Nous sommes arrivés trois heures avant le début de la séance de dédicace de Marsi avec des interrogations très différentes : Lui se demandant quoi faire pendant tout ce temps et moi, comment arriver à tout faire pendant ce temps ! J’ai commencé par le plus urgent, il restait une demi-heure aux séances de signature de Michèle Plomer et Claudette Guilmaine, auxquelles nous devions chacune un Miam miam fléau dédicacé, acheté pendant le Salon de l’Estrie. Fait cocasse, quand nous sommes arrivés auprès de M. Plomer. elle était justement à parler de Marsi, conseillant son album à une connaissance (qui est d’ailleurs venu l’acheter). Quel hasard, quel accueil, quelle générosité !
Comme nous étions à proximité, j’ai voulu, accompagné de Marc, faire un petit coucou à Nicolas Dickner et à Antoine Tanguay, éditeur d’Alto. Chacun de leur côté, absorbés par une intense conversation, je n’ai pas osé les déranger. C'est à ce moment que nous nous sommes séparés, Marc un peu inquiet de me laisser à mon sort de femme qui a plusieurs sens, mais pas celui de l’orientation ! Y avait-il de cette peur de tourner en rond dans ma décision de choisir la file la plus longue... un interminable serpent coupé en deux, pour lequel j’ai eu beaucoup de difficulté à trouver la fin de queue. J’hésitais à me rajouter à cette interminable file, me voyant inquiète et découragée, un homme lanca : "une minute chaque, il va y arriver !" Les guides venaient régulièrement compter et recompter les personnes afin que toutes aient le temps de recevoir l’illustre signature de LA vedette. Si vous n’avez pas encore deviné l’énigme .... Bien sûr que je parle de sieur Dany Laferrière qui attire les foules cette année... Son année ! Habituellement, je préfère rencontrer les auteurs qui reçoivent peu d’attention mais je suis tout de même contente de l’expérience. En file, j’ai lu, écouté les gens parler entre eux, interrogé une jeune de 18 ans, impatiente, disant aimer beaucoup sa mère pour se taper une telle attente, répétant à son cellulaire que ça achevait. J’ai bavardé avec une dame d'environ 70 ans qui lisait « Paul à Québec » de Michel Rabagliati, destiné à sa bru pour Noël. J’éprouvais la sensation d’être au cœur de l’événement, d'une vague, me changeant d'un penchant pour la marge. Le referai-je ? Pas sûre pantoute ! Malgré son sourire, la fleur qu’il dessine à chacun, malgré l’inscription « belle Venise », de voir un homme à l’intelligence si expressive, réduit à cet automatisme de la communication n’a rien de très palpitant, ni pour lui, ni pour moi. Après 70 minutes, enfin libérée, je ne marchais pas, je volais, mais pas assez haut pour ne pas remarquer une Nadine Bismuth, seule, assise derrière sa table à dédicace. Un peu intimidée, je me suis arrêtée pour simplement lui dire que je la lisais et que je l’aimais. Je ne sais pas pour elle mais, moi, ça m’a fait grand bien !
Était venu le temps de reposer mes jambes devant une bouteille de jus (à 3.95 $ !), accrochée au programme des dédicaces, j’ai tenté d’ajuster mes désirs de rencontres avec la réalité des horaires : Éloi Paré et son Sonate en fou mineur, Monique LaRue, L’œil de Marquise, Marie-Christine Bernard pour mon roman en cours de lecture « Mademoiselle Personne ».
J’ai commencé par Éloi Paré. Belle rencontre où j’ai fortement senti le vouloir, la passion de cet écrivain qui veut réussir, se faire un nom, avec une réserve empreinte d’une grande sensibilité. En lui parlant, je n’avais de cesse de penser à Marsi. Deux hommes qui me sont apparus assez semblables. Son épouse était présente, son fils de 12 ans. Je n’ai pas pu m’empêcher d’ouvrir l’album que je transporte toujours avec moi. Elle s’est montrée intéressée et a tenu parole, venant encourager Marsi. Cet échange vibrant entre humains m’est resté accroché dans le cœur.
Avant d’acheter son roman, je suis passé devant la table de Monique LaRue : « J’arrive vous voir bientôt ! » Quinze minutes plus tard, je dépose L’œil de Marquise devant elle et attend ma dédicace. Avec un large sourire, elle s’exclame : « Vous êtes vraiment revenue ! ». Je lui explique que la description de son roman m’a frappée, qu’une voix intérieure m’a ordonnée de le lire. Elle est conquise. Je suis stupéfaite de réaliser que c’est une auteure qui est loin d’en être à son premier titre (une des invités d’honneur du Salon), pourtant ce n’est que récemment que j’ai entendu parler d’elle. Quand vais-je arriver à connaître tous nos écrivains importants ?! On se quitte sur cette déclaration surprenante : « Avoir su que le prénom Venise existait, j’aurais appelé mon roman L’œil de Venise » ... Je me demande encore si mes oreilles ne m’ont pas joué des tours !
J’ai terminé ma tournée avec Marie-Christine Bernard. Ça fait un peu bizarre de demander une dédicace pour le roman que l’on est à lire. Elle s’y est prêtée de bonne grâce, une femme ouverte, extravertie, répondant plus que généreusement à mes questions. J’en parlerai dans mon bilan de lecture. La surprise, le bonus, la prime, fut de découvrir à ses côtés, Diane Labrecque, auteur de Raphaëlle en miettes. Nous avons bavardé avec enthousiasme de poésie, d'impressions de lecture et autres sujets. Que puis-je dire de plus que le courant passait ?
En compagnie de Marc qui, entretemps, avait terminé ses dédicaces, nous nous sommes rendus au kiosque Septentrion, voir Éric Simard , auteur et directeur de la Collection Hamac. Des accolades chaleureuses, le plaisir de présenter Sophie Imbeault à Marsi, et du coup, la rencontre (prévue !) avec Françoise Bouffière, auteure de La louée, ce roman que j’ai tant aimé. Sous le souvenir de ces moments chaleureux, et après un coup d’œil à l’exposition l'univers de Paul, nous avons quitté afin de revenir en forme le lendemain.
Prochain billet « Mon dimanche au Salon ». Est-ce parce que c'est trop fraichement vécu mais j’ai perdu toute notion de concision ! Je relaterai l’expérience de Marsi au Pigeonographe.
Crédit de la photo : Illustration de l'agenda de l'association des Illustrateurs du Québec - chez Hurtubise, relevé sur le site du Salon du livre.
17 commentaires:
Tant d'auteurs encore à connaître, tant de livres encore à lire.
tant d'heures à vivre, de gens à aimer, de plats à goûter, de pays à explorer,de musique à découvrir, d'air à respirer, et de qestions sans réponse de mots à émettre de sens à combler de chose à partager à créer à éprouver à apprendre à revisiter aussi...Et tout autant à souffrir explorer initier valoriser et éteindre, un samedi au salon ne saurait y suffire mais peut ouvrir un peu plus à l'horizon de cette immense aventure qu'est la vie ...
J'ai fait la queue « seulement » une quarantaine de minutes pour Dany Laferrière mercredi soir... Contente néanmoins de lui avoir parlé, mais bien déçue que Robert Lalonde était malade et n'a pu se présenter à sa séance de signature.
Décidément, vous êtes une vraie mordue. J'aurais aimé être auteur juste pour rencontrer une lectrice comme vous.
Bon, c'était quoi l'idée de pas y aller? L'année prochaine, je m'achète une voiture juste pour ça! ^^
Merci Venise de prêter regards, ouïes et coeur pour ceux et celles qui ne peuvent être là dont j'en suis. D'intéressants billets tout en détails,comme si on y était aussi. Encore merci.
Venise,
Je suis émue de lire ce que vous dites de Dany Laferrière:
"Malgré son sourire, la fleur qu’il dessine à chacun, malgré l’inscription « belle Venise », de voir un homme à l’intelligence si expressive, réduit à cet automatisme de la communication n’a rien de très palpitant, ni pour lui, ni pour moi."
Vous avez mis le doigt ce qui fait, à mon sens, tout le paradoxe du Salon du livre. L'auteur y rencontre ses lecteurs (et vice versa) mais ce n'est pas vraiment nourrissant... Et je n'ai pas de solution à proposer, ni de réponse à ce dilemne...
Andrée
Ah, Claudel, c'est la vie ! Et ça nous tient en vie :-)
Qu'est-ce que tu dirais alors, helenablue, d'un samedi et d'un dimanche au Salon ? Et le mieux du mieux, ensemble, tous les deux ? :-).
Chez nous ou chez vous ?
Tu es la deuxième personne, Lucie, qui se dit déçue de ne pas avoir rencontré R.Lalonde. Il a fait des malheureux, le pauvre homme. En souhaitant qu'il ne soit pas trop malade.
Si ça continue, tu seras obligée de venir à Eastman pour t'entretenir avec lui ;-). Il vient (presque) toujours aux Correspondances.
@ Réjean : À voir les files d'attente et la quantité de monde qui entre en vrac au Salon, je ne suis pas la seule à vouer admiration et respect à ces auteurs. Ils nous font tellement voyager dans notre tête !
J'aurais bien aimé que vous soyez un auteur, j'aurais été vous voir en priorité.
@ Maxime : As-tu pensé à louer une auto ? Ou à t'abonner à Commune auto (des amis à Sherbrooke utilisent cette méthode très économique et commode et ils en sont très satisfaits).
Je te donne rendez-vous au Salon de Montréal 2010. On se croisera dans les allées, échangeant de précieuses infos. On en sait plus où donner de la tête, je t'assure.
Je suis contente que tu apprécies, Suzanne. J'aime tellement partager. En plus, c'est réellement une manière de passer le mot. En plus, mon enthousiasme déborde, ça me fait du bien à moi aussi !
Andrée : C'est vrai pour les illustres écrivains qui viennent de recevoir des Prix et qui sont archi-populaires comme par exemple Michel Tremblay qui a reçu pour une troisième fois le Grand Prix du public du Salon, ou ceux qui ont beaucoup d'attention médiatique. Cependant, si on prend le Salon sous l'angle d'une opportunité de rencontre avec les écrivains dans l'ombre, alors, ça change l'expérience du tout au tout. Ils sont très riches ces échanges, je prétends même que les écrivains s'en nourrissent. Le métier est si ingrat.
C'est vrai que certains écrivains sont plutôt introvertis mais je suis si expansive, ouverte et spontanée que je vais les chercher. C'est sûr que si le lecteur est introverti et l'écrivain aussi, peut-être les échanges sont restreints. Mais toi et moi, on ne semble pas avoir le même genre d'expériences dans les Salons !
Je parlerai de Marsi par exemple, c'est vraiment pas un bavard et en plus, il n'arrive pas à échanger vraiment en dessinant mais dieu, ce qu'il a été comblé par sa dizaine de visiteurs-acheteurs. Même ceux qui viennent juste poser des questions, il les a apprécié. Cela l'a grandement réconforté, il n'arrêtait pas de les remercier. Il a même dessiné une dédicace avec un gigantesque "MERCI". Au kiosque La Pastèque, parmi des Michel Rabagliati (Paul), Pierre Fournier (Red Ketchup), Pascal Blanchet, Hervé Bouchard (Harvey), Rémi Simard et autres, il est le petit nouveau pas connu.
J'ai rencontré des écrivains qui semblaient éprouver cette même reconnaissance que Marsi. Cela a été mon expérience à moi. Mais si tu veux des échanges plus profonds, je te conseille de venir aux Correspondances d'Eastman :-) Les divers ateliers avec un trio d'écrivains sont passionnants et l'échange va au-delà du superficiel.
Non, je ne connaissais pas Commune Auto... je note!
:-) Je dirais " chouette mazette que du bonheur "!
Chez nous, est ce que tu viens avant que je ne vienne?
Wouahou!! Avec deux volontés farouches comme les nôtres, ça ne peut qu'arriver!
Super récapitulation! Je suis encore déçue de ne pas t'avoir vue!!
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