Un auteur québécois que je désirais connaître, ne serait-ce que parce qu’il en est à son cinquantième roman, incluant ses romans jeunesse. J’avais inscrit son nom sur ma liste de cadeau, on m’a offert son dernier. Une amie m’a dit "tu vas aimer, c’est vraiment amusant".
C’est bien simple, toute l’action est confinée aux Galeries de la Rive Sud. L’auteur se serait donné comme défi de nous faire voir l’angle intéressant d’un lieu de débauche de la consommation, via une équipe de sécurité. Toute association de marchands serait au comble du bonheur d’engager cette équipe du tonnerre, colorée, dévouée, passionnée et menée de main de maître par son responsable, Michel. Ce dernier vient de faire entrer Viateur, son ami et prof à la retraite, pour qu’il se joigne à Mélanie, détective dans l’âme, la sage Francine, Sébastien, le père de famille, les très passionnés gardiens du stationnement, etc …
Viateur, quelque peu récalcitrant au départ, se laissera gagner par l’ambiance de fête de ses acolytes, apprenant dans le détail le rouage de la fonction de surveillant. En même temps que ce nouveau venu, nous assistons à chaque réunion au Quartier général pour se préparer à divers événements ; prestation d’une chanteuse populaire, arrivée du Père Noël, Boxing day, ferme à Pâques. Vol mystérieux, disparition, vandalisme, voyeurisme, maniaque sexuel, toutes ces péripéties sont racontées sur une note légère. Une enquête menée par Mélanie pour découvrir une possible gang d’anarchistes sera particulièrement mise de l’avant.
La routine d’une équipe de sécurité m’a semblé bien documentée, plausible, en autant qu’on y rajoute le positivisme à tout crin et un parfait esprit d’équipe. L’auteur ne cache pas son intention : « Si l’on souhaite de nos amis qu’ils soient capable de générosité, de compassion et d’indulgence, pourquoi en serait-il autrement des personnages que l’on rencontre dans des œuvres de fiction ? »
Je le dis sans ambages, je ne dois pas être la clientèle cible d’un roman évoluant dans un centre d’achat. Immanquablement les thèmes abordés sont la surconsommation, ou son contraire. Le fond du propos ne m’a pas allumé, même pas une petite flammèche. Pas grand trait d’esprit (et il y en, et il y en a !) a réussi à me dérider pour la peine. J’ai un peu embarqué dans une histoire de pères noëls verts pour quelques pages, le temps passant un peu plus vite pour moi. Pourtant, j'ai rarement vu une équipe tissée aussi serré, j'aurai juré qu'ils existaient, éveillant jusqu’à mon goût de me joindre à eux, et je ne suis pas sarcastique ! C’est le rêve de tout travailleur, je crois.
Si vous aimez les histoires optimistes avec dialogues en abondance et qui offre généreusement des solutions gentilles, ingénieuses et humaines pour chaque pépin rencontré, offrez vous ce bon moment. J’avoue aussi, et je m’en confesse, m’être passé la remarque que François Gravel est habitué de s’adresser à la jeunesse. Et quant à y être, je pousse et j’espère que je pousse égal (expression typiquement québécoise), c’est un roman à offrir aux jeunes de corps, pas seulement les jeunes de cœur (comme mon amie).
J’espère avoir rendu justice à ce roman au ton humoristique, malgré mon manque d’affinité avec le thème et son genre littéraire que je qualifierais de « chronique bon enfant » sur la vie d’une équipe de sécurité dans un centre d’achat.
14 commentaires:
J'ai lu quelques Gravel, dont celui qui raconte l'histoire de cette femme qui était incapable de sortir de chez elle (j'ai oublié le titre): un beau sujet qui, à mon avis, avait accouché d'une souris. C'est un auteur qui écrit trop.
T'es jamais aussi gentille que quand tu te sens forcée a être un peu méchante. LYES!!!
@ Réjean : C'est plate, un peu comme dans la vie, il y a certaines premières impressions difficiles à rattraper. Maintenant j'ai tendance à penser que cet auteur et moi, on manque d'affinité.
@ Mistral : Et j'en arrache à les écrire ces billets-là ! Faire la part de ce qui m'appartient de ce qui appartient au roman.
Le centre d'achat, il te révèle pas qui tu es mais où tu es.
Yup. Crissement bien dit.
Hum, ça doit pas être un exercice facile, j'avoue...
je trouve cela d'ailleurs très noble de ta part, d'avoir cette intelligence de la distanciation.
Cela donne plus de crédibilité encore quand tu adores!
Je rejoins Christian Mistral, crissement bien dit.
Elle me rejoint pas assez vite à mon goût.
J'ai lu quelques livres de l'auteur en jeunesse et j'ai plus ou moins accroché... ce sujet ne me tente pas particulièrement alors je vais passer...
Que ces choses-là sont bien dites. Belle critique tout en délicatesse. Ça ne me donne pas le goût de lire le livre mais par contre je sais que celui-ci pourrait plaire à des gens de mon entourage. C'est vraiment bien de ta part de ne pas grafigner au passage les possibles lecteurs d'un livre que tu n'as pas aimé.
@ Karine: Si tu t'intéresses à la littérature jeunesse, la série « Sauvage » de Gravel chez Québec Amérique est super. Les garçons adorent (et j'ai autant eu de fun à les lire.)
Cinquante romans? Wow, je savais pas. c'est sur que sur 50, ils peuvent pas tous être bons... enfin.
Bon congé pascal, Venise !
Merci Réjean, et longue fin de semaine où il fait bon de repartir en Oeuf !
Quant à moi, congé pascal plus occupé que celui des Fêtes ... oh là là !
Voilà que je viens de terminer, à mon tour, Vous êtes ici. Je trouve, Venise, que tu en fais un très bon résumé et une très bonne analyse. Je suis en effet d'accord avec tout ce que tu en dis... à cette différence près : j'ai beaucoup aimé!! C’est frais, simple, léger…
Toutefois, à lire la plupart des commentaires des autres bloggeurs, je m’interroge sérieusement. On y sent une attitude dénigrante, très caractéristique de ce qui me déplait d’une certaine élite littéraire. Est-ce parce qu’une œuvre se veut positive et sympathique qu’il faille ne pas s’intéresser à elle? La considérer comme de la sous-littérature parce que son auteur écrit surtout pour la jeunesse? Pourquoi les romans «pour adultes» se doivent toujours d’être torturés, tordus, grandiloquents ou incompréhensibles pour entrer dans la Grande Famille de la Littérature Québécoise, avec un grand G, un grand F, un grand L et (surtout!) un grand Q ?
Je suis de ceux qui adorent la littérature québécoise pour la jeunesse, en général, et les œuvres de François Gravel en particulier. Granulite, Zamboni, Corneilles, Deux heures et demie avant Jasmine sont tous excellents et ont gagné des prix. La série Klonk, pour sa part, est un véritable chef d’œuvre, un succès tant critique que public. Dans Vous êtes ici, j’ai trouvé du bonheur, des personnages charmants qui se reconstruisent sainement, sans se prendre la tête, et ça m’a plu.
C’est vrai, ce roman est très… abordable. Mais pourquoi considérer cela comme un défaut. Ça ne fait pas assez noir, ça manque de trippes étalées? Peut-être… mais pourtant, je suis convaincu que si plus d’auteurs écrivaient dans ce style simple et… abordable, la littérature québécoise aurait plus de chance d’enfin trouver un lectorat digne de ce nom!
Pierre-Greg : Tu sais, il y en a de plus en plus et probablement même qu'il n'y en aura toujours de la littérature légère et bien menée. De même que de la littérature où le tragique et la douleur s'étalent largement, et de l'écriture hermétique, ou qui se veut original à tout prix.
Je n'ai rien contre la littérature heureuse, bien au contraire. Je lis en ce moment La massothérapeute, c'est aussi léger que "Vous êtes ici" mais les thèmes m'intéressent plus, alors j'embarque plus, tout en aimant moyen +.
Tu tombes justement à un moment où je lis du léger : L'almanach des exils. C'est le quotidien de deux femmes, un genre de correspondances, c'est léger, mais c'est deux regards qui m'apportent quelque chose, alors j'aime beaucoup. Et même, beaucoup, beaucoup. C'est très succinct. C'est comme un condensé, peut-être est-ce une contrainte qu'elles se sont donnée ces deux amies. Tout ça pour dire que ce sont des sujets anodins, une littérature légère et j'adore. Et peut-être qui sait, ce titre sera un succès à la mesure qu'un premier roman peut être un succès au Québec.
Peut-être fais-tu allusion à certains critiques, car sinon les blogueurs littéraires lisent de tout. Même les auteurs qui écrivent du roman jeunesse. Jean-François Beauchemin a écrit pour la jeunesse et il a reçu un prix pour sa maintenant littérature pour adulte. D'ailleurs, si j'ai un conseil de lecture à te donner (c'est bien parce que tu es mon ami et que je te connais bien que je me compromets !), lis "Garage Molinari" de Jean-François Beauchemin. Cela va te réconcilier tout à fait avec la littérature québécoise. Il n'y a pas que Réjean Ducharme, hein ?
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