J’étais toute excitée de lire « Dans sa bulle », j’ai gardé un si bon souvenir de son dernier recueil de nouvelles (Mises à mort) pour les sarcasmes qui tombent comme des couperets, pour le condensé qui frappe. Faut dire que lorsqu’on en est à son cinquième recueil en six ans, on peut parler d’expertise.
Suzanne Myre, quand elle change de genre, elle n’y va pas à moitié et nous présente un roman de 410 pages !
Dès le départ, j’ai retrouvé et savouré son style à l'humour mordant qui se prête tellement bien à la vie dans un hôpital, je me retrouvais en terrain connu (le sarcasme !), et je m’en délectais. Mélisse est une préposée au bénéficiaire qui aime son métier malgré un œil et un jugement aiguisés. Très, très aiguisés. Son œil scanne sa réalité qu’elle nous rend avec autant d’ironie que de bonhommie (à laquelle j’ai dû m’habituer!). Cette jeune femme est indéniablement aimée des hommes ; le vieillard alerte, l’ami bizarre, l’adonis amoureux, le médecin complice, tous sont sous son charme. Les autres préposés, les malades, tous l’aiment ou l’aimerons. On parle d'un ton « vaudeville », j’oserai une manière plus moderne de le dire, un ton un peu chick litt. J’espère que le mot ne fera pas peur à ceux qui se disent allergiques, c’est le temps ou jamais de s’ouvrir et ne pas bouder son plaisir. Cette légèreté n’exclut en rien, ici, un propos nourri et intelligent.
C’est léger dans le sens qu’entre le ton dramatique et comique, l’auteure a poussé fort sur le dernier, y ajoutant l’option d’embellir les situations. On sait qu’il est rare qu’une femme se trouvant ordinaire, vivant une routine ultra ordinaire, avec indifférence ou ressentiment pour ses parents, captive à ce point tous les hommes intéressants. Pourtant, l'histoire se tient et on y croit mais ne cherchez pas de sens psychologique profond.
Un de mes thèmes préférés a été l’amour filial, justement un moteur de ce roman, et j'ai apprécié l'action dans un hôpital que l'auteure connaît bien étant elle-même préposée au bénéficiaire. Les descriptions sont savoureuses.
Pour la narration, il y a les chapitres de Mélisse où on se tient près d’elle avec le « je », et on visite les autres personnages par le « il ». C’est de plus en plus courant cette rotation entre le "je" et le "il" mais j’avoue, et je cherche encore à mettre le doigt sur ce qui m’a dérangé, que j’ai eu l’impression que la narration au « je » n’étais pas aussi stable que celle au « il ». Je m’approchais de Mélisse, ayant l’impression de la connaître, et de l’aimer, et puis, elle me revenait avec un ton qui me semblait légèrement changé, plus froid, moins entraînant à ce qu'il me semblait. En même temps que je l'écris, je me sermonne « que me voilà exigeante et pointilleuse ! »
J’avoue sincèrement avoir eu tendance à décortiquer ce roman. Peut-être parce que j’avais beaucoup d’attente, j’ai voulu absolument comprendre pourquoi je ne suis pas sortie de ma lecture emballée. J’en suis sortie amusée. Certains diront que c’est déjà beaucoup ... et ils ont bien raison !
13 commentaires:
J'ai vu ce livre en librairie mais ai trouvé la couverture tellement infantilisante que jw n'avais même pas osé regarder le quatrième de couverture... Après ton compte-rendu, j'hésite toujours.
Pourtant, Lucie, Marchand de feuilles nous a habitué à ce genre de couverture si tu penses à La Bar Mitsva ou La Massothérapeute. Tu m'as piqué la curiosité et je suis allé vérifier les noms, et ce n'est pas la même illustratrice pour "Dans sa bulle". La dernière couverture fait plus poupée, plus enfantin, plus simpliste, cela pourrait être un album pour enfants (avec les proportions en conséquence !) me dit mon graphiste personnel, Marsi. J'avoue que je suis un peu comme toi, je m'interroge sur la pertinence, même si je lui donne le point que "ça accroche l'oeil" mais est-ce le bon étiquette ?
Si tu hésites, je pourrais te l'apporter en juin, tu n'hésiterais plus :-)
je voulais justement offrir ce livre à mon épouse qui travaille depuis peu dans ce monde-là (auxilliares)
J'ai entendu une très bonne critique dans "La librairie francophone"... J'essayerai probablement un jour de le lire mais il n'est pas dans mes priorités pour le moment
Gaétan, Je connais une dame préposée au bénéficiaire qui a adoré ! Je comprends bien. Je pense que tu vas faire un beau cadeau à ta femme, elle va bien rigoler. Et je suis certaine qu'à l'entendre rire, tu vas ensuite avoir le goût de t'y mettre !
Ah ? La librairie francophone ? Première fois que j'en entends parler. J'aimerais bien lire cette critique. Quand c'est un roman fraîchement sorti, j'aime le suivre.
C'est une émission radio sur France Inter mais ils la diffusent aussi sur Radio Canada (je crois que c'est le dimanche soir mais, moi, je l'écoute sur le site de France Inter directement ... en fait, je les télécharge sur mon Ipod pour les écouter quand je vais me promener)
Voici le lien de l'émission où Manon Trépanier (de la librairie "Alire" à Longueuil en parle brièvement).
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/lalibrairiefrancophone/index.php?id=90846
Si tu veux juste écouter ce qu'elle en pense, c'est autour de la 52 ème minute, juste à la fin de l'émission !
Voilà :)
Hum, peut-être que dans ces circonstances, oui, en effet... ;-)
Ta réponse à mon commentaire met fin à mes hésitations...
bonne fin de semaine
J'hésitais aussi en raison de la couverture... et bon, j'hésite encore!
Karine : Moi, je suis prête à parier que tu l'aimerais !
J'ai acheté le livre parce que j'ai été accrochée par le titre. Je n'avais jamais lu Suzanne Myre. J'ai lu le livre en 2 soirées. J'ai ri et j'ai aimé. C'est amusant et bien écrit. Quelques passages tirés par les cheveux, un petit peu à l'eau de rose mais bien écrit, je pardonne.
Suzanne Paradis
@ Suzanne Paradis : Votre commentaire est on ne peut plus juste !
Merci de votre visite et d'avoir laissé une trace très appréciée.
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