Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

lundi 30 novembre 2009

Mademoiselle Personne - Marie Christine Bernard

Avant-hier, une personne m’a demandé pourquoi je lui recommandais chaudement la lecture de Mademoiselle Personne et j’ai à peu près répondu « euh, bais ... parce que c’est bon ». J’ai espéré que mes idées s’affinent afin de mieux les partager avec vous. Faut dire que cette histoire ne se raconte pas comme une autre, parce qu’elle est unique, alors repose sur moi la pression d’en donner un compte-rendu unique, tentant d’être à la hauteur de cette auteure.

Mademoiselle Personne, c’est Céleste, une jeune femme fascinante et ce n’est certes pas elle qui l’affirmerait, mais les hommes qui gravitent autour d’elle, pour sûr ! À commencer par Justin, un journaliste, instantanément amoureux de cette étrange qui parle à la mer. Will, un capitaine pris en otage par cette sirène sensuelle. Émile Bourgeois, un politicien ratoureux à l’étroite vision aspirée par cette âme grande. Un chapitre est consacré à la vision de chacun de ces hommes, le dernier donnant la parole à Céleste, celle qui chamboule les cœurs seulement en étant qui elle est. Ils sont sous son charme magnétique, son père également, même s’il n’a pas son chapitre à lui, et sa compagne au quotidien, sa fidèle, silencieuse, son ange veillant, Marie l’indienne.

Céleste, Gaspésienne aérienne, butée, un de ces personnages dont on a envie de dire, il ne s’invente pas. Elle existe et existera toujours, elle s’impose au lecteur. Une de ces filles femmes qui agissent, mues par l’instinct, qui parle par le silence des gestes. Dès les premières lignes, on se coule dans un univers mystérieux qui se décèle par la poésie du geste. Le ton raconté a une constance rassurante, il glisse sur la méchanceté, le tragique, aussi libre que sur la complicité et les chants amoureux, la conteuse raconte, à vous d’y réagir comme bon vous semble.

Comme une montagne, Mademoiselle Personne trône et son contour varie selon l’angle de qui la regarde et selon l’éclairage diffusé par les strates de sa vie. Il y a du rebondissement dans cette histoire, du surprenant, méfiez-vous des mers à l’apparence calme, sous son étale sommeillent des réalités insoupçonnables. Céleste accrochée à sa mer où se mire l’infini, quel sentiment, diriez-vous, quand il est intense, fouille et transcende le fini ? L’amour, bien sûr l’amour ! Ce puissant sentiment qui dévaste la volonté et qui nous tient en vie. Cette histoire en contient plusieurs, de ces amours qui étreignent le cœur. De sublimes scènes de sensualité fougueuse nous ancrent à la terre. Des visions célestes nous font décoller au-dessus des nuages. Des odeurs de mer nous noient l’esprit.

Après les trois chapitres sur ses hommes, arrive ce tête-à-tête avec Céleste, lequel m’a un peu déstabilisé au départ. À travers les yeux de ses hommes, elle était géante de mystère. De l’entendre directement, une certaine tension tombe. Je n’ai pu m’empêcher de penser à la perception de soi quand on se regarde dans le miroir, il y manque cette dimension palpitante qui jaillit du regard des autres posé sur soi. Malgré ce choc momentané, l’intérêt s’attèle de nouveau par le style de Marie Christine Bernard qui s’enfle comme un voile au vent, jusqu’au quai.

Le style de cette auteure est une expérience en soi, elle interpelle le lecteur, le place en témoin, l’amène au large par une voix joyeuse de conteuse. J’ai été prise à bras le corps, elle m’a fait décoller de la rive de mon continent, obligée à visiter la mer de son monde. Et je me suis laissé engloutir ... pour une Venise quand même !

Comme je comprends ce Prix France-Québec qu’elle a plus que gagné mais mérité ! Ce que je comprends moins est le silence des médias sur ce roman. Curieux et triste, parce que par ce roman, Marie Christine Bernard mérite amplement d’être prophète en son pays !

17 décembre : D'autres critiques se sont rajoutées :
Maxime Jobin : Étincelle de mer
Voir / Jean-François Caron : Mademoiselle Quelqu'un

Mademoiselle Personne - Marie Christine Bernard, Hurtubise HMH, 319 p.

mardi 24 novembre 2009

Mon dimanche au Salon

Nous sommes arrivés à la dernière minute, je crois que cela faisait bien l’affaire de Marsi d’aller tout de suite s’installer à sa table ... déserte. Je suis d’ailleurs retournée le voir à quelques reprises, je ne voulais pas qu’il se sente esseulé, parmi la foule, ce n’est pas recommandable pour une psyché d’auteur ! Pourtant du côté des maisons d’éditions pour jeunes, c’était l’effervescence. Je ne pouvais quand même pas faire la gendarme et diriger le flot des familles vers la pile de Miam miam fléau. Je me suis donc intéressé à une file d’une autre bande dessinée pour les jeunes : « Les nombrils » de Delaf et Dubuc. Je voulais mon quatrième tome ! Je sais, je ne suis pas la clientèle cible et mon attachement à cette série a commencé parce que c'est moi qui l'ait découverte ... pas Marc ! Et, il faut le dire, c’est un couple de Magog et qui plus est, à la bouille super sympathique. J’ai assisté par accident au lancement de leur deuxième tome, mais je n’ai pas pu attendre ma dédicace. Je voulais me reprendre dimanche avec le quatrième, mais déjà à 13 h 25, cinq minutes avant le début des dédicaces, les guides étaient catégoriques : la file est fermée. J’ai même dû consoler une dame qui clamait avoir acheté son album pour rien !!!

Je n’ai pas pleuré, j’avais trop d’options pour me distraire. Par exemple, je tenais mordicus à rencontrer Jean-François Beauchemin et faire autographier « Cette année, s’envole ma jeunesse » (éviter de donner en cadeau de fête !). Cet auteur pour lequel j’ai eu un coup de foudre avant même de le lire, il fallait bien que j’aille vérifier pourquoi, même si quatre ans plus tard. La fabrication de l’aube m’avait fait un effet bœuf et je n’ai pas attendu la reconnaissance populaire ou des libraires puisque le jour où je l’ai acheté, on a dû aller le chercher en arrière-boutique. Je voulais le lire tout de suite, c’était une urgence. C’est une lecture qui m’a frappée, entrée en moi pour ne plus jamais en ressortir. Je lui ai d’ailleurs transmis cette information. Je me suis instantanément sentie à l’aise en sa présence. Il pose des questions, en général, j’aime les personnes qui posent des questions mais si, en plus, elles me font réfléchir, j’adore ! J’apprécie la lucidité, mais j’apprécie encore plus un regard décollé de soi, en union avec la vie qui bat, et c’est ce que j’ai vu et senti en lui. Et cela, en 5 ou 10 minutes, je ne sais pas, il n’y a plus de temps en ces circonstances.

Notre entretien aurait pu être plus long mais un peu avant mon tour, j’ai vu déambuler Michel Jean, j’ai agrandi les yeux, il s’est arrêté et est venu me parler. Je dois tout de même un peu ressembler à ma photo, malgré le port de mes lunettes ce jour-là. Échange aussi bref qu’intense qui m’a laissé apprécier sa lucidité, un homme loin d’être dupe. Intelligent, quoi. J’ai hâte de le relire, il paraitrait que le personnage ne sera pas un journaliste, comme dans Un monde mort comme la lune.

Entre mes visites régulières à mon chum, pour vérifier son humeur, j’ai aperçu le fameux numéro du magazine Entre les lignes sur la Relève littéraire. Profitons-en, me dis-je. La gentille dame me fit rapidement comprendre qu’il était plus avantageux de m’abonner. J’aurais ce numéro gratuitement, le numéro du mois et un sac en toile. Et la participation à un concours ... Je suis partie, je me sentais riche :-)

Vous ne savez pas ce que j’ai manqué ? Marie-Éva de Villers, l’auteure du Multidictionnaire. J’ai quand même été demandé si elle avait réellement offert une séance de signatures la veille. Un dictionnaire dédicacé !? Ça m’impressionne moi ! Et j’admire cette femme que j’ai manquée aux Correspondances d’Eastman. Quant à parler des rendez-vous manqués, il y a celui avec l’auteure jeunesse Andrée Poulin, laquelle je tenais à remercier en personne d’avoir parlé de Miam miam fléau sur les ondes de Radio-Canada. J’ai quand même acheté Mon papa ne pue pas ! pour donner à La lecture en cadeau. J’ai aussi manqué Jean-Simon DesRochers dont je voulais me procurer son premier roman "La canicule des pauvres".

J’arrivais juste à temps au stand La Pastèque pour voir Michel Rabagliati embrayer sa séance de signatures, accueillant la première personne derrière ces fameux cordons que Marsi avait vu s’installer pour le père des Paul ... peut-être qu’un jour, on en installera pour mon Marsi ! Je le lui souhaite. Je l’ai trouvé juché sur un tabouret, à côté de la caisse, il terminait sa dédicace avec le sourire. Il semblait satisfait. Fiou ... Il m’apprit le plus posément du monde que Sandra était venue. J’ai failli défaillir... Quoi, Sandra, la vraie de vraie Sandra ... Gordon ?!? Oui, me répondit-il très calme pendant que moi, j’étais en proie à un puissant tumulte intérieur ... je l’avais manquée ... manquée Sandra de la Cour à Scrap ? Heureusement qu’il rajouta, elle attend dans la file de Michel R. Une fille dans une file ... euh ... j’ai repéré une femme et je me suis convaincue que c’était elle, jusqu’au moment où elle apparut devant moi. Une blogueuse que je fais plus qu’admirer, que j’affectionne. Elle est partie avec un Miam miam fléau et moi avec un délicieux souvenir de notre brève rencontre (elle n’est pas trop friande des foules !).

C’est ainsi que s’est terminé notre expérience Salon. Surveillez Le Pigeonographe, bientôt j'y rajouterai un billet sur le Salon de Marsi. Je vous laisse sur une déambulation au Salon le dimanche vers 11 h 00 - vidéo audacieuse, gracieuseté de l'auteur Jean-Simon DesRochers :

lundi 23 novembre 2009

Mon samedi au Salon

Nous sommes arrivés trois heures avant le début de la séance de dédicace de Marsi avec des interrogations très différentes : Lui se demandant quoi faire pendant tout ce temps et moi, comment arriver à tout faire pendant ce temps ! J’ai commencé par le plus urgent, il restait une demi-heure aux séances de signature de Michèle Plomer et Claudette Guilmaine, auxquelles nous devions chacune un Miam miam fléau dédicacé, acheté pendant le Salon de l’Estrie. Fait cocasse, quand nous sommes arrivés auprès de M. Plomer. elle était justement à parler de Marsi, conseillant son album à une connaissance (qui est d’ailleurs venu l’acheter). Quel hasard, quel accueil, quelle générosité !

Comme nous étions à proximité, j’ai voulu, accompagné de Marc, faire un petit coucou à Nicolas Dickner et à Antoine Tanguay, éditeur d’Alto. Chacun de leur côté, absorbés par une intense conversation, je n’ai pas osé les déranger. C'est à ce moment que nous nous sommes séparés, Marc un peu inquiet de me laisser à mon sort de femme qui a plusieurs sens, mais pas celui de l’orientation ! Y avait-il de cette peur de tourner en rond dans ma décision de choisir la file la plus longue... un interminable serpent coupé en deux, pour lequel j’ai eu beaucoup de difficulté à trouver la fin de queue. J’hésitais à me rajouter à cette interminable file, me voyant inquiète et découragée, un homme lanca : "une minute chaque, il va y arriver !" Les guides venaient régulièrement compter et recompter les personnes afin que toutes aient le temps de recevoir l’illustre signature de LA vedette. Si vous n’avez pas encore deviné l’énigme .... Bien sûr que je parle de sieur Dany Laferrière qui attire les foules cette année... Son année ! Habituellement, je préfère rencontrer les auteurs qui reçoivent peu d’attention mais je suis tout de même contente de l’expérience. En file, j’ai lu, écouté les gens parler entre eux, interrogé une jeune de 18 ans, impatiente, disant aimer beaucoup sa mère pour se taper une telle attente, répétant à son cellulaire que ça achevait. J’ai bavardé avec une dame d'environ 70 ans qui lisait « Paul à Québec » de Michel Rabagliati, destiné à sa bru pour Noël. J’éprouvais la sensation d’être au cœur de l’événement, d'une vague, me changeant d'un penchant pour la marge. Le referai-je ? Pas sûre pantoute ! Malgré son sourire, la fleur qu’il dessine à chacun, malgré l’inscription « belle Venise », de voir un homme à l’intelligence si expressive, réduit à cet automatisme de la communication n’a rien de très palpitant, ni pour lui, ni pour moi. Après 70 minutes, enfin libérée, je ne marchais pas, je volais, mais pas assez haut pour ne pas remarquer une Nadine Bismuth, seule, assise derrière sa table à dédicace. Un peu intimidée, je me suis arrêtée pour simplement lui dire que je la lisais et que je l’aimais. Je ne sais pas pour elle mais, moi, ça m’a fait grand bien !

Était venu le temps de reposer mes jambes devant une bouteille de jus (à 3.95 $ !), accrochée au programme des dédicaces, j’ai tenté d’ajuster mes désirs de rencontres avec la réalité des horaires : Éloi Paré et son Sonate en fou mineur, Monique LaRue, L’œil de Marquise, Marie-Christine Bernard pour mon roman en cours de lecture « Mademoiselle Personne ».

J’ai commencé par Éloi Paré. Belle rencontre où j’ai fortement senti le vouloir, la passion de cet écrivain qui veut réussir, se faire un nom, avec une réserve empreinte d’une grande sensibilité. En lui parlant, je n’avais de cesse de penser à Marsi. Deux hommes qui me sont apparus assez semblables. Son épouse était présente, son fils de 12 ans. Je n’ai pas pu m’empêcher d’ouvrir l’album que je transporte toujours avec moi. Elle s’est montrée intéressée et a tenu parole, venant encourager Marsi. Cet échange vibrant entre humains m’est resté accroché dans le cœur.

Avant d’acheter son roman, je suis passé devant la table de Monique LaRue : « J’arrive vous voir bientôt ! » Quinze minutes plus tard, je dépose L’œil de Marquise devant elle et attend ma dédicace. Avec un large sourire, elle s’exclame : « Vous êtes vraiment revenue ! ». Je lui explique que la description de son roman m’a frappée, qu’une voix intérieure m’a ordonnée de le lire. Elle est conquise. Je suis stupéfaite de réaliser que c’est une auteure qui est loin d’en être à son premier titre (une des invités d’honneur du Salon), pourtant ce n’est que récemment que j’ai entendu parler d’elle. Quand vais-je arriver à connaître tous nos écrivains importants ?! On se quitte sur cette déclaration surprenante : « Avoir su que le prénom Venise existait, j’aurais appelé mon roman L’œil de Venise » ... Je me demande encore si mes oreilles ne m’ont pas joué des tours !

J’ai terminé ma tournée avec Marie-Christine Bernard. Ça fait un peu bizarre de demander une dédicace pour le roman que l’on est à lire. Elle s’y est prêtée de bonne grâce, une femme ouverte, extravertie, répondant plus que généreusement à mes questions. J’en parlerai dans mon bilan de lecture. La surprise, le bonus, la prime, fut de découvrir à ses côtés, Diane Labrecque, auteur de Raphaëlle en miettes. Nous avons bavardé avec enthousiasme de poésie, d'impressions de lecture et autres sujets. Que puis-je dire de plus que le courant passait ?

En compagnie de Marc qui, entretemps, avait terminé ses dédicaces, nous nous sommes rendus au kiosque Septentrion, voir Éric Simard , auteur et directeur de la Collection Hamac. Des accolades chaleureuses, le plaisir de présenter Sophie Imbeault à Marsi, et du coup, la rencontre (prévue !) avec Françoise Bouffière, auteure de La louée, ce roman que j’ai tant aimé. Sous le souvenir de ces moments chaleureux, et après un coup d’œil à l’exposition l'univers de Paul, nous avons quitté afin de revenir en forme le lendemain.

Prochain billet « Mon dimanche au Salon ». Est-ce parce que c'est trop fraichement vécu mais j’ai perdu toute notion de concision ! Je relaterai l’expérience de Marsi au Pigeonographe.

Crédit de la photo : Illustration de l'agenda de l'association des Illustrateurs du Québec - chez Hurtubise, relevé sur le site du Salon du livre.

vendredi 20 novembre 2009

Pourquoi un Salon ?

Un libraire, Éric Bouchard de la librairie Monet pose la question et je dirais même plus, il y répond par un billet bien senti Du livre au kilo . Je me suis souvent posé la même par les années passées, hésitant à débourser le fameux 8$ (un tiers du prix d'un livre sinon la moitié !) pour pénétrer en ce lieu très fréquenté qu'est le Salon du livre de Montréal, me demandant, c’est quoi tant la différence entre une librairie et un Salon, à part ce prix d’entrée ?

Cette année, ma réponse est plus claire et ne s’explique pas exclusivement par Marsi qui y sera obligatoirement et avec plaisir (sam. 17 h à 18 h 30 – dim 13 h 30 à 15 h 00). J’ai eu de la difficulté à trouver dans les librairies certains romans fraîchement sortis et le fait de savoir qu’ils sont tous au Salon, et en abondance, ça me donne un gargouillis de contentement. Pour moi et pour l’écrivain. Et puis, oui, j’ai été frappé par certaines lectures cette année, cela me donne le goût de m’imbiber de cette réalité : l’auteur est un être humain comme vous et moi. Je bavarde avec quelques uns sur Facebook (grande présence d’écrivains sur Facebook), ce qui me les rend plus accessibles, ça atténue l'effet de distance, ce qui finit par donner des goûts d’entendre leur voix, voir leur figure, sentir leur énergie. Et aussi pour leur sourire et les féliciter bien sûr. Et certains qui lisent le Passe-Mot éprouvent le même goût, voir Marsi, voir Venise. C’est bien humain tout ça.

Et c’est sans compter la quantité d’activités : tables rondes, lectures, ateliers, animations, ça pullule, ça se dit pas ! Il faut une carte, un itinéraire, les personnes qui adorent l’activité Salon sont celles qui préparent leur visite, ce que je n’avais pas tendance à faire auparavant. Sinon, la visite risque de ressembler à une marche dans des allées bondées à s’étirer le cou pour voir s’il y a une tête que l’on reconnait. Et il faut y rester pour la peine, pas une petite saucette. Se plonger dans l’effervescence.

Y serez-vous ? Allez-vous au Salon ? Pourquoi oui, pourquoi non ? Ça m’intéresse. Serait-ce surtout des gens du milieu qui en sont friands ? Dans les Salons d’artisanat que je fréquente, soit devant ou en derrière le kiosque, j’ai réalisé que ce sont souvent les artisans qui s’encouragent entre eux. Même chose pour les personnes dans le milieu littéraire, il me semble. Cette année, le journaliste et auteur, Steve Proulx (Voir) a sorti le premier titre d’une série de romans pour la jeunesse, il y sera et se propose d’effectuer tous ses achats de Noël au Salon. Depuis quelques années, il ne donne que des livres et explique pourquoi dans son blogue Angle mort.
En parlant d’activité au Salon, un exemple, l’Association des libraires a dévoilé sa liste préliminaire de 12 titres aujourd’hui à 13 h à la Grande Place du livre :

Pourquoi j’meurs tout l’temps - Anaïs Airelle - Écosociété

Vie d’Anne-Sophie Bonenfant - François Blais - L’instant même

Vu d’ici tout est petit - Nicolas Chalifour - Héliotrope

Pleurer comme dans les films - Guillaume Corbeil - Leméac

Maleficium - Martine Desjardins - Alto

Destin - Olga Duhamel-Noyer - Héliotrope

Tuer Lamarre - Simon Girard - Leméac

L’énigme du retour - Dany Laferrière - Boréal

L’oeil de Marquise - Monique LaRue - Boréal

HKPQ - Michèle Plomer - Marchand de feuilles

À juillet, toujours nue dans mes pensées - Benoît Quessy - Québec Amérique

La foi du braconnier - Marc Séguin - Leméac

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Je dois vous avouer bien candidement que je me pose cette question : mais pourquoi Tarmac de Nicolas Dickner n’y est pas !? Ça me dépasse ! Ce roman qui a été si bien accueilli.

Quelques jours plus tard :
J'ai reçu la réponse au Salon de deux éditeurs qui m'ont expliqué que le règlement ne le permettait pas. J'ai même eu un commentaire sous ce billet et je le reprends ici afin que personne ne le manque :

Bonjour !

pour répondre à votre question sur l'absence de Tarmac de l'auteur Nicolas Dickner dans la liste préliminaire du Prix des libraires du Québec 2010...dans les règlements du Prix, il est spécifié qu'un auteur ayant déjà remporté le Prix, ne peut l'obtenir une seconde fois (donc il ne peut se retrouver sur cette liste ou celle des finalistes). Marie Laberge a remporté le Prix a deux reprises (1999 et 1997), depuis les règlements ont été changés pour donner la chance à d'autres auteurs.
Katherine
Bonnes lectures !

mardi 17 novembre 2009

Du jamais vu au GG !

L’automne, les feuilles tombent ... et les Prix ! Je vais m’en souvenir l’année prochaine, à cette période, un Prix n’attend pas l’autre. Hier matin, le Grand Prix du livre de Montréal, ce matin, les Prix littéraires du Gouverneur Général. J’ai failli ne pas l’apporter à votre attention pour me sortir de l’impression de ne parler que de ça. Mais je n’ai pas le choix, les lauréats ne me le donnent pas. C’est une première dans les annales du Prix du Gouverneur général ; deux Prix pour le même livre, en l’occurrence pour Harvey un roman graphique publié à La Pastèque. Le premier, décerné à Hervé Bouchard pour les textes dans la catégorie Jeunesse et l’autre à Janice Nadeau pour les illustrations dans la même catégorie. C’est dire la qualité ! Je ne peux vous en dire plus, je ne l’ai pas lu, Marc non plus. Ça commence à être pas mal intriguant, de la même maison d’édition que Miam miam fléau de Marsi. D'ailleurs, si vous voulez faire une pierre deux coups au kiosque de La Pastèque au Salon du livre de Montréal en fin de semaine :

Hervé Bouchard et Janice Nadeau :
Samedi, 21 : 14 h 30 à 16 h 00

Marsi :
Samedi 21: 17 h 00 à 18 h 30
Dimanche 22 : 13 h 30 à 15 h 00



Mais l’autre annonce, que dire de l’autre « Le discours sur la tombe de l’idiot » de Julie Mazzieri, aux éditions José Corti, aussi en lice pour le Prix des collégiens, vient de gagner le Prix du Gouverneur général. Pas beaucoup l'ont vu venir ! J’en avais glissé un mot dans mon billet Le GG en chiffres et devant la perplexité générale devant ce titre, dont on avait peu entendu parler, une bonne âme m'a aiguillée par la bande, m'en parlant d’une manière si élogieuse que je l’ai tout de suite commandé à ma librairie. Et je l’attends encore. Je viens de rappeler pour demander où ma commande en était, en profitant pour annoncer à la libraire que le titre était le lauréat du Prix GG. Ils vont s’y pencher, vérifier si c'est à propos d'en commander plus d’un exemplaire. J’adore faire l’annonce de Prix littéraires aux libraires ! C’est un joli passe-temps (oui, oui, j’ai un sourire en coin ...).

Dans mon cas, c’est Réjean, un fidèle lecteur, qui m’annonce les Prix, en tout cas, cette semaine. Il faut se lever de bonne heure pour les primeurs ! Cet homme qui suit la littérature de près m’a judicieusement fait remarquer dans son commentaire laissé sous mon billet d'hier Ça fait boule de neige pour Dany Laferrière ; est-ce que ça donne une chance au « Le discours sur la tombe de l’idiot » de Julie Mazzieri de déclasser « L’énigme du retour » de Dany Laferrière , tous deux en lice pour le Prix des collégiens ? La réponse est entre leurs mains. Se laisseront-ils influencer par les Prix ? J’espère que non. Et justement, je compte que les jeunes n’aiment pas croire qu’ils se laissent influencer. À suivre. Comme un roman.

Somme toute, de bonnes nouvelles qui nous sortent du convenu. Ça fait du bien.

Pour les titres complets, site officiel.

lundi 16 novembre 2009

Ça fait boule de neige pour Dany Laferrière

Ça y est ! Le sort en est jeté, le Grand Prix du livre de Montréal va à L'énigme du retour de Dany Laferrière. Sauf tout le respect que je voue à monsieur Laferrière que j'aime beaucoup, sa personnalité en tout cas, car l'écrivain est à connaître pour moi, mon réflexe a été un peu de déception.

On a tellement l'impression qu'un Prix en attire un autre ! L'écrivain, Patrick Brisebois l'a exprimé par une vidéo que j'ai relevée dans Twitter. J'espère qu'il me pardonnera que je lui pique son idée. J'ai accolé des mots à cette vidéo amusante de 55 secondes :
"Les cris de joie, d'excitation, et puis ça nous échappe, plus une geste à faire, ça devient plus gros que soi".

Félicitations à Dany Laferrière, en espérant qu'il ne perde pas la boule !!!


Crédit de la photo de la mésange : Patrick Hunkeler.



dimanche 15 novembre 2009

L'immense abandon des plages - Mylène Durand

Premier roman et c'est le 15 du mois ? Vous ne serez donc pas confiner à ma seule vision, il y en a 8 autres : Lucie, Catherine, Anick, Marco, Caroline, Julie, à La Recrue du mois. Se rajoute aussi celle de Claudio et Phil.

Le titre le laisse supposer, on sera happé par la poésie des mots. D’emblée, je le dis, la couverture est belle, attirante et surtout, maintenant je peux le dire, elle rend cent fois le propos.

J’ai déjà osé aborder non pas seulement le texte mais la lectrice du texte qui est moi. Je crois bien que cette fois-ci, je dois encore une fois me détailler dans le seul but de mieux placer l’écriture particulière afin, bien sûr, de lui rend hommage, justement. Je le confesse, je n’avais pas la disposition d’esprit, et donc l’ouverture, pour entrer dans une histoire de mots purs qui rendent hommage au deuil, une révérence à la mer qui avale tout sur son passage et de mère avalée par la mer. Je me suis braquée que l’on m’enferme, que l'on m’oblige à entendre trois voix si semblables qu’elles se répondent en échos, sans s’entendre et encore moins se comprendre. Avec l’impression figée d’une salle d’attente, d’une parenthèse de vie. Mais malgré que j’aurais préféré plus de correspondance entre les voix, je me suis prêté au jeu de cette histoire de trio d’orphelins. Ma préférence va à Claire, à la voix la plus claire, plus terre à terre parfois, ses lettres ressemblant à de vraies lettres, dont tous les maux appellent sa sœur, Élie. Celle-ci, enfuie à Montréal n’appelle pas, ne réplique pas à sa sœur, n’entend que ses propres démons intérieurs. Julien, le silence fait frère, s’offre en victime muette. Une voix en italique que j’ose nommer narratrice situe, décrit, susurre des sons suaves de mots portés par un vent poétique.

Mylène Durand m’a invité à vivre momentanément la claustrophobie d’un archipel d’Îles qui parle d’une elle, la mère disparue. Ces Iles-de-la-Madeleine qui, pour moi, ont toujours appelé le vent, le soleil, la liberté, sous cette plume légère frôlant la gravité, ses îles se sont transformées en cauchemar criant dont les ô secours s'évanouissent au pied des berges.

Malgré mes réticences du départ, j’ai certainement plus d’une fois eu le souffle coupé devant l’amour des mots qui les portaient si haut, me suis inclinée devant cette histoire de séparation vécue comme un prétexte en or pour un long poème à voix racontés. Les affres de la mer mil fois répétées, la lassitude en moins, mon esprit a fini par se laisser avaler par la détresse de l’absence.

vendredi 13 novembre 2009

Trois interviewers pour un écrivain (Michel Jean)

Une primeur, une entrevue à trois têtes ! Trois blogueurs Lucie, Phil, Venise, s'adonnant aussi à être des rédacteurs de La Recrue ont lu "Un monde mort comme la lune", le premier roman de Michel Jean. Plusieurs questions nous taraudaient, pourquoi ne pas les mettre en commun ? L'auteur s'y est prêté avec entrain.

Lucie

1. Vous avez couvert de nombreux conflits dans le cadre de votre travail de journaliste. Pourquoi avoir décidé de choisir cette page de l'histoire d'Haïti en particulier comme trame de fond de votre roman?
R.: J’aime Haïti. J’aime les haïtiens. Malgré toutes les difficultés ils arrivent à trouver le bonheur là où nous ne voyons que du malheur. Ça peut paraître bizarre à dire, mais j’y vois une force de caractère. C’est un peu ce qu’incarne le personnage de Bia. J’ai choisi la période du départ d’Aristide car j’y étais, je l’ai rencontré à ce moment et donc je pouvais en parler en connaissance de cause. J’avais aussi un bon souvenir du « feeling » qui régnait dans le pays à l’époque. Certains évènements comme lorsque Jean-Nicholas tombe par hasard sur Bia et passe près de la frapper, et la scène de la livraison de drogue dans le rues de Port au Prince, sont inspirés de faits vécus.

2. L'écriture journalistique et romanesque ont des codes différents. Comment avez-vous su basculer de l'une à l'autre?
R.: Écrire Envoyé spécial m’a aidé à faire la transition. Le plus difficile pour moi a été de m’ouvrir, de faire une plus grande place à l’émotion. À mes émotions devrais-je dire. J’avais trop de pudeur au début. Mon éditeur m’a aidé de ce côté. Quand j’ai commencé à écrire mon roman, la transition s’est faite naturellement. Le plus dur était fait.

3. Votre prochain roman aura-t-il lui aussi un fond journalistique?
R. : Non

4. Si demain, vous deviez faire le choix entre l'écriture de fiction et journalistique, pour laquelle opteriez-vous et pourquoi?
R.: Je serai toujours un journaliste. C’est dans mon ADN. Mais je ne crois pas que je doive choisir…

Phil

1. Dans quelle mesure le sujet du reportage est inspiré de faits réels ? Aristide a-t-il été complice du trafic de drogue entre la Colombie et l’Amérique du Nord ? Bref, quelle est la part de fiction et celle de faits réels ? Ou si vous préférez : Le roman est-il un véhicule littéraire qui permet de contourner la difficulté de prouver des allégations de crimes gouvernementaux ?
R.: Je n’ai pas voulu faire un roman politique. J’ai voulu utiliser la réalité pour rendre la fiction encore plus réelle et donc plus crédible. Un peu à la manière de Mario Vargas llosa dans La fête au bouc. Sans me prendre pour lui!!!! Dans Un monde mort comme la lune, le contexte politique est réel. La crise en Haïti, le trafic de drogue qui passe par le pays pour entrer en Amérique. Les liens avec Aristide ont souvent été dénoncés et ont fait l’objet de nombreux reportages. Mais mon roman ne cherche pas à dire des choses que je ne pourrais dire autrement. Il utilise une réalité pour mieux servir une fiction.

2. On sait que les reporters sont amenés à prendre des risques pour recueillir certaines informations. Mais encourent-ils aussi des risques suite à la diffusion de leurs reportages comme cela est décrit dans le roman ?
R.: Je ne connais pas de journalistes qui ont subi le même sort que mon héros. Heureusement! Mais on a tenté de tuer Michel Auger au Québec. On m’a déjà menacé. Qui sait ce qui peut arriver ?

3. À la lumière de la réalité décrite dans le roman et de la triste actualité d’Haïti qui nous parvient au Québec, qu’est-ce qui permettrait d’améliorer la vie des Haïtiens ?
R.: Oh là là…. La réalité c’est que je ne crois pas que les conditions de vie des haïtiens s’améliorent de façon significative à court ou à moyen terme. Les problèmes sont trop profonds et généralisés. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille baisser les bras. Simplement qu’il faudra être patient. Et aussi je tiens à dire que ce n’est pas uniquement la faute des haïtiens. Bia et Marie sont toutes les deux la même femme. Elles incarnent les même valeurs. Une est née au Québec, l’autre à Cité Soleil. L’une est devenue enseignante, l’autre se prostitue. Chacune est totalement dévouée à sa fille. Je voulais montrer que la même personne placée dans deux mondes différents, aura une vie totalement différente. De la même manière, on juge souvent les haïtiens, mais quand on naît dans ce pays, c’est très difficile de s’en sortir.

Venise

1. Lorsque vous désirez vous détendre, que lisez-vous ?
R.: Romain Gary, Soljénistyne, Marguerite Yourncenar, Hemingway, Gabrielle Roy, des classiques comme Le grand Meaulnes ou Les hauts de Hurlevent. Jamais de polars ou de thriller. J’aime qu’un livre me plonge dans un univers différent du miens. Qu’il propose une réflexion ou un point de vue. Si c’est juste pour suivre une histoire, je préfère le cinéma. La qualité de l’écriture compte aussi beaucoup pour moi.

2. Combien de temps avez-vous mijoté l’idée d’écrire du romanesque ? Quels sont les outils ou les qualités d’un écrivain aguerri ?
R. : J’y pensais depuis plusieurs années. Je ne sais pas si j’aurais été capable de commencer directement par un roman. Ça me paraissait toujours trop gros. De commencer par un guide de consommation, puis d’enchaîner avec un récit m’a permis d’apprivoiser l’écriture, d’y aller par étapes. Je ne suis pas un écrivain aguerri. Mais je pense qu’on ne peut le devenir sans beaucoup de sensibilité.

3. Quelle serait votre définition de l’inspiration ? Comment l’attirez-vous afin qu’elle vous rende visite ?
R. : Je suis journaliste et l’angoisse de la page blanche est un luxe que je ne peux me permettre. Comme disent les américains « dont make it pretty, make it by six. » Je pense à mon histoire avant de m’installer devant mon écran. Je la développe mentalement et quand j’écris je suis à peu près prêt. Sinon je n’y arriverais pas. Je suis une personne créative et de nature rêveuse. Alors laisser vaguer mon esprit ne m’est pas très difficile. C’est ainsi que j’imagine mon histoire. Reste à l’écrire.

4. Y a-t-il un livre de fiction que vous avez lu deux fois ? Pourquoi ? Quel roman aimeriez-vous avoir écrit ? Lisez-vous de la poésie ?
R. : Je n’ai jamais lu un livre deux fois. Je me dis qu’il y a tant de livres à lire. Si je le faisais, je relirais Les mémoires d’Hadrien que j’ai tant aimé et dont la lecture remonte à plusieurs années. J’aurais aimé écrire La promesse de l’aube de Romain Gary. Ouf! Tellement puissant et émouvant. Je ne lis pas de poésie. Ça ne me rejoint pas.

5. Qu’est-ce qui vous rend le plus fier d’un Monde mort comme la lune ?
R. : Chaque fois qu’une personne me dit qu’elle l’a lu et qu’elle y a pris plaisir. C’est tout. Mais c’est beaucoup.

mercredi 11 novembre 2009

De la nouvelle fraîche

Trop de bonnes nouvelles pour me confiner au silence. De toutes manières, vous n’entendrez pas ma voix nasillarde déformée par une sinusite carabinée (les antibiotiques travaillent fort !).

Premièrement, moi qui aie terminé Paul à la pêche hier (c’était mon Prix de consolation d’être malade !), j’apprends que Paul à Québec est en nomination, en plus du Prix du Grand Public du Salon du livre de Montréal – La Presse, pour un deuxième : Le Grand Prix du livre de Montréal. D’après le dernier billet de Chantal Guy, ce serait une première pour un album de bande dessinée d’être en nomination pour deux importants prix littéraires. Ce serait le cas parce que l’album peut aussi se présenter sous la nouvelle appellation « roman graphique ». Qu’importe l’appellation, que je me dis, en autant qu’il y ait une histoire étoffée, c’est un roman, s’il s’y rajoute des dessins, eh bien, c’est merveilleux ! Un plus.

Il a de la compète à sa mesure, le Michel Rabagliati :
Michael Delisle (Prière à blanc, Noroît)
Dany Laferrière (L’énigme du retour, Boréal)
Monique LaRue (L’œil de la Marquise, Boréal)
Hélène Monette (Thérèse pour joie et orchestre, Boréal)

Nous ne supputerons pas trop longtemps sur le possible gagnant puisque son nom sera dévoilé dans 5 jours, soit le 16 novembre à 11 h dans une cérémonie à l'Hôtel de Ville de Montréal.

Des nouvelles fraîches de Marie-Sissi Labrèche qui sort son quatrième roman à La Courte Échelle « Psy malgré moi ». Son histoire s’adresse aux ados et je conçois très bien qu’elle ait trouvé le ton juste, tout en gageant que les adultes y trouveront leur compte. Il sera en librairie le 24 novembre, en attendant, je vous invite à l’écouter - et à la voir - (2 min.11) nous le présenter avec ses mots, ses mimiques et ... sa bedaine (oui, oui, elle est enceinte !).

Dernière nouvelle, comme dans une lettre, je termine sur nous (non, non, pas le nouvel album Nous de Daniel Bélanger !), Marc et moi serons à Nouvelle, en Gaspésie, aux alentours du mois de février pour présenter Miam miam fléau. Je vous en reparlerai d'ici là, mais aujourd'hui, c'était irrésistible, le mot nouvelle me transporte à Nouvelle.

lundi 9 novembre 2009

Cartes postales de l'enfer de Neil Bissoondath

Cartes postales de l’enfer est un titre qui se veut accrocheur, cartes d’identité aurait été aussi approprié ! Le titre en anglais n’a aucun rapport : The Soul of all Great Designs (C’en est presqu’inquiétant, y aurait-t-il de ces subtilités disparues dans la traduction ?)

La première carte d’identité est celle d’Alec, enfant unique, dont les parents exercent une forte emprise sur lui. Il a trouvé une solution commode ; vivre dans le mensonge pour donner à ses parents le fils qu’ils désirent. Même le jour où il ne sera plus nécessaire de le faire – est-ce devenu à ce point une seconde nature ?, il continuera. Et il ira très loin.

Le deuxième portrait nous présente Sumantra, une jeune indienne très attachante. Elle aussi, enfant unique, ses parents lui font porter une pression énorme. Les conventions sont extrêmement strictes, entre autres, ce sont les parents qui ont à l'aiguiller vers son futur mari. Celle qu’on surnomme Sue est vivante, rebelle et sensuelle mais ne présente pas du tout ce profil à ses parents. Mais, contrairement à Alec, elle étouffe dans le mensonge.

Troisième partie : les deux cartes postales se croisent. C’est ici que je dois laisser planer le mystère, parce qu’il y en a. C’est intéressant de voir ces deux êtres s’enchevêtrer dans leurs mensonges, se mentir ou se démentir. Le moins que l’on puisse dire est que l’auteur n’a pas eu peur de pousser le moteur de l’intrigue au maximum.

* * *
Je suis un peu surprise d’avoir pris autant de plaisir à cette lecture, malgré mon scepticisme devant l’ambition outrancière d’Alec. Plus je faisais connaissance avec cet être et plus je l’aurais jeté de force sur le divan du psychanalyste ! J’ai donc beaucoup aimé croire à l’humanité de Sumatru où chez elle, le déséquilibre me semblait plus plausible.

Cet auteur sait manier son histoire et ses lecteurs, il y a de l’habileté dans l’air, et tant mieux. Il rase les frontières de la normalité et l’anormalité ... qui se prononcent pareillement d’ailleurs ! J’ai apprécié d’en apprendre plus long sur les mœurs indiennes, les scènes sensuelles sont réussies, les parents de Sumatru, surtout le père, sont intéressants à rencontrer. Pour ceux qui aiment les vieilles autos de luxe, ils seront gâtés, ceux qui aiment le design, l’esthétisme, l’apparence. J’aimerais bien en discuter avec l’auteur, mais j’ai eu l’impression qu’il a voulu faire un roman sur le pouvoir de la façade. Le carcan étouffant de ne jamais se permettre de la ternir, même d’une égratignure. En même temps, le cœur de son sujet se laisse distraire par le côté excessif (maladif !) d’Alec, alors je me demande s’il y est arrivé.

La remarque que je me suis faite en refermant le livre, voilà un romancier comme je les aime, qui met de l'avant une histoire. Nous ne sommes pas dans de l’introspection et les personnages, crédibles ou pas, palpitent de vie.

Cartes postales de l'enfer, Neil Bissoondath, Boréal, 245 p.

mercredi 4 novembre 2009

Dé-Chiffrer

Je suis prêt à conquérir Montréal !
À tout seigneur, tout honneur, clamons-le haut et fort, Dany Laferrière a remporté le Prix Médicis. Ce n’est pas rien, ça fait 43 ans que cet honneur accompagné d’une bourse importante de 47,000 $ n’a pas été gagnée par un Québécois. La dernière fois, c’est Marie-Claire Blais avec une Saison dans la vie d’Emmanuel.

Heureusement que Dany Laferrière n’a pas écouté sa lassitude en 2001, année où il a avoué sa tentation d’abandonner l’écriture. Est-ce le fait d'en parler qui a été bénéfique, lui retirant un peu de pression, mais le fait est qu’il a pondu 5 livres depuis !

J’ai déniché une vidéo où l’écrivain fait la leçon – et la démonstration - dans une entrevue d’environ 1 minute qu’il faut absolument frapper l’imaginaire pour ne pas passer inaperçu, discours qu’il termine par un « Je suis prêt à conquérir Montréal ! ». Eh bien, j’espère qu’il est maintenant prêt à conquérir le monde !

Verre trempé
Ma curiosité a été piquée en lisant ce qui suit : « La BaNQ est actuellement aux prises avec un déficit accumulé de 3,7 millions de dollars. La perte inattendue de lames de verre dans les premiers mois et des manques dans la gestion de la masse salariale ... » La perte inattendue de lames ? dit en ces termes, ça m’a paru un peu bizarre. J’avais entendu parler de ce bris de lames mais delà à creuser un tel trou dans un budget. J’ai cherché et j’ai compris. Pourtant, à prime abord, 12 lames sur 6200 tombées sans que personne ne se coupe, il n’y a pas de quoi verser un torrent de larmes, encore moins se ruiner, mais ceci est sans compter le paramètre de sécurité. Celui-ci comprend des marquises, une clôture et des arbustes denses ! Comptons qu’en 2015, cela ne sera plus nécessaire puisque c’est le temps nécessaire - 10 ans - au verre trempé pour se stabiliser. Si j’étais une animatrice de l’émission « La facture », je demanderais : combien ce permanent paramètre de sécurité a-t-il coûté ? ... Je vous le donne en mil : 750.000 $

Une Recrue de 19 ans
10 rédacteurs de La Recrue ont décidé que, quelque soit le nom du lauréat, en janvier, nous nous penchions sur la lecture du Prix Robert-Cliche. C’est finalement une jeune femme de 19 ans, Olivia Tapiero qui a gagné avec « Les murs ». Elle sera notre Recrue de janvier 2010.

Le livre, une affaire de famille
Dans 14 jours s’ouvrira le 32e Salon du livre de Montréal avec en tête la famille « Le livre, une affaire de famille ». Le Salon célèbre le 100e anniversaire de naissance de la grande Gabrielle Roy et le 50e anniversaire de la mort de l’indémodable Boris Vian. Vous voulez encore plus de chiffres ronds ? 10 invités d’honneur, 10 Prix littéraires décernés pendant le Salon. Ça fait pas mal d’écrivains sur les dents ! Un de ces Prix, le Grand Prix du Public, très important à mon sens car reflétant le goût des visiteurs (qui votent sur place), et des acheteurs, étant donné que les nominés sont cueillis parmi les meilleurs vendeurs recensés par l’Association des libraires du Québec. Un tonitruant bravo à Michel Rabagliati qui est du nombre pour son excellent « Paul à Québec » de La Pastèque. Et quant à parler de La Pastèque, je connais un bédéiste – MARSI - qui sera de l’autre côté du kiosque cette année pour offrir les dédicaces de Miam miam fléau :

Samedi 21 novembre : 17 h à 18 h 30
Dimanche 22 novembre : 15 h 30 à 17 h 00

lundi 2 novembre 2009

33, chemin de la Baleine - Myriam Beaudoin

Après Hadassa, voici 33, chemin de la Baleine. Une adresse ... j’aurais dû me douter qu’il s’agirait de correspondance. C’est une histoire d’amour, une grande, une forte, une mélodramatique. J’ai tellement embarquée ! ... incroyablement, à en perdre ces questions que je me pose au fil de mes lectures sur le « comment » l’histoire est écrite, pourquoi j’y réagis, l’analyse quoi ! J’ai été une réaction sur deux pattes. Cette histoire d’amour inassouvie m’a atteinte. J’en suis sortie rapetissée ... Ça mérite explication mais, avant tout, je vous situe.

L’histoire d’amour se déroule sur deux époques, les années 50 et maintenant. Le maintenant est la rencontre avec Éva, une femme esseulée, amoindrie, vivant dans une résidence où l’on prend bien soin d’elle, ne serait-ce que parce qu’elle est tout à fait charmante. Le vrai charme, candide, sans calcul ou aux calculs si gros que le clin d’œil à la complicité s'impose. Tout part d’un visiteur qui arrive avec un cadeau, une mystérieuse correspondance qui deviendra le livre de chevet de vie de cette Éva au cœur tendre. Elle s’accrochera à la lecture que le visiteur lui fera de ces lettres, les entendant comme du «déjà vu », poignant, un genre de film se déroulant sous ses yeux ébahis ... en même temps que les nôtres bien entendu.

Comment vous en dire assez, mais pas trop, je me méfie un peu de mon enthousiasme. Revenons à la question essentielle ; pourquoi ai-je tant embarqué ? Pour les émotions vécues, intenses, devant le suspense de l’attente si bien décrite. J’ai attendu, cru, espéré, me suis insurgée, j’ai été bouleversée, ébranlée par la vigueur de l’inépuisable sentiment d’amour de cette femme, que l'on classerait maintenant dans la catégorie de « femme qui aime trop ». Voyez une femme vivant que pour l'amour de son homme, et n’entendez aucune voix moralisatrice essayant de la raisonner, voyez-la fonçant sans la moindre logique, ou brin de raison. En 1950, qui se souciait des femmes qui aiment trop ? Elles étaient pour ainsi dire la norme ou, en tout cas, cet excès d’effacement derrière l’homme, pouvait passer pour une vertu. Surtout quand l’homme "aimé trop" est un écrivain riche, prolifique, réputé au point d’en être une vedette. Les femmes se l’arrachent et, pourtant, il l’a choisie pour la marier, elle, Éva, cette jeune et peu cultivée femme de bas étage. Elle a des atouts, que l’on devine, voilà le charme discret de cette correspondance qui nous entre en catimini dans les couloirs de leur intimité, nous laissant complète liberté de se faire une opinion. À travers ces lettres, libre à nous de juger, de dénigrer, de condamner. Ou de compatir.

Si je me suis fait bien comprendre, la correspondance date de 1950, tandis que le maintenant se déroule dans la chambre de la vieille femme. Les remarques d'Éva font partie du charme, rajoutent des informations et en même temps, nous fournissent un recul, je dirais, nécessaire. J'ai apprécié ce dosage, d'entrées et de sorties, à bon escient. Je rajouterais que Jacques, l'homme qui lit a un lien avec cette correspondance. Pendant un certain temps, une soignante aimante y assistera et un lien naîtra entre le lecteur et la soignante, cette histoire est restée secondaire pour moi.

La correspondance se présente avec une très habile progression, devenant de plus en plus déconcertante. Lorsqu’une lecture nous kidnappe, j’imagine qu’elle va chercher des émotions troubles en nous. Cela doit être le cas ici, je n’irai pas jusqu’à me psychanalyser, mais il faut bien que je revienne au mot que j’ai laissé tomber « rapetissée ». Si je me suis fondue en Éva - c'est la faute au talent de Myriam Beaudoin (!) - en vivant de trop près ce qu'elle vivait, j’ai été engloutie par le mystère : va-t-il revenir ? Est-elle folle ? (on dit bien, folle de lui ?).

Est-ce que cela veut dire que ce roman n’a que des qualités ? Bien sûr que non. Il n’est pas si original, la voie empruntée est courante et je m'interroge un peu sur la pertinence de l'histoire secondaire (lecteur et soignante). La raison est probablement que l'intrigue principale m'a comblée. Mais, qu'importe, quand la plus grande qualité est d’embarquer au point de perdre son sens critique !

J’imagine qu’être écrivain, c’est ce que je me souhaiterais ; que tous mes lecteurs perdent leur sens critique !!!

33, Chemin de la Baleine, Myriam Beaudoin, Leméac, 192 p. (avec une belle couverture en plus !)