Je le dis en partant, ce billet ne mérite pas de s’appeler “critique”. C’est vraiment un commentaire et, même un commentaire incomplet.
L’auteur, je peux l’avancer sans crainte de représailles, puisqu’il est notre fantôme national, ne m’en voudrait pas. Vous le savez, puisqu’il le clame aussitôt qu’on lui en donne l’occasion ; il n’a pas besoin que l’on parle de lui. De ses écrits ? Beaucoup plus, j’imagine, car il doit aimer vivre de sa plume. Même s’il est maintenant à l’âge de la retraite, ça reste le chouchou littéraire du Québec.
À chaque fois que je le lis, je me cale dans un moment de détente et de tendresse… disons, fruitée. De la tendresse fruitée, c’est ça. Cette fois, l’intrigue est mince, plus mince encore, tellement qu’il m’en reste que des images et quelques sensations. On dirait que cet auteur s’amuse au jeu des situations inquiétantes. "S’amuse" est le mot à retenir dans cette phrase. La menace dans ce roman est un personnage qui ressemble à Mad Dog Vachon, un boxeur maintenant décédé. Son spectre ne ferait même pas mal rêver un enfant hyper sensible à toute matière cauchemardesque. C’est de la prose inoffensive et, j’imagine, qu'elle fait du bien de temps en temps. Un genre de tonique à l’eau de rose.
Cependant, comparés à ceux de la littérature à l’eau de rose, les thèmes ne sont pas vides : la lecture, l’écriture, les bibliothèques, les librairies, la langue. Cette fois, on rajoute un thème populaire au Québec ; le hockey.
Le personnage écrivain, Jack Waterman de son grand nom, n’a pas le temps, ou n’est pas inspiré, je vous laisse choisir, d’écrire la bio d’un joueur d’hockey célèbre. Il refile le travail d'écriture au noir (ou fantôme) à son petit frère, Francis qui devra se mettre dans la peau du hockeyeur. Le hockeyeur en question est un métis dont les ancêtres ont été décimés par la milice anglaise en Saskatchewan. Il a des idées sur la place que la langue française devrait occuper dans ce club. L’auteur a saisi ce prétexte pour parler de la sauvegarde de la langue française dans le milieu du sport.
Le lecteur assiste de près à la rédaction de cette bio, par-dessus l’épaule du petit frère qui, bien entendu, panique de temps en temps, va chez son frère et lui demande conseil. Celui-ci, comme une éminence grise, préfère ne pas être déranger, il a d’autres chats à fouetter.
Francis est subjugué par une jolie demoiselle surnommée sauterelle pour ses longues jambes. Elle conduit et réside dans une Westfalia. Elle y habite avec son chat. Voilà où est le chat, car il en faut toujours un. D’où vient-elle ? Que fait-elle ? Eh bien, vous allez être déçus, je ne m’en souviens plus. Une vague amie, j’imagine, puisque cela reste vague dans ma tête. Si Jacques Poulin n’était pas une sommité avec sa cour de lecteurs, j’aurais été relire certains chapitres pour me remémorer de quoi il en retourne mais, cette fois, et j’espère que vous me le pardonnerez, j’ai opté pour laisser parler mon amnésie. Celle-ci s’exprime : c’est l’ambiance qui prime, non pas les faits. La jeune femme est une marginale, on peut l’appeler une « granola », une bohème, une nomade qui entrainera Francis dans une escapade mémorable.
Mais n’oublions pas l’homme menaçant, celui qui ressemble à Mad Dog Vachon. Il guette et se profile parfois dans les parcs. Il semble surveiller le petit frère. Il aurait un rapport avec la biographie, il représente un genre de comité qui prend au sérieux le fait que l’on dévoile ou critique le Grand Club de hockey. Mais, je n’y ai pas cru. Pas du tout. Cet espionnage m’a semblé facile, comme dans un conte où l’imagination se débride.
J’imagine que maintenant, avec le cœur de plus en plus bon enfant de l’auteur, c’est l'attitude qu’il est bon d'adopter ; lire comme si c’était un conte. Est-ce que les contes ont besoin d’être plausibles ? Non. Est-ce que l’on s’empêche d’en lire et d’en aimer parce qu’ils ne sont pas plausibles ? Non.
Tout ce que j’avais à en dire est dit. Ceux qui ont lu ce titre, ne vous gênez surtout pas de rajouter votre grain de sel, sinon même la salière entière.
N.B. : Dieu m’en garde, ce n’était pas un service de presse !
13 commentaires:
Bin, écoute, t'as réussi à m'allécher, là. T'as mis ma curiosité en mode " hein ? de kessé ? fais voir ce machin ?" - pis en plus, j'aime bien le titre.
Pis j'aime bien qu'on me raconte une histoire, sans prétendre qu'elle est réelle. Une histoire, quoi.
Jack Waterman, comme nom d'écrivain, peut être un clin d'oeil de Jacques Poulin.
Souvenons-nous de la plume Waterman.
Ce que j'ai retenu de ce roman, c'est la thématique de la place des francophones dans le merveilleux monde du hockey professionnel chez les Canadiens de Montréal. Bref, Poulin s'interroge sur la place du français chez nous.
J'ai lu et force est d'admettre aussi que cette lecture m'a déçue quelque peu. Mais comme j'aime Poulin, ce petit écart est déjà pardonné et j'attends de lire ''Un jukebox dans la tête''.
Euh j'ai une petite interrogation.
Je ne saisis pas très bien ton nota bene. Tu m'expliques?
Anne : Quant à lire du Poulin, ce n'est pas par celle-ci qu'il faut commencer. Mais s'il tombe dans la main par le plus pur des hasards, pourquoi pas. C'est une plaquette, une petite bouchée.
Ginette : Je n'avais même pas fait le lien entre les plumes Waterman ! Merci de ton regard extérieur.
Paul-André : Je veux bien. Mais ce n'est pas une raison pour que le message dépasse l'histoire. Je préfère l'inverse.
Suzanne : Je t'explique. Environ 75% de mes lectures sont des services de presse, heureusement ce titre m'a été donné en cadeau de fête.
Si cela avait été un service de presse, j'aurais dû combler certaines lacunes de mon commentaire, par exemple, j'aurais relu assez de matière pour me souvenir du lien de la "sauterelle" avec les deux hommes. Quand c'est un service de presse, je ne laisse pas béants mes trous de mémoire !
Est-ce que tu trouves, Suzanne, que je devrais le mentionner quand c'est un service de presse ou non. Il y en a qui le font, qu'est-ce que en penses, je m'interroge là-dessus depuis un bon moment.
Bonjour Venise
Merci de l'explication.
Je te cite: ''
Est-ce que tu trouves, Suzanne, que je devrais le mentionner quand c'est un service de presse ou non. Il y en a qui le font, qu'est-ce que en penses, je m'interroge là-dessus depuis un bon moment.''
Euh personnellement je te dirais non car je les trouve très intéressants et fort complets. Puis que tes livres proviennent de services de presse ou non, j'avoue que ça ne me préoccupe guère car tes propos et commentaires suite à tes lectures sont toujours très intéressants et c'est un plaisir de te lire.
Puis, si certains détails me chicotent, je t'interroge. ;-)
Belle journée
Bonjour Venise,
J'ai lu tous les Poulin (sauf le plus récent) et je peux dire que celui que vous avez commenté n'est pas son meilleur et j'ajouterais même qu'il est bien en deçà de ce que cet auteur a pu donner. Malheureusement, Poulin ne produit plus grand-chose de bon depuis quelques années, il ne fait que reproduire les mêmes canevas d'histoires dans les mêmes formes. Mais sa notoriété le sauve. Si vous voulez lire du grand Poulin, il faudra se rabattre sur Les grandes marées, Volkswagen Blues, La tournée d'automne et faire un petit détour par Le vieux chagrin.
Merci de ta réponse, Suzanne !
Ah, Réjean, je trouve qu'il a une très grande qualité cet auteur : vous faire sortir le bout du nez (clin d'oeil)
Je possède quelques uns de ses grands titres, dont Volkswagen Blues et la Tournée d'automne. Cela fait longtemps que je veux les lire. Ce sera peut-être après ma carrière de blogueuse car présentement, je suis ensevelie de nouveautés.
De mon angle, les auteurs n'ont pas de passé ! Je sais, c'est un peu fou. Je me réconcilie avec l'idée en me disant que c'est temporaire.
Mais les nouveautés, ça peut aussi devenir une drogue dure. Car lorsque tu entres dans une libraire, ce sont elles qui te font un clin d'oeil.
Vous et moi attendons certainement le prochain Denis Thériault. Je gagerais que celui-ci va vous faire sortir de votre antre, malgré les intempéries de la vie.
A une prochaine pas trop lointaine j'espère !
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