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samedi 1 septembre 2007

Cher Émile ...


Billet rédigé à Petite Vallée, la journée où j'ai terminé le roman épistolaire, Cher Émile d'Éric Simard. Lettres écrites sur un ton si vrai, infiltrant l'intimité d'un couple que la conviction est forte que chaque phrase, chaque confidence aient été vécues. Je me le demande encore ; est-ce vraiment vrai ? Après tout, ces lettres sont signées Éric (auteur Éric Simard). Est-ce un subterfuge ? J'ai décidé d'opter pour le "absolument vrai" car, après tout, est-ce si important ? En plus, c'est trop humain comme propos pour s'inventer.

Je les ai lues ces lettres, une à une, couleur après couleur, celles-ci variant selon les intempéries émotives. Une longue confession d'un être humain qui se scrute sans sourciller. Le confessé et le confesseur font un et le confesseur est de bon conseil, clément à ses heures, mais toujours transperçant le confessé de son laser ultra lucide.

La forme maintenant, parce qu'il faut bien en parler puisque c'est mon attirance pour l'épistolaire qui m'a conduite à ce roman. Des lettres écrites très simplement, sans ce vouloir faire du style absolument et qui sont toutes destinées à Émile, ce cher Émile. Celui-ci s'imaginera à travers les lignes d'Éric, se devinera par la relation et la perception d'Éric et ensuite notre perception de la perception d'Éric ! Une présence un peu fantomatique et je dois l'avouer celle-ci m'a un peu manquée. J'en suis quitte pour réaliser que j'aime les échanges épistolaires, voir la balle rebondir d'un camp à l'autre et particulièrement suite à des révélations choc. Et il y en a plusieurs, de ces bombes qui éclatent dans le jardin de l'autre et qui fait voler en éclat ses jonquilles, autant que ses mauvaises herbes. Nous avions la réaction d'Émile par ricochet, restant en tête à tête avec Éric.

Je ne suis pas en train de dire que l'on s'ennuie avec Éric, loin de là, on s'attache à cet être complexe et sans complaisance. Je gagerai n'importe quoi à n'importe qui, de reconnaître, au moins une fois (et plus !), un de ses propres comportements amoureux, jusqu'alors mal définis. Éric sait définir la complexité des sentiments échangés dans un couple qui s'aime ou qui veut s'aimer. Ou un être qui veut partager avec l'élu ce qu'il n'a pas encore lui-même acquis.

Cette quête amoureuse n'appartient pas à l'homosexualité et cela dit, même si Éric s'interroge sur cette condition qui rajoute encore, d'après lui, à la difficulté du couple. Quant à moi, je l'entends comme une quête de couple tout simplement, avec les difficultés qui, quand elles ne sont pas l'homosexualité, peuvent être celles d'un couple avec les enfants de l'autre, une relation extra-conjuguale, un couple dont l'un n'est pas sorti de sa dernière relation, parfois avec mère omniprésente, encore aux études, insatisfait de son travail... la liste est longue. Quant on y pense bien, l'on voit rarement une histoire de couple sans SA difficulté. Aussi, j'ai trouvé un peu spécial de trouver le bouquin dans la section "Gais et lesbiennes". Il y avait un seul livre dans la librairie et il était classé sous cette étiquette. Je n'étais pas loin d'être scandalisée. La libraire m'a calmée, m'assurant que les principaux intéressés le désiraient ainsi. Quoi rajouter à cela ?

Pour conclure, lecture idéale pour quiconque aime se vautrer pour voir plus clair dans l'enchevêtrement des leviers d'un choc amoureux, versus l'installation d'un véritable amour.

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