Au retour de vacances en Gaspésie, quoi de mieux que de parler d’un roman que j’ai aimé !
La démonstration est une fois de plus faite que Mylène Gilbert Dumas sait m’intéresser à un personnage principal (réf. : L’escapade sans retour de Sophie Parent). Elle focalise son personnage, de tous les côtés et sous tous les angles, son regard d’écrivaine converge vers lui. Elle tient son objectif braqué sur son sujet et n’en dévie pas. Je crois que c’est là une grande force pour une romancière.
Pourquoi suis-je entré dans cette histoire sans vouloir en ressortir, pourquoi ai-je fait corps avec les émotions, les gestes et pensées de la Yukonnaise ?
Il faut le dire, le canevas entre les deux personnages est assez semblable, la Yukonnaise semblable à Sophie Parent dépassera la définition qu’elle se fait d’elle-même. Deux portraits de femmes aux contours flous qui, en vivant l’adversité, développent une force de caractère insoupçonnée qui vient préciser leurs traits.
Toutefois, la Yukonnaise m’a plus captivée encore parce que campée dans un milieu inconnu de moi, le Yukon. Ce personnage qui arrive en talons hauts et ongles vernis est une occasion en or pour le lecteur de découvrir un pays où la vie se décline sous le mode rudimentaire. Qu’est-ce qui retiendra cette jeune femme modelée depuis son enfance à la vie citadine où le confort va de soi comme l’air respiré ? L’amour pour un homme, vous vous direz peut-être. Je ne dirai pas non, même si l’histoire ne se résume pas à cette simple affirmation. Les thèmes variés se déclinent au pluriel : les élans de survie, le dépassement de ses limites physiques et psychologiques, le face à face avec le deuil, l’amour de soi versus l’amour de l’autre, la maternité, la débrouillardise, l’amitié entre homme et femme prennent des airs d’absolu dans cette extrême froidure et cette absence de luminosité.
Un pays idéal pour explorer la temporalité de la vie ; la durée en opposition avec la fugacité. Les visiteurs de cette contrée soutirent le meilleur puis s’enfuient quand arrive le pire. On fait connaissance avec les touristes, les résidents, les semi-résidents .... et les endurants. Ce sol, qui s’éclaire si brièvement à chaque jour, prête à la comparaison que la vie est passagère autant que la lumière, qu’elle se présente par cycles, la mort suivant inévitablement la vie. J’ai senti les protagonistes proches de ces réalités.
En plus de l’histoire étoffée d’une femme au cœur à apprivoiser, Yukonnaise est une captivante approche des mœurs et coutumes d’une contrée qui apparaît mystérieuse pour qui n’y a jamais mis les pieds. Et c’est sans l’ombre d’un doute que l’auteure, elle, y a mis les pieds, sa prose instructive et le regard pétillant qu’elle y jette sont là pour le confirmer.
7 commentaires:
alléchant ! un livre pour moi, ça...
Moi aussi, j'ai adoré et ça m'a donné le goût d visiter le Yukon!
Hon bonté; je n'ai pas encore lu son premier roman et celui-ci m'intéresse autant!!
"Un pays idéal pour explorer la temporalité de la vie ; la durée en opposition avec la fugacité. " Bon sang! Tu es poète chère Venise, J'adore aussi ton deuxième paragraphe qui donne le goût de lire ce bouquin à la couverture splendide qui n'est pas sans rappeler le bédéiste Bruno. Bref bon billet!
Une belle occasion de se promener au Yukon dirait-on, je note !
Je me suis vraiment senti beaucoup d’affinités avec cette Yukonnaise. Comme le dit l’auteure, «il y a juste les femmes les plus jeunes qui accepteraient, par amour pour un homme, de mener le genre de vie qu’on mène ici. Quand on vieillit, on veut le faire pour soi, parce que ça permet de se dépasser, de savoir qui on est vraiment et ce qu’on vaut.» Heureusement qu’il n’y a pas qu’au Yukon qu’on peut être adepte de simplicité volontaire et se contenter d’une cabane dans un petit coin de paradis perdu, un lit, un poêle à bois, assez à manger, le silence, la compagnie des chiens… voire même d’un homme. ;-)
Ah, Danielle, chère Yukonnaise de mon coeur !
Publier un commentaire