Ce personnage d’Éveline est empreint de la mémoire de sa mère, tout en étant intimement lié à l’intériorité de Gabrielle Roy. Moi, qui ai beaucoup lu sur la vie de cette écrivaine (voyez mes archives !), en lisant cette histoire à peu d’action et beaucoup de contemplation, j’ai reconnu son besoin fondamental d’un entourage aux petits soins avec elle.
Cette histoire est celle d’une dame âgée qui entreprend un long voyage en autobus pour rejoindre son frère dont elle ne connaît pas l’état : malade, mourant ou en pleine forme. Elle est partie suite à son télégramme, accompagné d’un chèque pour défrayer le coût du voyage. Tout au long de cette longue route pour se rendre en Californie, les passagers de l’autobus prendront soin d’elle. J’ai eu l’impression de lire un fantasme, vous savez quand on se prend en flagrant délit d’idéalisation de la race humaine ! En plus que tout le monde soit prévenant, indulgent (son apparence est particulière), à un moment donné, Éveline commence à raconter des anecdotes sur son frère ce qui déclenche chez les autres un irrésistible besoin de raconter. Tout cela dans une ambiance de précieux respect et d’amusement.
L’autre partie est l’arrivée chez le frère où elle découvrira une famille élargie qui vit autour du frère dans un village conçu pour eux. Tout le monde s’entend à merveille, c’est idyllique et tous entoure et adore la vieille dame …
Avec la nouvelle Ély ! Ély ! Ély !, nous revenons sur notre bonne vielle Terre avec ses tensions et dissensions entre êtres humains. Écrite à la fin des années 1978, ce sont des souvenirs de voyage quand elle était journaliste dans Les Prairies en 1942. Souvenirs très crédibles de la femme qui aboutit dans un lieu perdu, par train la nuit, pour poser des questions à un groupe d’hommes. Le milieu étranger et fermé au départ se transforme, brusquement, en plus familier.
Deux histoires idéales pour quiconque éprouve le vif besoin d’une détente de lecture qui fait quasiment l’effet de certaines poésies « fleur bleue ».
6 commentaires:
Très intéressant résumé. GR demeure un des mes auteurs favoris. Je n'ai pas encore lu ces nouvelles, cependant. Un de ces quatre, c'est certain.
Je vois que tu lis aussi Une brève histoire du tracteur en Ukraine, que je commence à peine. J'ai bien hâte de voir ce que ça donnera!
En tout cas si je n'ai pas envie de lire Gabrielle Roy après tout ça, c'est que je n'ai rien compris à tes messages !
J'ai un vague souvenir de ces deux nouvelles que j'avais lues à l'époque de leur parution. Je crois que j'avais aimé. Je viens de terminer Champagne de Monique Proulx. C'est un roman splendide qui propose une vision de la campagne complètement à l'opposé de celle de Lise Tremblay dans La héronnière. Je vous le suggère. J'oserais dire que Monique Proulx est, à mon avis, la meilleure romancière québécoise vivante actuellement. Et croyez-moi, j'en ai lu d'autres.
@ Réjean : Hé bien ! J'essaie de mettre la main sur "Champagne" depuis sa sortie. Il m'attire ce livre. C'est pas si compliqué vous allez me dire mais à chaque fois que je viens pour l'acheter, il arrive quelque chose. La première vient d'une bouquinerie qui me disait qu'il l'avait mais finalement non ! La dernière, c'est la directrice des Correspondances qui m'a dit qu'il y en a deux exemplaires étant donné qu'elle est une des invités, on pourrait m'en prêter un. Mais les deux étaient déjà prêtés ...
Vous pouvez être certain, Réjean, que je vais le lire. J'ai encore plus hâte depuis votre commentaire.
Ô que oui que je note pour ces duex nouvelles de cette grande dame de l'écrit. J'aime les mots de G.Roy et ces nouvelles vont, j'en suis déjà certaine, aussi mwe ravir.
Merci Venise, à bientôt
Celui-ci je l'ai lu... d'ailleurs c'est un livre que j'ai aimé. Dire que la première fois que j'ai lu Bonheur d'occasion je n'ai pas tellement aimé, contrairement à la plupart des gens. Par contre j'ai aimé toutes ses histoires qui se passent au Manitoba, particulièrement Ces enfants de ma vie, mais aussi Ely, Ely Ely, qui est un court récit, qui parle de ses débuts dans le monde du travail... et de la communication. Je suggère aussi Ma petite rue qui m'a menée au bout du monde.
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