Toute l’année, j’ai parlé d’une œuvre littéraire et ensuite, ou pendant, j’en ai relevé des extraits. Et pourquoi ne pas inverser, me suis-je dit, présenter les extraits, comme un apéritif à siroter lentement, avant le commentaire de lecture ? Et tant qu’à être dans le changement, taire le nom de l’auteur, disons, euh … jusqu’au 26 décembre ? En autant que je digère bien mes tourtières, bien évidemment !
Capturé une bibitte à patates. L’ai soigneusement transportée dehors. Quand on songe à ce que je fais subir aux scarabées et aux papillons bruns, ça soulève la question des avantages de la beauté subjective. Et la question de Dieu, tant qu’à y être, lequel, pour autant qu’on en puisse juger, fait la même chose avec nous, et pour les mêmes raisons. (p. 153)
L’humeur acide d’un ciel qui gronde s’engouffre avec violence par ma croisée béante, mouille la moitié du plancher jusqu’à mon établi, et je laisse faire, trempant mes bas. Justine m’a traité hier de conciliant, et ca m’a assez plu, et je m’en voudrais de la décevoir, mais plus encore je me plais en personne patiente, impénitent Protée que je demeure. En outre, je suis depuis longtemps d’avis qu’on obtient le meilleur du monde en l’attendant de lui, et que ça vaut pour le pire aussi. (p.155)
Depuis Augustin, qui prenait rarement le temps de se reziper, la question fait rage de savoir ce qui vaincra, de la chair ou de l’esprit. C’est pourquoi Grégoire VII a eu la brillante idée d’exiger le célibat des prêtres. Mais n’est-ce pas là un faux débat, une prémisse sophistique malsaine ? On bande autant de la tête que du mandrin, me semble-t-il, et on jouit d’une image avant de frémir au contact. Prétendre qu’il y a opposition entre la chair et l’esprit, n’est-ce pas entraîner l’homme dans une guerre sans fin avec lui-même ? (p.161)
[…] C’est la valeur de la joie légère que j’éprouve à les écrire qui m’importe, si semblable à mes premiers émois de littérateur adolescent. Ces instants se font si cruellement désirer, davantage chaque année, et c’est toujours plus difficile et moins satisfaisant de compenser le déficit de cœur qu’accusent mes pages par un surcroît de technique et de magie blanche. (p.173)
J’ai compris, alors, ce que je ne faisais que soupçonner jusque-là : c’est une erreur de concevoir un roman comme une auberge espagnole, avec de tout pour tous. Ce n’est qu’en passant par le particulier qu’on peut accéder à l’universel. Les exégètes mentent en prétendant décortiquer un texte et y retrouver les intentions de l’auteur. En analyse littéraire, on fait ainsi passer les écrivains pour bien plus intelligents qu’ils ne sont en réalité, décourageant les jeunes et protégeant la mystique. (p.215)
Tout est oralité chez moi, faut toujours que j’aie un truc aux lèvres : mot, mégot, goulot, gigot … (p.232)
[...] Celui qui prend le temps de consigner par écrit les tenants de sa vie reçoit en retour le rare privilège d’en vivre une deuxième, contiguë. (p.273)
Qui est l'oeuvre et l'auteur ? Réponse.
6 commentaires:
Hors sujet... Joyeux Noël, Venise!
Moi aussi tiens!
Joyeux Noël!
HO HO HO ! C'est vous qui me faites rire ... hors sujet !!!
C'est pas moi qui le suis, hors sujet ?
Merci. Et vous, pareillement, comme on disait dans le temps !
Pour toi et les tiens, un très beau Noël.
C'est qui ? C'est qui ? :-)
@ Gaétan : Tu as ta réponse dans le billet qui sort à l'instant. À lire pendant qu'il est encore chaud ;-D
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