Ayant beaucoup aimé le tome 1, c’est naturellement que j’ai désiré renouer avec Les Chroniques de Gervais D’Anceny. Cette fois, il est question du rapt de son petit-fils chéri, celui-là même avec qui, il s’était promené dans « Meurtre à l’hôtel Despréaux ».
Aussitôt qu’il reçoit l’appel de son fils désespéré de la disparition de son seul héritier, le grand-père Gervais quitte le cloître où, rappelons-le, il réside à titre d’oblat. Alors, cette fois, nous n’aurons pas le plaisir de déambuler dans les couloirs du cloître, se familiarisant avec les habitudes des moines et non plus, d’assister aux tête-à-tête avec son ami mourant, puisque toute l’action se déroulera à Paris autour des années 1380.
Un fléau sévit, les vols de jeunes enfants que l'on mutile pour en faire des mendiants lucratifs. Dans ce contexte, le grand-père est peu optimiste de retrouver indemne son petit-fils de 3 ans. Il s’y met courageusement, menant son enquête parallèlement à celle des policiers. Ce qui gruge son énergie est de devoir partager le même toit que la mère éplorée, sa bru qui a un caractère exécrable.
Gervais D’Anceny se donne une autre mission, celle de réconcilier les jeunes époux qui se sont mariés par son intervention (rf. Meurtres à l’hôtel Despréaux). La très jeune fille était une saltimbanque et la voici maintenant bourgeoise. Les serviteurs ne la respectent pas, elle est malheureuse et se languit de son ancienne vie. Ce qui n’aide pas, le couple n’en forme pas un dans tous les sens du terme. L’oncle interviendra d’ingénieuse façon dans cette affaire délicate.
Malgré une bonne intrigue et d’intéressantes découvertes des mœurs de l’époque, il y a des longueurs. Évidemment, la barre était haute, le tome précédent exploitait plus de lieux et d’intrigues, ne serait-ce que par son histoire d’amour torturée (gare aux péchés !) et de celle avec son vieil ami mourant. Le déchirement de l’oblat alimentait alors assidument le flot des émotions du lecteur, tandis qu’ici, je n’ai pas beaucoup perçu la tragédie qu’est un fils ou petit-fils amputé à la merci de brigands. Faut croire qu’à cette époque, la mort ou la disparition d’un enfant est affaire si courante, qu’elle n’empêche pas les parents de rire et de manger.
J’ai eu l’impression de voir dépasser les fils de l’histoire, peut-être n’en aurais-je pas eu le temps si l’auteure les avait tirés plus rapidement. Ne nous méprenons pas, il y a des moments forts, surtout lorsque nous approchons (enfin !) l’univers des enfants. Vers la fin, nos émotions sont à fleur de peau et les frissons d’horreur ne manquent pas.
Les personnages sont toujours aussi attachants, vivants, surprenants. L'histoire permet une découverte captivante du milieu de la mendicité et en ce sens, j’ai particulièrement apprécié Valentin, qui devient ni plus ni moins le héro de cette histoire.
La fin est un peu tirée par les cheveux, mais elle fera plaisir au lecteur optimiste.
Si vous aimez vivre au moyen-âge à Paris, que vous vous êtes attachés aux divers personnages de Meurtre à l’hôtel Despréaux, ne serait-ce que pour le plaisir de les retrouver, vous jouirez de cette enquête qui prend son temps.
4 commentaires:
Tentant quand même !
Ah oui, c'est très intéressant tout cela.
Et ta nouvelle coupe te va à ravir Venise! :)
D'une certaine manière, je crois que je ne l'aurais pas lu si tu ne m'avais pas subtilement rassurée sur la finale. Le vol d'enfants est un phénomène qui me touche beaucoup, surtout quand on vient d'accoucher! :) Je m'interroge toutefois sur ma capacité d'empathie: si les personnages que l'on suit s'en sortent relativement bien, pourquoi est-ce que je n'ai pas autant de peine pour les personnages secondaires, ces enfants sacrifiés? Sans doute que c'est cela, d'écrire bien, que l'on soit auteure ou journaliste d'ailleurs! D'être capable de faire traverser la barrière du fait à l'émotion au lecteur.
Nomadesse : J'ai lu avec attention ton message aussitôt que tu l'as posté ici et cela m'a fait réfléchir mais j'ai omis de laisser une trace le démontrant.
J'ai également réalisé en te lisant que ton message contient une réponse. C'est vrai que l'on s'attache à l'enfant qui a un nom, une histoire, mais les autres.... on a l'impression de les laisser dans la gueule du loup. Il y a un peu un malaise de le réaliser, je suis d'accord, mais en même temps, l'être humain empruntant la voie personnelle pour s'adresser aux voix pluriel, comme les journalistes, l'auteur a procédé ainsi. On devient au moins conscient que le phénomène existait et on devient sensibilisé à cause du petit-fils très privilégié dans la vie. Qui est un cas à part, finalement.
Merci de m'avoir fait confiance sur ce coup (et bien d'autres !).
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