Emmanuel Bouchard est un auteur qui vénère les mots, ça se sent. Assez souvent, les personnes qui vénèrent les mots sont portées sur la poésie et par la poésie, cette musique des mots.
J’aime ces styles empreints d’une délicatesse qui décrit la réalité en l’embellissant, maniant les mots qui ont du caractère et qui dégagent une odeur particulière difficile à définir. J’ai reconnu ce style chez Emmanuel Bouchard « Au passage » de son recueil de nouvelles paru en 2008. J’en ai gardé un assez bon souvenir pour ouvrir la main et prendre ce livre à la couverture recouverte d’un chandail de laine brune aux grossiers boutons.
C’est le chandail de son père et Hubert le porte, fier de se coller à celui pour qui il voue une admiration aimante, d’autant plus aimante, qu’il ne lui aurait pas suffisamment démontré ce sentiment pendant qu’il était vivant. Une émotion partagée par ô combien de personnes qui perdent trop tôt un être cher sans lui avoir rendu l’hommage mérité. Donc, rien de nouveau sous le soleil. Est-ce pour cela que j’ai avancé en compagnie d’Hubert éprouvant l’ennui d’une éternelle journée de pluie ?
Hubert tente de quitter sa peine en quittant la ville de Québec mais le décor seulement change, pas la morosité qui colle à lui comme une peau. Arrivé en France, cet être morose ne cherchant rien de particulier trouve ce qu’il ne cherchait pas. Un accident de parcours l’expulse de ses pensées qui, de toutes manières, tournaient en rond. La personne rencontrée souffre elle aussi d'un mal qui se mariera au sien, les deuils s’additionneront un à l’autre.
J’ai apprécié cette relation se déroulant sous mes yeux, un peu d'imprévu se faisait bienvenu, comme le soudain rayon de lumière passant à travers une vitre embuée. Mais tout est complexe et j'avais de la difficulté à compatir à ces personnes empêtrées dans leurs mares de misères psychologiques. Ma principale émotion était d'étouffer en lisant ce narrateur collé à son personnage. J’ai accueilli les courriels régulièrement expédiés à la famille comme de l'oxygène. Un bel astuce pour démontrer l'étendu et l’épaisseur du verni que Hubert présente aux yeux des autres.
Le roman se présente comme un journal d’un voyage en France mais surtout au cœur de soi, un soi assombri par la perte d’un être cher. On peut parler d’un bel hommage à un père, tellement le fils éploré nous le présente sous l’angle d’un homme solide et fidèle.
* * *
Nota Bene : Tenir compte que mon manque d'enthousiasme pour ce sujet n’a certainement pas aidé mon appréciation « Un roman sur le deuil, avais-je vraiment besoin d’en lire un, un autre ? » me suis-je répété tout au long de ma lecture.
vendredi 31 août 2012
samedi 25 août 2012
Yukonnaise - Mylène Gilbert-Dumas
Au retour de vacances en Gaspésie, quoi de mieux que de parler d’un roman que j’ai aimé !
La démonstration est une fois de plus faite que Mylène Gilbert Dumas sait m’intéresser à un personnage principal (réf. : L’escapade sans retour de Sophie Parent). Elle focalise son personnage, de tous les côtés et sous tous les angles, son regard d’écrivaine converge vers lui. Elle tient son objectif braqué sur son sujet et n’en dévie pas. Je crois que c’est là une grande force pour une romancière.
Pourquoi suis-je entré dans cette histoire sans vouloir en ressortir, pourquoi ai-je fait corps avec les émotions, les gestes et pensées de la Yukonnaise ?
Il faut le dire, le canevas entre les deux personnages est assez semblable, la Yukonnaise semblable à Sophie Parent dépassera la définition qu’elle se fait d’elle-même. Deux portraits de femmes aux contours flous qui, en vivant l’adversité, développent une force de caractère insoupçonnée qui vient préciser leurs traits.
Toutefois, la Yukonnaise m’a plus captivée encore parce que campée dans un milieu inconnu de moi, le Yukon. Ce personnage qui arrive en talons hauts et ongles vernis est une occasion en or pour le lecteur de découvrir un pays où la vie se décline sous le mode rudimentaire. Qu’est-ce qui retiendra cette jeune femme modelée depuis son enfance à la vie citadine où le confort va de soi comme l’air respiré ? L’amour pour un homme, vous vous direz peut-être. Je ne dirai pas non, même si l’histoire ne se résume pas à cette simple affirmation. Les thèmes variés se déclinent au pluriel : les élans de survie, le dépassement de ses limites physiques et psychologiques, le face à face avec le deuil, l’amour de soi versus l’amour de l’autre, la maternité, la débrouillardise, l’amitié entre homme et femme prennent des airs d’absolu dans cette extrême froidure et cette absence de luminosité.
Un pays idéal pour explorer la temporalité de la vie ; la durée en opposition avec la fugacité. Les visiteurs de cette contrée soutirent le meilleur puis s’enfuient quand arrive le pire. On fait connaissance avec les touristes, les résidents, les semi-résidents .... et les endurants. Ce sol, qui s’éclaire si brièvement à chaque jour, prête à la comparaison que la vie est passagère autant que la lumière, qu’elle se présente par cycles, la mort suivant inévitablement la vie. J’ai senti les protagonistes proches de ces réalités.
En plus de l’histoire étoffée d’une femme au cœur à apprivoiser, Yukonnaise est une captivante approche des mœurs et coutumes d’une contrée qui apparaît mystérieuse pour qui n’y a jamais mis les pieds. Et c’est sans l’ombre d’un doute que l’auteure, elle, y a mis les pieds, sa prose instructive et le regard pétillant qu’elle y jette sont là pour le confirmer.
La démonstration est une fois de plus faite que Mylène Gilbert Dumas sait m’intéresser à un personnage principal (réf. : L’escapade sans retour de Sophie Parent). Elle focalise son personnage, de tous les côtés et sous tous les angles, son regard d’écrivaine converge vers lui. Elle tient son objectif braqué sur son sujet et n’en dévie pas. Je crois que c’est là une grande force pour une romancière.
Pourquoi suis-je entré dans cette histoire sans vouloir en ressortir, pourquoi ai-je fait corps avec les émotions, les gestes et pensées de la Yukonnaise ?
Il faut le dire, le canevas entre les deux personnages est assez semblable, la Yukonnaise semblable à Sophie Parent dépassera la définition qu’elle se fait d’elle-même. Deux portraits de femmes aux contours flous qui, en vivant l’adversité, développent une force de caractère insoupçonnée qui vient préciser leurs traits.
Toutefois, la Yukonnaise m’a plus captivée encore parce que campée dans un milieu inconnu de moi, le Yukon. Ce personnage qui arrive en talons hauts et ongles vernis est une occasion en or pour le lecteur de découvrir un pays où la vie se décline sous le mode rudimentaire. Qu’est-ce qui retiendra cette jeune femme modelée depuis son enfance à la vie citadine où le confort va de soi comme l’air respiré ? L’amour pour un homme, vous vous direz peut-être. Je ne dirai pas non, même si l’histoire ne se résume pas à cette simple affirmation. Les thèmes variés se déclinent au pluriel : les élans de survie, le dépassement de ses limites physiques et psychologiques, le face à face avec le deuil, l’amour de soi versus l’amour de l’autre, la maternité, la débrouillardise, l’amitié entre homme et femme prennent des airs d’absolu dans cette extrême froidure et cette absence de luminosité.
Un pays idéal pour explorer la temporalité de la vie ; la durée en opposition avec la fugacité. Les visiteurs de cette contrée soutirent le meilleur puis s’enfuient quand arrive le pire. On fait connaissance avec les touristes, les résidents, les semi-résidents .... et les endurants. Ce sol, qui s’éclaire si brièvement à chaque jour, prête à la comparaison que la vie est passagère autant que la lumière, qu’elle se présente par cycles, la mort suivant inévitablement la vie. J’ai senti les protagonistes proches de ces réalités.
En plus de l’histoire étoffée d’une femme au cœur à apprivoiser, Yukonnaise est une captivante approche des mœurs et coutumes d’une contrée qui apparaît mystérieuse pour qui n’y a jamais mis les pieds. Et c’est sans l’ombre d’un doute que l’auteure, elle, y a mis les pieds, sa prose instructive et le regard pétillant qu’elle y jette sont là pour le confirmer.
dimanche 12 août 2012
L’amour n’est rien - Nadia Gosselin
Ce n’est pas le titre qui m’a attiré. Ni la couverture. C’est Nadia Gosselin. Son nom me rappelle à un bon souvenir « La gueule du loup », son premier roman.
En commençant à feuilleter L'amour n'est rien, je réalise que le roman se présente par des chapitres de longueurs variables qui me font tout de même penser à des clips. En enfilant quelques pages, ma pensée vole vers Petite armoire à coutellerie de Sabica Senez. Dans l’amour n’est rien, j’y retrouve également de l’amour réfléchi, des propos amoureux prenant la pose la plus élégante possible dans les circonstances où pleurent les mots.
Cette histoire a tous les airs d’une histoire d’amour, pas racontée mais couchée de tout son long sur des pages blanches. Le lecteur tourne les feuilles du journal intime d’une femme prise d’envie de réveiller une vieille histoire d’amour. Elle nous confie tout de ses pensées, elle ne cache rien, et avec une rare élégance, elle partage son intimité, ses doutes, ses pulsions, ses désirs. M’a poursuivi la conviction qu’elle lui expliquait à lui, sa vision à elle. Que ces pages lui soient destiné à cet homme, qui se connait si peu qu’il ne se laisse pas connaître est intéressant pour l’aspect voyeurisme. La sensation est entière d’être à épier, entre les branches débordantes de feuilles, leur ligne de départ où vont s’élancer, ou pas, les deux amoureux. Vont-ils courir côte à côté, un va-t-il rattraper l’autre, un va-t-il bifurquer, ne voyant plus le profil de l’autre, ayant pris une trop grande avance ? Est-ce que du potentiel amoureux a absolument besoin d’un terrain d’entente entre deux circonstances de vie pour poindre ?
Je me suis imaginé que cette histoire était cent pour cent vraie. Et pour cela, elle m’a plu. Pas un retentissant coup qui fait débattre le cœur, plutôt de douces palpitations.
Mais l’amour n’est pas rien puisque s’il était rien, Nadia Gosselin ne laisserait pas couler autant d’encre pour lui : une fois ... deux fois ... et, qui sait, peut-être trois !
En commençant à feuilleter L'amour n'est rien, je réalise que le roman se présente par des chapitres de longueurs variables qui me font tout de même penser à des clips. En enfilant quelques pages, ma pensée vole vers Petite armoire à coutellerie de Sabica Senez. Dans l’amour n’est rien, j’y retrouve également de l’amour réfléchi, des propos amoureux prenant la pose la plus élégante possible dans les circonstances où pleurent les mots.
Cette histoire a tous les airs d’une histoire d’amour, pas racontée mais couchée de tout son long sur des pages blanches. Le lecteur tourne les feuilles du journal intime d’une femme prise d’envie de réveiller une vieille histoire d’amour. Elle nous confie tout de ses pensées, elle ne cache rien, et avec une rare élégance, elle partage son intimité, ses doutes, ses pulsions, ses désirs. M’a poursuivi la conviction qu’elle lui expliquait à lui, sa vision à elle. Que ces pages lui soient destiné à cet homme, qui se connait si peu qu’il ne se laisse pas connaître est intéressant pour l’aspect voyeurisme. La sensation est entière d’être à épier, entre les branches débordantes de feuilles, leur ligne de départ où vont s’élancer, ou pas, les deux amoureux. Vont-ils courir côte à côté, un va-t-il rattraper l’autre, un va-t-il bifurquer, ne voyant plus le profil de l’autre, ayant pris une trop grande avance ? Est-ce que du potentiel amoureux a absolument besoin d’un terrain d’entente entre deux circonstances de vie pour poindre ?
Je me suis imaginé que cette histoire était cent pour cent vraie. Et pour cela, elle m’a plu. Pas un retentissant coup qui fait débattre le cœur, plutôt de douces palpitations.
Mais l’amour n’est pas rien puisque s’il était rien, Nadia Gosselin ne laisserait pas couler autant d’encre pour lui : une fois ... deux fois ... et, qui sait, peut-être trois !
mardi 7 août 2012
La VRAComanie
Québec en toutes lettres
« Il peut très bien arriver qu’un livre soit un succès critique et commercial alors que son auteur l’a en horreur. » – Isaac Asimov. - - - Quel passionné de science-fiction ne connaît pas Isaac Asimov ! Du 11 au 21 octobre, le festival Québec en toutes lettres, à l’occasion du 20e anniversaire de sa mort, mettra à l’honneur l’œuvre de ce prolifique auteur américain. Pour découvrir l’univers et l’œuvre de l'auteur, le festival a produit un dépliant intitulé Découvrir Isaac Asimov abordant les thèmes qui lui sont chers, ses œuvres, des citations, des suggestions de lecture. Disponible sur demande ou dans toutes les bibliothèques et les librairies de la ville de Québec.
Elle a 75 ans et se porte bien
Rares sont les maisons d’édition généraliste, Fides en est une et gère l'un des fonds les plus importants au Québec, aussi bien dans les secteurs de la littérature et des sciences humaines que dans les domaines religieux et spirituel. Elle publie annuellement une quarantaine de nouveautés, Yves Beauchemin et Louis Gauthier pour ne nommer que ces écrivains en sont. Pour ma part, je trouve toujours leurs livres attirants, tant au niveau des sujets que visuellement. Mon dernier titre en lice Comment améliorer mon médecin, écrit par un médecin de famille, le Dr Serge Goulet, et un psychologue, Dr Bruno Fortin. Attention, ce n’est pas un livre humoristique, il y aurait moyen de l’améliorer :-) ... en s’améliorant ! Je l’ai déjà entamé. À suivre ... Fides fête ses 75 ans en inaugurant un nouveau look (allez voir ça !) et une nouvelle collection de romans avec Les Suites pour violoncelle seul d’Eric Siblin.
Chante-la ta chanson
Écris-la ta chanson et on l’a chantera ! Si vous en avez une dans vos tiroirs qui s’ennuie dans le noir, sortez-la, chantez-la (juste pour voir si vos mots se chantent, pas besoin de composer l’air), et envoyez-la – avant le 10 août – à la 14e édition du concours national des paroliers 2012 ouvert à tous. Des bourses de 1500$, 1000$ et 500$ seront remises aux lauréats des trois meilleurs textes. Les règlements au : www.paroliers.qc.ca .
La tentation de Venise
Vous vous attendez à ce que je vous entretienne sur quelques livres auxquels je n’ai pas su succomber ? Détrompez-vous ! Je parle d’une expression transmise par mon ami PG Luneau, via Expressio, définition que j’ai librement modifiée à des fins de concision :
La tentation de Venise signifie la tentation de se consacrer à autre chose, de changer de vie. Quand j’ai appris que l’expression était récente, je me suis sentie moins mal de ne pas la connaître. Elle viendrait du titre d'un livre publié en 1993, que son auteur, Alain Juppé a écrit pendant une traversée du désert, juste avant de devenir ministre des Affaires Étrangères. Il s'y s'interroge sur l'utilité de consacrer sa vie au métier de politicien, alors que bien d'autres choses valent la peine d'être vécues ou considérées. Il y évoque, entre autres, la ville de Venise où il va volontiers se ressourcer, d'où la tentation de s'y replier définitivement et d'y oublier les duretés de la vie politique.
Bref, l’expression s'applique à ceux qui envisagent de passer de la lumière à l'ombre, afin de se consacrer à des activités moins contraignantes et stressantes que celles qu'impose la vie publique.
*
Chez Venise
Pour ceux et celles qui ne reçoivent pas mes textes de Chez Venise directement chez eux, j’apporte à votre attention Et si c’était vrai où je partage une réflexion toute personnelle sur la pertinence d'apporter une distinction entre le vécu et la fiction.
*Par extension, la tentation de Venise peut indiquer un souhait de changement de vie, qui peut-être aussi bien professionnel que personnel. Peut-être que la campagne électorale, qui bat son plein, vous donnera la Tentation de Venise !
« Il peut très bien arriver qu’un livre soit un succès critique et commercial alors que son auteur l’a en horreur. » – Isaac Asimov. - - - Quel passionné de science-fiction ne connaît pas Isaac Asimov ! Du 11 au 21 octobre, le festival Québec en toutes lettres, à l’occasion du 20e anniversaire de sa mort, mettra à l’honneur l’œuvre de ce prolifique auteur américain. Pour découvrir l’univers et l’œuvre de l'auteur, le festival a produit un dépliant intitulé Découvrir Isaac Asimov abordant les thèmes qui lui sont chers, ses œuvres, des citations, des suggestions de lecture. Disponible sur demande ou dans toutes les bibliothèques et les librairies de la ville de Québec.
Elle a 75 ans et se porte bien
Rares sont les maisons d’édition généraliste, Fides en est une et gère l'un des fonds les plus importants au Québec, aussi bien dans les secteurs de la littérature et des sciences humaines que dans les domaines religieux et spirituel. Elle publie annuellement une quarantaine de nouveautés, Yves Beauchemin et Louis Gauthier pour ne nommer que ces écrivains en sont. Pour ma part, je trouve toujours leurs livres attirants, tant au niveau des sujets que visuellement. Mon dernier titre en lice Comment améliorer mon médecin, écrit par un médecin de famille, le Dr Serge Goulet, et un psychologue, Dr Bruno Fortin. Attention, ce n’est pas un livre humoristique, il y aurait moyen de l’améliorer :-) ... en s’améliorant ! Je l’ai déjà entamé. À suivre ... Fides fête ses 75 ans en inaugurant un nouveau look (allez voir ça !) et une nouvelle collection de romans avec Les Suites pour violoncelle seul d’Eric Siblin.
Chante-la ta chanson
Écris-la ta chanson et on l’a chantera ! Si vous en avez une dans vos tiroirs qui s’ennuie dans le noir, sortez-la, chantez-la (juste pour voir si vos mots se chantent, pas besoin de composer l’air), et envoyez-la – avant le 10 août – à la 14e édition du concours national des paroliers 2012 ouvert à tous. Des bourses de 1500$, 1000$ et 500$ seront remises aux lauréats des trois meilleurs textes. Les règlements au : www.paroliers.qc.ca .
La tentation de Venise
Vous vous attendez à ce que je vous entretienne sur quelques livres auxquels je n’ai pas su succomber ? Détrompez-vous ! Je parle d’une expression transmise par mon ami PG Luneau, via Expressio, définition que j’ai librement modifiée à des fins de concision :
La tentation de Venise signifie la tentation de se consacrer à autre chose, de changer de vie. Quand j’ai appris que l’expression était récente, je me suis sentie moins mal de ne pas la connaître. Elle viendrait du titre d'un livre publié en 1993, que son auteur, Alain Juppé a écrit pendant une traversée du désert, juste avant de devenir ministre des Affaires Étrangères. Il s'y s'interroge sur l'utilité de consacrer sa vie au métier de politicien, alors que bien d'autres choses valent la peine d'être vécues ou considérées. Il y évoque, entre autres, la ville de Venise où il va volontiers se ressourcer, d'où la tentation de s'y replier définitivement et d'y oublier les duretés de la vie politique.
Bref, l’expression s'applique à ceux qui envisagent de passer de la lumière à l'ombre, afin de se consacrer à des activités moins contraignantes et stressantes que celles qu'impose la vie publique.
*
Chez Venise
Pour ceux et celles qui ne reçoivent pas mes textes de Chez Venise directement chez eux, j’apporte à votre attention Et si c’était vrai où je partage une réflexion toute personnelle sur la pertinence d'apporter une distinction entre le vécu et la fiction.
*Par extension, la tentation de Venise peut indiquer un souhait de changement de vie, qui peut-être aussi bien professionnel que personnel. Peut-être que la campagne électorale, qui bat son plein, vous donnera la Tentation de Venise !
jeudi 2 août 2012
Tous les corps naissent étrangers - Hugo Léger
Voici un titre qui m’a laissée mi-figue mi-raisin. J’y ai pourtant porté une grande attention, me disant même que je « devrais » être touchée. Mais je ne l’ai pas été. Un tête à tête avec un personnage est pareil au tête à tête amoureux, en cela qu’on ne peut forcer l’amour.
Ce tête à tête est avec Jean-Jacques Darrieux, un présentateur de nouvelles qui récolte un franc succès jusqu’à un certain jour ...(gardons le suspense). Il est un homme très soucieux de son apparence, Hugo Léger aborde abondamment le thème de l’apparence tout au long de son roman. Des circonstances amèneront monsieur Darrieux à quitter la vie publique pour œuvrer dans un florissant cabinet de relations publiques. Notre homme, très sûr de lui règne comme un lion dans une jungle où le plus fort écrase le plus faible. Il a pourtant jadis appartenu à la classe des plus faibles, né entre un père violent et une mère alcoolique. L’argent ne lui fait plus beaucoup d’effet, c’est le pouvoir qu’il représente qu’il l’émoustille. C’est un manipulateur qui nous explique fièrement ses manipulations. Pas très sympathique le monsieur. Même pas eu du plaisir à le haïr, en fait je lui ai réservé un sort beaucoup plus cruel : l’indifférence.
« Pourquoi cela n’a-t-il pas cliqué entre lui et moi ? » est bien sûr la question que je me suis posée. J’ai dû me rendre à l’évidence : je n’ai pas cru à ce personnage né de ce qui m’a semblé être un nœud de clichés. Je n’ai pas cru à cette enfance de souffrance dans une famille dysfonctionnelle, il m’est apparu en être sorti trop propre, trop lisse. Semblerait aller de soi son manque de cœur dans tout ce qu’il entreprend et en compagnie de toute personne qu’il côtoie. Une exception à la règle, la mère de son enfant, qu’il aurait aimé mais avec on ne le verra pas interagir. En fait, mon problème est que je n’ai pas entendu son cœur battre.
Ce qui m’a amené à me lier avec l'auteur plus qu'avec son personnage. J’ai cru comprendre que Hugo Léger a voulu que toute la vulnérabilité de son personnage passe par la présence d’un fils sévèrement handicapé, qu’il a placé et qu’il cache. J’imagine qu’il y avait là une symbolique, le fils nous étant présenté sous l'apparence d'un être végétatif, informe, monstrueux, que j’avoue n’être même pas arrivé à visualiser. Encore là, la sauce émotive n’a pas pris entre moi et la relation de ce père dépassé par ce qu’il éprouve pour son fils. Il essaie de définir l’émotion qu’il ressent, celle qui prend le dessus sur les autres, devant ce poids lourd âgé de 16 ans.
Monsieur Léger maintient un bon rythme, par un style empreint d’humour noir et froid, les mots grincent devant les travers de notre société. Peut-être, qui sait, éprouverai-je plus d’empathie à un prochain « tête à tête » avec un des personnages de cet écrivain à son premier roman.
Deux avis bien différents du mien, celui de Rémy Paulin et celui de Christine Champagne vous attendent au webzine La Recrue.
Ce tête à tête est avec Jean-Jacques Darrieux, un présentateur de nouvelles qui récolte un franc succès jusqu’à un certain jour ...(gardons le suspense). Il est un homme très soucieux de son apparence, Hugo Léger aborde abondamment le thème de l’apparence tout au long de son roman. Des circonstances amèneront monsieur Darrieux à quitter la vie publique pour œuvrer dans un florissant cabinet de relations publiques. Notre homme, très sûr de lui règne comme un lion dans une jungle où le plus fort écrase le plus faible. Il a pourtant jadis appartenu à la classe des plus faibles, né entre un père violent et une mère alcoolique. L’argent ne lui fait plus beaucoup d’effet, c’est le pouvoir qu’il représente qu’il l’émoustille. C’est un manipulateur qui nous explique fièrement ses manipulations. Pas très sympathique le monsieur. Même pas eu du plaisir à le haïr, en fait je lui ai réservé un sort beaucoup plus cruel : l’indifférence.
« Pourquoi cela n’a-t-il pas cliqué entre lui et moi ? » est bien sûr la question que je me suis posée. J’ai dû me rendre à l’évidence : je n’ai pas cru à ce personnage né de ce qui m’a semblé être un nœud de clichés. Je n’ai pas cru à cette enfance de souffrance dans une famille dysfonctionnelle, il m’est apparu en être sorti trop propre, trop lisse. Semblerait aller de soi son manque de cœur dans tout ce qu’il entreprend et en compagnie de toute personne qu’il côtoie. Une exception à la règle, la mère de son enfant, qu’il aurait aimé mais avec on ne le verra pas interagir. En fait, mon problème est que je n’ai pas entendu son cœur battre.
Ce qui m’a amené à me lier avec l'auteur plus qu'avec son personnage. J’ai cru comprendre que Hugo Léger a voulu que toute la vulnérabilité de son personnage passe par la présence d’un fils sévèrement handicapé, qu’il a placé et qu’il cache. J’imagine qu’il y avait là une symbolique, le fils nous étant présenté sous l'apparence d'un être végétatif, informe, monstrueux, que j’avoue n’être même pas arrivé à visualiser. Encore là, la sauce émotive n’a pas pris entre moi et la relation de ce père dépassé par ce qu’il éprouve pour son fils. Il essaie de définir l’émotion qu’il ressent, celle qui prend le dessus sur les autres, devant ce poids lourd âgé de 16 ans.
Monsieur Léger maintient un bon rythme, par un style empreint d’humour noir et froid, les mots grincent devant les travers de notre société. Peut-être, qui sait, éprouverai-je plus d’empathie à un prochain « tête à tête » avec un des personnages de cet écrivain à son premier roman.
Deux avis bien différents du mien, celui de Rémy Paulin et celui de Christine Champagne vous attendent au webzine La Recrue.
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