Eh que ça tombe bien de vous entretenir de Miss Pissenlit en ces jours où pointent leurs petites têtes de soleil ! Je mets au défi quiconque de voir le pissenlit de la même façon après cette lecture. Mon chum m’offrait souvent de la salade de pissenlits et ma réticence à en manger s’approchait du dégoût. Maintenant, je suis ouverte, comme nos cousins européens, à goûter à tout ce qui est à base de pissenlit, cette plante abondante qui se mange de la racine au bourgeon.
Bon, avant que vous pensiez être tombé sur un blogue d’horticulture, je plonge dans l’histoire. Manouane, une ado de 15 ans, rejetée de son village suite à ce qu’elle appelle la « Catastrophe », pâtit à cause de la réputation de ses parents, surtout celle sa mère qui passe pour folle tellement elle veut frénétiquement convertir tous et toutes à son idolâtrie de la Vierge Marie. Entre une mère à genoux devant ses statuts et un père à genoux pour traire ses vaches, elle se révolte de la bêtise du monde entier, tout en continuant d’aider son père.
Ce n’est pas un thème nouveau mais la manière de l’aborder est originale, les personnages secondaires intéressants et, surtout, le récit vif et alerte est rigolo. J’ai apprécié l’humour tout en finesse et cette manière de nous en apprendre sans que l’aspect pédagogique soit pesant. Manouane a déversé dans ce pissenlit sous-estimé toute l’attention qu’elle ne reçoit pas. Elle le cueille, l’étudie, le défend, le soigne, mais surtout le cuisine, en biscuits ou en boutons macérés. Au cours de ce « 376 pages », il y a une étude de pissenlit poussée, intégrée avec entrain et bonne humeur.
Progressivement, Manouane se fera des amies ; Mistinguett, une étrangère qui ose ouvrir une lingerie érotique dans ce village puritain, Alex, un policier sculpteur marginal, et le Frisé, le seul ami de son âge, cet être heureux, un allié dans la guerre à l'arme "graffiti2" que Miss Pissenlit mènera à nul autre que le maire de la place !!
Je me suis laissée entraîner par l’histoire, j’y ai pris un réel plaisir malgré de minimes réserves, par exemple une certaine lassitude face au manque de nuances du caractère des parents. À mon avis, le côté trop caricatural retire à l’histoire plus qu’il n’apporte, ce qui n’est pas le cas des autres personnages poussés, mais non jusqu’à la caricature. Petit agacement, comme toujours, vis-à-vis les êtres parfaits : Le Frisé. Assez parfait pour dégager un côté paternel surprenant pour un jeune homme de cet âge attiré par une jeune fille de cet âge. Je me suis aussi demandé s’il n’y avait pas un excès de pudeur dans cette relation ; est-ce par peur que ce roman ne tombe dans les mains de plus jeunes ? Pour les ados, ils risquent de trouver la relation un peu couventine avec tout ce qu’ils vivent et entendent aujourd’hui !
Je le répète, ce sont de moindres maux, puisqu'ils ne m'ont pas empêché de m'abandonner à mon plaisir. C’est un roman à lire à partir d’une douzaine d’années, mais ne surtout pas se priver si on est un adulte. Premier roman pour adulte et ado chez Andrée Poulin qui a déjà écrit une quinzaine de livres pour enfants. Sur ce, je vous laisse en compagnie de sa Miss Pissenlit :
Si les pissenlits étaient rares, fragiles ou menacées, on les ferait pousser dans des serres chaudes. On créerait des associations de protection du pissenlit. Mais ils sont partout, alors on y accorde aucune valeur.
[...]
À Sainte-Cunégonde-du Cap-Perdu, je suis comme le pissenlit. Méconnue et méprisée. Incomprise et jugée. Mais je ne me laisserai pas pourchasser, piétiner, ravager ou détruire.
Miss Pissenlit, Andrée Poulin, Québec Amérique, 376 pages
8 commentaires:
Peut-être un moyen de me faire apprécier un peu ces fleurs qui pullulent dans mon jardin pour le plus grand bonheur de pitchounette qui essaye de tester la formule "Bons de la racine aux bourgeons" :)
Pitchounette a du goût ! Les enfants n'ont pas ce réflexe de répulsion devant la quantité. Ils se disent mais que voilà de jolis pompoms jaunes ! Je vais y goûter et si ça goûte bon, j'en donne à maman. Et en plus, ça ressemble à des p'tits soleils.
c'est très bon les pissenlits, les soupes d'orties
pas besoin d'être étiquetté écolo pour ça!
un paysan bas-normand et breton
@unouveaucompte
Personnellement, je les arrache, la racine avec, car je les déteste. Quelle peste !
Moi, j'adoooore les pissenlits.
J'aime me vautrer parmi leurs fleurs jaunes et veloutées.
Je mange aussi les jeunes pousses qui font d'excellentes salades.
Je lirai bientôt Miss Pissenlit.
Je trouve dommage qu'on les arrache jusqu'à la racine: quel beau pointillé dans le vert!
J'avoue mener une guerre sans répit aux pissenlits (qui sont la majeure partie de ma pelouse si je ne fais rien)... mais ce livre me tente vraiment beaucoup... je note, donc!!!
J'avoue que j'ai toujours eu un petit béguin pour cette pauvre mal aimée, pourtant si jolie. Mais maintenant qu'elles envahissent notre terrain nouvellement acquis, je crois que leur temps dans mon entourage est compté : Alain a déjà commencé la guerre et en a arraché deux sacs de poubelle pleins!!
Ce roman semble amusant, je le lirai peut-être... entre deux BD!
Avis à tous: ME VOILÀ REBRANCHÉ! Je serai donc de retour sur la Toile... entre deux boîtes à défaire, même s'il me reste encore des tonnes de trucs à installer: c'est fou ce que c'est de l'ouvrage, aménager dans une nouvelle maison!
Pierre-Greg : Contente que tu sois rebranché à la vie virtuelle mais bien triste pour tous les potentiels mets à base de pissenlit enfouis dans des sacs verts !
Eh que oui, nous ne sommes pas de petits oiseaux, et notre nid comporte sa part importante de crochet, tableau, bibelot, étagère ... Bon courage !
Publier un commentaire