Ça fait deux jours que je me promène avec ce petit livre. J’en suis encore fortement imprégnée. Il contient les fragments de la correspondance amoureuse de géants : Gérald Godin, journaliste, écrivain, professeur, poète, politicien qui a été ministre et a battu Robert Bourassa dans Mercier. Pauline Julien, interprète, écrivaine, auteure qui a enregistré vingt disques solos et signé plus de trente chansons. De passionnants passionnés qui ont été au bout du monde, au bout de leurs vies, et au bout de leurs envies.
Ces lettres dormaient dans un coffre depuis dix ans et ont été réveillées par la fille de Pauline Julien. Elle a hésité avant de présenter cet échange intime entre deux passionnels de la chair et du cœur. C’est qu’ils vont loin dans leurs épanchements. Un petit trésor d’impudique nous est offert. Et quand je dis « trésor » je n’exagère pas, autant pour la forme que pour le fond. N’oublions pas que nous avons affaire à un homme de mots, une femme de paroles, ajoutez-y le torride de l’amour, de l’éloquence, de l’élégance (assez souvent, ils se vouvoient), une réflexion avant-gardiste sur l’amour, des dissensions, des remises en questions, des doutes (Pauline, la spécialiste), mais surtout trente-six mille manières enflammées, ou tendres, de dire : « Tu es l’amour de ma vie ».
Ce sont les plus belles lettres d’amour que j’ai lues de ma vie. Pour le désir. Des lettres chaudes de désir, même après vingt ans, trente ans de vie...j'allais dire commune - on ne désire que ce que l’on n’a pas –et justement, ils partageaient si peu de la vie commune.
Un tel échange de sentiments servis par des mots vibrants pique la curiosité. La curiosité entraîne encore plus de curiosité. J’en suis venue à désirer qu’ils s’écrivent même quand ils étaient ensemble, tellement je voulais saisir ce couple insaisissable. Tant de démesure dans l’absence, à chacun leur carrière florissante, à chacun leur continent ; comment trouver l’entente au-niveau de l’abstinence encourue ? Heureusement, ils étaient avant-gardistes, ces enfants terribles, qui, jusqu’à la mort seront restés fidèles ... à leur manière.
Cette correspondance a des trous de mémoire du temps, mais le fil de la passion est si visible, si solide, qu’on le suit, malgré les bonds. Dans les premières lettres, on accompagne la résistance de Gérald à sa Pauline, éprise au point d’être presque soumise, on sent la puissance du sentiment retenu, jusqu’à ce qu’il plonge... si profondément, que l'on comprends la prime hésitation. Une fois la flamme du poète allumée, elle ne s'éteindra plus, même pendant les dix années où il vivra avec un cancer du cerveau (il était trépané).
Si vous aimez les destins vécus par des personnalités marquantes, si vous aimez l’amour dénudé de pudeur, si vous aimez l'épistolaire au mode passionnel, à ras-la-vie et à fleur de peau, ce serait fou de passer à côté de cet recueil épistolaire. Oui, ce serait fou. Et si je ne suis toujours pas arrivée à vous en convaincre, ça se peut pour mon manque de distance vis-à-vis à cette lecture, j’appelle à l’aide ... Louis Hamelin, l'écrivain et chroniqueur. Il vous présentera le côté social et politique de ce celui qu'il appelle le matou, il couvrira certains aspects que j’ai escamotés. La journaliste Catherine Lalonde ajoute du contexte, faisant parler la fille de Pauline, elle a assis cette correspondance sur quelques juteuses anecdotes et citations. J’y rajoute une Monique Giroux qui résume et encense Pauline Julien d'une jolie manière. J’ai trouvé peu d’informations pertinentes sur Gérald Godin, heureusement qu’un documentaire sur sa vie se trame.
18 commentaires:
Je cherchais justement un cadeau de st-valentin....
Je sens que je vais courir chez Vaugeois très bientôt.
Je sens que j'aurai envie de cotôyer ce livre.
Comment vais-je faire avec tout ce que j'ai à lire?
Oh! Voilà tout à fait ce qu'il me faut... Hum, je m'en léche d'avance les babines!
Décidément, le hasard fait bien les choses ou est-ce autre chose?!? Je parle justement d'une de mes lectures lue il y a un bout: «Pauline Julien: La vie à mort» de Louise Desjardins dans mon petit coin et j'ai acheté «La Traversée des sentiments» de Tremblay avant hier!!!!
Pour revenir à dame Julien et G.Godin, tu écris une fois de plus un beau billet. Je note avec plaisir et hâte de lire à mon tour.
J'aimais beaucoup Pauline Julien. Elle et Godin ont formé un couple devenu mythique. Mais je ne suis pas sûr qu'ils aient été fidèles. Il est connu que Godin avait des maîtresses, ce qui a été confirmé par Denise Boucher dans son autobiographie.
Ginette : C'est tout simplement une priorité. Vous allez adorer, je le sens. Faites-vous plaisir, courez à la Librairie Vaugeois !
Penses-tu ! Je l'ai lu et tout au long, je me suis dit "Helenablue se délecterait".
Suzanne : Je vais dire comme toi, ça s'appelle des accidents de parcours ... ou un échange entre énergies compatibles (ah, les coulisses de la vie, on en voit pas tous les rouages). Je VEUX lire "La vie à mort". Absolument. Après cette correspondances, c'est une injonction dans ma vie :-).
Suzanne, je ne l'ai pas dit souvent, mais cette fois, j'ose : oui, c'est à lire absolument.
@ Réjean : Vous avez raison de ne pas être sûr qu'ils aient été fidèles parce que dans le sens conventionnel du terme, ils ne l'étaient pas mais ... avec consentement réciproque. Une entente, disons. Par contre, quelle loyauté !
Vous allez me trouver intrépide d'aller jusque là mais, j'espère que vous allez mettre la main sur ce petit livre. C'est bien écrit. Cette correspondance charme, instruit, transporte. On apprend les dessous de ce couple mythique, et ce n'est pas un couple banal. Il est rare d'entendre des choses aussi intelligentes dites sur l'amour. Un mélange de passion et d'intelligence. Les premières lettres sont un peu plus placées, mais un moment donné, le sentiment s'envole au-dessus de la lettre. A travers les yeux de son amoureux, et de son amant surtout, vous allez apprendre à mieux connaître la femme passionnée (et remplie de doute) qu'a été Pauline Julien.
Gaétan : Quel cadeau ingénieux ! Ça change des fleurs ou de la boîte de chocolat. Tiens toi prêt, peut-être que ta femme va te réclamer une lettre d'amour après cette lecture... ou même plus ...
Vous n'aviez pas besoin de l'aide de personne pour nous donner envie de le lire. Mpeme que je dirais que votre billet est plus convaincant que ceux des autres. Mais peut-être que les autres ne rendent pas compte pour le simple plaisir. Ils sont payés, faut que ça ait l'air journalistique! Le vôtre est plus personnel, plus senti.
Et puis moi, ce sera peut-être un cadeau au Salon du livre de l'Outaouais, fin février (petit message subliminal... très subtil!)
Je sais ce que je ferai dans les prochaines heures... Merci!
Chère Venise, là, je suis convaincue. Dès que j'ai une minute, je me mets à la lecture de ce recueil, que mon chum a déjà lu (et beaucoup aimé). Il doit dormir sous plusieurs centimètres de paperasses dans le bureau.
Salutations!
Merci ClaudeL, vous me faites plaisir. C'est vrai qu'en étant pas journaliste, ça me donne des libertés. Je peux laisser parler mon coeur.
Je ne crois pas me tromper en disant que c'est la fois où je me suis laissé le plus aller à recommander, peut-être parce que ce n'est pas un roman. Un roman, l'appréciation ou non est beaucoup plus personnelle. Tandis que cette correspondance a une valeur sentimentale indéniable. Elle est vraie et non censurée et en partant de là, elle devient intéressante, pour la majorité d'entre nous qui avons connu les auteurs.
CLaudeL sera au Salon de l'Outaouais fin février ... ClaudeL sera au Salon de l'Outaouais fin février ... ClaudeL sera ...
Je ne sais pas où j'ai pris ça mais cette phrase me trotte par la tête ... ClaudeL sera au Salon de l'Outaouais fin février ... ClaudeL
Stéphanie : Ça doit vouloir dire que vous l'avez à la portée de la main et qu'il ne demande qu'à être lu.
N'hésitez pas à venir rajouter votre opinion, si le coeur vous en dit !
Vite, Julie, ça presse, il faut déterrer cette passionnelle correspondance ! Vite, vite ... elle souffre, elle étouffe sous cette paperasse ! Elle veut ressusciter sous ton regard d'intense passionnée.
:-)
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