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samedi 19 janvier 2008

Ces Livres « hameçons »

Saviez-vous que le très complet site Le libraire a son blogue ? Il passe un peu inaperçu, peu de personnes y écrivent, faut-il dire. Cette semaine, j'y ai découvert un très intéressant billet de Denis Lebrun sur les librairies indépendantes (LIQ) et leur problème de survie.


Qu'est-ce que j'appelle les livres « hameçons » ? Les librairies de grandes surfaces, certaines chaînes et site Internet ont adopté une « pratique commerciale douteuse » en fixant le prix de vente au prix coûtant pour leurs "meilleurs vendeurs" (best-sellers). Éric Simard, libraire, écrivain et co-directeur de la collection Hamac a déjà abordé le sujet, intitulant son très pertinent billet "David et Goliath"


Pour tous ceux et celles intéressés à s'ouvrir une librairie un jour, et j'ai cru comprendre que nous sommes plusieurs, Denis Lebrun nous fait part de ces informations :

« le prix est fixé par l’éditeur et la marge de remise est une des plus minces dans le commerce au détail. Pour survivre et garder un fonds diversifié, (entre 5000 et±50000 titres) une librairie indépendante a impérativement besoin de ces ventes «faciles» (±500 titres). Un fonds de librairie (les livres qui ne sont pas des nouveautés mais sont considérés comme classiques, importants ou excellents par les libraires) participe à la richesse d’une culture. Au-delà de l’aspect commercial, c’est donc de diversité culturelle qu’il s’agit. Et ce n’est pas là une expression creuse! Dans une ère d’uniformisation de la culture et de médias soumis «aux impératifs du marché» (lire les intérêts de leurs patrons!), le livre est la seule valeur refuge de la pensée libre. Bref, l’accès limité aux livres signifie l’appauvrissement de la pensée! Grandiloquent, peut-être, mais tristement vrai! »


À voir le problème, on crie à la solution. D'après M. Lebrun elle passe par une réglementation du prix unique :

« ... plutôt que de le livrer aux seuls intérêts du néo-libéralisme, ou pour parler plus clairement du capitalisme sauvage (...) L’industrie avait pourtant senti l’urgence d’agir il y a quelques années en réclamant presque unanimement le prix unique. La réponse du «lucide» Bouchard avait été alors un «Niet!» sans appel ».

Ce qui fait que dans l'ignorance totale de cette situation, des clients traitent les librairies indépendantes de «voleurs» quand il arrive qu'un magasin de jouet se serve du dernier Harry Potter comme livre « hameçon » (le vendant au prix coûtant) pour attirer une clientèle qui, une fois dans le magasin achètera un jouet à 40% de profit.


En personne de bonne volonté, pour ne pas nuire au monde du livre, j'ai posé ma situation à Denis Lebrun :


J'avoue que votre commentaire est très pertinent. En même temps, plus je trempe dans le milieu littéraire - c'est peut-être beaucoup dire, mais quand même - par un blogue de littérature québécoise, je réalise jusqu'à quel point des personnes de bonne volonté sautent sur les livres à rabais, convaincues de déjouer le système. Si peu de personnes sont au courant de cette problématique. De mon côté, ici, en Estrie, il est difficile d'encourager les librairies indépendantes. La librairie la plus commode est à Sherbrooke et pour la nommer, c'est GGC à laquelle a été retirée l'appellation "indépendante". Est-ce moins grave d'encourager des "Moyennes" qu'acheter au prix (presque) coûtant chez Costco par exemple ? Je le prends pour acquis et je me réponds oui. Je ne sais pas qu'est-ce que vous en pensez.

Venise Landry

Afin de respecter une certaine longueur de billet, et possiblement soulever une intrigue (!) réponse de Denis Lebrun demain, ainsi qu'un mini potin intitulé « Revue et corrigée »

2 commentaires:

Danaée a dit...

Pour ma part, je compte bien faire plus d'efforts en encourager les indépendantes (il y en a d'excellentes à Québec!). De plus, je serais pour le prix unique. Ça règlerait la question, non? Je ne comprends pas pourquoi nos politiciens lui ont si cavalièrement tourné le dos.

Anonyme a dit...

Très intéressant ce billet! Pour ma part, j'essaie d'aller dans des librairies indépendantes le plus souvent possible mais bon... il arrive souvent que j'aille dans les librairies grande surface, surtout parce que parfois, je veux bouquiner et fouiner dans les partitions.

C'est bien de nous rappeler ces choses!