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dimanche 12 septembre 2010

Les Troutman volants - Miriam Toews

Incroyable mais vrai, je vais enfin vous glisser quelques mots sur le roman avec lequel j’ai entamé mes vacances d’une semaine en Gaspésie. On associe souvent les vacances à une lecture. Au cours de notre quotidien, un souvenir de lecture se détache moins. Cette fois, j’ai fait de la route avec la famille Troutman, littéralement parlant, puisque la presque totalité du roman se déroule dans une fourgonnette !

Je vous situe. L’équilibre d’une maman bascule (elle avait des antécédents), on doit l’entrer d’urgence dans une aile psychiatrique. Son fils, Logan, 16 ans et sa fille, Thebes, 11 ans se retrouvent seuls. Leur tante Hattie, larguée par son chum, quitte Paris et se retrouve coincée devant une évidence, il n’y a qu’elle pour prendre en charge ces enfants-là. Se sentant confusément piégée, elle s’accroche à cette question « Où est leur père ? » dans l’espoir – pas pleinement avoué - qu’il reprenne et s’occupe de ses enfants. On suit le parcours de cette bizarre équipe d’enquêteurs qui, sans beaucoup d’indice, parte à la recherche du paternel éclipsé aux États-Unis. Logan, récalcitrant à l’idée de ce voyage, et plutôt intuitif, met en doute que cette quête réponde au désir de sa mère exprimé à sa tante.

J’ai d’abord été déroutée, éprouvant la vague impression d’entendre une traduction au cinéma avec cette fausseté de ton qui agace. C’est effectivement une traduction de l’anglais, puisque l’auteure est Canadienne, et comme le style est très cinématographique, mon impression pourrait s’expliquer ainsi.

Le visuel est toujours en activité, parsemé de soubresauts, comme pour s’assurer de ne jamais endormir le lecteur avec du linéaire. Très loin du roman d’ambiance ou d’intériorité, plutôt une enfilade rythmée de tirades du tac au tac. Allergique à dialogues abondants, s’abstenir ! On ne s’ennuie pas, avec cet humour faussement léger. Il y a du sourire et du rire jaunes à profusion. Certaines motivations qui m’apparaissaient bizarres au départ se précisent et ont fini par s’éclaircir au fil de la route. J’ai particulièrement aimé la divulgation naturelle de la motivation des personnages, particulièrement celle de la tante, comme un déshabillage morceau par morceau.

Thèbes est toute qu’un numéro, intelligente, extravagante et donc distrayante et c’est, à mon avis, le caractère le plus fouillé de ce roman. On apprend bien sûr, à connaître l’histoire de la maman, même si elle repose dans un hôpital. Les infos sont divulguées habilement, l’auteure faufile délicatement l’ourlet et on ne voit pas les coutures qui tiennent les parties.

Un roman distrayant, idéal pour tous ceux qui aiment une littérature qui donne dans l’image rythmée. Un moment de lecture qui éloigne de toute prise de tête torturante et, pourtant, on n’y aborde pas du superficiel, bien au contraire.

La librairie Vaugeois a tellement aimé que ça m'a incité à acheter ce roman.

12 commentaires:

Jules a dit...

C'est vrai que le visuel y est très fort! N'as-tu pas eu envie (plus d'une fois!!) de mettre Thebes sous la douche?! :)

Suzanne a dit...

Ai noté depuis un bout mais ne l'ai pas encore acheté ou réservé. J'en ai tant sirop à lire...

Venise a dit...

Jules : Je la trouvais tellement amusante ! Mais peut-être que dans la réalité, il en aurait été tout autrement. En fait, son frère et sa manie de graver ... tu sais où, m'a dérangé beaucoup plus. Je préfère les gens qui filent mal avec la parole qu'enfermés dans le silence.

Venise a dit...

Suzanne : Un jour, il va te tomber dans la main. Eh, qu'il me ferait donc plaisir de te le prêter !

PG Luneau a dit...

Ça a l'air intéressant. Je crois que j'aimerais... Le seul road book (?? est-ce comme ça qu'on appelle la version littéraire d'un road movie??) que j'ai lu jusqu'à présent, c'est Volkswagen blues, de Jacques Poulin, il y a presque vingt ans, et, dans mon souvenir, j'avais assez aimé.

anne des ocreries a dit...

ah, celui_là, j'aimerais le lire. J'aime ces romans mi-légers, mi-profonds....dis, ça rappelle un peu l'odyssée des enfants Tillerman, ça, non ?

amicalsupport a dit...

D'après votre description ça me fait penser aux romans que je lisais plus jeune peut-être. Partie aventure, partie romanesque. J'ai relu récemment quelques romans pour adolescents et je me suis dit ce qu'il y a du contenu, ce sont des livres instructifs, et on perd ça quand on est adulte, parce qu'on ne lit plus ces livres. J'ai lu des choses qui m'ont parlé de la vie, et en profondeur. J'ai relu entre autres deux ou trois romans que j'avais analysés à l'école, mais d'autres aussi, que je ne connaissais pas.

Venise a dit...

PG Luneau : On appelle ça plutôt un road novel. Voilà un roman qui, si tu avais un peu plus de temps, tu aimerais probablement. Mais qu'est-ce que tu veux un Explorateur BD doit faire des sacrifices pour sa vocation :-)

Venise a dit...

Anne : Je ne connais pas cette odyssée ... je suis ignorante hein ?

Ça serait bien si je pouvais faire aisément circuler certains romans. Je trouve la couverture irrésistible.

Venise a dit...

Amical Support : Si ça vous rappelle de bons souvenirs de lecture, c'est déjà bien. C'est un roman qui n'est pas vide de sens, loin de là, beaucoup de subtilité et donc d'espace pour le réfléchir par la suite.

Malgré cela, ce n'est pas un coup de coeur pour moi.

Karine:) a dit...

J'en avais entendu parler sans trop savoir quoi en penser. Le thème me plaît bien... peut-être!

Venise a dit...

Peut-être que la vie va le favoriser ... l'occasion fait le larron, n'est-ce pas Karine ?