J’ai de nouveau goûté à la prose intime de Lynda Dion. Cette fois, c’est « elle » qui parle de la séparation d’un couple, autrement dit, tout le récit se décline à la troisième personne. Un choix assumé jusqu’au bout et qui va très bien à cette auteure pour l’effet de condensation. Ce procédé exacerbe la menace d’explosion des émotions. On s’en tient loin, on n’y touche pas avec le « je », de peur de se laisser avaler.
À quel moment un couple doit-il prendre la décision de vivre sous le même toit pour couper dans les dépenses ? Bien sûr, les jeunes couples aménagent rapidement, tellement que parfois, la relation reste ambigüe : sont-ils des amis qui se donnent du bon temps, sont-ils des colocs avec accommodements ou des amoureux avec projets à long terme ? En ce qui concerne les couples dans la cinquantaine, comme ici ; est-ce que la décision se prend aussi rapidement et facilement ?
Ce petit bouquin peut faire réfléchir à cette question. On y cerne très bien la vie en commun avec un partenaire que l’on connait peu mais qu’on dit « aimer ». C’est « elle » qui en parle et elle a su cerner le « il » au point où j’avais l’impression de l’avoir déjà rencontré … à moins que plusieurs hommes se comportent de cette façon à cet âge-là !
Vivre sous le même toit en amoureux implique de s’aimer beaucoup pour que l’entreprise réussisse, c’est une opinion que j’émets. Et ce récit viendrait corroborer cette opinion. Qui ne s’est pas déjà embarqué un peu vite ? La souffrance occasionnée par le doute : est-ce moi, est-ce lui, a-t-on tout essayé, puis ensuite, l’enfer de continuer à vivre ensemble un certain temps pour des raisons financières.
L’auteure a beau prendre l’approche à la troisième personne, nous soufflons et souffrons en même temps qu’elle.
Cette autopsie d’une relation naissante qui n’a jamais grandi décrit également le nid du couple, le fameux bungalow avec son sous-sol assiégé par le « il ». Le salon lumineux à l'étage sert surtout pour la visite et comme serre pour des plantes florissantes. Monstera deliciosa est une plante au feuillage persistant. J’ai aimé la comparaison à un certain moment, j’aurais aimé la voir prendre de l’ampleur …. la comparaison, je veux dire ! L’image est forte de cette plante qui prend de plus en plus de place, empiète sur l’espace vital. Cette plante difficile à dompter.
Sinon, le gros reproche que l’on peut adresser à ce récit est sa brièveté. J’aurais aimé creuser encore plus profondément. Il faut s’attendre à rester sur sa faim.
1 commentaire:
Ma foi, ce serait intéressant à lire, ça.
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