Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

lundi 30 juillet 2007

L'envol


Samedi, j'étais invitée à un « 4 à 6 », que j'appellerais « L'envol » des Correspondances à l'interne. Un genre de cri de ralliement avant que l'escadron des forces vives sortent du nid et s'envolent.

Ouf, j'étais impressionnée. Chacun a sa tâche, son secteur, sa mission à mener, autant de satellites tournant autour de quelques planètes. Une personne satellite couvrant le concours de la Poste Restante, quelques unes s'occupant du bataillon de bénévoles, une autre se dévouant pour les concours auprès des écoliers (je vais y revenir), celle-ci gérant le très nouveau Salon des artisans (17, toutes disciplines confondues).

Il faut aussi veiller sur l'encan silencieux, cette entreprise empreinte d'une originalité qui titille ma curiosité. Cette initiative, j'en ai parlée et j'en reparlerai encore, sort vraiment de l'ordinaire. Il n'y a pas à dire, nous avons une présidente ailée car elle a des idées soufflées par les anges. L'encan de la postérité ou de l'immortalité stimule mon grand livre d'images et quand cela m'arrive, je rêve. Je parle d'un rêve les yeux fermés, la conscience aux aguets. Après avoir entendu à « L'envol » que les personnes, après avoir inscrit leur mise au Théâtre La Marjolaine, se promèneront ensuite avec un macaron, j'ai vu dans mon rêve les enchérisseurs et enchérisseuses (remarquez, il y a le mot chéri !) dispersés mais repérables à travers tout le village ! Je trouve que cela représente bien l'événement : de la diversité qui s'unit. Par exemple, quand on pénètre dans un jardin d'écriture et découvre les têtes penchées sur leur écrit ou le nez en l'air sondant le ciel pour y grappiller les mots qui planent, un élan nous unit à cette personne qui, pourtant, a le regard tourné vers elle. Ce qui démontre qu'il n'est pas toujours nécessaire de tout extérioriser pour communiquer. Pour correspondre.


Si je reviens à l'encan, parce que je me suis un peu égarée n'est-ce pas, que vous misiez sur un dîner avec Dany Laferrière ou une page manuscrite de Robert Lalonde, une séance au SPA d'Eastman, ou même, c'est récent, une loge pour une partie des Canadiens, vous reconnaîtrez ceux qui partagent vos goûts et donc, vos mises ! Ça confère à l'activité un aspect de jeu. Un jeu qui peut valoir son pesant d'or : tableaux, bouteilles de vin, billets de spectacle ou même, son pesant de postérité : nom dans un roman, lettre d'amour ou page manuscrite d'un écrivain connu, ou le souvenir mémorable d'un souper pris en compagnie d'un écrivain, etc ... J'aborde cette histoire d'encan comme une histoire avec intrigue et les « écrivants » *, c'est connu, aiment les histoires remplies de suspense.

Ceux et celles qui sont déjà venus aux Correspondances sont sûrement tenaillées, comme moi, par la hâte de voir ou revoir les splendides jardins d'écriture. Il y en a toujours des nouveaux, et même les habituels sont si harmonieux, qu'une visite annuelle, c'est plus que précieux.

Je m'arrête ici, même si j'en ai encore long à dire, pour l'idée saine qu'une bouchée ne doit pas être trop grosse pour une bonne assimilation. Demain, je vous parle de la chambre des jeunes, dans un pré, parce que chacun sait que les jeunes ont besoin d'espace et de liberté pour s'épancher. Même eux, fouilleront leur mémoire, et d'une manière bien concrète ... vous verrez !

À demain !


* Écrivants : Un mot, fantaisie que certains se permettent (c'est aux Correspondances que je l'ai entendu la première fois) pour désigner des personnes qui écrivent souvent et facilement mais qui n'ont jamais été publiées sous forme de livre.


N.B.
: Vous avez remarqué que j'ai rajouté le lien du site des Correspondance en tout temps cliquable ? Des informations détaillées à la portée de souris !

vendredi 27 juillet 2007

Un devoir de mémoire et les mots qui trompent


Je vous ai déjà parlé du spectacle « Lettres ouvertes » de Richard Séguin. C'est peut-être relégué aux confins de votre mémoire, tellement de nouvelles informations sont entrées depuis. Alors je ne prends pas de chance et je vous aide à ramener le souvenir plus près, juste ici. Sinon, vous ne saurez pas que c'est à portée d'expérience. Richard Séguin nous ouvre son coeur en nous dévoilant des lettres écrites à ses proches, sur le ton de la confidence, et ensuite portées par de superbes musiques. J'ai l'album « Lettres ouvertes » à la maison et j'ose dire que les personnes qui vont assister à ce spectacle vont en rapporter un souvenir mémorable. Allez, gâtez-vous, il reste quelques billets pour ce spectacle intimiste au très typique Théâtre de la Marjolaine à Eastman.

Jeudi, 2 août 20 h 00 – Billets 22 $ à 28 $ - 450 297-2265


J'ai été surprise de lire cette phrase dans « De l'eau pour les éléphants » de Sara Gruen : "La robe de Marlène couvre à peine ses épaules, expose ses salières et une fine bretelle de soutien-gorge".

Je trouvais que c'était un bien bizarre d'endroit pour nicher des salières ... SOS Petit Robert qui a démystifié l'incongruité :

Salières : Enfoncement derrière la clavicule chez les personnes maigres.


Voyez ici, les rossignols ne sont pas toujours dans les arbres mais plutôt fait d'arbres. C'était jour d'inventaire et Mathieu, juché sur un escabeau à trois marches, retiraient tous les rossignols de la tablette.

Rossignol : Livre invendu, sans valeur ... qui reste perché sur les plus hauts casiers comme le rossignol dans l'arbre.

Et puis, avant mon Voyage au pays de la mémoire du 2 au 5 août à Eastman, j'ai visité les genres de mémoire, toujours d'après Le Petit Robert. Vous le savez combien son opinion compte pour moi ! Premièrement, la masculine, LE mémoire. « Un jardinier me présente des mémoires de deux mille francs tous les trois mois » (Balsac). Voilà un sens inusité à mémoire, une banale facture ! Celle du genre féminin maintenant, sous son aspect expressif « Le devoir de mémoire a ses pièges. La mémoire doit être instrument de réflexion, pas de légitimation (F. Maspero) :

Devoir de mémoire : de témoigner et de garder vivace le souvenir d'événements pour tirer les leçons du passé.

Tiens, Le Petit Robert nous fait la leçon ! Une bonne manière de faire ses devoirs de mémoire dans la joie est de venir aux Correspondances d'Eastman !


mardi 24 juillet 2007

Je ne raconte pas d'histoires !

Si vous aimez raconter des histoires aux enfants, pourquoi ne pas en écrire une ?


La revue québécoise Lurelu, spécialisée en littérature jeunesse, lance la 22e édition de son concours littéraire ouvert à tous les résidents canadiens qui n'ont jamais été publiés. Dans la première catégorie pour des lecteurs de 5 à 9 ans, on vous suggère le thème «Quand j'étais petit...» et dans la seconde catégorie, 10 ans et plus, le thème est «Cinéma, cinéma!». Les gagnants recevront 300$ pour les premiers prix, 150$ pour les seconds et leurs textes seront publiés et illustrés dans la revue de janvier 2008. 750 et 1500 mots. Date butoir : 31 août. Pour les règlements complets, visitez le site de Lurelu.




Vous aimez concourir en mesurant vos connaissances et vous avez justement besoin d'un dictionnaire à la dernière page, un Multidictionnaires de la langue française par exemple ?

Eh bien, le magazine Actualité a demandé à Marie-Éva de Villers de lui concocter 26 questions sur des mots ... des mots ... et des expressions. Je m'y suis frottées et en bout de ligne, je suis prête à avouer que, autant que notre connaissance, notre ignorance y est mesurée ! Mais je vous assure qu'avec un dictionnaire, de la patience et le soutien moral d'une autre personne ... on y arrive !

Parlant de dictionnaire, depuis le temps que je veux vous parler du mien. Ça s'adonne qu'il parle mon dictionnaire puisque c'est Le Petit Robert -CD Rom. Aussitôt qu'une interrogation se présente à un mot, je le sélectionne et clic me voilà transporter sur la bonne page du dictionnaire. Et si j'ai besoin d'entendre la bonne prononciation, je clic, clic, clic, il n'est pas avare de répétitions. Ce que j'adore par-dessus tout est la visibilité ; pas de lunettes, ni de plissement de yeux, la grosseur de la typographie est ajustable ! Et puis, il me conjugue un verbe le temps d'un clic et d'un autre clic, j'ai son histoire, ses caprices, ses contraintes. On me parle même de ses cousins, ses ennemis (opposés), ses composantes. Une fois dé-cliquer, je sais tout de ce mot. Je considère que je me suis fait un cadeau inestimable ... qui vaut sur le marché 85 $. Et non, je ne suis pas commandité par Le Petit Robert !


Aujourd'hui, j'ai été soufflé par une nouvelle et une découverte et comme je ne suis pas égoïste, je les partage tout de suite avec vous :

* 5,000 livres du dernier Harry Potter sont vendus à la minute aux USA !!! (cela mérite au moins 3 points d'exclamation)

* François Miville-Deschênes est un premier bédéiste québécois recruté par les éditions du Lombard, une réputée maison d'édition bruxelloise (Hergé et ses Tintin, Greg et son Achille Talon...) Dans un article de La Presse, Yves Sente, directeur du Lombard dit de sa nouvelle recrue : «Miville-Deschênes est à la croisée des traditions américaine et européenne. Il a l'élégance du trait européen et la puissance du graphisme américain». Cette affirmation est amplement vérifiable sur le site de l'artiste. Ne croyez jamais quelqu'un sur des prétentions quand vous pouvez aller vérifier vous-même ... même si je ne raconte pas d'histoires !


lundi 23 juillet 2007

Tissé serré


La vie se tisse sous mes yeux, un fil se tend vers l'autre. Je reste coite devant le phénomène des liens. On s'éprend d'un site littéraire qui nous amène à un autre. Chaque site sert de pont et quelqu'un en quelque part l'enjambe et se retrouve sur les rives d'un autre monde. C'est ce qui m'arrive ces temps-ci et j'en reste un peu stupéfaite. Le phénomène se répète et donne l'impression qu'il va se répéter à l'infini. Ce n'est toutefois qu'une impression, tout est appelé à se terminer, ceci dit sans vouloir déprimer personne !


En attendant, je profite de la vie et ses liens. Grâce à un commentaire de Adeline Corrèze (Le Libraire) sur le billet « Correction d'un texte », je me suis empressée de visiter le blogue de Ginette Lachance, reviseure et auteure. Je me suis empressée de lui rendre visite. Le monde de la révision et de l'édition, et ses voies impénétrables sont subitement à ma portée ; n'est-ce pas extraordinaire ? L'accès à toutes ces informations repose sur la générosité d'une personne qui a à coeur de transmettre son expertise empreinte de la vie au quotidien. Je vous suggère fortement d'aller visiter ce blogue d'une grande sobriété où trône un livre « La révision linguistique en français - Le métier d'une passion, la passion d'un métier. En cliquant sur le livre, il s'ouvrira sur « lire un extrait ». Cliquez, oui cliquez ! Quel extrait mes ami-e-s ! Un consistant Avant-propos, une Table des matières des plus élaborées et une instructive Introduction. À la suite de cette lecture, vous saurez si vous avez le goût d'aller plus loin.

Personnellement, j'ai l'impression que c'est le bouquin idéal pour mesurer l'ampleur de son ignorance, exactement l'impression qu'a ressentie l'auteure à ses débuts :

« Lorsque l'idée m'est venue de faire de la correction de textes, je ne savais pas ce qu'une telle entreprise représentait vraiment. J'avais le souvenir, comme beaucoup d»'autres, d'avoir été « bonne en français » à l'école (et la conviction de l'être demeurée). J'avais aussi poursuivi des études, entre autres, en littérature, et de plus, je lisais beaucoup et m'adonnais un peu à l'Écriture. J'étais donc certaine de posséder tout ce qu'il faut pour exercer convenablement ce métier auquel j'aspirais. [...] Dès mes premiers travaux de correction, j'ai constaté que j'avais beau être « bonne en français », je laissais échapper de grosses fautes, tellement mon esprit était occupé à tenter de découvrir les subtils pièges de la langue française en même temps que je devais vérifier les accords et que mon oeil s'appliquait à détecter les espaces manquants ou de trop, les erreurs de police ou de corps, les alignements, les mauvaises césures, les traits d'union insécables, ect. Bref, mon esprit allait en tous sens, et je n'arrivais pas à penser à tout, et encore moins à tout voir.

C'est ainsi qu'au fil des jours je découvrais l'ampleur de la tâche et, en même temps, celle de mes faiblesses.


Aujourd'hui, Ginette Lachance, grande gobeuse de dictionnaires devant l'éternel, exerce son métier de chez elle. Tout se transmet via cette monstrueuse machine tentaculaire qu'est le web.


* * *

Je ne peux passer sous silence l'événement planétaire de la fin de semaine ; l'arrivée du septième et dernier Harry Potter. Je ne suis pas très friande mais ça me plaît de m'imaginer cette grande réunion d'ardents lecteurs. C'est un événement rassembleur et tout ce qui assemble ceux qui se ressemblent vient chanter à mes oreilles le refrain que toutes les peuples sont tissés d'une seule fibre.


Et la vie se tisse sous mes yeux, un fil se tend vers l'autre ...

vendredi 20 juillet 2007

Renchérir sur l'immortalité


Encanter, encanteur, encanteuse, à l'encan : tous des québécismes... Non mais ! En l'apprenant, toujours par Petit Robert, je l'avoue, j'ai été bouche bée suffisamment longtemps pour retarder mon billet ! J'exagère. J'aime ça exagérer, c'est mon côté conteuse et la vie serait donc beige, et même grisâtre si on pense aux humeurs pluvieuses de dame nature, si on n'y ajoutait pas parfois un peu de la couleur ravigotante de l'exagération. Oyé ... Oyé ! Allergiques à l'exagération, s'abstenir de toute lecture subséquente de ce billet, je me dégage de toute responsabilité face à vos réactions exagérées et même, non exagérées !!!

Il y a toujours eu l'encan à la criée et maintenant existe aussi, l'encan silencieux. De plus en plus courant, l'encan silencieux. En catimini et avec sang-froid, vous décidez du montant que vous accorderez à une faveur ou à un objet. Une faveur, vous dites ? Oui, c'est mon mot à moi qui comprend les dons parce que les encans silencieux sont pour la plupart consacrés aux actes de générosité. Parce qu'il est permis d'être généreux et de recevoir en retour. Quant à moi, c'est même plus que souhaitable !

Mais que diriez-vous de l'encan de l'immortalité ? Moi, je suis gagné, exagération ou pas, je mise sur l'immortalité ! Qui va la gagner ? L'éternité bien sûr. Bon, bon, assez exagéré, je reviens les pieds sur terre. De toutes manières sur la Terre, malgré son important défaut de précarité (!), il y a de l'originalité, jugez-en en prenant connaissance de la bonne idée de Nicole Fontaine (présidente) :

« J’avais entendu parler d’un “encan de l’immortalité” au profit d’une organisation londonienne, la Medical Foundation for the Care of Victims of Torture. Plusieurs écrivains de renom, tels que David Lodge, Ian McEwan et Margaret Atwood avaient offert aux acquéreurs, la possibilité de passer à l’histoire en intégrant leur nom dans une œuvre à venir. Ken Follet, un autre écrivain britannique très connu, a même acheté une place pour voir son nom apparaître dans le roman d’un compatriote. Cette mise lui a coûté 2000 livres sterling et il semble que l’auteur en question lui ait demandé comment il souhaitait voir mourir le personnage portant son nom ! »


En partant du principe que ce qui est bon pour les Anglais, est certainement bon pour les bibliophiles* et futurs visiteurs des Correspondances, certains de vos rêves les plus fous sont maintenant accessibles :

« Vous rêvez de voir votre nom apparaître dans la prochaine œuvre romanesque de Michel Tremblay ou de Chrystine Brouillet ? Vous mourrez d’envie de recevoir une lettre d’amour de Louise Portal et de dîner en sa compagnie ? Vous avez follement le goût de partager la table de Dany Laferrière ou encore d’obtenir une page manuscrite recopiée de la main de Marie Laberge, de Nicolas Dickner ou de Yves Beauchemin ? L’occasion vous est donnée de faire une mise, à partir de 50 $, à l’occasion d’un encan silencieux organisé par Les Correspondances d’Eastman. À la liste prestigieuse d’une douzaine d’écrivains participants, s’ajoutent des vins millésimés d’une valeur marchande de 100 $, ainsi que deux tableaux d’artistes, l’un offert par le galeriste Pierre Riverin et l’autre par l’artiste Graeme Ross ».


Un seul paragraphe, c'est bien peu pour des rêves ! Allez fouiller la liste des rêves, il y en a sûrement un qui, depuis longtemps, turlupine votre conscient, ou votre inconscient ; c'est pareil dans le domaine du rêve !

En terminant, voici une originale définition du bibliophile : Il aime cette muette conversation des grands esprits qui n'exige pas de frais de réciprocité, que l'on commence où l'on veut, que l'on quitte sans impolitesse, qu'on renoue sans se rendre importun.

Et une sympathique famille de mots : Chérir, enchérir, renchérir, surenchérir : Enchérir sur quelque chose que l'on chérit !

mercredi 18 juillet 2007

Sonde ton coeur, Laurie Rivers

ou "Et si la mission tuait le missionnaire ?"
La Vie, la vie
: Qui n'a pas été charmé par ce télé-roman nouveau genre ? L'attachement aux personnages dans la trentaine a été instantané et durable. Stéphane Bourguignon a oeuvré une dizaine d'années dans l'humour comme auteur (qui le savait ?), maintenant il touche à l'écriture télévisuelle autant que, osons le mot, livresque.

Je termine son quatrième roman « Sonde ton coeur, Laurie Rivers » et avant de vous donner mes impressions, je donne la parole à Bourguignon :

« Je me suis posé bien des questions sur Bush qui, parfois, agit comme quelqu’un qui voudrait réparer les erreurs de son père à la Maison-Blanche ... C'est avec toutes ces interrogations en tête que j'ai construit ce livre ... »
« En un sens, ma méthode pouvait s'apparenter à celle du journaliste, à cause de la documentation, de la recherche et de la collecte de données factuelles ... »
« Mon livre parle beaucoup de corps, de notre manière de l'habiter et c'est là une préoccupation plus féminine que masculine ».

Si je tenais à ce qu'il parle avant moi, c'est pour la considération que ces affirmations révèlent beaucoup sur les ratés du roman. Avec moi en tout cas, c'est une rencontre ratée avec le personnage principal, l'enseignante dans une communauté rurale de l'Idaho, Laurie Rivers. Malgré mes efforts, je ne suis pas arrivé à la sentir, à la palper comme un être de chair et d'os, elle est restée de papier durant 184 pages. C'est long. Heureusement, j'ai un peu mieux senti les personnages secondaires et tout compte fait, pas si secondaires : Alice, l'obèse et Karen, le Mormon. Comme la deuxième partie du livre leur accorde une place importante, l'intérêt du roman monte d'un cran. À la toute fin, inévitablement, la sellette est remise au personnage principal et même si, tout à coup, l'auteur nous sert un enchevêtrement torturé de ses racines, (enfance, relation mère/fille), l'information arrive trop tard et d'une manière abrupte delà, un côté artificiel faisant en sorte que le sort de Laurie Rivers continue de nous indifférer*.
*je dis « nous » car mon mari a éprouvé le même sentiment.

Pour la lectrice que je suis, c'est une expérience désolante mais pas catastrophique. J'ai vraiment connu pire comme déception. L'écrivaine en devenir, elle, retire une précieuse leçon : Il est risqué de vouloir à tout prix passer un « message » dans un roman. Je pense que Bourguignon est un auteur qui ne manque pas de talent mais qui a été obnubilé par son désir d'aborder la mission qui peut corrompre le « missionnaire ». Si vous lisez l'intégral de l'entrevue avec Stanley Péan, l'auteur confie sa réflexion sur la mission que certaines personnes se donnent, se réfèrant particulièrement à Bush. Est-ce que la mission pourrait dépasser l'Homme ?

La situation en Irak répond très bien à cette question. Mais la manière métaphorique de Bourguignon nous embrouille plus qu'elle nous éclaire. On n'arrive pas à croire que l'enseignante voulant sauver une élève en la soulageant du poids de sa vie (celui qu'elle porte sur son corps et celui de l'emprise de sa mère) s'est trompée. À se concentrer sur son message, l'écrivain a négligé ses personnages et il nous a prouvé que cela ne pardonne pas. Si on ne croit pas à la « réalité » du missionnaire, sa mission nous passera dix pieds par-dessus la tête !

D'où l'importance de lire une grande variété de romans puisque les failles nous en apprennent autant que les trouvailles. C'est ça « La Vie, la Vie » !

dimanche 15 juillet 2007

La correction d'un texte


Mes lectures sur les blogues littéraires, et dernièrement sur celui de Soleil d'encrier, m'ont propulsé au coeur d'une réflexion sur les étapes de l'écriture. Je réalise jusqu'à quel point c'est personnel. Tellement personnel. Serait-ce comme la sauce à spaghetti (!) avec à peu près les mêmes ingrédients mais un goût différent selon chaque cuisinier ? Les ingrédients de l'écrivain sont certainement les mots mais comment les mélanger ? Ça commence par une recette trouvée sur papier ou dans sa tête, une histoire qui mijote à gros bouillons et puis tout à coup émerge l'audace de lalancer sur papier ou sur clavier.

Certaines personnes écrivent rapidement courant derrière le fil de leur histoire et par peur de s'essouffler par cette course de longue haleine, les mots déboulent rapidement. Les canaux sont ouverts, les mots les traversent et deviennent maîtres absolus du chantier. L'auteur les suit et pour les suivre, il ne s'arrête pas pour jeter derrière un regard sévère qui juge. Ne pas censurer, laisser couler de source, de cette précieuse source dont il ne faut pas perdre la veine. Et si elle se tarissait ? Et si elle nous trahissait ?

C'est ainsi que je m'imagine la manière idéale de sortir le premier jet. C'est la suite qui m'interroge : Comment réviser? Comment une fois l'histoire jetée sur papier procède-t-on pour l'améliorer ? Comment obtenir ce recul salutaire pour jeter ce regard de bon parent qui guide son enfant vers une croissance heureuse et épanouie ?

Plusieurs voies s'ouvrent à l'écrivain :

+ S'en tenir à sa propre voix et lui permettre d'évaluer et juger
+ S'ouvrir aux voix de l'entourage immédiat en exigeant la franchise
+ À celle d'un correcteur plus neutre pour l'assurance qu'il ne ménage pas votre susceptibilité ... ou amitié !
+ Faire appel au service de parrainage de la Fédération québécoise du Loisir Littéraire
+ La proposer à l'éditeur comptant sur les bons conseils d'un directeur littéraire

Je me suis efforcé d'énumérer ces voies afin de mieux comprendre la meilleure à prendre et puis voilà que je les relis et me dit : pourquoi pas TOUTES ces voies ? Surtout que pour la dernière option, le risque est grand de ne jamais entendre la voix du directeur littéraire si on n'ouvre pas l'oreille aux voix subséquentes. Plusieurs écrivains chevronnés clament qu'il y a et aura encore et encore des révisions et corrections jusqu'à la (première) impression.

Cette réflexion m'a menée à une grande question : jusqu'à quel point aime-t-on l'étape de Correction avec un grand C, autrement dit, l'étape de remaniement ? Est-ce une étape que l'on aime ? J'ai presque l'impression que poser la question, c'est y répondre ! Qui aime se faire corriger ? Cela implique reprendre et recommencer pour faire mieux. À mon sens personne n'aime vraiment ça. Je me trompe peut-être, d'ailleurs j'espère me tromper. Je pense à certains comédiens qui disent préférer les répétitions au jour de représentation devant public. Je les admire ces êtres-là, j'avoue. Leur amour du labeur dans l'ombre m'impressionne.

Même si je suis encore en réflexion, j'ose une conclusion "question" sur le mode temporaire (dans l'attente d'une autre !) : Est-ce que les écrivains qui aiment bûcher sur le remaniement de leur texte seraient meilleurs ou en tout cas les plus "publiables" ?

Comme la question se pose, je vous la pose !

vendredi 13 juillet 2007

Le souvenir d'avoir oublié


Tiens, je me souviens d'avoir oublié ...

Quand on parle de mémoire, on parle inévitablement de sa face cachée, l'oubli. Et semblerait, si on pousse le devenir sur les sentiers du souvenir, qu'on peut rencontrer une identité. La mémoire contient du passé et ce que nous avons été mène droit à qui nous sommes. En fait, c'est La mémoire comme identité qui m'y a fait pensé ; un des titres des Cafés
littéraires des Correspondances.

Je me suis amusée à jongler (sans en oublier un !) avec les titres des Cafés littéraires des Correspondances :

+ La mémoire de l'enfance
+ La vertu de l'oubli
+ La mémoire revue et corrigée
+ La mémoire comme identité
+ Je me souviens ? Pas toujours.
+ De quoi se souvient-on ? De quoi devrait-on se souvenir ?

À prime abord, comme ça, sans tenir compte de la palpitation instantanée que certains participants de certains Cafés font sur mon coeur (Louise Portal, Raymond Cloutier, Dany Laferrière), j'ai accroché au titre « La vertu de l'oubli ». Il y a quelque chose d'insondable, de mystérieux et a la vertu, justement, d'appliquer un baume indulgent sur les oublis de ma vie. Les oublis mémorables. Nous sommes faits d'oublis nageant au creux de notre conscience jusqu'au jour où, inopinément ou soulevés par un déclencheur, ils remontent à la surface.

Quant à y être, je n'oublie pas les titres des spectacles, tout aussi inspirants :

+ Les lettres ouvertes de Richard Séguin
+ La marche, le doute, l'amour
+ Le Cabaret de l'oubli
+ Lettres de Fadette

Ah là, mon coeur palpite très fort ; Les lettres ouvertes ... se transformant en chansons sous la modulation de la voix chaude et le sens inné de la mélodie de Richard Séguin. De quoi rêver !
Et que dire du Cabaret de l'oubli ? L'année passée, j'ai assisté au Cabaret de l'extase. Je revois encore l'énergie des artistes, vibrante, pour l'audace de leur talent ... Oui, j'ai atteint un sommet, j'ai touché le plafond de mon ciel. Et non, je ne l'ai pas encore oublié !

Cette année, quelles surprises ou douces folies nous réserve Le cabaret de l'oubli ?

Je ne sais pas. Je saurai une fois qu'il sera rangé dans les tiroirs de ma mémoire jusqu'au prochain Cabaret, l'année prochaine.


Noms des participants, heure, jour, sur le site des Correspondances d'Eastman.

mardi 10 juillet 2007

Moi, j'aime les Correspondances !


Je sais, mon titre est un peu naïf mais il a le mérite d'être vrai ! Dans à peu près trois semaines, mon village, Eastman, reçoit de la grande visite. On se prépare pour les Correspondances. En plus, on a commandé une température comme celle d'aujourd'hui ! Y paraît que dans la vie, il faut demander pour recevoir ... eh bien, c'est fait !

Pour cette cinquième édition, on a poussé loin le chapitre « Nouveautés ». Voyez vous-mêmes :

LES CORRESPONDANCES ET LA MARJOLAINE S'ENTENDENT BIEN !

Et quand on s'entend bien, il faut que ça paraisse ! Je ne sais pas si vous vous êtes déjà prélassé sur la vaste et magnifique terrasse de La Marjolaine à l'arrière du théâtre, eh bien, c'est bucolique à souhait ! L'énergie et le dynamisme ne risquent pas de faire défaut entre auteurs et participants lors des nombreux Cafés littéraires qui s'y tiendront. Le Théâtre ou le Piano Rouge seront les témoins des spectacles en soirée dont celui de Richard Séguin, à ne pas manquer.

L'ÉGLISE S'OUVRE

Au concours : Elle se prête au concours de la Poste Restante. Du 2 au 4 août (le 5, le comité trie, lit et prie de prendre de bonnes décisions !) des animateurs accueilleront les épistoliers qui désirent soumettre une lettre. Qui sait, peut-être sera-t-elle primée et lue par la joyeuse porte-parole, Francine Ruel ou d'autres invités de prestige lors de la Cérémonie de clôture (dimanche - 16 h 30).
À noter que le jury du Concours est présidé par madame Ginette Bureau, présidente de l’Association des auteures et des auteurs des Cantons-de-l’Est.

A son « air d'aller »
Dans l’attente d’un copain épistolier ou en quête d’inspiration, l’Allée des lettres accueille des pas perdus ... qui se retrouvent. De part et d’autre de l’allée centrale, vous pourrez déballer des missives de personnages célèbres et des cartes postales « Clins d’œil de Flora », fruit d'une alliance (20 au 22 juillet) entre Les Correspondances et Flora.

Une chambre nocturne
Que diriez-vous d'une expérience d’écriture nocturne sous les yeux de la chouette ? C'est chouette hein ? Pour l'ambiance, la harpiste Isabeau Corriveau accompagne « célestement » les oiseaux de nuits. Samedi, 21 h à 22 h 15.

ON S'ANIME !

Balades littéraires
Au détour d'un sentier ou d'un jardin, laissez-vous surprendre ou émouvoir par un échange de belles lettres lus par de mystérieux troubadours … Bucolique et inspirant.

Atelier d’écriture pour tous les âges
Adultes : Camille Deslauriers, écrivaine, anime un atelier d’écriture à la Bibliothèque d’Eastman, samedi, 16 h 00. Places limitées. Inscriptions : 5 $.
Petits : Samedi, 10 h 00. C'est gratuit !

Atelier d'art Postal
Du grand sac du facteur, l'artiste multidisciplinaire, Mireille Racine pige des mots couchés sur papier, puis enveloppés et timbrés. Avec harmonie, élégance, fantaisie, plaisir, ce projet s'abreuve de joie. Du soleil dans la vie des facteurs et des épistoliers ! Si vous avez de beaux vieux timbres, apportez-les !

Les tiroirs de la mémoire
Joignez-vous à une table ronde animée par Francine Ruel où l’on fouillera la mémoire des écrivains. Philippe Béha, Dominique Demers et Sonia Sarfati ouvriront leur « Tiroir à souvenirs » spécialement pour vous ! Soyez-y, c'est gratuit !
Bibliothèque d’Eastman Samedi 4 août, 14 h


UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS
- Galerie Arlogos-Riverin : Sous le thème de la nostalgie, portraits de femmes du peintre montréalais Graeme Ross, élève de Pellan et lauréat de la Biennale de Paris (1995)
- Bibliothèque d'Eastman : L’histoire des femmes d’ici se déroule en photographies tirées de la collection Aux limites de la mémoire.
- Église St-Édouard : exposition collective du livre-objet, intitulée Creatio… se livre ! Réalisée par une vingtaine d’artistes de Magog.


FOUILLER LA CAVERNE D'ALI-BABA
Plusieurs talentueux artisans de la région vous proposent de rapporter un souvenir tangible, un bel objet pour raviver votre mémoire aux Correspondances. Plusieurs ont un lien avec la lecture et l’écriture.
Endroit : Bâtiment du Club de l'Âge d'or.

PIQUE-NIQUER DANS UN PRÉ !
Le pré des Serres Simard en face du Mont Orford est un endroit rêvé pour étendre sa nappe carreautée. En famille ou en amoureux. Vous avez oublié votre lunch ? Des épis de maïs frais seront en vente pour vous dépanner.
Et cette année, les jeunes ont leur pré pour écrire... Pourquoi ? Parce que le bonheur est dans le pré !


J'espère que je vous ai donné le goût ! Moi, je me le suis donné en tout cas ... C'est un rendez-vous du 2 au 5 août et pour les détails, le site des Correspondances n'est pas avare de mots.

lundi 9 juillet 2007

Poétiquement blogue


J'ai déniché sur le blogue "Objet bloguant non identifié" des citations à saveur poétique sur le phénomène "blogual". Il y a de petites perles que j'ai transcrites ici. Non vraiment, il y a moyen de voir de la poésie partout ... même dans la pluie. Je sais, je sais ... je touche un point sensible ; il y a de la susceptibilité dans l'air, je n'insiste pas. Alors place à une poésie nouvelle mais moins "contro-aversée" :

Depuis mon enfance j'ai toujours rêvé d'avoir un pouvoir magique, celui de lire dans les pensées des autres. Que se passait-il dans ma petite tête pour vouloir entrer chez les autres comme ça, sans y avoir été invité ? D'un blogue à l'autre j'ai l'impression de réaliser ce souhait. Les portes sont entre-ouvertes, tu es attendu et accueilli, même si on ne te connais pas. Une pensée déposée, quelques mots échangés et voilà que naît une nouvelle relation. Le blogue est le nouvel art pour donner et recevoir. On se laisse porter par le destin, au fil des clics, on découvre la beauté de la différence et le plaisir de la similitude.

Parce que certains blogues sont comme des coquillages que je mets à l'oreille, j'y entends d'autres maux, d'autres murs, d'autres mots, d'autres murmures, et quand je les repose j'ai du sable dans les oreilles.

Lire les blogues c'est comme lire un roman vrai : il y a des princesses, des fées, des monstres, des gentils et des méchants. La mort rôde, la vie reprend quand même, on lutte contre les démons, on se serre les coudes, on partage des recettes, des titres de livres, on entend des rires d'enfants, des chansons populaires, on voyage, on caresse un chat, on pleure la perte d'un chien, on se réjouit, on se lamente. On est ensemble et pourtant à distance, libre et protégé. Quand on en a assez, il suffit d'éteindre le bouton. Quoique, dans la nuit, les mots des autres nous poursuivent, alors le matin, entre le café et la douche, on rallume l'écran pour voir si, pendant la nuit ...

Pour la passion de l'être ; tisser des fils, des liens, des chaînes et toujours rester libre. Voir naître, entendre les doutes, sentir les frissons, entendre les cris muets, peindre les mots, sans que personne n'ait le pouvoir de rayer et railler au nom d'un bon goût douteux... Découvrir ce qui se dévoile, deviné ce qui ce trame, aimer ce qui s'exprime, s'imprime et m'imprime..

Pour la magie ! On se parle, on potine, on s'écrit, ça fait du bruit, une musique, ça s'éclaire, ça s'éteint, ça se rallume, ça se clique et ça brille dans la nuit !

Parce que bloguer, c'est parler en étant libéré des contraintes sociales, sans être interrompue par ceux qui ont plus de puissance vocale, ni être occultée par ceux qui ont plus de charisme.

Parce que les blogues c'est les autres ! Et moi j'aime bien les autres.

Parce qu'à défaut de visiter vos appartes ou vos jolies maisonnettes, j'entre par la plus petite porte, le blogue… Parfois je m'arrête dans le coin cuisine, j'en respire les parfums, je salive, parfois j'atterris dans la chambre, sans trop le savoir, et j'en souris, mais ce que je préfère c'est m'installer près de la cheminée, c'est cosy, c'est confortable, idéal pour trinquer jusqu'au bout de la nuit ...

Parce que ce qui se passe dans la tête des autres est parfois bigrement passionnant. Parce que lire et entendre des cinglés, des illuminés, des talentueux, des érotomanes, des vulgarisateurs, des écrivains, des humanistes et partager le monde avec eux, en peu de temps et un bourbon à la main. Pour cette possibilité d'éclater le cercle forcément restreint duquel nous faisons partie dans la vie non virtuelle.

Quand je me sens coincée dans mon champ de maïs, je peux partir en voyage dans des contrées lointaines et exotiques sans que mon compte en banque fasse un arrêt cardiaque En plus, je peux aller du Mont St Michel à Bangkok, de Sydney à Pekin, et de Montréal à Santiago en quelques minutes seulement!


C'est joli tout plein, vous ne trouvez pas ? Demain, on parle Correspondances ... le sujet est dans l'air.

samedi 7 juillet 2007

Quêteuse de citations


Je suis en quête de citations sur la Lecture avec un grand L, juste pour le côté inspirant, stimulant. Juste le plaisir de se dire que l'on est ensemble, c'est tout (clin d'oeil au film et roman d'Anna Gavalda).

En avez-vous de ces citations que vous aimez tellement que vous les citez, les re-citez et même les récitez ? Elles peuvent être signées par d'illustres connus ou inconnus, on est pas regardant, en autant que la citation se tienne debout devant l'auteur (une citation forte dépasse son auteur). Elle peut être de vous. On vous aime en tant qu'auteur du dimanche ou de tous les jours de la semaine. Et vous, vous aimez-vous en tant qu'auteur ou "citeur" ?

Pour partir le bal, en tant que quêteuse de citations, j'en ai glanées ici et là, histoire de s'inspirer :

L'Histoire est un roman qui a été, le roman est de l'Histoire qui aurait pu être
Frères Goncourt

ll y a autant de lecture d'un roman que de lecteurs.
Laurence – Biblioblog

Tant qu’un lecteur n’a pas reposé son livre de plein gré, c’est un individu potentiellement dangereux. Annie François
Piqué sur le blogue de Jules se livre

Le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l'âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires et dans ses défaites. Admiration et pitié, telle est la devise du roman. George Duhamel (extrait de L'essai sur le roman). Autre citation dénichée par Jules.


À VOUS LA CITATION ...

jeudi 5 juillet 2007

Mises à mort

Qui oserait contester la préférence d'une personne pour l'orange au lieu de la prune ? Personne. Et pourtant, le principe est simple ; un goût, une couleur, une texture. Alors que dire quand on navigue à bord d'un point de vue, un style, un livre. En naviguant d'un blogue littéraire à l'autre, je réalise combien les goûts ne se discutent pas, ils s'exposent ou ils explosent, c'est selon !

Je vais tenter de vous exposer le comment et le pourquoi j'ai aimé le fameux (cliquez ici pour comprendre le fameux) recueil de nouvelles « Mises à Mort » de cette nouvelliste toute en sarcasme, Suzanne Myre. Je le termine et ne veut en aucun cas vous induire en erreur en vous disant, j'ai aimé, point. Oui, j'ai beaucoup aimé mais je créerais des attentes et vous seriez peut-être déçus. Je ne veux surtout pas tuer la nouvelle dans l'oeuf, le genre « nouvelle » est déjà suffisamment précaire, se vendant et se défendant plus difficilement que l'histoire en une seule bouchée. Ce sont les statistiques qui le clament, pas moi.

Je vous amène à cette auteur par deux chemins, le premier étant le titre de ses nouvelles qui en disent déjà beaucoup : Vile ville – Cadeau d'anniversaire – Câlin manqué – Cellules en l'air - Cendres amères – Ne vous endormez pas ! - Félix et le chat – Il l'aime tant – Point de salut – Dans la boîte – La mort d'un dogue – Marie, à mort – Mona se terre (sonne comme monastère et justement Mona se terre dans un monastère !). Buvez maintenant des extraits du concentré de son humour sarcastique :

Cueillir maman dans une boîte ne me semble pas plus triste que ces autres fois où je devais la cueillir sur son balcon, immobile au centre de ses boîtes de pétunias, pour l'emmener à ses rendez-vous médicaux.

Le menton-en-galoche pourrait la conseiller, il a la gueule cinéphile-total. Il s'amène sans perdre une seconde, le menton par-devant tel un gouvernail.

En attendant mon tour pour me faire extraire une dent de sagesse incluse qui constituait une menace tragique pour la rectitude des autres dents sagement enlignées, selon les dires de mon expert-dentiste-chalet-trois-étages-dans-les-laurentides-trois voitures-trois maîtresses ... Il me fallait calmer ce sentiment d'angoisse qui m'étreignait les pourtours du coeur à la pensée que dans quelques instants, un trou béant dans ma bouche s'ajouterait au vide plat de mon existence.

J'ai gaspillé de nombreuses heures indolentes à me bercer. Quand je pense à tout ce que j'aurais pu faire en même temps, de la broderie, des téléphones roses, lire une encyclopédie, produire un chef-d'oeuvre de tricot, écrire une mini-série télévisée ...

Mon coeur était blessé et je ne faisais pas confiance au temps pour le guérir.

Je n'arrivais pas à pleurer, je n'étais pas normale, il me fallait une psychanalyse de dix ans, un lavage de cerveau, des électrochocs, des bombes lacrymogènes ou du poivre de cayenne, un défrichage en profondeur pour déterrer les mauvaises herbes de mon coeur.

J'ai tenu à enfiler mes longs gants blancs d'autant plus qu'aujourd'hui même, j'ai trouvé un rédacteur de blogue énonçant avec honnêteté un « j'arrête de lire (des nouvelles justement) à la page 58 ; ça m'ennuie trop. Une personne lui a laissé le commentaire qu'elle s'apprêtait justement à le lire mais que ça la décourageait, le bloggeur a répliqué « Mais, toi, tu vas aimer ça ! ». Vraisemblablement, il connaissait la visiteuse pour avancer une telle allégation. Et comme je ne vous connais pas tous, eh bien, je suis prudente. Et avec des Mises à mort, on ne l'est jamais trop !

Mises à Mort - Suzanne Myre, Recueil de nouvelles - Marchand de feuilles, 179 p.

mardi 3 juillet 2007

La main sur la souris


Il y a des bibliothèques sur le net, donc évidemment des livres entiers à lire sur son écran. À prime abord, cela me dépasse un peu. Un peu beaucoup, disons. Pourtant, il y a de vaillants défenseurs de cette nouvelle manière de lire en ménageant nos arbres. Malgré cet argument pesant, je me sens rébarbative à cette nouveauté. Pourtant, je n'écris presque plus avec une plume et du papier. J'écris à mes amis en tapotant sur un clavier et j'attends des réponses instantanées via mon outlook EXPRESS. Ça presse toujours d'obtenir des réponses express parce qu'on aime donc ça les réponses. D'ailleurs, n'est-ce pas la raison pour laquelle on se pose tant de questions ?

Donc, tant qu'à faire, je pourrais aussi m'ouvrir à lire des livres sur un écran. Et plus j'y pense, je le fais déjà, puisque je lis quantité d'anecdotes qui sont autant d'histoires racontées en abrégé, non ?

Entendons-nous bien, je ne veux pas répandre de fausses rumeurs ici, après tout je suis nichée sous le blogue des Correspondances d'Eastman. J'utilise encore la plume et le papier. Et pas seulement durant l'événement Les Correspondances ... Holà, quand même ! Il faut bien que je me fasse la main avant ! Non, mais ça se perd une belle main d'écriture - vous vous rappelez, on disait ça autrefois - il faut donc s'entretenir, se pratiquer. Donc, je me pratique ... surtout avec les gens qui n'ont pas l'internet. Chut !

Maintenant que je me suis justifié plus que le lecteur n'en demande, je reviens au livre électronique, le e-book. Où il y a du livre, il y a de la bibliothèque et la première à s'allonger, tablette par tablette, auteur par auteur, est la Gutenberg. Parti courageusement de la tête d'un étudiant de l'Illinois qui, à temps perdu (!) et à l'aide d'innombrables bénévoles a entrepris de garnir une première bibliothèque électronique en 1971. À l'heure actuelle, elle contient 20,000 titres. Trente-six ans plus tard, il y aurait maintenant une douzaine de bibliothèques électroniques dont, bien sûr, une Québécoise.

Il faut donc se rendre à l'évidence qu'il y a des usagers qui fréquentent ces bibliothèques. Même si le phénomène est relativement nouveau, on commence déjà à se questionner, je dirais même à reculer, et cela malgré tout le respect que nous devons à nos érables centenaires.

Jusqu'à date, les défenseurs du livre papier s'écrient et se charment devant la sensualité du livre, irremplaçable contre la lumière crue d'un écran cathodique. C'est froid, disent-ils. Mais là, se rajoute une raison qui m'a tout à fait conquise, moi qui l'était déjà : La passivité. Paraîtrait-il que l'ouverture à l'autre (l'auteur) exige un constant effort à faire sur soi-même afin de ne pas se laisser distraire. Réaliser pleinement le plaisir que procure la lecture sans actions, sans tension et surtout sans tentation ... de mettre la main sur la souris. Cette souris qui, d'un clic, vous expédie ailleurs que dans l'univers d'un auteur. Les clics qui nous zappent d'un site à l'autre, d'un blogue à l'autre, d'un jeu à l'autre. Et oups, envolé le monde merveilleux de Marie Laberge !

Tandis qu'assis au salon, sous la lampe torchère, on se recueille les méninges. On se neutralise la neurone. Et puis, on avouera que tourner et puis marquer les pages d'un livre sont des points de repère essentiels à un cerveau. Au mien, en tout cas.

Morale de cette histoire : se tenir loin des souris.

dimanche 1 juillet 2007

La température ou la littérature ?


Un beau mois de juillet tout neuf ... et tout frais. On ne perd rien pour attendre, n'oubliez pas, l'année passée, juin a été frais et on s'est bien rattrapé par la suite. Considérons à partir de maintenant que nous avons de la chaleur en réserve.

Vous allez me dire que nous ne sommes pas ici pour parler de température mais de littérature et vous aurez bien raison. Voyons voir si vous connaissez ces romans :
. La Tournée d'automne – Jacques Poulin (amour)
. Le Souffle de l'harmattan – Sylvain Trudel (imaginaire)
. Le Goût du Bonheur – Gabrielle – Marie Laberge (mémoire)
. Volkswagen Blue – Jacques Poulin (voyage intérieur)
. La petite fille qui aimait trop les allumettes – Gaétan Soucy (frisson)

Si vous en connaissez au moins un, encore mieux deux, vous avez déjà du chemin de fait vers une joute de commentateurs sans prétention proposée au Top 5 Biblio Lys, se terminant le 22 septembre Vous avez tout ce temps pour lire et commenter et/ou voter).

Quant à moi, je n'ai aucun chemin de fait, le hasard faisant que je n'ai lu aucun de ces romans. Aussi, j'hésitais à me lancer, par peur de manquer de temps. Et puis là, ça me chicote* drôlement depuis que je suis allé visiter la carte du monde représentant les participants. Pour le moment, il y en a 13 au Québec et 6 en Europe répartis ainsi :

Montréal 1 Capitale nationale 4
Mauricie 1 Chaud. Appalaches 3
Lanaudière 1 Montérégie 3

Paris 1 Hauts-de-Seine 1
Morbihan 1 Essonne 1
Calvados 1 Haute Garonne 1

Cela m'a fait réaliser deux choses importantes : il n'y a personne qui s'est encore inscrit en Estrie et jusqu'à quel point, je connais peu le nom des départements français !

Toujours est-il que ça me tracasse et je dirais même plus, ça me turlupine (synonymes de chicote). Et vous, est-ce que ça vous fait le même effet ? Allez, aujourd'hui n'est pas la journée idéale pour les pique-niques et les baignades, un petit clic sur cette occasion en or de vous faire la main, et la tête, et le coeur à l'évaluation d'une lecture.

C'est en commentant que l'on devient commentateur ! Et je dirais même plus (je suis hantée par les Dupont et Dupond aujourd'hui), il faut battre les mots pendant qu'ils sont chauds ... eux !


* chicoter est usité en français de France du xvie s. à la fin du xixe s. au sens de « chicaner » et se rencontre en particulier dans les parlers manceau et saintongeais .... et bien évidemment au Québec !