L’auteur s’est lancé dans une entreprise audacieuse, déposer le « vrai » personnage d’Isaac Newton au cœur d’un complot contre le roi Charles II d’Angleterre. Défi de taille, surtout parce que la personnalité légendaire de cet homme, dite peu sociale, ne le laisse pas présager. Avec la complicité de deux amis et des événements, on amène un quasi ermite à sortir de son antre pour jouer un rôle actif sur la scène agitée de cette fin du XVIIe siècle.
Le grand homme a peu d’amis mais ceux-ci veillent sur son génie. Un premier l’introduira à une société secrète ; son adaptation se fera tant bien que mal. Il faut dire que l’homme nourrit des hypothèses audacieuses et la jalousie n’est pas une invention de notre siècle. Il s’y fera un jeune ami, Edmond Halley avec lequel il fera plus que sympathiser ; ils en viendront à travailler de concert à une invention à grand fracas.
L’histoire dans l’Histoire est prenante parce que Farnsworth l’a poussée jusqu’au bout. Il connait et respecte le caractère de celui qui a découvert la loi de la gravité et le fait voyager sur des « si ». Et si Newton avait été placé dans telle situation, et si Newton s’était fait prendre, et si Newton avait été amené à … J’ai trouvé l’astuce intéressante et crédible. Jusqu’où une personne confrontée peut-elle poussé ses limites ? De plus, la proposition faite dans ce roman pourrait être arrivée pour vrai, et la petite histoire avoir été occultée par la grande.
Parlons du style maintenant ; j’ai dû m’y habituer. Je ne m’attendais pas, pour un roman qualifié de thriller, à un style aussi pointilleux. Ce qui fait que, particulièrement au début, l’action avance à pas de tortue. Cela lui confère néanmoins une réelle crédibilité ; nous sommes loin d’un processus bâclé. J’ai fini par ajuster mon rythme de lecture à celui de l’auteur, l’intérêt du propos m’y incitant. L’ambiance, les mœurs de cette époque, l’alchimie, la fréquentation d’autres scientifiques, les sectes secrètes, la vie de laboratoire, les sujets sont riches et bien nourris. Et, quand on y pense, un style pointilleux quand on aborde un sujet pointu comme la science, c’est loin d’être inapproprié !
Complot il y a, sans l’ombre d’un doute, et ce complot est aussi original qu’intrigant à moins qu’il soit intrigant parce qu’original.
10 commentaires:
Moui....là, je ne sais pas.....je ne suis pas très trèèèès....tentée, je dirais. Je suis assez perplexe, pour tout dire.
En fait, je n'aime guère ce "mélange des genres", sortant une figure historique de son contexte pour lui faire vivre une imagination d'auteur. Pour moi, un personnage, c'est ragoût ou rôti, mais pas les deux à la fois.
Un livre intelligent, mené de main de maître dans une ambiance de cape et d’épée, entremêlant humour et théorèmes avec maestria.
On aurait pu craindre la lourdeur de tels sujets si ce n’était le recours aux dialogues fort bien maîtrisé, que l’auteur manie avec une élégante désinvolture. Chapeau bien bas, Monsieur Farnsworth!
Anne : Heureusement, tu te connais très bien comme lectrice. D'après ce que tu en dis, pas sûre du tout que ce roman est pour toi (enfin un ;-) !
L'ai feuilleté à la bibliothèque et hum, j'hésite , j'hésite. Je verrai.
Psssst un très beau Noël à toi et tous tes proches gentille dame. Santé bonheur et plein de lectures;-)
Danielle : Voilà ! Je suis contente que tu précises pour la qualité des dialogues. J'en ai été impressionnée puisque c'est rare. Je pourrais quasiment dire que lorsque les dialogues sont abondants, ils sont rarement riches, tout en gardant leur fluidité et naturel.
Suzanne ! Tu m'écrivais pendant que j'écrivais ! C'est chouette.
Joyeuses lectures, des p'tits bonheurs à profusion et te sentir bien dans ta peau, chère Suzanne !
Joyeuses Fêtes et au plaisir de connaître ton best of 2012
Je suis vraiment étonné que tu aies apprécié une telle fiction historique!! Tu élargis grandement ton champ d'expertise, Venise, bravo!!
Comme toi, j'ai dû m'ajuster. On n'est pas dans le Dan Brown avec plein de morts partout. C'est une lecture que j'apprécie car elle n'est pas trop lente non plus.
Étonnamment, je remarquais que l'entourage de Newton était uniquement masculin et à quel point cela pouvait me sembler un peu plus difficile. Mais Newton aussi s'en fait la remarque un moment donné dans le livre, alors je me suis dit que cet auteur avait vraiment pensé à tout!
Nomadesse : Est-ce que c'est mon recensement qui t'en as donné le goût ? Si oui, tu m'en vois ravie. Tu as aimé mais pas adoré, si je comprends bien.
Merci d'avoir laissé des traces, c'est très apprécié. Parfois les auteurs viennent faire leur tour, le milieu est petit au Québec.
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