" Mais là j'arrête la discussion, on tombe dans les clichés pauvre auteur exploité et éditeur requin des finances... "Ça m’a fait réfléchir. Ma mère était propriétaire et d’emblée, on pensait qu’elle était riche et que les locataires, eux, pauvres. C’est un peu simpliste, je pourrais développer des nuances, mais vous comprenez l’idée. Vis à vis celui qui est propriétaire, que ce soit de quatre murs de béton ou d’une maison d’édition, on tombe souvent dans l'idée qu'il est là pour exploiter l’autre.
Le déclencheur de cette discussion est les droits d’auteur, sujet qui touche l’écrivain et bien sûr, l’acheteur du bouquin qui n’en revient jamais d’entendre que l’auteur reçoit 10% du prix. Quand l’auteure reçoit-il ce montant, quelle est la procédure pour le calculer ? Il y a des règles communes, mais certaines différences d’une maison d’édition à l’autre, et cette discussion nous en donne une petite idée.
Ce montant que l’auteur reçoit est en relation étroite avec le nombre de livres vendus, bien évidemment. Ce qui peut mener à ces questions:
Je me demande du coup comment on mesure le succès d'un auteur au Québec, surtout dans le cas d'un premier roman : combien d'exemplaires faut-il vendre ? indépendamment des ventes, combien de bonnes critiques faut-il avoir obtenu ?
Questions posées par Phil qui vit au Québec depuis 7 ou 8 ans, j’aimerais pouvoir dire, moi qui est née au Québec, je le sais ! Mais, ma réponse serait à peu près ...
Julie a répondu à Phil : Mystère et boule de gomme! Comment jauge-t-on le succès d'un auteur au Québec? Combien de ventes, combien de bonnes critiques? Il me semble que ça sonne comme une belle idée de billet pour Venise!
Bien sûr, le clin d’œil au Passe-Mot se reçoit comme une patte de velours déposé doucement sur l’égo, mais surtout, ça me replonge dans mon propre questionnement. J’ai déjà pensé rédiger un questionnaire aux maisons d’éditions et je ne l’ai pas fait. On s'offre tant d’entrevues avec les écrivains et si peu avec les éditeurs, il me semble. Il me semble aussi qu’il y a peu de livres sur l’édition au Québec, en général. J’en ai lu un de Victor-Lévy Beaulieu, mais il parlait de la sienne propre, j’ai trouvé le sujet passionnant.
Alors, cela m’a remis à ma résolution de pondre ce questionnaire. Voulez-vous m’aider ? Peut-être que vous en avez des questions vous aussi ... auparavant, faisons parler les chiffres de la chaîne du livre pour être dans le bon ton :
La chaîne du livre (chiffres relevés de l'ANEL - association nationale des éditeurs de livres)
Premier tirage | |||
40 p. 100 au libraire | 4,00 $ | ||
17 p. 100 au distributeur | 1,70 $ | ||
20 p. 100 à l'imprimeur | 2,00 $ | * | |
13 p. 100 à l'éditeur* | 1,30 $ | (production, gestion et promotion) | |
0,00 $ | (profits) | ||
10 p. 100 à l'auteur | 1,00 $ | ||
Deuxième tirage et tirages subséquents | |||
40 p. 100 au libraire | 4,00 $ | ||
17 p. 100 au distributeur | 1,70 $ | ||
20 p. 100 à l'imprimeur | 2,00 $ | * | |
13 p. 100 à l'éditeur* | 0,00 $ | (production, gestion et promotion) | |
1,30 $ | (profits) | ||
10 p. 100 à l'auteur | 1,00 $ |
*Il s'agit bien évidemment d'un cas-type, donné à titre indicatif, et qui ne rend pas compte de toute la complexité de cette question. Pour tous les intervenants de la chaîne du livre, ce tableau indique une marge brut. Le profit net peut varier. Pour l'éditeur, il existe une différence importante entre le premier tirage et les autres. Avec sa part, l'éditeur espère couvrir, s'il écoule l'ensemble du premier tirage, les coûts reliés à la production du livre (correction et infographie), à la gestion, à la promotion et à la publicité. Si la première impression n'est pas entièrement vendue, l'éditeur accuse généralement une perte. La plupart des ouvrages n'étant pas réimprimés, la rentabilité des maisons d'édition est souvent précaire
14 commentaires:
Sujet très intéressant (comme d'habitude Venise) ... je vais réfléchir à la question (enfin ... aux questions!)
Je ne sais pas si je devrais écrire un commentaire. Beaucoup de questions différentes dans ton billet: des chiffres qu'on ne peut contester, perception, image.
Évidemment, on ne peut pas contester les chiffres, établis depuis des décennies, qui viennent de là: http://www.anel.qc.ca/InformationAuPublic.asp?PageNo=18#contrat
Je mets le lien pour qu'on puisse bien lire l'astérisque. La concurrence dans le monde l'imprimerie est telle qu'il est possible de faire des économies ou des folles dépenses de ce côté. Mais je ne suis pas éditeur, j'ai dit non à mon père une fois et je ne l'ai jamais regretté. C'est une jungle dans laquelle je me ferais manger toute crue. Comme dans n'importe quel monde des affaires d'ailleurs. Je suis technicienne et le resterai toute ma vie.
Comme je suis d'accord avec M. Gilles Herman et que ce serait un peu simplet et facile de limiter la discussion à "l'auteur exploité et éditeur requin des finances", je me contenterai de dire que le succès d'un auteur, d'après moi,ce soir, à ce moment-ci et que demain, je pourrais nuancer, que la semaine prochaine, je pourrais écrire un billet sur le sujet... c'est comme le succès d'un chanteur, d'un musicien, d'un acteur: une question de mise en marché, de promotion, de visibilité dans les medias. La personne qui est vue, entendue dans les medias, celle-là aura du succès. L'image de la personne, l'image du livre: contenu et contenant. Demandez aux policitiens. Et ça n'a pas grand chose à voir avec le produit, pas à court terme en tout cas. J'en suis là de ma simplification du succès.
À long terme, c'est autre chose.
Je suis super content que tu m'aies décortiqué aussi clairement «qui reçoit chacun des sous» que j'investie quand je me paie un bouquin! Juste avec ce segment, je me sens mieux renseigné! Alors imagine comme je serai aux oiseaux quand tu auras fini ta tournée des éditeurs avec ton super questionnaire d'enfer!!
ai bifurqué chez Phil...
Dans son plus récent roman, "Un poker à Lascaux", l'auteur Normand de Bellefeuille révéle qu'il a publié, il y a plusieurs années un livre sur Lascaux qui a été encensé par la critique mais qui s'est vendu à 348 exemplaires. 348!!! Ouille. Et on parle d'un écrivain connu et apprécié...
Bien que je connais plutôt bien le milieu de l'édition (comme auteure et aussi comme critique littéraire), je suis à chaque fois sidérée d'entendre les chiffres de vente pour des romans que des auteurs ont mis des années à écrire. Tout ce travail pour si peu de lecteurs!
Les livres jeunesse, c'est bien connu, ont une vie plus longue que les livres pour adultes. Il n'est donc pas rare, en jeunesse, qu'un livre vende plus de 5 000 exemplaires, ventes étalées sur plusieurs années bien sûr.
C'est sans doute pour cette raison que je valse depuis si longtemps autour d'un projet de roman pour adultes, sans oser y tremper plus que le bout du gros orteil...
Andrée
@Andrée P.
C'est le lot de bien des écrivains d'ici malheureusement. D'ailleurs, je ne suis pas sûr que NdB va vendre beaucoup plus d'exemplaires de son nouveau roman, si bon soit-il. Voilà une triste réalité.
Ne te gênes pas Kikine (j'adore ton surnom !), je n'ai pas encore commencé, mes questions macèrent.
Dans le fond, ClaudeL, ce qui reste à démystifier pour moi, c'est le roman qui se tient à la frontière, pas de grosses ventes (en bas de 300 mettons), il a échappé à la lorgnette des médias, quelle est la position de la maison d'édition ; va-t-elle reprendre une chance sur le poulain pour un deuxième ?
Je m'aventure à dire, Pierre-Greg, que beaucoup, beaucoup de monde n'ont pas la moindre idée de ces chiffres.
Plus de personnes attentent mon questionnaire, plus je suis stimulée à le rendre à terme !
ClaudeL : J'ai été lire. Très pertinent comme ajout d'information. D'ailleurs, j'y pense, je vais y retourner, Phil a certainement dû répliquer.
Andrée : Ça doit vraiment donner le goût à des écrivains pour adultes de tenter leur chance dans l'écriture pour jeune public.
Je ne cerne pas pourquoi il y a de la place sur les tablettes dans les librairies pour conserver les livres pour jeunesse plus de 3 mois, mais pas les romans pour adultes. C'est sûr que ça n'aide pas le livre pour adulte de disparaître des tablettes après 3 mois ! L'occasion fait le larron, et je vois tellement de personnes bouquiner, se fier au quatrième de couverture, feuilleter, si le roman n'est plus là ...
Réjean : Une triste réalité qui a donné la mission au Passe-Mot !
J'ai acheté Un poker à Lascaux, j'étais curieuse. Mais il est assez loin dans ma pile. Je suis dépassé en esprit, et même physiquement par ma Pile à lire (voilà, elle est maintenant plus grande que moi !)
Contente que tu aies pris la balle au bond, chère Venise! Ton blogue est plus propice à ce genre de discussions que le mien, je crois!
En fait, je me demande si l'édition n'est pas à prendre dans son univers plus large qui est le milieu culturel québécois au complet. Les auteurs proposent un produit culturel dont le format, le livre, demande aux consommateurs plus d'efforts pour "ingérer" ou digérer. Peu de gens lisent, ça, c'est un fait. Ensuite, parmi les gens qui lisent, "que" lisent-ils? Où est la littérature québécoise, là-dedans?
Partant de ça, si on veut, culturellement, préserver la production littéraire de chez nous, il faut que tous, auteurs et éditeurs, y trouvent leur compte. Et, bien franchement, en dehors du financement de l'État, je ne vois pas trop comment réussir ce tour de force.
Et puis, à la lecture du commentaire d'Andrée P., je me dis que je devrais peut-être m'y mettre, à mon projet de livre jeunesse... au lieu de patauger dans un deuxième roman pour adulte qui ne vendra encore que 500 exemplaires (et encore faut-il que la critique soit bonne!)
Mais dans tout ça, j'essaie de rester positive. Et de garder mon sens de l'humour...
Julie : Je pense que la question que tu as soulevée est très pertinente, en tout cas, moi aussi, je me la pose : parmi les gens qui lisent, "que" lisent-ils? Où est la littérature québécoise, là-dedans?
Je ne sais plus où j'ai lu ça mais de 2003 à 2007, le pourcentage de lecteurs avaient considérablement augmenté (me souviens plus du pourcentage mais c'était consistant). Je connais quantité de personnes qui lisent énormément, mais elles prennent systématiquement leurs livres à la bibliothèque et, lisent peu ou pas de Québécois. Toujours les gros noms : Michel Tremblay - Marie Laberge, Francine Ruel (eh oui !) et Janette Bertrand.
J'y fais face quand je m'aventure à aller vendre des livres, il y a une bouquinerie à Sherbrooke qui me refuse tout le Québécois, excepté ces quelques noms, parmi quelques classiques).
===
Tu as un projet, une idée de livre pour jeunes dans ta tête ? Je ne savais pas. Un pensez-bien, si ça t'allume vraiment.
En tout cas, bonne inspiration et surtout bonne motivation, valeur essentielle pour se trouver du temps pour écrire.
Publier un commentaire