit. Il présente tout d’abord l’auteur de la lettre, et y rajoute son gros grain de sel. Chaque lettre représente la vision d’un proche ou d’un quasi inconnu. Chaque vision l’habille ou le déshabille. Ce personnage se construit sous nos yeux de lecteurs par les visions des gens qui l’ont fréquenté. Et ce richard s’avère plus mystérieux qui n’y parait. Sommes-nous ce que les gens pensent ou projettent sur nous ? Saurons-nous qui il était vraiment ? Qui a la meilleure vision de soi ? Soi, ou l’addition des visions de chacun ?

Je ne vous dis pas que l’auteur répond à ces questions philosophiques ! Pas du tout, en fait. Il a utilisé un procédé littéraire, point. À nous de l’approfondir si ça nous tente, à nous de s’en amuser, si ça nous tente.

J’ai trouvé agréablement ambigüe cette navigation de la sphère fictive à la réelle. Du supposément réel, de vraies lettres écrites par de vrais gens, pourtant de la plus pure fiction, puisque la biographie n’a pas jamais été écrite. Le narrateur est un écrivain décrit par l’écrivain, François Gravel. Le procédé était assez efficace pour qu’il me soit arrivé d’oublier que la biographie était de la pure fabulation. Il y aurait de la téléréalité et de la "littéréalité" !

Ce qui me ramenait le plus souvent sur terre est le doute qu’un tel homme ait pu susciter tant de lettres parfaitement écrites. Quand je dis « parfaitement », même les imparfaites étaient parfaitement écrites (rendues) ! Une prostituée sans éducation ne s’exprimant pas comme un ex-premier ministre.

On apprend aussi à connaître le narrateur (l’auteur des deux livres), un personnage à part entière. L’auteur, le vrai, reste savamment camouflé ! Ce qui ne m’a jamais quitté, et légèrement dérangé, est de continuellement voir Pierre Péladeau en lieu et place de Carl Vaillancourt. Car j’oubliais de vous communiquer une info, pourtant omniprésente au cours du roman, l’homme d’affaires n’est pas que riche et puissant, il est laid. L’énigme semblerait de trouver comment cela se fait qu’un homme aussi laid ait pu obtenir autant de succès chez les femmes les plus exquises.

Allons donc, forçons-nous un peu les méninges, je crois que nous allons finir par trouver pourquoi !

Voyeurs s'abstenir, François Gravel, Éditions Québec-Amérique, 2009, 240 pages,

lundi 24 octobre 2011

L'Énigme du retour - Dany Laferrière

Hum... gros titre. Un roman qui a fait la une, gagner quantité de prix (rien de moins que le Médicis - 2009), on s’en approche avec circonspection. Et si, nous, on l’aimait pas et si, nous, on l’aimait moins ?

J'ai en main L'Énigme du retour depuis le 21 novembre 2009 et je rends grâce à l’habitude de Dany Laferrière de dater ses dédicaces. Remarquez que je considère avoir mérité l’inscription de cette date ayant attendu deux heures dans une file qui n’en finissait plus de s’étendre, en fait, jusque devant les toilettes sous les escaliers du Salon du livre de Montréal ! Des personnes de tous les âges patientaient vaillamment. C’était au plus fort de la vague de L’Énigme du retour et j’ai succombé à la tentation de m’inscrire dans l’histoire littéraire.

Deux paragraphes, avez-vous remarqué deux paragraphes et je n’ai pas encore dit un mot sur ma lecture en tant que telle ? C’en est presque inquiétant ! Allons droit au but, j’ai aimé ma lecture mais je me tiens loin de l’exaltation de certains qui l’ont lu plus d’une fois. Il y a des romans qui ont un rendez-vous avec le temps, c’en est un de ceux-là, selon moi. Cette photographie d’Haïti passant par l’œil du sentiment, avant le cataclysme, et tout le parcours de vie de l’auteur ont préparé cette écriture mûrie à point. C’est le livre après tous les autres et avant tous les autres.

C'est l'histoire du retour de Dany Laferrière au lieu de l'enfance densément peuplé par ses pensées. Par sa mère aussi et surtout. La mort d’un père qu’il apprend comme une banale nouvelle est le bras qui embraye le temps qu’il recule jusqu’à son état de petit garçon. Par ce pèlerinage, son père, ce grand absent retrouvera la vie par les yeux et la voix de son fils.

Vous connaissez la propension de Dany Laferrière à se laisser emporter par les mots pour rendre l’anecdote amusante ? Pour faire rire son public et se faire rire lui-même surpris de son esprit bondissant ? Eh bien, dans ce texte de 286 pages, il ne fanfaronne pas. L’heure est à la gravité sereine portée par la nostalgie. On ne peut être nostalgique du présent et encore moins de l’avenir, la nostalgie est affaire de passé.

Ce Laferrière adulant les mots à les faire virevolter dans sa tête jusqu’au vertige ne pouvait refuser à la poésie de se saisir de lui. Il a dû la laisser courir, qu’elle ne s’essouffle pas de la contrainte. Elle s’est posée entre les paragraphes de prose sans ordre ni prescription. C’est beaucoup l’art et l’originalité de cet écrit, à mon humble avis. La poésie se présente comme une simple amie des mots, se donnant une chance d’apprivoiser certains esprits qui la regardent de haut. Poésie et prose se lisent et se lient comme larrons en foire parce que l’auteur laisse voler sa plume d’une à l’autre, gardant oxygéné le souffle de son inspiration.

Haïti abrite l’enfance de l’homme retournant sur ses pas, qui s'essaie à mesurer l’étendue des plages entre des blocs de vie : présent, passé. Arrivé de son présent enrobé d’un Québec frigorifiant, il approche sa silencieuse sœur, témoin du présent, se frotte à la fougue de son neveu tourné vers l’avenir, se penche au-dessus d’un trésor de mémoire, sa mère.

Une lecture sereine, consciente du privilège de longer le même horizon qu'un explorateur en conciliabule intelligent avec son passé et son présent.

mercredi 19 octobre 2011

Le VRAC en demande

Je réitère avec mon VRAC. Je prétends qu'il m'a manqué !

Le Lux de l’image
14e édition du Concours Lux récompensant les meilleures images de l’année au Québec. Le collectif Carton, publié aux éditions de la Pastèque, a reçu jeudi dernier le premier prix Lux, dans la catégorie bande dessinée. Voilà une chose de dite mais j’en ai une autre. Vous vous rappelez de ma critique de Ceci n’est pas une histoire de dragons ? Eh bien, Benoit Tardif a reçu un Grand Prix pour sa couverture assez particulière merci, comme pas mal tout ce qu’il dessine d’ailleurs. Pour les amateurs d’images, photos autant qu’illustrations, sur le site de Lux, on présente chaque prix. Attention, il y en a un char pis une barge.

Québec en toutes lettres - 13 au 23 octobre
Exposition, conférence, discussion, rencontre, théâtre, spectacle littéraire, performance, film, conte ... Toujours aussi effervescente en littérature, cette ville de Québec ! Ce festival littéraire, à sa deuxième édition, met à l’honneur Réjean Ducharme. Les absents n’ont pas toujours tort, on leur donne parfois beaucoup d’attention.

Vendre la mèche
Je vous vends la mèche avec plaisir, une autre maison d’édition québécoise est née : La mèche. Applaudissons l’audace !

Deux lancements ponctuent cette naissance :
  • La Solde d’Éric McComber
  • Et au pire, on se mariera de Sophie Bienvenu
Vous avez jusqu’au 21 octobre pour dire oui et vous rendre à la librairie Le Port de tête pour participer à cette triple naissance.

GG
Il y a trois Prix du Gouverneur Général que je n’ai point lus. Non, je me reprends, disons plutôt, deux que j’ai lus. Lesquels ?

  • Alain Beaulieu, Le postier Passila (Leméac)
  • Jean-Simon Desrochers, Le sablier des solitudes (Les Herbes rouges)
  • Perrine Leblanc, L’homme blanc (Le Quartanier)
  • Tassia Trifiatis, Mère-grand (Léméac)
  • Mélanie Vincelette, Polynie (Robert Laffont)
BDQ Rendre grâce
Je m’acharne sur cette expression un peu pompeuse « rendre grâce ». Cette fois-ci, c’est à la libraire Isabelle Melançon de chez Monet parce qu’elle a eu le courage de se mouiller avec son Top 10 de BDQ (Bandes dessinées Québécoises). Amateurs de bandes dessinées, parce qu’il y en a quelques qui me fréquentent, exprimez-vous !

Hors Champ
Est-ce que vous le savez combien j’aime les chroniques de Nicolas Dickner publiées dans le magasine Voir ? Si vous ne le savez pas, eh bien, je vous le dis. Monsieur Dickner est pour moi le meilleur des chroniqueurs. Ne le lui dites jamais, mais je le préfère même légèrement comme chroniqueur à romancier. Aujourd’hui, j’ai reçu un communiqué de presse où il est question de mon chroniqueur préféré, de la maison d'édition Alto et de l’alphabétisation. Un recueil sort ces jours-ci et c’est très spécial, par le titre, par la couverture, par l'initiative.
:
52 chroniques de Nicolas Dickner «à emporter» ont été sélectionnées parmi les 200 publiées au magazine Voir. Tirage unique de 2500 exemplaires et pour chaque livre vendu à 16.95 $, un 7 $ sera remis à la Fondation pour l’alphabétisation. À l’achat de la version électronique (PDF et ePub), réalisée avec le partenariat de De Marque, ce sera un 5 $.

En l'achetant, on fait double cadeau.