J’ai commencé par L’Ange de Pierre suivi par Une divine plaisanterie qui m’ont donné le goût de Ta maison est en feu, troisième tome de ce que Margaret Laurence nomme Le cycle de Manawaka.
Cette fois, j’ai été déçu. Pourtant, la même auteure, le même cycle, toujours un personnage féminin. Il y est question de Stacey, une mère de quatre enfants rasant la quarantaine qui se pose mille questions sur son utilité dans la vie. En cela, le roman écrit en 1969 a quelque chose d’avant-gardiste, mais il m’est apparu rétrograde au lieu de riche de notre histoire. Cette femme a le devoir de tenir maison et d’être l’éducatrice des enfants, laissant au mari, du haut de son rôle de pourvoyeur, le droit absolu de la critiquer, en l’incitant à se taire. En plus, est exigé d’elle de faire bonne figure auprès de l’employeur du mari qui est représentant de produits « miracle » auquel elle ne croit pas du tout.
Cette femme s’acharne à douter de tout, absolument tout, et avec raison, mais alors pourquoi ses propos me sont apparus à ce point rétrogrades, jusqu’à en être ennuyeux ? Il me semble pourtant que la torture du doute qu’elle s’inflige à chaque seconde aurait pu être intéressante. Ça ne me fait pas plaisir d’avouer qu’il m’a été difficile de saisir l’auteure à travers une traduction qui m’est apparue maladroite. J’ai tout d’abord été prudente, décrier une traduction m’apparaît assez délicat. Pourtant, ces appels incessants à relire, pour saisir ce qui m’échappait ont commencé à me mettre la puce à l’oreille. Et puis, certaines phrases assez boiteuses pour que je prenne confiance en moi. Mais jusqu’à quel point le texte initial en est responsable, j’ai beaucoup de difficulté à tirer une conclusion.
Cette auteure se distingue par ce style : elle nous invite à lire dans les pensées d’un personnage féminin, avec lequel on vit intimement. Très, très intimement. C’était tout à fait réussi dans les deux premiers. Dans ce cas-ci, le personnage est extrêmement hésitant, ce qui en fait un caractère faible, son champ d’action est restreint et en plus, la présentation de nombreux flash-back m’ont embrouillé. Faut dire qu’une convention typographique a contribué à cette confusion, toutes les pensées sont devancées par ce tiret que l’on retrouve habituellement dans les dialogues. J’ai fini par comprendre que le choix s’expliquait par le fait que ses pensées s’adressent à Dieu ! Ou est-ce parce que son présent n’a pas eu l’heur de m’enflammer (malgré le titre !), que j’en ai perdu tout intérêt pour son passé ?
À la longue, j'ai fini par m’attacher à cette sacrée bonne femme de Stacey qui, à sa manière, se révolte et dans les derniers chapitres, ses doutes font place à quelques actions.
Je préviens votre question ; au point d’éviter de lire le quatrième tome du Cycle de Manawaka ? Quand même, non !
Traduit de l’anglais (Canada) par Florence Lévy-Paoloni.
Collection CODA / Coédition avec les Éditions Nota bene
Avril 2009 | 978-2-923550-21-3 | 440 pages | 19,95$
4 commentaires:
Bonjour Venise,
Je voudrais vous féliciter pour le Pigeonographe. Très beau site qui peut répondre à des besoins. Je me suis mis en fond d'écran le capitaine Cachalot de Marsi.
Bonne journée.
@ Réjean : Vous êtes un défricheur ! Vous avez été le premier à le voi en ligne, même avant nous (!!!), qui n'étions pas levés à l'heure que vous l'avez visité. Maxime, le webmestre, l'a mis en ligne tôt ce matin, et hier, nous avons dû l'abandonner avec un surplus d'émois, puisqu'il avait un bug dans mon blogue ! (on dit chronique, mais ça répond à la définition d'un blogue pour l'interactivité). Je vais le déclarer officiellement ouvert au Passe-Mot aujourd'hui ... et à mes amis.
Marsi se demande si le capitaine Cachalot ne se déforme pas dans un écran grand, vu qu'il est petit (on doit écraser pour que le site ne soit pas trop lourd). Il va rajouter l'info aujourd'hui, mais les pirates que vous y avez vus, sont tirés d'un jeu qu'il a inventé.
Le capitaine Cachalot n'est pas trop étiré en fond d'écran.
Ta maison : ce cul de sac sans issue. Insoluble. Paru l’année de mes 11 ans et pourtant… je m’y suis reconnue, ainsi que ma mère et tant d’autres femmes aujourd’hui encore. Le sentiment de s’être égarée, dissoute, quelque part entre les corvées de lessive et la purée du petit dernier. L’incommunicabilité. L’impasse des aspirations, l’inaptitude… et pourtant, un rayon d’espoir. Une écriture extrêmement bien maîtrisée, mais dont la lecture est parfois confondante entre ce qui est dit et ce qui n’est que pensé.
Publier un commentaire