Tout a commencé par une entrevue à Québec pour l’émission radiophonique La vie en BD. Marsi arrive sur les lieux à temps et étonnamment relaxe pour une entrevue à 18 h 00. Installé derrière une vitre, Raymond Poirier interviewe tout en gérant la console. Marsi prend place et sous invitation, enfile un casque d’écoute. Tout au long de l’entrevue de 10 minutes, mon conjoint se demande si c’est normal qu’il n’entende pas les questions dans les écouteurs. Heureusement, il arrive à lire passablement bien sur les lèvres de l’animateur. Par contre, cela a un effet sur ses nerfs ! Une fois que l’on raconte l’anecdote à quelques personnes qui connaissent cette station, il y a confirmation ; un des deux écouteurs ne fonctionnent pas ! Mais mon Marsi est un personnage et a passé par-dessus ce contretemps comme s’il était dans une case de bande dessinée (sourire).
En soirée, nous irons manger au Billig, une crêperie Bistro sur St-Jean qui est un petit paradis de la dégustation. Nous avons levé notre verre de cidre aux canneberges à nos 19 ans de vie commune.
Le lendemain, lever tôt pour des couche-tard afin d’arriver un peu à l’avance au Grains de soleil café. L’endroit est idéal pour une causerie. Des fauteuils (pas des chaises là !) parsemés en demi- cercle dans une pièce privée des plus joyeuses. Une odeur de café chatouille les narines et bientôt les papilles, en écoutant un MARSI heureux, détendu, éloquent. Je me prends plus comme une actrice qu’une spectatrice et rajoute mes gros grains de sel.
Une fois le micro fermé, car oui il en avait un, nous sommes déménagés à la librairie Vaugeois où une table attendait l’homme à la dédicace très détaillée, représentant généralement un vélo, un personnage, parfois un décor. Rien de moins. Et différente d’une personne à l’autre, un détail saisi se transformant parfois en anecdote rigolote.
Pas loin de quatre heures de dédicaces plus tard (je vous l’avais dit qu’il avait la dédicace généreuse), l’heure de la récompense a sonné : Marsi se choisissait un livre pendant que j’en avais choisi deux (qu’est-ce que vous pensez que je fais moi dans une librairie à part de contempler les va-et-vient des clients !), surtout qu’un concours court présentement chez Les Vaugeois pour leur quarantième année d’existence. Cette constance et cette endurance d’une librairie de quartier se soulignent à gros traits n’est-ce pas ! Profitez de ce concours, comme nous l’avons fait, un coupon de participation par livre. Ensuite, imaginez ce que vous feriez avec un budget de 400 $ de bouquins !
De retour dans notre havre de bonheur à Magog, la soirée s’est avalée le temps de le dire et nous étions déjà le lendemain, à l’heure de la dédicace chez Planète BD. Cette librairie est gérée par des passionnés, le premier en lice, François Mayeux, le sympa proprio qui est venu nous voir en sa journée de congé. Une grande table et des chaises nous attendaient, ainsi qu’un autre Simard, du prénom Rémy. J’ai hâte de lire son « Mes Dinky » pour en avoir tellement entendu parler entre les deux hommes (le proprio et RS, pas Marsi, penché sur une dédicace).
Englober autant de bandes dessinées d’un coup sec me donne un peu le tournis, je ne sais vraiment pas où regarder, pas loin d’être intimidé par l’ampleur du lieu où la vie se dessine en albums multicolores. Parfois, en ces endroits spécialisés, on sent un genre de « t’es pas dans le club, tu connais pas ça», on te regarde du haut d'une branche pointue. Chez Planète BD, nenni, il n’en est pas question, les connaisseurs veulent une seule chose, avoir sous les yeux des personnes pour partager leur plaisir.
Alors, je vous la conseille très vivement cette librairie et, d’ailleurs, nous, on s’est sérieusement demandé pourquoi nous n’y allions pas plus souvent car, habiter Magog n’est pas une raison suffisante pour s’en priver.
* * *
Je reprends la programmation régulière du Passe-Mot avec ces recensements de romans québécois dès demain. Je veux donner un sprint final de mes 6 romans déjà lus et non commentés. J’adore me casser la tête avec mon palmarès de fin d’année !
mardi 16 décembre 2014
mardi 9 décembre 2014
Le silence du banlieusard de Hugo Léger
C’est un grand jour pour moi lorsque j’ai un coup de cœur, par contre, il y a un inconvénient à ce plaisir du « pendant », le « après » est dur. Le prochain livre est compliqué à choisir, je dois m’en aller vers du complètement différent, encore en état de choc.
Le silence du banlieusard est mon coup de cœur 2014 et avec le peu de jours qu’il reste à écouler, il devrait rester en tête. C’est la première fois que je ferme une couverture en me disant, que l’on aime ou non le sujet, nous sommes en présence d’un petit chef d’œuvre. Aucun chatouillement de doute.
Au premier abord, tout semble anodin ; titre, premiers chapitres, style. Nous sommes en présence d’un père, d’une mère et d’une ado habitant un plain-pied (bungalow) dans une banlieue quelconque. On apprendra à connaître le personnage central, le père, par l’absence. Il est ce genre d’homme en apparence tellement effacé, tellement commun qu’il pourrait ne pas exister que la vie ne s’en porterait pas plus mal.
Hyper méticuleux, son énergie se canalise dans le matériel, c’est par celui-ci qu’il prend forme dans l’existence. Sa maison est une carte postale, il passe ses week-end à l’entretenir, sa messe est de déambuler entre les rangées du quincailler qui devient son ami à force de le côtoyer. Un exemple d’événement crucial dans leur vie serait l’achat d’un SPA hyper sophistiqué. Leur vie est meublée de ces décisions qui nous incombent pour réussir une routine de plus en plus confortable. Pourquoi sortir ou voyager, prendre des risques quand son chez soi offre tout, est le leitmotiv de Luc qui, une fois sa femme choisie, a casé une fois pour toutes la relation. Une vie sous verre, sous contrôle, où même les émotions sont mesurées et rangées à leur place. Le temps est réglé au quart de tour, la perte de trois minutes dans son horaire le bouleverse plus que les émotions de son adolescente.
Vous voyez un peu le portrait ? C’est ce côté lisse des apparences qui va aller en s'effritant peu à peu, pas à pas, et qui m’a fait penser à un effeuillement (strip-tease) en règle. Luc va finir par se dénuder pour nous présenter son corps, son cœur et son âme à nus.
Du jour au lendemain, lui, aussi prévisible qu’un métronome, disparait. C’est par l’absence que la présence de cet homme va devenir intense, que nous découvrirons l’envers du décor d'une bourgeoisie parfaite en tout point.
L'attitude « banlieusard » est un état d’esprit, que l'on peut retrouver en plein centre-ville, ce que Hugo Léger a su démontrer d’une manière exemplaire. Le portrait de cette famille m’a permis de saisir ce que les gens puisent dans la matérialité où leur sens de la vie rime avec la possession du matériel. L’être se confond avec l’avoir.
Voici qui était pour le banlieusard mais il y a également le silence qu’on entend entre chaque ligne et chapitre de cette histoire. Le silence se remplit peu à peu. Les chapitres défilent et révèlent la réalité avec une progression maîtrisée. Autant le portrait du banlieusard est précis et rangé, autant la structure du roman l’est. Le style se décline sans jamais un mot de trop ce qui m’apparait renforcer le portrait familial bien rangé. L’effeuillement se fait pièce par pièce, chapitre après chapitre jusqu'à ce que l'on découvre, qu'au cœur des apparences, nichent des émotions et donc, des frustrations. Plus on tait une frustration, plus elle prend d'ampleur.
On constate également les répercussions graves de ce genre de silence qui rime de près avec indifférence, laquelle peut apparaitre cruelle aux yeux d'un enfant en bas âge. La relation parentale se dévoile être plus importante qu’on n’ose le croire et le voir. Cette démonstration sera poussée loin par l'auteur.
Ces êtres silencieux, on finit un jour ou l'autre par les entendre crier.
En tout cas, c'est à souhaiter.
Et pour bonifier le tout, l'intrigue s’apparente au suspense des polars ; où est volatilisé Luc, cet être qu’on pouvait prévoir à une parole et à un geste près ? Où a disparu ce robot de père/mari ? Le suspense nous tient captifs jusqu’à la fin.
Le silence du banlieusard est mon coup de cœur 2014 et avec le peu de jours qu’il reste à écouler, il devrait rester en tête. C’est la première fois que je ferme une couverture en me disant, que l’on aime ou non le sujet, nous sommes en présence d’un petit chef d’œuvre. Aucun chatouillement de doute.
Au premier abord, tout semble anodin ; titre, premiers chapitres, style. Nous sommes en présence d’un père, d’une mère et d’une ado habitant un plain-pied (bungalow) dans une banlieue quelconque. On apprendra à connaître le personnage central, le père, par l’absence. Il est ce genre d’homme en apparence tellement effacé, tellement commun qu’il pourrait ne pas exister que la vie ne s’en porterait pas plus mal.
Hyper méticuleux, son énergie se canalise dans le matériel, c’est par celui-ci qu’il prend forme dans l’existence. Sa maison est une carte postale, il passe ses week-end à l’entretenir, sa messe est de déambuler entre les rangées du quincailler qui devient son ami à force de le côtoyer. Un exemple d’événement crucial dans leur vie serait l’achat d’un SPA hyper sophistiqué. Leur vie est meublée de ces décisions qui nous incombent pour réussir une routine de plus en plus confortable. Pourquoi sortir ou voyager, prendre des risques quand son chez soi offre tout, est le leitmotiv de Luc qui, une fois sa femme choisie, a casé une fois pour toutes la relation. Une vie sous verre, sous contrôle, où même les émotions sont mesurées et rangées à leur place. Le temps est réglé au quart de tour, la perte de trois minutes dans son horaire le bouleverse plus que les émotions de son adolescente.
Vous voyez un peu le portrait ? C’est ce côté lisse des apparences qui va aller en s'effritant peu à peu, pas à pas, et qui m’a fait penser à un effeuillement (strip-tease) en règle. Luc va finir par se dénuder pour nous présenter son corps, son cœur et son âme à nus.
Du jour au lendemain, lui, aussi prévisible qu’un métronome, disparait. C’est par l’absence que la présence de cet homme va devenir intense, que nous découvrirons l’envers du décor d'une bourgeoisie parfaite en tout point.
L'attitude « banlieusard » est un état d’esprit, que l'on peut retrouver en plein centre-ville, ce que Hugo Léger a su démontrer d’une manière exemplaire. Le portrait de cette famille m’a permis de saisir ce que les gens puisent dans la matérialité où leur sens de la vie rime avec la possession du matériel. L’être se confond avec l’avoir.
Voici qui était pour le banlieusard mais il y a également le silence qu’on entend entre chaque ligne et chapitre de cette histoire. Le silence se remplit peu à peu. Les chapitres défilent et révèlent la réalité avec une progression maîtrisée. Autant le portrait du banlieusard est précis et rangé, autant la structure du roman l’est. Le style se décline sans jamais un mot de trop ce qui m’apparait renforcer le portrait familial bien rangé. L’effeuillement se fait pièce par pièce, chapitre après chapitre jusqu'à ce que l'on découvre, qu'au cœur des apparences, nichent des émotions et donc, des frustrations. Plus on tait une frustration, plus elle prend d'ampleur.
On constate également les répercussions graves de ce genre de silence qui rime de près avec indifférence, laquelle peut apparaitre cruelle aux yeux d'un enfant en bas âge. La relation parentale se dévoile être plus importante qu’on n’ose le croire et le voir. Cette démonstration sera poussée loin par l'auteur.
Ces êtres silencieux, on finit un jour ou l'autre par les entendre crier.
En tout cas, c'est à souhaiter.
Et pour bonifier le tout, l'intrigue s’apparente au suspense des polars ; où est volatilisé Luc, cet être qu’on pouvait prévoir à une parole et à un geste près ? Où a disparu ce robot de père/mari ? Le suspense nous tient captifs jusqu’à la fin.
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