Voici pour moi une première incursion dans le monde de Suzanne Aubry, auteure des 7 tomes de Fanette. J’y retournerai d’emblée.
Une femme, accompagnée de son enfant autiste quitte son logement de Montréal sans aviser, même pas son mari, pourtant aimant. Celui-ci, envahi d’une inquiétude insupportable part immédiatement à sa recherche sur les lieux de leur rencontre et de leur enfance. C’est un retour dans le passé et celui-ci est lourd pour plusieurs personnages, ce que l’on découvre bride par bride.
J’ai eu un peu de difficulté avec la prémisse, ce départ précipité du mari, même pas une journée après le départ de sa femme. J’y aurais vu un peu plus d’hésitation et de doute. Difficile pour moi de croire qu’il devine immédiatement où est sa femme et, surtout, pourquoi panique-t-il aussi intensément qu’instantanément ? L’auteure tente de mettre cette panique sur l'autisme de l'enfant d'une dizaine d'années mais n’est-ce pas faire peu confiance à la mère qui, vraisemblablement, doit être en mesure de prendre soin de son fils ? Une fois cette prémisse traversée, aussitôt Michel débarqué à St-Boniface, le roman est venu me chercher. J’ai aimé traverser les Prairies en compagnie de personnages bien cernés, certains ruraux. Sans l'ombre d'un doute que le lieu de l'action choisi par l’auteure amplifie l’attrait de cette histoire.
Malgré la vastitude imposante de la nature, ce n’est pas une histoire calme et à l’eau de rose. Une tragédie tirée du passé vient envenimer le passé de trois personnages masculins, dont Michel le fameux mari inquiet. S’il y a un principe à retenir de notre lecture : le passé nous rattrape toujours, aussi bien l’affronter.
Il y a quelque chose du polar dans cette manière de Suzanne Aubry de dévoiler les pans de l’histoire, couche par couche. Avec cette apparence d’enquête et de plusieurs quêtes, on affronte des personnages pris au cœur de la déroute, dont un fraichement sorti de prison. Il n’y a pas de meilleure manière pour fouiller les tréfonds d’un cœur que de le placer en situation précaire ou de crise. Les émotions vengeresses ou rancunières imprègnent plusieurs pensées et actions, la peur également, et ceci chez plusieurs personnages.
L’histoire est rondement menée, les nombreux personnages secondaires sont captivants parce que consistants. L’intrigue tient la route, même si j’ai quelques fois trouvé qu’il y avait plus de peur que de mal.
Un fait indéniable, les personnages sont fondamentalement humains et jamais foncièrement méchants. Cœurs sensibles, vous pouvez vous avancer en toute confiance.
1 commentaire:
Volontiers, celui-ci. Volontiers.
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