Deux mois après voir refermé la couverture de “Elle et nous”, que m’en reste-t-il ?
Avant tout, j’adore l’apparence du livre et l’illustration de sa couverture (œuvre signée Marike Paradis), d’une beauté fascinante. Je considère important de communiquer cette appréciation à l’ère du numérique. J'apprécie tellement l’objet « livre » que j’ai attendu de le trouver dans une de mes boîtes de déménagement avant de le commenter. J’avais besoin de le toucher, de le feuilleter, de le sentir. Et j’adore le titre, d'une justesse simple, c’est le son que je trouve génial. Quand j’entends « et nous », j’entends Innui, quand c’est de cette culture dont il est question. La grand-mère de Michel Jean, Jeannette Gagnon est d'origine Innuie. Ce prénom et nom adoptés en même temps qu’une vie hors des mœurs et habitudes apprises dans son enfance.
J’ai terminé l’histoire depuis deux mois et mon souvenir le plus vif va pour l’histoire de Shashuan Pileshish, signifiant Hirondelle, plus que celle de Jeannette, les deux étant pourtant la même personne ! Shashuan Pileshish est le prénom de l’enfant de la chasse et de la trappe, l’enfant nomade qui changeait de lieu en même temps que changeait la saison, l’enfant aux mœurs passionnantes.
Au cours de ma lecture, j’ai régulièrement pensé à Agaguk d'Yves Thériault, roman que j’ai tellement aimé. Je ne partais pas d zéro dans l’apprivoisement de cette vie palpitante, parce que dépourvue de toutes assurances. Dans cette vie, au meilleur des cas, on voit venir sa nourriture et son toit, une saison à la fois, au pire, un jour à la fois. Le demain est une promesse d’aventures, ce qui est tellement différent de notre vie actuelle où Bell Canada prétend que tu vis dangereusement si tes fils extérieurs ne sont pas couverts par une assurance !
Michel Jean a opté pour que Jeannette parle directement, comme si elle écrivait un journal sous nos yeux. Elle a 100 ans quand elle l’écrit, elle relate sa jeunesse. J’ai rapidement oublié que ce n’était pas la grand-mère qui écrivait. Quelle grandeur d’âme et d’amour il a fallu à son petit-fils Michel Jean pour s'infiltrer dans la peau de son ancêtre, arrivant à nous la rendre vraie ! On entre dans le cœur de cette enfant, vite transformée en jeune fille, et on s’y attache ferme. Faut dire qu’elle ne vit pas une vie ordinaire, tout y est passionnant, mais toujours l’être humain prend le dessus sur les moeurs et coutumes. Sachant l’auteur journaliste, on aurait pu y trouver des odeurs de reportage, mais que nenni ! C’est romanesque de la plus belle façon ; tellement vraie qu'elle ne peut être inventée et tellement bien inventée, qu'elle ne peut être vraie. On jurerait qu’il a épié la vie de son ancêtre entre les branches des années 1900 !
Je manquerais à ma mission de passerelle de ne pas faire mention que les chapitres se divisent en « ELLE » (Shashuan Pileshish, dite Jeannette) et en LUI (Michel Jean). Les « LUI » m’ont intéressée mais cependant moins marquée. Ils m'ont servi de points de repère pour les ELLE, une mèche allumée pour illuminer le passé. Et puis, évidemment, Michel Jean étant un personnage public, plusieurs s’abreuveront à la source biographique des LUI.
Est-ce que l’on choisit l’être qui nous appelle, en passant par nos sens, jusqu’à croiser nos sangs et faire naître des enfants ? Le roman aborde l'élan qui dépasse la raison, ce raison compris dans « raisonnable ». Dans ce roman, si vous l’ouvrez, votre cœur entendra une double histoire d’amour ; d'une femme à un homme et d'un petit-fils à sa grand-mère.
15 commentaires:
Je le mets sur ma liste !!!!
J'ai moi aussi beaucoup aimé l'atmosphère du roman... et quel bel objet!
Quel beau commentaire sur une histoire qui le mérite amplement. Un bijou que ce roman.
Anne : J'ai pensé à toi très souvent en le lisant. Ce roman est pour toi, assurément.
Lucie : Si tous les livres étaient aussi beaux ...
Suzanne : Comment s'en départir, et dans le physique et dans l'esprit ?
Merci à toutes les trois pour vos présences, c'est précieux quand on re-casse la glace ! (je n'ai jamais autant cassé de glace en saison chaude).
Très beau billet, Venise, bravo! Tu me donnes presque le goût de le lire, ce bouquin, ce qui est déjà un exploit en soi, avoue!!
Est-ce que l’on choisit l’être qui nous appelle, en passant par nos sens, jusqu’à croiser nos sangs et faire naître des enfants ? Élan qui dépasse la raison, ce mot compris dans « raisonnable »
A elle seule cette phrase me donne envie de lire le livre que tu cites, Venise, c'est magnifique!
Recension inspirante... et je me dis... en voilà un que je ne devrais pas rater.
Bon billet, intéressant. Bien que ce ne soit pas mon type de livre, tu en parles avec sincérité, ce qui rend ta chronique charmante d'Authenticité.
Bonjour Venise
Cela fait quelques temps que je lis ton nom sur des blogs, cette fois je me suis décidé à te rendre une petite visite. Bien m'en a pris (ou mal) parce que je note ce livre-là qui me tente pour plusieurs raisons.
À bientôt
Le Papou
Le Papou : Vous le savez combien peut faire plaisir une visite impromptue quand, justement, on attend de la visite 24 heures sur 24. Pourquoi ? Parce que ...
Un livre vit grâce à la recommandation passionnée qu’en fait un lecteur à un autre.
Henry Miller
;-) J'espère que vous vous laisserez tenter plus qu'une fois.
Si vous pouviez apporter à notre attention votre commentaire de lecture de Elle et nous sur Le Hibou et le Papou, je serai une lectrice comblée. Merci à l'avance.
Ah, mais oui, tu as bien raison! Je n’avais pas fait le rapprochement entre Elle et Nous et les INNUS (sans i). J’ai aussi trouvé les chapitres ELLE nettement plus captivants, même si la présence du LUI demeure nécessaire pour témoigner du traitement que l’on « réserve » à ces peuples nomades et fiers aujourd’hui.
Une merveille ce roman :-) j'en suis ressortie bouleversée
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