Voulez-vous monter les étages de ce bloc appartement de trois étages avec Amélie Panneton ? De singuliers personnages vous y attendent. Certains dans leur 2½, d’autres dans leur 4½, mais tous en rupture de compromis. Intrinsèquement intègres par ce qu’ils portent en eux d’étrangeté que l'on pourrait aussi résumer par « être soi sans fausseté ». Si la fausseté s’affiche, ce sera aux yeux des autres personnages, mais certainement pas aux yeux du lecteur invité à voir du vrai.
Par quel prisme verrons-nous et apprendrons-nous ce qui se passe dans cet édifice, sis au cœur du quartier Saint-Rock à Québec ? Là est toute la question, prisonniers de la plume de la jeune auteure qu’est Amélie Panneton pour visiter un appartement après l’autre. Eh bien, quelle agréable surprise, et le mot « surprise » n’est pas à prendre à la légère ! Chaque chapitre équivaut à une rencontre, avec Félix, Pénélope, Anne, Philippe ou Rodrigue (pour ne nommer que ceux-là) et égare sainement le neurone. Ces explorations de vies nous amènent, je ne sais pas où exactement, mais ailleurs. Un juste dosage d’intrigue est ajouté à chaque regard, à chaque univers. Je suis sortie convaincue, plus que jamais, que la gent humaine est particulière, tout en étant normale.
Colocation oblige, l’auteure dépeint les relations entre certains, et on apprend à connaître par une interrelation obligatoire par le partage d’aires communes, la cour arrière par exemple. Les relations sont complexes, sans être tordues. L’équilibre dans le ton s’installe, servi par une plume qui virevolte et s’accorde aussi bien sous le « tu », le « nous », le « vous », le « je ». Quelle aisance dans cet exercice de style remarquablement réussi !
Ce qui m’a amenée à me demander : comment peut-on avoir autant d’assurance et de maturité quand on est en début de carrière et de vingtaine ? Le talent, le travail, un tour de magie ? Les trois, sûrement les trois.
Auteure à suivre absolument pour son unicité nous entraînant dans les chambres d'un « imprévisible » décliné avec subtilité et poésie. Histoire de vous en donner un avant-goût, cette phrase que j’ai savourée « Il neige un peu et l’espace entre les flocons semble être habité par de délicates pochettes de silence ».
Le charme discret du café filtre, Amélie Panneton, 160 pages, 2011, Collection Parking des éditions de La Bagnole
12 commentaires:
Je note au Carnet !! MErci chère Venise !! JE savoure encore le délice de cette si belle phrase !!
J'aime beaucoup le titre.
Intrigant.
Ciel Venise! Tu viens de me donner un bon truc de critique littéraire. Terminer ta critique par une belle et forte phrase de l'auteure. Ça donne très envie de lire le livre.
Je l'avais mis au bas de ma pile, mais après t'avoir lue, le livre de Mme Panneton vient de remonter au haut de la pile.
Julie : Et il y en a plusieurs de ce genre ! J'ai vraiment beaucoup aimé. C'est d'autant plus frappant que cette jeune dame, à l'écriture aussi mâture, est dans la vingtaine (26 ans !). J'ai vérifié par la suite et des critiques établies, Danielle Laurin par exemple, ont été agréablement surpris et en font eux aussi l'éloge :
http://www.ledevoir.com/culture/livres/323747/amelie-panneton-une-auteure-qui-promet-et-qu-on-se-promet-de-suivre
Soyez intriguée Ginette ! D'autant plus qu'il se lit très bien en buvant un café, et pourquoi pas, un thé ! Je sais que vous êtes aux deux.
Andrée P. Ça tombe drôlement bien que tu l'aies entre les mains. Parle-moi de ça ! Ai-je besoin de dire que j'ai hâte d'avoir ton opinion ? Non, pas besoin de le dire.
J'ai hâte de lire. Définitivement sur ma liste «à lire cet été»! Le Devoir parle d'une fin décevante, par contre. Votre avis?
Maxime : Non, je n'ai pas été déçue par la fin. En fait, je n'y ai pas vu de fin. Pour moi, et il s'annonce d'ailleurs comme tel, c'est un recueil de nouvelles avec des liens entre elles dans un lieu commun, un bloc appartement. Ne l'abordant pas comme un roman, je ne m'attendais pas à une fin.
Ce qui ne semblerait pas être le cas de la journaliste du Devoir, Danielle Laurin, qui sera présente aux Correspondances d'Eastman d'ailleurs.
Maxime : Comme tu vas le constater, j'ai été lire quelques unes de tes critiques sur ton blogue. J'ai essayé de te rejoindre pour t'envoyer un message en privé, et il fallait un mot de passe et il me le refusait, alors j'y vais avec ma question à partir d'ici. J'ai remarqué que c'était ton anniversaire dernièrement, alors "Bonne fête Maxime !". Et est-ce que ta fête était le 16 juin ?
Bonjour!
En fait, ma date de fête était le 15 juin! 19 ans... Merci beaucoup pour la pensée! Et j'ai été plus que ravis de lire vos commentaires sur mon blogue! J'aime beaucoup discuter de littérature (je m'en vais l'étudier à l'université après une passionnante participation au Prix littéraire des Collégiens). J'ai découvert la littérature québécoise, tellement riche, par laquelle, j'espère, notre langue et notre culture va perdurer. Donc, un merci infini pour votre attention et j'espère que nous continuerons de nous échanger quelques commentaires littéraires - ou non - sur nos espaces d'écriture respectifs!
Au plaisir!!
Maxime
P.S. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne pour les messages en privé sur le site qui héberge mon blogue... Désolé!
C'est sûr, Maxime, nous pouvons continuer à nous fréquenter, entre amateurs de littérature. Je pense même à rajouter votre blogue à ma liste, ça devient un portique pour que je pense à entrer dans votre antre.
Ah ! voilà qui me dresse à l'affût, et j'y mettrais bien le nez.....
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