Ce roman n’aurait peut-être pas dû me tomber entre les mains car il n’est pas pour moi. Non seulement parce que j’ai dépassé depuis longue date l’adolescence et l’excitation à dénicher le bon prétendant mais parce que j’exècre l’humour cru « fait exprès » pour rire absolument, d'autant plus quand on répète une blague comme un leitmotiv (référence la blague sur l'attraction de la gravité quand on tombe).
Cela ne veut pas dire que certains n’aimeront pas. Si vous aimez ce type d’humour (d’ailleurs, l’auteur rêve d’écrire pour des humoristes et pour la télévision), vous serez enchanté, comme l’a été Shirley Noël d’Info Culture qui l’a dégusté à petites doses comme du bonbon. Elle en a tiré un extrait :
«T’avais peut-être envie de te faire raconter une histoire à l’eau de rose? Sorry, t’as pas pigé le bon numéro. Ma vie amoureuse, c’est pas particulièrement cute. C’est plein d’épines et ça fait un peu mal. Une histoire à l’eau de cactus, ça se dit ? Whatever, moi, je le dis. Alors si t’as le goût de chialer et d’entendre chialer, amène-toi, ma chum, sors le vino et on va se brailler ça ensemble. T’es prête ? Je pense pas que tu le sois, mais c’est correct. »Cet extrait en dit plus long que le résumé que je pourrais m’évertuer à pondre.
Alexandra Larochelle interpelle la lectrice* à répétition, j’ai dû m’y habituer. J’ai beau avoir conservé mon cœur jeune, cette manière de toujours m’inviter à boire un verre de vin, comme si une grande chum allait m’annoncer les pires catastrophes m’a quelque peu tapé sur les nerfs. Après tout, il est toujours question du même nombril et ce ton sensationnel amplifie le côté égocentrique de l’héroïne.
*le lecteur sera probablement en minorité
Ce que j’ai apprécié du fond de l’histoire est l’apprivoisement de l'ado à la nouvelle conjointe de son père, écartant progressivement ses préjugés à son égard. Ses relations avec les hommes sont édifiantes car elles partent d’emblée d'une bonne disposition d'esprit. Elle s’entend merveilleusement bien avec son père et adore son meilleur ami masculin. Elle ne prend pas pour acquis que les premiers baisers sont les plus exaltants, ce qui fait un peu changement du cliché. En étant patient et en s’infiltrant sous le ton, on réalise que l’héroïne, surnommée amicalement Fred, a une tête bien plantée sur les épaules.
Pour tous ceux qui ont aimé, il y a une bonne nouvelle ; une suite des déboires amoureux de Fred est attendue.
2 commentaires:
Si tu as vu le film " le journal d'Aurélie Laflamme", le peu que tu cites me semble de la même veine, dans le " ton " utilisé. Avec un autre vocabulaire, peut-être, mais c'est très tendance, en ce moment, d'écrire en s'adressant au lecteur, comme s'il s'agissait à la fois pour l'auteur et le lecteur d'être de connivence en repassant un moment de la vie du narrateur. - comme si les souvenirs de celui qui raconte l'histoire à la première personne se projetaient sur un écran. On peut aimer, ou pas. Le truc, c'est que si les premiers écrits/films de ce type ont plu par leur nouveauté, à force d'en faire l'étalon de la fraîcheur adolescente, de cet artefact narratif, ça finit par blaser.
Néanmoins, si je voulais passer deux heures d'attente chez le dentiste, ceci me semblerait parfait pour la meubler. Juste assez léger pour ça...
Pour être léger, Anne, tu es presque sûre de soulever les pieds de terre et de léviter. Pas plus de gravité que ça, mon amie !
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